Des milliers de vols annulés dans le monde en raison de l’augmentation des infections parmi les employés des compagnies aériennes

Près de 3000 vols ont été annulés dans le monde lundi, dont près de 1000 à destination, en provenance ou à l’intérieur des États-Unis, selon le site de suivi de l’aviation FlightAware. Les annulations ainsi que près de 11.000 retards le même jour étaient en grande partie dus à la pénurie d’équipages de navigation et de personnel de soutien au sol causée par la propagation des infections à la COVID-19.

Les voyageurs s’enregistrent pour les vols à l’aéroport international de Miami, le lundi 27 décembre 2021. (AP Photo/Rebecca Blackwell)

À l’échelle mondiale, les compagnies aériennes ont annulé plus de 6000 vols la veille de Noël, Noël et le 26 décembre. Cela comprenait au moins 2800 vols américains au cours du week-end alors que les pilotes, les agents de bord et d’autres employés des compagnies aériennes se sont mis en congé de maladie.

Avec la déclaration du gouvernement Biden que les vols aériens étaient sûrs, malgré la propagation explosive du variant Omicron, des millions de passagers aériens se sont entassés dans des aéroports bondés au cours du week-end de vacances. Cela comprenait un pic de 2,19 millions de passagers qui ont été contrôlés aux portes de sécurité des aéroports américains le 23 décembre.

Une hôtesse de l’air de Southwest Airlines a déclaré au World Socialist Web Site qu’elle avait été forcée de travailler pendant les vacances après avoir été infectée par la COVID-19. «J’ai travaillé les 21 et 22 décembre, ce qui, je crois, est le moment où j’ai été exposée, car il y avait plusieurs passagers qui ne portaient pas correctement leurs masques. Nous sommes tenus maintenant à faire une seule annonce [à propos du port de masque] et c’est tout», a-t-elle déclaré.

«Je ressentais des symptômes dans la nuit du 24. Je suis allée travailler le 25, mais au fur et à mesure que la journée avançait, je suis devenue de plus en plus malade», a-t-elle poursuivi. L’hôtesse de l’air, qui a demandé qu’elle soit identifiée par un pseudonyme «Jodi» pour la protéger des représailles de la direction, a déclaré que si elle n’avait pas voyagé avec des collègues qui l’ont aidée, «je ne pense pas que j’aurais pu passer au travers.»

«J’ai fait tout ce que j’étais censée faire, je me suis fait vacciner, j’ai eu le rappel, j’ai été vaccinée trois fois», a-t-elle déclaré. En raison de son infection à la COVID-19, Jodi a été mise en congé le reste de la semaine, ce qui signifie qu’elle a effectivement perdu sa rémunération triple pour la période de vacances de fin d’année.

«J’ai appelé le syndicat [Transport Workers Union] aujourd’hui mais il n’y avait rien à faire. On m’a laissée au bout du fil sans aucune réponse. Je saurai demain si je recevrai ma prime. Pour moi, c’est 6000 $ perdus.»

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont annoncé lundi qu’ils réduisaient le délai recommandé pour l’isolement des personnes infectées de 10 jours à cinq jours si elles sont asymptomatiques. La période de quarantaine pour une personne exposée à une personne infectée a également été réduite à cinq jours si elle est vaccinée, ont déclaré les CDC, et les personnes entièrement vaccinées et ayant reçu un rappel pourraient échapper à toute quarantaine.

Les CDC ont pris leur décision après des demandes directes des compagnies aériennes. Comme l’a rapporté CNBC, «le PDG de Delta, Ed Bastian, a écrit à la directrice des CDC, la Dre Rochelle Walensky [le 21 décembre], exhortant l’agence à réduire ce temps de moitié à seulement cinq jours, affirmant que la durée de quarantaine plus longue pourrait nuire aux opérations de la compagnie aérienne. Le PDG de JetBlue Airways, Robin Hayes, a fait une demande similaire aux CDC mercredi.»

Airlines for America, un groupe commercial pour les transporteurs aériens américains, a écrit à Walensky le 23 décembre, demandant à l’agence de «mettre à jour» sa directive d’isolement actuelle de 10 jours, arapporté Barron’s. «Comme pour les effectifs des soins de santé, de la police, des pompiers et des transports en commun, la vague d’Omicron peut exacerber les pénuries de personnel et créer des perturbations importantes pour nos effectifs et nos opérations», a écrit Nicholas Calio, PDG d’Airlines for America.

Sur NBC Nightly News lundi, la journaliste Kristen Welker a demandé au principal conseiller COVID-19 de Biden, le Dr Anthony Fauci, «Que dites-vous aux personnes qui pourraient craindre que les directives révisées de quarantaine soient motivées uniquement par des pénuries de travailleurs et pas nécessairement dans les meilleurs intérêts de la santé publique? Fauci a répondu: «Non, en fait, nous pensons que cela est sans danger. Si vous regardez le risque d’être contaminé dans cette seconde moitié de cette période de 10 jours, il est considérablement inférieur à celui des premiers jours. Donc, dans l’ensemble, si l’on considère la sécurité sanitaire du public et la nécessité de ne pas perturber la société, c’était un bon choix.»

Walensky a fait écho aux points de discussion de l’administration, en déclarant: «Nous voulons nous assurer qu’il existe un mécanisme par lequel nous pouvons continuer en toute sécurité à maintenir le fonctionnement de la société tout en suivant la science.»

Les modifications des directives des CDC, qui suivent des mesures similaires pour les hôpitaux en manque chronique de personnel, n’ont rien à voir avec des considérations de santé publique. Au contraire, elles ne feront qu’augmenter le risque d’infections massives, d’affaiblissement physique et mental à long terme et de décès. Sauver des vies, par opposition à «maintenir le fonctionnement de la société» – un euphémisme pour garder l’économie ouverte et générer des profits pour Wall Street – nécessiterait la suspension temporaire des voyages non essentiels, des activités commerciales et de la scolarité en présentiel pour couper la transmission du virus dans le cadre d’une stratégie pour enfin l’éliminer et l’éradiquer.

Ce qui préoccupe la Maison-Blanche, c’est de continuer à faire marcher la machine à profits, quel que soit le coût en vies humaines. L’action des CDC vise à conforter les positions des compagnies aériennes, American, United et autres dont la cotation en bourse a continué de baisser lundi d’après le nombre de vols qu’elles avaient été contraintes d’annuler.

La pénurie de main-d’œuvre dans les compagnies aériennes comme dans d’autres industries a été largement provoquée par des départs à la retraite massifs encouragés par les grandes entreprises pour réduire les coûts et augmenter les bénéfices. Des millions d’infirmières, d’enseignants, de travailleurs des transports en commun, de travailleurs des compagnies aériennes et d’autres ont décidé de démissionner plutôt que de risquer leur vie et celle de leurs proches en travaillant sur des lieux de travail dangereux.

Depuis le début de la pandémie, le Congrès américain a remis 54 milliards de dollars aux compagnies aériennes américaines, plus que toute autre industrie. Cela comprenait un renflouement de 25 milliards de dollars par le biais de la loi CARES de mars 2020, 15 milliards de dollars dans le projet de loi de secours de décembre 2020 et 14 milliards de dollars supplémentaires dans le plan de sauvetage américain de 2021. Un autre 5 milliards de dollars a été versé à des entrepreneurs dans les secteurs de services alimentaires, de nettoyage, d’entretien et d’autres travaux effectués pour les compagnies aériennes.

Alors qu’une grande partie de l’argent a été versée via le Programme de soutien à la masse salariale (PSP), qui était apparemment conçu pour empêcher les licenciements, les compagnies aériennes ont néanmoins forcé des dizaines de milliers de travailleurs à accepter des départs «volontaires» et des retraites anticipées. Plus de 80.000 employés des compagnies aériennes ont été mis en congé ou ont perdu leur emploi et, en novembre, les compagnies aériennes comptaient 24.000 employés de moins qu’en 2019.

Loin de s’opposer à l’attaque contre les travailleurs, les syndicats des compagnies aériennes bloquent toute lutte unifiée pour arrêter l’industrie et protéger les vies. Après la décision des CDC, Sara Nelson, présidente du syndicat du personnel volant (AFA) et membre dirigeant des Socialistes démocrates d’Amérique (DSA), a déclaré qu’il «était moins que rassurant» que le changement de directive des CDC «s’aligne sur le nombre de jours exigé par les entreprises américaines…»

Cependant, elle a félicité les CDC pour avoir ajouté des mises en garde qui «reconnaissent les préoccupations soulevées par notre syndicat», soulignant la réduction de la mise en quarantaine à cinq jours «uniquement si asymptomatique et avec le port continu du masque pendant cinq jours supplémentaires». Sachant que cela n’impressionnerait aucun employé des compagnies aériennes, Nelson a poursuivi: «Si une entreprise fait pression sur un employé pour qu’il retourne au travail avant qu’il ne se sente mieux, nous indiquerons clairement qu’il s’agit d’un environnement de travail dangereux, qui causera une perturbation beaucoup plus importante que toute “pénurie de personnel”».

C’est de la fanfaronnade pure et simple. L’AFA, le TWU et d’autres syndicats de compagnies aériennes se sont concertés dans l’attaque contre les emplois, l’accumulation de tâches supplémentaires pour les travailleurs et les conditions de travail toujours dangereuses dans l’industrie. C’est pourquoi les travailleurs des compagnies aériennes devraient rejoindrele réseau grandissant de comités de la base nationaux et internationaux pour retirer la conduite de la lutte des mains des syndicats pro-patronaux et lutter pour mettre fin au sacrifice continu de vies et moyens de subsistance des travailleurs au profit de la grande entreprise.

(Article paru en anglais le 28 décembre 2021)

Loading