Au cours de la semaine écoulée, l'administration Trump a considérablement intensifié ses efforts visant à établir une dictature présidentielle. Elle a enlevé et détenu des personnes parce qu’elles ont exercé leurs droits au titre du premier amendement, a invoqué la loi réactionnaire Alien Enemies Act de 1798 pour expulser des centaines d'immigrants sans procédure régulière, et a ouvertement défié les décisions judiciaires qui s'opposaient à ces actions.
Momodou Taal, un étudiant britannico-gambien de l'université Cornell, est la dernière cible en date de cette campagne sauvage d'intimidation et de répression politiques.
Vendredi, des avocats du ministère de la Justice ont adressé par courrier électronique une demande formelle à Momodou Taal pour qu'il se rende volontairement à l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) en vue de son expulsion. Il s'agit d'une réponse directe à un procès que Taal a intenté pour contester les décrets de Trump en tant que violations inconstitutionnelles de la liberté d'expression, ainsi qu'à une ordonnance restrictive temporaire visant à empêcher le gouvernement de l’enlever et de l'expulser en réponse à l'affaire.
En d'autres termes, le président, en réponse à une action en justice intentée contre lui, tente d'enlever, de détenir et d'expulser du pays la personne qui a déposé la plainte. Taal détient un visa d'étudiant valide, n'a commis aucun crime et n'a reçu aucune justification juridique pour sa détention ou son expulsion.
Taal, ainsi qu'un autre étudiant de Cornell, Sriram Parasurama, et le professeur Mũkoma Wa Ngũgĩ, ont intenté une action en justice il y a une semaine, le 15 mars. Il s'agit de la première action en justice significative contre les décrets, proclamés le premier jour du mandat de Trump, que l'administration a invoqués pour justifier l'enlèvement de Mahmoud Khalil, diplômé de l'université de Columbia, et d'autres étudiants qui s'opposent au génocide israélien à Gaza.
Le procès accuse ces décrets de violer de manière flagrante le premier et le cinquième amendement en supprimant la liberté d'expression, en criminalisant l'opposition politique et en menaçant les critiques de la politique américaine et israélienne d'expulsion ou de poursuites judiciaires. « Ce n'est que dans une dictature que le dirigeant peut emprisonner et bannir des opposants politiques pour avoir critiqué son administration », peut-on lire dans le document.
Quatre jours après ce dépôt, mercredi, Taal a signalé que des agents non identifiés des forces de l'ordre s'étaient postés à son domicile à Ithaca, s'apprêtant manifestement à l'arrêter. En réponse à ce harcèlement et à cette intimidation, les avocats de Taal ont déposé une demande d'urgence d'ordonnance restrictive temporaire (ORT) pour bloquer son arrestation et sa détention.
En réponse, en pleine nuit, à 0h52 le 21 mars, les avocats de Taal ont reçu un courriel du ministère de la Justice. La lettre, provenant d'Ethan Kanter de l'Office of Immigration Litigation du ministère de la Justice, indique que l'ICE « invite Taal et son avocat à se présenter en personne au bureau HSI de Syracuse à une heure mutuellement convenue [...] pour que Taal soit détenu par l'ICE ».
De manière significative, l'objet du courriel fait référence à l'affaire déposée contre l'administration Trump, Momodou Taal et al v. Trump, 25-cv-335 (NDNY). En d'autres termes, le ministère de la Justice reconnaît que la demande faite à Taal de se rendre est une réponse à l'action en justice intentée contre Trump lui-même. Les avocats de Taal ont déposé une demande d'urgence auprès du tribunal vendredi après-midi, indiquant que l'action « constitue également une tentative illégale de soustraire cette affaire à la compétence du tribunal », en expulsant le plaignant du pays.
L'avocat de Taal, Eric Lee, a déclaré au World Socialist Web Site : « Les avocats du soi-disant ministère de la Justice ont adressé cette demande à l'équipe juridique de Taal quelques heures seulement après que nous ayons spécifiquement demandé à la Cour de les empêcher de faire exactement cela.
« Dans une démocratie, le président n'arrête pas les personnes qui contestent la constitutionnalité des décrets. Cela porte atteinte aux principes démocratiques fondamentaux : le droit de critiquer le gouvernement et le droit d'adresser des pétitions au gouvernement pour obtenir réparation. Sans cela, la Déclaration des droits ne vaut plus rien. »
L’attaque dirigée contre Taal par l'administration coïncide avec l'enlèvement et la détention par des agents de l'ICE de Mahmoud Khalil, ainsi que de Badar Khan Suri, chercheur à l'université de Georgetown, qui a été détenu par des agents fédéraux masqués devant son domicile au début de la semaine. Tous deux ont été enlevés au motif que leurs positions d'opposition au génocide israélien à Gaza constituent une menace pour la «sécurité nationale » des États-Unis.
Agissant sur la base de la théorie fasciste de l'« état d'exception », l'administration Trump met en œuvre un plan délibéré et systématique visant à instaurer une dictature présidentielle. Chaque violation des normes démocratiques prépare le terrain pour des attaques encore plus sévères et de plus grande portée.
Tout cela se produit dans un contexte d'escalade radicale de la violence impérialiste au Moyen-Orient. Le génocide à Gaza, qui a déjà coûté la vie à des centaines de milliers de personnes, se poursuit et des centaines de personnes ont été assassinées rien que cette semaine. Dans le même temps, la Maison-Blanche a lancé cette semaine une campagne de bombardements massifs contre le Yémen, ciblant les infrastructures civiles et aggravant la catastrophe humanitaire dans l'un des pays les plus pauvres du monde.
La mise en œuvre de la conspiration dictatoriale de l'administration vise avant tout la classe ouvrière. Il s'agit d'un gouvernement de l'oligarchie, pour l’oligarchie, qui mène une guerre brutale contre tous les programmes sociaux et les droits des travailleurs.
Jeudi, Trump a signé un décret ordonnant à la secrétaire à l'Éducation, Linda McMahon, d’entreprendre l’abolition du ministère de l'Éducation, qui a déjà licencié la moitié de ses effectifs. L'éducation publique dans son ensemble est en train d'être démantelée. Simultanément, l'administration prépare des coupes historiques dans la sécurité sociale, Medicaid et les bons d'alimentation, tout en coupant jusqu’à l’os les ressources de toutes les agences fédérales qui fournissent des services sociaux vitaux.
Le Parti démocrate ne s'oppose pas à cet assaut, mais le facilite. Il y a exactement une semaine, les démocrates du Sénat ont fourni les votes décisifs pour garantir l'adoption d'un projet de loi de dépenses républicain finançant entièrement l'administration Trump pendant six mois. Le World Socialist Web Site a qualifié ce projet de loi démocrate des pleins pouvoirs, écrivant le 15 mars : « Les démocrates ont donné à Trump et à Elon Musk un chèque en blanc pour sabrer les programmes sociaux, licencier en masse les employés fédéraux et jeter les bases d'un État policier. » C'est ce qui est en train de se produire.
La classe ouvrière doit intervenir en tant que force indépendante pour arrêter cette conspiration bipartisane visant à renverser tous les droits sociaux et démocratiques. Le virage de l'oligarchie vers le fascisme ne sera pas arrêté par les tribunaux ou le Parti démocrate.
Le Parti de l'égalité socialiste appelle à la mobilisation des travailleurs dans tout le pays pour défendre Momodou Taal, Mahmoud Khalil et tous les autres qui font face à la persécution de l'administration Trump. Des manifestations, des rassemblements et des grèves doivent être organisés pour mettre fin à l'assaut contre les droits démocratiques.
Des comités de base doivent être créés sur les lieux de travail, les campus et dans les quartiers – indépendamment de l'appareil syndical pro-patronal – pour mobiliser les travailleurs contre la dictature de Trump et l'assaut du patronat contre leurs moyens de subsistance. Le développement d'un mouvement de masse de la classe ouvrière contre la dictature doit être armé d’un programme socialiste, pour exproprier la richesse des oligarques et mettre fin à leur dictature économique sur la vie sociale et économique.
Remplissez le formulaire ci-dessous pour savoir comment adhérer au PES et pour organiser des manifestations et d'autres actions dans votre école ou sur votre lieu de travail.
(Article paru en anglais le 22 mars 2025)