Les travailleurs postaux du monde entier sont attaqués ! Nous encourageons tous les travailleurs postaux à contacter le Comité de base des travailleurs des postes pour rejoindre et aider à construire un mouvement international des travailleurs postaux et de la classe ouvrière dans son ensemble contre l'austérité et les attaques contre les droits des travailleurs. Remplissez le formulaire à la fin de cet article ou écrivez-nous à canadapostworkersrfc@gmail.com.
Des discussions sont en cours au plus haut niveau du gouvernement pour éliminer, en totalité ou en partie, le monopole légal de Postes Canada sur la distribution du courrier. Une telle mesure est préconisée sous prétexte de réduire la « bureaucratie » des échanges commerciaux à l'intérieur des frontières du Canada.
Revendication de longue date des sections les plus voraces de la classe dirigeante, la proposition d'éliminer le monopole de Postes Canada a été propulsée sur le devant de la scène au milieu d'une intense guerre commerciale avec les États-Unis lancée par le président Donald Trump, qui est déterminé à affaiblir économiquement et à annexer le Canada pour en faire le 51e État des États-Unis.
Selon un livre blanc publié le 6 mars par le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), le Comité du commerce intérieur (CCI) a discuté de l'élimination de l'exception fédérale de Postes Canada pour le «privilège exclusif » sur le courrier – un monopole mandaté par la loi – de l'Accord de libre-échange canadien (ALEC).
Une telle attaque marquerait un pas vers la privatisation complète de la société d'État, qui a pour mission de distribuer le courrier à toutes les adresses, y compris dans les régions les plus reculées de ce vaste pays. Bien que le « privilège exclusif » soit toujours codifié dans la Loi sur la Société canadienne des postes, une attaque du CCI ouvrirait la voie à la privatisation complète de la société d'État par le gouvernement.
Le monopole sur le courrier est au cœur des activités de la société d'État. Son érosion ou son élimination au nom de la « libéralisation » des barrières commerciales et de la protection des profits des entreprises canadiennes pendant la guerre commerciale signifierait la destruction de milliers d'emplois et la fin de Postes Canada telle qu'elle fonctionne actuellement. Elle ouvrirait toutes les activités de Postes Canada à la concurrence des messageries privées, comme c'est déjà le cas pour la livraison de colis. En pratique, cela permettrait à des opérateurs privés payant des salaires bien inférieurs de s'emparer des zones urbaines lucratives, Postes Canada se retrouvant au mieux à desservir les zones rurales et éloignées non rentables du pays.
Le CCI est chargé de la mise en œuvre de l'ALEC, qui régit les échanges commerciaux entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Il est entré en vigueur en 2017 dans le but déclaré de réduire les obstacles au commerce, à l'investissement et à la mobilité de la main-d'œuvre au Canada.
Le CCI est composé des ministres responsables du commerce intérieur dans chaque province et territoire, et comprend des représentants des libéraux, du Nouveau Parti démocratique, des conservateurs et de la Coalition Avenir Québec. La représentante fédérale actuelle est Chrystia Freeland, ministre des Transports et du Commerce intérieur sous le premier ministre Mark Carney. Elle était auparavant vice-première ministre et ministre des Finances du premier ministre Justin Trudeau.
Une déclaration commune des premiers ministres, publiée par le cabinet du premier ministre le 5 mars, affirme que, face aux droits de douane américains sur les importations canadiennes, « nous devons accroître notre résilience économique, réduire notre dépendance à l'égard d'un seul marché et renforcer notre économie nationale dans l'intérêt des travailleurs et des entreprises du Canada, aujourd'hui et à l'avenir. L'une des mesures clés consiste à faciliter les échanges commerciaux entre les Canadiens d'un océan à l'autre ». Bien que Postes Canada ne soit pas nommée spécifiquement, l'une des principales mesures citées est l'examen complet des exceptions prévues par l'ALEC, qui doit être achevé d'ici juin.
L'éventuelle suppression du « privilège exclusif » de Postes Canada souligne la justesse des avertissements du World Socialist Web Site au sujet de la posture hypocrite de la classe dirigeante en tant que membre d’« Équipe Canada » dans la guerre commerciale en cours. Nous avons souligné dans plusieurs articles que l'oligarchie financière du Canada souhaite en fait poursuivre des politiques sociales qui ne se distinguent pratiquement pas de celles imposées par le dictateur à la Maison-Blanche. Leur désaccord avec Trump est qu'il refuse de reconnaître la position du Canada en tant que partenaire junior des États-Unis dans la « Forteresse Amérique du Nord », ce qui permettrait à Ottawa de poursuivre ses propres intérêts impérialistes mondiaux aux côtés de son allié et partenaire militaro-sécuritaire de longue date. Derrière le battage nationaliste canadien, la classe dirigeante veut s'assurer que les travailleurs canadiens supportent le poids des tarifs douaniers de Trump, tandis que leurs profits sont protégés.
Les discussions de haut niveau qui préparent le terrain pour saccager Postes Canada se déroulent au milieu des audiences de la Commission d'enquête sur les relations de travail, qui doit se terminer par une audience finale le 25 mars. La CERT, supervisée par l'arbitre fédéral chevronné William Kaplan, est une imposture mise en place par le ministre du Travail Steve MacKinnon dans le cadre de son interdiction arbitraire de la grève d'un mois des postiers en décembre 2024. En renvoyant 55 000 travailleurs urbains et ruraux de Postes Canada au travail, MacKinnon les a privés du droit de grève jusqu'en mai et a prolongé unilatéralement leurs contrats de travail expirés depuis longtemps. La CERT s'est vu confier un vaste mandat pour examiner les activités et les conventions collectives de Postes Canada, et pour proposer des changements profonds aux activités de Postes Canada.
MacKinnon a interdit la grève des travailleurs postaux en invoquant des pouvoirs fondés sur une réinterprétation inventée de l'article 107 du Code canadien du travail. Cette interdiction de grève par décret a été mise en application par la bureaucratie du STTP, qui a fait fi du sentiment croissant de la base pour défier l'ordre de retour au travail en disant aux travailleurs de retourner à leur poste. La bureaucratie du STTP s'est soumise au processus truqué mis en place par MacKinnon et a demandé aux travailleurs de faire confiance à une contestation constitutionnelle de l'interdiction de grève devant le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), l'organisme même qui a mis en oeuvre l'ordre de MacKinnon d'interdire la grève !
La bureaucratie du STTP a adopté une attitude de soumission et de complaisance similaire à l'égard des discussions du CCI sur le monopole du courrier. Le livre blanc du syndicat déclare : « Bien que son retrait de l'ALEC suscite une certaine inquiétude, étant donné qu'il s'agit d'une protection supplémentaire, le STTP est quelque peu soulagé de savoir que la [Loi sur Postes Canada] maintiendra le privilège exclusif. »
Ce n'est pas une grande consolation pour les travailleurs de la base de Postes Canada qui sont confrontés à un gouvernement libéral dirigé par le premier ministre Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre. Avant d'occuper ces postes, lorsqu'il était sous-ministre associé principal des Finances, Carney a organisé la vente, en 2004, de la dernière participation du gouvernement fédéral dans Petro-Canada, privatisant ainsi complètement cette société de la couronne autrefois publique.
En tant que premier ministre, Carney a promis une « nouvelle ère de responsabilité fiscale » et de « dépenser moins et investir plus », ce qui entraînera des coupes sombres dans les programmes sociaux et les services publics. Il n'est pas nécessaire de faire preuve de beaucoup d'imagination pour prévoir qu'un gouvernement Carney – sans parler d'un gouvernement conservateur dirigé par l'extrémiste de droite Pierre Poilievre – invalidera la Loi sur la Société canadienne des postes et autorisera la vente des bureaux de poste au nom de la liberté des marchés et de la « concurrence ».
Postes Canada fonctionne actuellement sur la base de la vente de produits et de services, plutôt que sur des fonds publics. Le déclin de l'utilisation du courrier depuis 2006 et la concurrence croissante des entreprises privées pour la livraison de colis ont contribué à ce que l'entreprise enregistre des pertes totalisant plus de 3 milliards de dollars depuis 2018. Le gouvernement libéral a accepté d'accorder à l'entreprise un prêt de sauvetage d'un milliard de dollars en janvier, après que la direction a annoncé qu'elle serait à court de liquidités pour poursuivre ses activités d'ici le milieu de l'année.
Cette baisse des bénéfices a été au centre des préoccupations de la direction et du STTP, qui ont présenté des plans pour un « retour à la rentabilité ». Pour la direction, cela signifie l' « amazonification » des activités de Postes Canada, c'est-à-dire l'utilisation accrue de livreurs occasionnels et mal rémunérés et la livraison les fins de semaine. Acceptant que Postes Canada soit gérée comme une entreprise à but lucratif, le STTP a soutenu le passage à la livraison le week-end (bien qu'avec de « bons emplois »). Le STTP a également proposé d'étendre les tâches des postiers aux services bancaires et à la visite à domicile auprès des personnes âgées, et d'ouvrir les propriétés de Postes Canada pour en faire des stations de recharge pour véhicules électriques.
Les attaques contre les travailleurs postaux au Canada s'inscrivent dans le cadre d'attaques plus larges contre les travailleurs postaux à l'échelle internationale, y compris aux États-Unis et en Europe. La semaine dernière, l'administration Trump, par l'intermédiaire du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) du milliardaire Elon Musk, a conclu un accord avec le service postal américain pour supprimer 10 000 emplois en 30 jours, principalement par le biais de retraites anticipées – bien que cela ne soit considéré que comme un acompte avant la privatisation complète. En Allemagne, la Deutsche Post a annoncé son intention de supprimer 8000 emplois d'ici la fin de l'année. Dans les deux cas, les bureaucraties syndicales ont bloqué les mouvements de grève et ont clairement manifesté leur intention de faire respecter les licenciements collectifs.
La menace de supprimer le monopole de Postes Canada sur le courrier et l'attaque contre le droit de grève des travailleurs postaux soulignent la nécessité d'une nouvelle stratégie pour lutter pour ce dont les travailleurs ont besoin – et non pour ce que les bureaucrates syndicaux jugent possible ou ce que la direction juge nécessaire pour atteindre la rentabilité.
Contrairement à la collaboration de la bureaucratie du STTP à l'attaque patronale-gouvernementale contre les emplois, les conditions de travail et, en fait, les moyens de subsistance des travailleurs des postes, le Comité de base des travailleurs des postes (CBTP) se bat pour que Postes Canada soit gérée comme un service public entièrement financé, sous le contrôle des travailleurs, et non comme une entreprise à but lucratif. Grâce à son affiliation à l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC), le CBTP appelle à ce que les luttes des travailleurs des postes soient unifiées à l'échelle internationale en opposition à l'austérité et à la guerre capitaliste, et pour le pouvoir ouvrier. Nous encourageons tous ceux qui sont prêts à s’impliquer dans cette lutte à remplir le formulaire ci-dessous.
(Article paru en anglais le 18 mars 2025)