Nous publions ici le rapport au huitième congrès du Socialist Equality Party, États-Unis (Parti de l'égalité socialiste) présenté par Clara Weiss pour introduire la résolution «Libérez Bogdan Syrotiuk», qui a été adoptée à l'unanimité par le congrès, de même que la résolution principale «Les élections américaines de 2024 et les tâches du Socialist Equality Party». Le congrès s'est tenu du 4 au 9 août 2024.
Cela fait maintenant plus de trois mois que le camarade Bogdan Syrotiuk, fondateur et dirigeant de la Jeune Garde des Bolcheviks Léninistes, a été arrêté par les services secrets ukrainiens (SBU) pour «haute trahison sous la loi martiale». Il est menacé d'une peine de prison allant de 15 ans à la perpétuité. Un peu plus d'un mois après l'arrestation de Bogdan, le 3 juin, le gouvernement ukrainien a interdit le World Socialist Web Site.
Fidèle à ses origines historiques dans la bureaucratie stalinienne, qui consolida sa position privilégiée par le meurtre de masse des socialistes et des trotskystes, l’oligarchie qui dirige aujourd’hui l’Ukraine utilise un mélange d’amalgames, de mensonges éhontés, de calomnies et de force de l’État pour réprimer l’opposition révolutionnaire.
Les principaux éléments de preuve cités par l’accusation sont des articles parus sur le World Socialist Web Site. Selon l’accusation, Bogdan aurait « participé à la préparation de publications commandées par des représentants d’une agence russe de propagande et d’information, le World Socialist Web Site». Cette dénonciation du WSWS s’accompagne de la reconnaissance du fait que le WSWS «couvre les principaux problèmes sociopolitiques du monde entier à partir d’une position d’opposition révolutionnaire au système de marché capitaliste, dans le but d’établir le socialisme mondial par la révolution socialiste».
Ces citations devraient montrer clairement que ce n’est pas seulement Bogdan, mais aussi le Comité international qui est jugé. Il ne fait aucun doute non plus que ces documents, et les poursuites dans leur ensemble, ont été élaborés conjointement par le SBU, gangrené par les fascistes, et ses agents et bailleurs de fonds de la CIA et des services secrets allemands.
Le WSWS et le CIQI ont estimé que l’acte d’accusation contre Bogdan Syrotiuk constituait une «déclaration de guerre contre toute opposition de gauche et socialiste au régime de Zelensky et, en particulier, contre le Comité international de la Quatrième Internationale et son organe public, le World Socialist Web Site».
Cette évaluation souligne l’importance politique de la campagne pour la libération de Bogdan. Ce n’est pas seulement un sujet de préoccupation pour nous parce qu’il est notre camarade. C’est une nécessité politique pour le développement d’un mouvement de classe conscient des travailleurs à travers l’Europe, les États-Unis et le monde entier contre la guerre impérialiste, l’intensification des attaques contre les droits démocratiques et la menace du fascisme.
Il convient de noter que l'une des premières mesures prises par le gouvernement américain avant son entrée dans la dernière guerre mondiale fut d'emprisonner les dirigeants du mouvement trotskyste, suite au procès basé sur la tristement célèbre loi Smith. La défense des principes marxistes révolutionnaires par Cannon devant le tribunal de Minneapolis en 1941 fut publiée sous le titre «Socialism on Trial » (Procès contre le socialisme) [livre en anglais].
Il exposait, en termes accessibles, les idées du socialisme révolutionnaire et de l'opposition marxiste à la guerre à un public de masse de la classe ouvrière. Aujourd'hui, le trotskysme est à nouveau mis en accusation. Mais le camarade Bogdan n'aura pas la possibilité de défendre ses opinions en public. Cette tâche incombera au Comité international et au World Socialist Web Site.
Le bilan politique du CIQI et de la YGBL
La base essentielle pour réfuter les fausses accusations du SBU contre Bogdan et le CIQI est le bilan politique du WSWS. Ce bilan révèle aussi en même temps les véritables raisons politiques pour lesquelles Bogdan a été arrêté.
Le World Socialist Web Site, que le SBU diffame comme «agence de propagande et d’information russe», a toujours avancé une ligne qui s’oppose aux régimes oligarchiques, en Russie et en Ukraine, ainsi qu’aux puissances impérialistes. Dans sa déclaration du 24 février 2022 publiée des heures seulement après le début de l’invasion de l’Ukraine, le Comité international de la Quatrième Internationale déclarait :
Le Comité international de la Quatrième Internationale et le World Socialist Web Site dénoncent l’intervention militaire russe en Ukraine. Malgré les provocations et les menaces des États-Unis et des puissances de l’OTAN, les socialistes et les travailleurs ayant une conscience de classe doivent s’opposer à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La catastrophe mise en marche par la dissolution de l’Union soviétique en 1991 ne peut être arrêtée sur la base du nationalisme russe, une idéologie profondément réactionnaire qui sert les intérêts de la classe dirigeante capitaliste représentée par Vladimir Poutine.
Ce qu’il faut, ce n’est pas un retour à la politique étrangère du tsarisme d’avant 1917, mais bien plutôt une renaissance, en Russie et dans le monde entier, de l’internationalisme socialiste qui a inspiré la révolution d’Octobre 1917 et a conduit à la création de l’Union soviétique en tant qu’État ouvrier. L’invasion de l’Ukraine, quelles que soient les justifications données par le régime de Poutine, ne peut que diviser la classe ouvrière russe et ukrainienne et, en outre, servir les intérêts de l’impérialisme américain et européen.
Lors du dernier Congrès, nous avions souligné que l’opposition du mouvement trotskyste à la guerre en Ukraine avait ses racines, avant tout, dans la réponse du Comité international à la destruction stalinienne de l’Union soviétique en 1991. Nous avions également souligné que cette position historique, et l’histoire du mouvement trotskyste dans son ensemble, devaient constituer la base essentielle de la formation de nos cadres.
Cette orientation a été confirmée par le développement des relations politiques entre le Comité international et la YGBL. Il convient de dire quelques mots à ce stade sur Bogdan Syrotiuk lui-même. Son tournant vers le trotskysme et le développement de la YGBL sont l’une des plus hautes expressions politiques jusqu’à présent de la jonction entre la lutte de plusieurs décennies pour les principes trotskystes menée par le CIQI et l’expérience des masses de travailleurs et de jeunes que nous avons identifiée comme étant un caractère clé de la cinquième étape du développement de notre mouvement.
Bogdan est né en 1999, moins de 8 ans après la destruction catastrophique de l’Union soviétique par la bureaucratie stalinienne et la restauration du capitalisme. Sa vie et celle de sa famille reflètent le destin de la classe ouvrière ukrainienne au XXe siècle, ses expériences amères avec le stalinisme et le fascisme, mais aussi sa fière association avec la révolution de 1917.
La ville où Bogdan est né et a travaillé, Pervomaïsk, n'est devenue une ville qu'en 1920, grâce à la fusion de trois petites localités, au milieu de la guerre civile qui a suivi la révolution d'Octobre. Le nom de la ville, «Pervomaïsk», signifie «ville du 1er mai». Au cours des décennies suivantes, elle est devenue un important centre industriel régional et sa population a atteint près de 90 000 habitants. La restauration du capitalisme a été une catastrophe pour la classe ouvrière de cette région, ainsi que pour toute l'Ukraine et l'ex-Union soviétique. Au moment de la naissance de Bogdan, toutes les grandes usines de la ville qui avaient été créées par la classe ouvrière soviétique furent privatisées. En 2022, la population de la ville avait diminué de près d'un tiers et atteignait un peu plus de 60 000 habitants.
Bogdan a perdu ses parents lorsqu’il était très jeune et a été élevé par ses arrière-grands-parents et ses grands-parents. Son arrière-grand-père, Ivan Kompaniets, a eu une influence particulièrement forte sur lui. Enfant, il avait survécu à la terrible famine (article en anglais) de1931-1932, résultat de la politique stalinienne aventuriste de la construction du «socialisme dans un seul pays». Adolescent, il vécut l’occupation nazie de l’Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père est mort en combattant le fascisme dans l’Armée rouge. Après la guerre, il travailla comme mineur de charbon et ouvrier du bâtiment, tout en étant un artiste doué, un talent qu’il a transmis à Bogdan.
Malgré les promesses des bureaucrates staliniens d’une «paix » et d’une « prospérité» que devait soi-disant amener le capitalisme, Bogdan et les jeunes qui constituent aujourd’hui la YGBL ont grandi dans des conditions de dévastation et de déclin social extraordinaires. En même temps, Bogdan était entouré de personnes qui se souvenaient des plus grandes horreurs que la classe ouvrière avait traversées au XXe siècle. Certaines des interviews qu’il a menées lorsqu’il était adolescent avec des habitants locaux qui avaient vécu les crimes du fascisme allemand et ukrainien ont été publiées plus tard sur le WSWS dans son essai unique, «Les crimes des banderovites contre le peuple ukrainien». Cet essai, comme ses autres articles sur les fascistes ukrainiens, a particulièrement provoqué la colère du SBU.
Le plus grand tournant politique de la vie de Bogdan fut le coup d’État d’extrême droite à Kiev en février 2014. Les camarades devraient prendre le temps d’examiner le bilan du CIQI (article en anglais) sur cet événement déterminant. Ce fut une étape importante dans la descente du monde vers une nouvelle guerre mondiale, dans le renforcement des forces fascistes et les efforts visant à falsifier l’histoire pour justifier les plus grands crimes de l’impérialisme, passés et futurs. Il a également marqué une nouvelle étape dans le virage à droite des ex-gauches petites-bourgeoises, les pablistes, en particulier, qui ont glorifié le coup d’État et la participation des fascistes dans celui-ci. D’autres tendances devinrent des apologistes du régime de Poutine.
Cette analyse politique distingue le Comité international de toutes ces tendances nationalistes petites-bourgeoises et les expériences de Bogdan ont recoupé notre analyse. Il a été profondément ébranlé par l’enlèvement des monuments à Lénine, les dénonciations de la lutte de l'Armée rouge contre le fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale et la glorification des fascistes ukrainiens. En opposition à la russophobie officielle, il s'est mis à ne parler que le russe.
À l’époque, ses activités politiques se déroulaient encore dans le cadre du Parti communiste stalinien d’Ukraine, dont la politique dominait la gauche nominale en Ukraine. (Il a été interdit en 2015). Mais Bogdan a rapidement commencé à rompre avec le stalinisme. La base de cette rupture était sans doute sa plus grande force politique: son attachement à la vérité historique.
En 2016, il se considère comme trotskyste et, en 2018, il fonde un groupe de jeunes dont l’objectif, selon ses propres termes, est de «lutter pour la vérité sur Lev Davidovitch Trotsky ». Son nom, la «Jeune garde des bolcheviks-léninistes», fait référence au nom que s’était donné l’Opposition de gauche soviétique dans les années 1920 et 1930. Ce nom devait souligner la continuité entre la lutte menée par l’Opposition et le programme et les principes de la révolution d’Octobre. La YGBL a trouvé des partisans dans toute l’ex-Union soviétique, surtout en Russie, mais aussi en Moldavie, au Kazakhstan et dans d’autres anciennes républiques soviétiques.
Il convient de souligner – et Bogdan l’a souligné à maintes reprises – que Bogdan a entendu parler du Comité international de la Quatrième Internationale et de David North grâce à des scans qu’il a trouvés en ligne du Bulletin de la Quatrième Internationale, la revue que le CIQI a publiée en russe de 1989 à 1993.
Le Bulletin contenait les déclarations les plus importantes du CIQI depuis la scission d’avec le WRP et depuis son intervention dans la crise du stalinisme. Quelques semaines avant le début de l'invasion, la YGBL a contacté le Comité international. Bogdan s’est souvenu plus tard:
Lorsque le 24 février 2022 les premiers coups de feu ont été tirés et que les obus ont commencé à pleuvoir du ciel, nous n’étions pas seuls, nous étions avec le Comité international de la Quatrième Internationale. Ses articles et ses déclarations étaient nos articles et nos déclarations […] car leur position et leur évaluation étaient notre position et notre évaluation.
Quelques semaines plus tard, Bogdan Syrotiuk a prononcé un discours au rassemblement international du 1er mai 2022. Il a résumé succinctement notre position sur les origines de la guerre, a condamné l’invasion réactionnaire du régime capitaliste de Poutine et a souligné que c’était seulement sous la direction du CIQI qu’une lutte contre cette guerre pouvait être menée. Il a déclaré:
Les points de vue de la tradition marxiste, défendues par Lénine et Trotsky, et, après eux, par nous, nous ont conduit inévitablement au Comité international de la Quatrième Internationale, seule organisation internationale qui défende encore les traditions historiques d'Octobre, la personnalité et les idées de Lénine et de Trotsky contre les calomnies staliniennes. Une organisation qui n'a pas perdu son caractère prolétarien.
Le Comité international, qui soutient la lutte pour le socialisme sur une base internationale, est devenu pour nous le phare auquel tous les navires des révolutionnaires marxistes doivent tendre pour s’unir dans leur lutte pour le renversement de l’ordre capitaliste et l’instauration du socialisme dans le monde entier.
À l’automne 2022, le Comité international a pris une initiative cruciale dans son travail de construction de l’International Youth and Students for Social Equality (IYSSE, Internationale des jeunes et étudiants pour l’égalité sociale). Pour la première fois dans l’histoire du mouvement trotskyste, un organe de direction international a été formé pour superviser et guider le travail du mouvement des jeunes et des étudiants, en étroite coopération avec la direction du CIQI. Nous avons également développé un axe politique et théorique beaucoup plus clair pour ce travail: la lutte pour orienter la jeunesse et les étudiants vers un combat contre la guerre à travers la mobilisation de la classe ouvrière. La base politique de ce combat est exposée dans la déclaration de l’IYSSE du 3 novembre 2022. Pour éviter de longues citations, je vais en résumer brièvement les principes clés :
La guerre menée contre la Russie fait partie d’un nouveau partage du monde entre puissances impérialistes. Quelle que soit la propagande sur la «démocratie», il s’agit dans ses objectifs économiques et géopolitiques, d’une guerre impérialiste de pillage.
La lutte contre la guerre doit être ancrée dans les leçons de l’histoire.
La lutte contre la guerre est une lutte contre le système capitaliste d’États-nations et pour l’unification internationale de la classe ouvrière.
La lutte contre la guerre doit avoir ses racines dans la classe ouvrière, qui n’est pas seulement un «allié» des étudiants et des jeunes dans cette lutte, mais sa base sociale décisive. La déclaration de l’IYSSE affirme sans ambiguïté: «L’IYSSE ne cherche pas seulement le soutien des travailleurs dans la lutte contre la guerre. Nous reconnaissons que la défaite de l’impérialisme dépend de l’émergence de la classe ouvrière, armée d’un programme socialiste, comme force révolutionnaire dirigeante et décisive dans la lutte contre le système capitaliste mondial. Tout comme ce fut la Révolution russe, la plus grande intervention de la classe ouvrière dans l’histoire du monde, qui mit fin au premier carnage planétaire, la Première Guerre mondiale, ce sera l’intervention de la classe ouvrière internationale qui arrêtera aujourd’hui l’escalade vers la Troisième Guerre mondiale.»
Enfin, la lutte contre la guerre et pour une orientation vers la classe ouvrière exige une lutte contre les idéologies bourgeoises et petites-bourgeoises du nationalisme, du réformisme, de l'irrationalisme, du pragmatisme et du radicalisme impuissant, qui cherchent à désorienter les travailleurs et la jeunesse, à saper leur conscience historique et sociale et à les lier à l'ordre capitaliste. La condition préalable essentielle à cette lutte est une formation systématique des cadres à l'histoire et aux traditions du mouvement trotskyste.
Depuis la création de la direction internationale de l’IYSSE, la YGBL a participé à ses réunions. Peu avant la publication de cette déclaration de l’IYSSE, elle avait publié sa propre déclaration qui est l’une des principales «preuves» de l’acte d’accusation visant Bogdan. En décembre, l’IYSSE a organisé un webinaire international. Il a réuni des intervenants du monde entier, notamment des États-Unis, de Turquie, du Brésil, de Nouvelle-Zélande, d’Europe et d’Australie. S’exprimant au nom de la YGBL, Andrei Ritsky a présenté un rapport sur l’opposition socialiste au régime de Poutine. Les camarades David North, Will Lehman et Barbara Slaughter ont également pris la parole à ce webinaire.
En janvier 2023, le World Socialist Web Site a lancé son édition ukrainienne. Deux mois plus tard, en mars 2023, l’IYSSE lançait une série de rencontres internationales, «La guerre en Ukraine et comment l’arrêter», avec des réunions au Canada, au Brésil, en Nouvelle-Zélande, en Australie, aux États-Unis et en Europe. Bien que n’étant pas de grande ampleur, ces réunions ont immédiatement suscité l’inquiétude de l’appareil d’État et de ses mercenaires pseudo-de gauche et fascistes qui ont cherché à perturber et, à plusieurs occasions, à interdire nos réunions. La «justification» de la censure était la même que celle de l’arrestation de Bogdan: l’opposition internationaliste du CIQI à la guerre en faisait un «défenseur du régime de Poutine». La YGBL a publié de multiples déclarations réfutant ce mensonge méprisable et s’opposant aux tentatives d’interdiction de nos réunions. Leur déclaration de soutien à la réunion des camarades au Brésil ainsi qu’un rapport sur notre réunion à San Diego avec David North font partie des «preuves» confisquées par le SBU pour monter son dossier contre Bogdan.
Lors de son rassemblement du 1er mai 2023, tenu le 30 avril, le Comité international a élaboré sa stratégie politique en opposition au développement de la guerre. Dans le rapport d’ouverture, David North a décrit l’histoire commune de la lutte révolutionnaire des classes ouvrières russes et ukrainiennes et a développé notre critique du régime de Poutine et de sa stratégie de la «multipolarité». Nous avons également pris la décision délibérée de faire parler le camarade Bogdan et le camarade Andrei Ritsky en tant que représentants de l’YGBL en Ukraine et en Russie, respectivement. Ils ont parlé avec force de la faillite politique des deux régimes oligarchiques issus de la restauration stalinienne du capitalisme. Bogdan a ouvert son discours par ces mots:
L'affirmation que tous les Ukrainiens soutiennent cette guerre est un mensonge éhonté. Le principal soutien de cette guerre n'est pas le prolétariat et la population ukrainienne, dont la situation est épouvantable. Les principaux acteurs de cette guerre sont les nationalistes bourgeois ukrainiens et ceux qu'ils servent. Nous, les trotskystes orthodoxes de la Jeune Garde bolchevique-léniniste, ne soutenons pas cette guerre, que ce soit en Ukraine ou en Russie.
Cet événement, comme notre série de réunions, n’est pas passé inaperçu à Washington et à Kiev, ni même, devrions-nous ajouter, à Moscou. Moins de trois semaines après notre rassemblement du 1er mai, le 18 mai 2023, le chef régional du SBU de la région de Nikolaïev a engagé une procédure pénale contre Bogdan pour violation de l’article 111, partie 2 du Code pénal – haute trahison dans les conditions de la loi martiale. Pendant près d’un an, le SBU a surveillé attentivement les activités et les publications de la YGBL et du CIQI sur le WSWS avant de décider d’arrêter Bogdan le 25 avril 2024.
Au cours de l’année écoulée entre le début de l’enquête et l’arrestation de Bogdan, la collaboration entre le YGBL et le CIQI dans la lutte contre la guerre a fait des progrès importants. Les camarades de la YGBL ont participé à l’université d’été de l’an dernier et nous avons tenu des réunions organisées par la YGBL à l’occasion du centenaire de l’Opposition de gauche en octobre 2023 – ainsi que du centenaire de la mort de Lénine.
Entre février et avril de cette année, la YGBL a publié une série de déclarations où nous avons considérablement développé notre analyse du régime de Poutine, en tant que régime bonapartiste de l'oligarchie, qui se tient en équilibre entre différentes factions de l'oligarchie, entre la classe ouvrière et l'oligarchie et entre l'oligarchie et l'impérialisme. La dernière déclaration de la YGBL à laquelle a participé le camarade Bogdan, «Le danger du découpage impérialiste de l'ex-Union soviétique et les tâches de la classe ouvrière», a été publiée en avril après une escalade significative de la guerre menée par l'OTAN contre la Russie suite aux attentats terroristes de Moscou de mars 2024. La déclaration a élaboré notre évaluation du découpage impérialiste de l'ex-Union soviétique actuellement en cours, et du régime de Poutine en tant que régime bonapartiste de l'oligarchie qui poursuit une politique étrangère essentiellement néo-stalinienne. Elle expliquait :
La fonction principale de son régime consiste avant tout à préserver les privilèges de la minuscule strate d’oligarques qui a émergé comme nouvelle classe dirigeante de la Russie grâce au pillage de la propriété de l’État soviétique… Pour prévenir cette «explosion» des tensions de classe, Poutine cherche désespérément à servir de médiateur entre la classe ouvrière et l’oligarchie, entre les différentes factions de l’oligarchie, et entre les intérêts nationaux et économiques de l’oligarchie et les intérêts de l’impérialisme occidental. Mais l’offensive toujours plus agressive de l’impérialisme et le fait qu’il alimente les luttes intestines au sein de l’oligarchie, ainsi que le développement de la lutte des classes, rendent cet équilibre de plus en plus précaire…
La classe ouvrière de l'ex-Union soviétique est confrontée à une menace existentielle. Si la situation est laissée entre les mains de l'oligarchie au pouvoir, les alternatives posées sont entre un conflit direct avec l'OTAN et la menace de l'utilisation d’armes nucléaires, et un dépeçage de toute la région à travers une série de guerres civiles et d'opérations de changement de régime. Les travailleurs et les jeunes de l'ex-Union soviétique ne peuvent lutter contre la menace existentielle que représente l'assaut impérialiste qu'en revenant sur la voie de 1917, c'est-à-dire sur celle de la lutte des classes et de la révolution socialiste.
Trois jours seulement avant son arrestation, Bogdan avait terminé de rédiger son discours prévu pour le rassemblement du 1er mai 2024. Il se terminait par ces mots :
Nous, membres de la section ukrainienne de la Jeune Garde des Bolcheviks-Léninistes et de toute la YGBL, appelons à l’unification du prolétariat ukrainien et russe avec le prolétariat des pays impérialistes pour mettre fin à cette guerre!
Nous appelons à la construction de sections du Comité international de la Quatrième Internationale dans toutes les anciennes républiques soviétiques!
Et nous appelons le prolétariat du monde entier à s’unir sous le drapeau de son leader: le Comité international de la Quatrième Internationale.
Que les mots de Karl Marx et Friedrich Engels résonnent plus haut et plus fort: «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!»
Les principes sous-tendant la campagne pour la libération de Bogdan
Bogdan est maintenant en prison depuis plus de trois mois. Comme nous l’avons souligné dans nos déclarations, son état de santé est mauvais. Il a accès à des médicaments, mais les conditions de détention dans les prisons ukrainiennes sont telles qu’elles constituent une menace imminente pour sa santé, voire sa vie. Ce n’est pas seulement notre évaluation, mais celle du Département d’État américain, qui a publiquement reconnu «les conditions de détention difficiles et potentiellement mortelles» dans l’Ukraine de Zelensky. Nos avertissements qu’il serait à la merci d’un «tribunal fantoche» n’étaient pas des paroles en l’air. Chaque décision de justice dans cette affaire a été littéralement basée sur un «copier-coller» des accusations du SBU. Les avocats ont été menacés et intimidés pour les empêcher de prendre sa défense.
Les poursuites lancées contre Bogdan démentent la propagande de guerre impérialiste sur la défense de la «démocratie» en Ukraine ou, en fait, partout ailleurs. L’Ukraine est dirigée par une bande d’oligarques mafieux et de fascistes qui, pour leur propre enrichissement et leurs intérêts réactionnaires, ont placé la classe ouvrière et les ressources du pays à la merci de l’impérialisme. Les «principes juridiques» qui ont été mobilisés pour emprisonner ce socialiste de 25 ans ne sont rien de plus qu’une fusion des régimes juridiques stalinien et nazi des années 1930.
Cela ne signifie pas que nous adoptions une attitude défaitiste. Au contraire. Nous n’abandonnerons pas tant que le camarade Bogdan ne sera pas libéré, et il le sera. Si nous prenons très au sérieux l’aspect juridique de ces poursuites, nous comprenons qu’il s’agit de poursuites politiques qui nécessitent une lutte politique. La libération de Bogdan ne peut être obtenue que par la mobilisation du plus large soutien possible en sa faveur. Quelques jours après son arrestation, nous avons donc lancé une campagne mondiale pour exiger sa libération. Nous avons lancé une pétition , publié une lettre ouverte au gouvernement ukrainien et organisé des rassemblements devant les ambassades ukrainiennes, dont la plupart ont même refusé de recevoir cette lettre.
Notre campagne s’inscrit dans la tradition plus que centenaire des campagnes menées par le mouvement socialiste en défense des prisonniers de guerre de classe. Cela inclut les campagnes pour la libération de Thomas Mooney et Warren Billings, deux travailleurs socialistes américains injustement condamnés et emprisonnés pour leur opposition à l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, et, plus récemment, celle de Julian Assange. Dans toutes ces campagnes, le mouvement trotskyste a joué un rôle dirigeant.
Au cœur de ces campagnes se trouve le principe politique qu’il ne peut y avoir de lutte contre la guerre ni de lutte contre le capitalisme sans lutte pour les droits démocratiques. Cette défense doit être concrète. Comme l’a fait remarquer James P. Cannon, «Il n’y a pas grand intérêt à parler de défense des droits civiques si l’on n’est pas prêt à défendre les victimes de leur violation. La vérité est toujours concrète, tout comme les droits civiques.» (James P. Cannon, «Tentative Action on the Civil Rights Front», Notebook of an Agitator. From the Wobblies to the fight against the Korean War and McCarthyism, Pathfinder Press, 1993, 410, 412-413.)
C'est pourquoi nous avons lancé et continuerons de lancer un appel à tous ceux qui se revendiquent de gauche, socialistes ou démocrates. Grâce à cette approche fondée sur des principes, la campagne a commencé à dévoiler plus nettement ceux qui sont indifférents, voire opposés, à la défense des droits démocratiques et à la lutte contre la guerre. Il convient de citer quelques exemples éloquents. Chez la grande majorité des universitaires, comme pour tout ce qui nécessite une prise de position en faveur de principes, la réponse a été un silence assourdissant.
En Russie, les camarades de la YGBL ont largement diffusé l’information sur l’arrestation de Bogdan parmi les organisations qui se disent socialistes et internationalistes opposées à la guerre. Les réponses, à quelques exceptions notables près, ont été particulièrement viles et révèlent l’immense fossé de classe entre ces tendances et notre mouvement. Un groupe, représentatif de la section néostalinienne de la pseudo-gauche russe orientée vers le régime de Poutine, a écrit que puisque Bogdan s’était opposé à l’invasion dès le début, on ne devait pas «se plaindre maintenant». Ce groupe écrit :
Hélas, il est tout à fait logique qu’il en ait reçu une bonne dose! Il a maintenant l’occasion de découvrir par lui-même quel régime est le plus réactionnaire. Seules les troupes «réactionnaires» de l’effroyable et terrible Poutine le libéreront. Nous ne sommes pas, c’est le moins que l’on puisse dire, des fans de Vladimir Vladimirovitch, mais la position de votre camarade est franchement stupide. Ne copiez pas mécaniquement la tactique des bolcheviks du début du XXe siècle! Réfléchissez avec votre tête! Les bolcheviks ont lié leur tactique à des conditions spécifiques, qui ne correspondent absolument pas aux conditions actuelles.
Il peut paraître difficile d’imaginer une manifestation plus révoltante de chauvinisme social et de mépris des principes fondamentaux du mouvement socialiste. Mais il existe un exemple de ce type. Une organisation maoïste, qui est apparemment plus orientée vers la section de l’oligarchie russe soutenue par l’OTAN, a écrit:
Nous considérons qu’il est inacceptable d’intervenir dans les affaires de la classe ouvrière d’un autre État. Nous pensons également que toute aide de la Russie à votre camarade serait néfaste. Cette histoire est une affaire de politique ukrainienne. Sa couverture et sa défense doivent être assurées par les politiciens et les médias ukrainiens. Nous considérons qu’il est inacceptable d’aider les services de sécurité ukrainiens en leur fournissant des preuves des liens de votre camarade avec les Russes. Nous considérons qu’il est encore plus inacceptable de créer des raisons pour que la propagande russe diabolise l’Ukraine, la déclare un concentré d’atrocités et de maux. La dernière chose que l’on souhaite est d’aider l’impérialisme russe, et il est important pour les communistes ukrainiens de défendre leur indépendance.
La campagne pour la libération de Bogdan, comme toutes les grandes campagnes de défense dans le passé, précise ainsi les lignes de classe et fournit la base d’une clarification politique de la classe ouvrière internationale quant au véritable caractère de ces tendances réactionnaires. En même temps, elle révélera et fera ressortir les forces et les tendances de la société qui peuvent être mobilisées pour la défense des droits démocratiques et contre la guerre.
Nous avons reçu le soutien d’artistes comme Roger Waters et Ai Wei Wei. Il faut reconnaître le mérite d’un certain nombre d’historiens de renom, dont Mario Kessler et Christian Gerlach, qui ont déclaré leur soutien à notre campagne, tout comme plusieurs tendances de gauche en Russie, en Amérique latine et en Europe. Nous avons également reçu un soutien substantiel de la part de Maxim Goldarb, un socialiste ukrainien que le WSWS avait précédemment défendu contre les persécutions de l’État ukrainien, et, plus récemment, de journalistes ukrainiens. Mais c’est sans aucun doute dans la classe ouvrière que notre campagne a reçu la plus forte réponse, notamment en Inde, où des ouvriers de Maruti Suzuki ont donné de fortes interviews sur le cas de Bogdan. Des comités de base en Australie, au Sri Lanka, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis ont publié des déclarations de soutien à Bogdan. Nous avons également constaté une réponse importante à notre campagne parmi les réfugiés d’Ukraine et les travailleurs immigrés (articles en anglais) d’Europe de l’Est en Allemagne.
Conclusion
En concluant ce rapport, je voudrais souligner que Bogdan a toujours été très conscient du fait qu’en rejoignant le CIQI et en s’engageant dans la lutte pour le trotskysme, il prenait un engagement qui exigerait de grands sacrifices et comportait des risques très réels, y compris pour sa vie.
Mais il est aussi parfaitement conscient que lui et la YGBL ont rejoint un mouvement mondial et un mouvement fondé sur l’histoire qui parle au nom de la force sociale la plus puissante de la planète: la classe ouvrière internationale. Il a été particulièrement ému par la réunion commémorative que nous avons organisée en décembre pour la camarade Helen Halyard, à laquelle il a présenté des salutations au nom de la YGBL et qu'il a écoutée au milieu de la nuit. Je voudrais citer un extrait de la note qu'il a envoyée après cela, car elle reflète mieux que tout autre chose qui est Bogdan et ce qu'il représente:
Cher et respecté camarade North,
Je voudrais vous remercier sincèrement de m'avoir invité à la réunion commémorative en mémoire de la camarade Helen. J'ai écouté chaque exposé avec beaucoup d'attention et d'admiration malgré l'heure tardive... Chaque exposé était empreint d'un sentiment de gratitude, de respect et d'amour fraternel. Et d'une grande clarté sur qui était la camarade Helen et sur le rôle qu'elle a joué dans leur vie et dans notre mouvement.
Quand j'ai écrit mon discours à la réunion commémorative, j'avais très peur d'échouer, et que mon style d'écriture le fasse paraître routinier et banal, et qu'il contienne beaucoup de phrases révolutionnaires inappropriées, mais votre discours et celui des autres camarades ont dissipé mes inquiétudes, et tout ce que j'ai écrit était approprié et même nécessaire.
J’ai écrit le discours à minuit, alors que le bruit des explosions et des coups de feu se faisait entendre devant de ma fenêtre.[…]
La réunion commémorative était d’une grande importance éducative et en a dit long sur la façon dont nous devrions être.[…] Pour moi, les plus grands exemples ont toujours été donnés par ceux qui ont été passionnés [pour une grande idée] et pouvaient transmettre cette passion aux autres, implantant une braise de cette flamme dans tous ceux qu’ils rencontraient.
J'ai été particulièrement heureux de voir et d'entendre les camarades vétérans Barbara Slaughter et Fred Mazelis. Si possible, veuillez leur transmettre mes chaleureuses salutations et celles de mes camarades de la YGBL.
Le haut niveau de conscience de Bogdan des traditions historiques de ce mouvement le soutient sans aucun doute aujourd’hui dans des conditions extrêmement difficiles. Mais cette conscience n’était pas seulement le produit de sa propre étude politique et de son engagement envers les principes. C’était aussi le résultat de l’approche adoptée par le Comité international à l’égard du développement de la YGBL. Dès le début, la clarification des questions de traditions historiques, de principes et de perspectives a été placée au centre même de notre collaboration. Dans une lettre adressée à la YGBL en juin 2022, David North soulignait :
Une jeune organisation doit établir sa continuité avec l’histoire antérieure du mouvement trotskyste en menant la lutte, dans le présent, contre les adversaires – staliniens, pablistes, capitalistes d’État, sociaux-démocrates, travaillistes, petits-bourgeois radicaux, anarchistes, nationalistes bourgeois et réformistes libéraux – du marxisme révolutionnaire. Cette lutte est menée sur un plan théorique, politique et organisationnel, et vise toujours à établir l’indépendance politique complète et inconditionnelle de la classe ouvrière vis-à-vis de la bourgeoisie. Aussi difficile et contradictoire que soit ce processus, le mouvement politique qui mène cette lutte exprime avec une clarté toujours plus grande la continuité du trotskysme et s’aligne ainsi sur la trajectoire objective de la révolution socialiste mondiale.
Les immenses progrès réalisés par le CIQI au cours des deux dernières années dans la lutte contre la guerre et dans le développement d’un cadre dans l’ex-Union soviétique sont fondamentalement ancrés dans cette orientation. La persécution et la mise en accusation de Bogdan montrent clairement que ces mêmes progrès politiques ont également été suivis de près par l’État bourgeois. La bourgeoisie a reconnu que des processus sociaux et politiques beaucoup plus vastes s’exprimaient en eux et a décidé qu’elle devait réagir pour défendre ses propres intérêts de classe. Elle a décidé que, face à l’opposition populaire croissante à la guerre, elle ne pouvait tolérer qu’un seul jeune dirigeant de notre mouvement en Ukraine soit en liberté. Elle ne pouvait pas non plus permettre que les travailleurs et jeunes aient accès au World Socialist Web Site.
Bogdan Syrotiuk est donc un signe évident que le Comité international et ses cadres travaillent désormais dans des conditions fondamentalement différentes. Une longue période de réaction et de lutte de classe et de lutte politique réprimée est arrivée à son terme. Comme nous l'avions prédit en 1991, nous nous trouvons dans une période de guerre impérialiste et de révolution sociale. Les véritables intérêts et conflits de la société émergent avec une force toujours plus grande au grand jour. Jusqu'à présent, cela s'est surtout traduit par l'escalade de la guerre impérialiste et par l'attaque des droits démocratiques. Mais cela se traduira aussi inévitablement par la montée d’une lutte des classes déclarée.
La position de la tendance révolutionnaire dans la société a changé de manière irrévocable. Cela nous offre de grandes opportunités, mais aussi d’immenses responsabilités et défis. Lorsque nous parlons de l’arrestation de Bogdan comme d’une «déclaration de guerre» au CIQI, nous le pensons et nous savons que la bourgeoisie le pense. La guerre est désormais déclarée. La campagne pour la libération de Bogdan doit donc être comprise non seulement comme un effort organisationnel, mais comme un champ de bataille politique central dans une guerre de classe qui s’intensifie. Notre arme principale dans cette lutte est le bilan politique du mouvement trotskyste et nos principaux objectifs sont à la fois la libération de Bogdan et l’éducation et la mobilisation politiques de la classe ouvrière.
J’encourage donc vivement les camarades à soutenir cette résolution. Elle doit servir de base à une extension significative du travail du SEP aux États-Unis, centre de l’impérialisme mondial, aux côtés de nos camarades du Comité international et de la YGBL, afin de mobiliser le soutien public le plus large possible en faveur de Bogdan. Comme tous les procès contre des dirigeants socialistes dans le passé, ce sera un levier important pour éduquer de larges sections de la classe ouvrière, de la jeunesse et de l’intelligentsia aux principes qui sous-tendent l’opposition marxiste à la guerre et la lutte pour la révolution socialiste, dont la défense a conduit à l’emprisonnement de Bogdan. Nous devons transformer l’attaque de la bourgeoisie contre le mouvement trotskyste en contre-offensive du trotskysme. Sur cette base, nous réussirons non seulement à libérer notre camarade, mais la campagne renforcera également de manière significative l’autorité politique, intellectuelle et morale du Comité international dans le monde entier et contribuera à établir la direction politique du mouvement trotskyste dans un mouvement de masse émergent de la classe ouvrière et de la jeunesse contre la guerre et le capitalisme.
(Article paru en anglais le 30 août 2024)