Entrez dans la lutte pour le pouvoir de la base ! Rejoignez le Comité de la base des travailleurs postaux de votre pays en remplissant ce formulaire.
La grève de plus de 50.000 travailleurs de Postes Canada, qui en est à sa deuxième semaine, s'inscrit dans le cadre d'une lutte globale menée par les travailleurs postaux du monde entier. Dans un pays après l'autre, les travailleurs postaux sont confrontés à des suppressions d'emplois massives et à des fermetures d'établissements, l'automatisation et l'intelligence artificielle étant une arme clé entre les mains de la direction, dans le but ultime de démanteler ou de privatiser les services postaux.
Considérés depuis des siècles comme un service de base fourni par l'État, les bureaux de poste sont en train d'être réorganisés selon des critères de rentabilité. L'objectif est de réorganiser le courrier pour qu'il puisse rivaliser avec des concurrents privés tels qu'Amazon, DHL et UPS, ou être racheté par ces derniers. Deutsche Post en Allemagne et Royal Mail en Grande-Bretagne ont déjà été privatisés il y a plusieurs années, et le milliardaire Daniel Kretinsky est à la tête d'une offre d'achat de Royal Mail et prépare des coupes encore plus importantes.
Postes Canada, une société d'État, fait l'objet de propositions similaires, notamment le redécoupage des itinéraires de livraison par IA, le remplacement des postiers à temps plein par des travailleurs à temps partiel et des travailleurs occasionnels, et la division du système en franchises régionales. Le gouvernement libéral Trudeau, soutenu par les syndicats, est fortement impliqué dans ce processus de restructuration, ayant nommé un médiateur pour gérer les négociations. Le ministre du Travail, Steven MacKinnon, est intervenu mercredi par le biais d'une déclaration après que le médiateur a temporairement suspendu les négociations, avertissant qu'il était «extrêmement frustré» par le retard dans la finalisation d'une nouvelle entente de capitulation.
Le caractère mondial des attaques souligne la nécessité d'une stratégie internationale pour guider la classe ouvrière. Les postiers ont formé des comités de base dans cinq pays, y compris au Canada, afin d'organiser une telle lutte à l'échelle mondiale. Cette lutte doit être liée à une lutte pour transférer le pouvoir des mains des bureaucrates syndicaux traitres, qui contribuent à la mise en œuvre des «réformes» dans tous les pays, aux mains des travailleurs.
Le Comité de base des travailleurs des postes fait campagne pour que la grève soit «le fer de lance d'une contre-offensive menée par les travailleurs pour défendre les services publics entièrement financés et les droits des travailleurs, et contre l'austérité et la guerre».
«Delivering for America»
L'une des principales priorités stratégiques des travailleurs de Postes Canada doit être d'établir des liens avec leurs confrères et consœurs des États-Unis afin de créer un mouvement à l'échelle du continent, et vice-versa. Les travailleurs des services postaux des États-Unis sont confrontés pratiquement aux mêmes problèmes qu'au Canada. L'année dernière, les travailleurs de l'USPS ont fondé leur propre comité de base des travailleurs des postes (US-PWRFC) afin de s'opposer à ces attaques et de s'organiser contre les dirigeants syndicaux traitres.
La poste américaine, bien qu'elle soit toujours une agence gouvernementale, a été la cible de privatisations depuis l'administration Nixon. En 1970, les travailleurs se sont rebellés contre la première tentative de privatisation de la poste par une grève sauvage massive, au mépris des lois anti-ouvrières couvrant les employés fédéraux et de l'inaction de l'appareil syndical.
Cette situation a franchi une nouvelle étape avec le programme de restructuration «Delivering for America» (DFA). Son objectif est de fermer des milliers de bureaux de poste locaux et de supprimer des milliers d'itinéraires, de licencier des dizaines de milliers de travailleurs sur plus de 500.000 employés de l'USPS et de consolider les opérations de l'USPS autour d'un petit nombre de centres de distribution hautement automatisés, afin de restaurer la «rentabilité» de la poste.
Le DFA a été introduit par l'actuel ministre des Postes Louis DeJoy, un allié de Trump nommé en 2020 mais qui bénéficie d'un soutien bipartisan de la part des démocrates. DeJoy, qui possède 30 millions de dollars d'actions de XPO Logistics, qui détient des contrats avec USPS, a un conflit d'intérêts évident.
Un membre du comité de base des travailleurs de la poste a déclaré qu'il y avait une opposition massive à la DFA :
Dans plusieurs endroits où DeJoy prévoyait de déplacer les centres de traitement et de livraison vers des points assez éloignés de l'emplacement d'origine, les habitants se sont révoltés. Ils insistent sur le fait que les bureaux de poste sont un service public, qui existait avant la signature de la Déclaration d'indépendance en 1776. Ben Franklin a ouvert le premier bureau de poste en Pennsylvanie en 1775.
DeJoy a dû faire une pause à plusieurs reprises, mais promet de reprendre après le 25 janvier. Les travailleurs ont reçu l'assurance que la NALC surveillerait attentivement chaque mouvement pour s'assurer que tout se passe bien. Pas un mot n'est dit à la base. Nous ne recevons aucune information sur la DFA.
Ces coupes seront considérablement élargies sous la deuxième administration Trump, qui a promis des coupes sombres dans le budget fédéral. Le milliardaire Elon Musk, nommé à la coprésidence du «Département de l'efficacité gouvernementale», s'est engagé à réduire les dépenses de 2000 milliards de dollars par an, ce qui ne peut se faire que par le démantèlement complet de la poste et d'autres services publics.
À cela s'ajoutent de nouveaux systèmes de surveillance envahissants et de haute technologie, tels que TIAREAP pour les transporteurs urbains et le système de compensation RRECS pour les transporteurs ruraux, conçus pour forcer les travailleurs à quitter leur emploi. Ces systèmes ont été introduits par le biais de mémorandums élaborés dans le dos des travailleurs avec la National Association of Letter Carriers (NALC) et la National Rural Letter Carriers Association (NRLCA).
TIAREAP, qui sanctionne automatiquement les travailleurs pour de prétendus «moments d’immobilité» sur leurs itinéraires, a joué un rôle majeur dans le décès dû à la chaleur d'Eugene Gates, un transporteur chevronné de Dallas, au Texas. RRECS est essentiellement un système de vol de salaire à l'échelle industrielle. Deux tiers des transporteurs ruraux ont vu leur salaire réduit depuis son introduction il y a deux ans, dans de nombreux cas de 10.000 à 20.000 dollars par an.
Dans les zones rurales, l'USPS fonctionne essentiellement comme un sous-traitant d'Amazon. La poste donne illégalement la priorité aux colis d'Amazon par rapport aux autres formes de courrier, tout en imposant des niveaux massifs de surcharge de travail.
Pour une lutte mondiale contre l'austérité, la répression gouvernementale et la guerre !
Le membre de l'US-PWRFC a établi des parallèles entre le rôle des bureaucrates syndicaux aux États-Unis et au Canada :
La direction de Postes Canada invoque des pertes de 3 milliards de dollars depuis 2018 pour justifier de faibles augmentations salariales pour les travailleurs, tandis que le gouvernement Trudeau enrichit l'élite des entreprises avec des subventions fiscales et a investi des dizaines de milliards dans le réarmement de l'armée. Pendant ce temps, une interdiction de grève se profile à l'horizon. L'alternative, l'arbitrage obligatoire, affaiblira la capacité à lutter pour des salaires équitables et des conditions de travail sûres. Il semble que Postes Canada soit en passe d'être rachetée par le secteur privé.
La réponse du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes aux coupes massives a été de laisser la négociation collective suivre son cours. Cela n'a fait que compliquer la tâche des membres de la base, qui ont finalement décidé de se mettre en grève. Maintenant qu'ils ont fait grève, la bureaucratie syndicale s'efforce d'isoler et, en fin de compte, d'étouffer la grève. Elle agit ainsi pour empêcher l'inévitable catalyseur d'un plus grand défi de la classe ouvrière au capitalisme, la criminalisation des luttes des travailleurs et la guerre.
Les similitudes entre ce que vivent les travailleurs du STTP et la situation actuelle de l'USPS méritent d'être soulignées. Ici, aux États-Unis, nous sommes confrontés à un accord de principe pour la National Association of Letter Carriers, qui a été publié le 19 octobre. Après 600 jours de négociations et la promesse d'une convention collective « historique », les membres ont reçu une proposition d'augmentation de 1,3 % sur la durée du contrat. De plus, ils ont conservé le système à deux vitesses qu'ils détestent. Le temps de travail dans le bureau passe de 33 à 20 minutes, ce qui entraîne une augmentation de la charge de travail et une perte d'itinéraires.
Les mesures de sécurité ne sont pas sérieusement prises en compte dans la convention collective. Comme nos confrères canadiens, l'USPS doit faire face à des pertes financières excessives de l'ordre de 6 à 9 milliards de dollars. Le rapport fiscal de l'USPS fait état d'un investissement de 11 milliards de dollars en bons du Trésor à un an.
Les postiers canadiens et américains se battent contre des gouvernements hostiles aux travailleurs qui ont régulièrement bloqué les grèves. L'interdiction de grève des chemins de fer américains en 2022 s'est répétée au Canada au début de cette année avec des interdictions de grève des chemins de fer et des docks. En ce qui concerne les travailleurs postaux, des lois antidémocratiques interdisent toute grève des employés fédéraux. Si les travailleurs rejettent les accords de capitulation, ils s'en verront imposer un par le biais d'un arbitrage contraignant.
Plutôt que de lutter contre ce cadre illégitime, les syndicats américains le défendent, car la menace d'injonctions leur permet de faire pression sur une base populaire en colère et rebelle. Il en va de même au Canada. Comme l'a récemment déclaré un travailleur canadien du PWRFC lors d'une réunion de travailleurs postaux britanniques :
Même si «nos» syndicats lancent des appels démagogiques à leurs postiers respectifs, il n'en reste pas moins que «nos» syndicats sont alignés dans une alliance corporatiste tripartite avec le gouvernement et le patronat. Les bureaucrates syndicaux lâches ne songeraient jamais à défier un ordre de reprise du travail, qui nécessiterait une large mobilisation des travailleurs dans tous les secteurs d'activité et dans toutes les zones géographiques. Les travailleurs comme moi ont connu une série de conventions collectives où nous avons dû affronter des gouvernements conservateurs ou libéraux ; le STTP joue consciencieusement son rôle de classe en nous abandonnant immédiatement sur l'autel tout-puissant du profit.
Il a conclu son intervention lors de cette réunion en déclarant :
La classe ouvrière internationale partage les mêmes intérêts de classe fondamentaux, et nos négociations contractuelles ici sont liées aux conditions de travail dans l'ensemble de l'économie mondiale [...] Je pense qu'il est clair que nous devons rompre avec les limites de nos syndicats respectifs qui utilisent tout le poids de leurs bureaucraties pour nous démobiliser et nous isoler.
Le besoin urgent de développer des comités de base sur chaque lieu de travail et à travers les frontières nationales n'a jamais été aussi clair, et c'est exactement ce que nous faisons dans cette réunion ici aujourd'hui. Cette réunion a été organisée par nos frères et sœurs du Royaume-Uni et est affiliée à l'Alliance ouvrière internationale des comités de base.
Un élément crucial de ce mouvement mondial doit être une alliance de combat entre les travailleurs postaux des États-Unis et du Canada. Si vous êtes d'accord, rejoignez le Comité dans votre pays en remplissant ce formulaire.
(Article paru en anglais le 28 novembre 2024)