Êtes-vous un travailleur de la poste ? Contactez le Comité de base des travailleurs des postes pour nous dire ce que vous pensez de la grève en cours et de la manière de lutter contre une probable intervention du gouvernement en envoyant un courriel à canadapostworkersrfc@gmail.com.
Cette déclaration a été initialement publiée en anglais le 14 novembre. Depuis, le STTP a dû déclencher à 8h vendredi la première grève nationale des travailleurs des postes depuis 1997 face à la menace de la direction de commencer à imposer unilatéralement des changements aux conditions de travail des postiers et des mises à pied.
Les travailleurs des postes sont maintenant engagés dans une bataille sans merci contre la direction de Postes Canada et le gouvernement Trudeau qui la soutient, ce qui souligne l'importance de la stratégie de lutte de classe décrite dans la déclaration ci-dessous.
Frères et sœurs,
Postes Canada, en collaboration avec le gouvernement Trudeau et avec le soutien de toutes les entreprises canadiennes, a l'intention d'affaiblir nos droits et nos conditions de travail. Pour ce faire, ils se préparent à invoquer le pouvoir de l'État pour nous priver une fois de plus du droit légal de grève et nous imposer l'arbitrage obligatoire.
Face à cet assaut de la classe dirigeante, le STTP fait tout pour nous démobiliser et nous démoraliser. Il a fait traîner les négociations et a ignoré le mandat de grève massif de 95 %. Plus révélateur encore, bien qu'il soit évident depuis le début que la stratégie de « négociation » de Postes Canada repose sur une intervention du gouvernement pour interdire la grève, le STTP n'a rien fait pour se préparer à une défiance massive et pour mobiliser la classe ouvrière dans une lutte industrielle et politique contre le gouvernement Trudeau de la grande entreprise.
Le Comité de base des travailleurs des postes (CPTF) affirme qu'une grève immédiate de l'ensemble des 55.000 travailleurs des postes urbains et ruraux devrait être lancée dès que nous serons en position de grève légale vendredi matin. Mais une grève totale n'est viable que si les travailleurs retirent la lutte des mains des bureaucrates du STTP, qui sont quotidiennement de connivence avec la direction, en mettant sur pied des comités de la base. Ceux-ci doivent devenir l'instrument de la mobilisation de l'ensemble de la classe ouvrière.
Nous pouvons et serons capables de rallier un soutien massif parce que les questions pour lesquelles nous nous battons – la défense des services publics et le droit de grève, la fin des concessions et de l'austérité, et l'utilisation des nouvelles technologies pour améliorer la vie des travailleurs, et non pour supprimer des emplois et accroître l'exploitation des travailleurs – sont d'une importance vitale pour tous les travailleurs.
Le préavis de grève de 72 heures du STTP n'était qu'un leurre. Il n'engageait pas la direction du syndicat à déclencher quelque grève que ce soit. Dans le communiqué de presse qui l'accompagnait, il déclarait : «Le Conseil exécutif national (CEN) n'a pas encore déterminé si une action syndicale aura lieu immédiatement». En outre, le CEN a plus ou moins annoncé que s'il autorise la grève, il nous confinera une fois de plus à des grèves tournantes limitées dans le temps et dans la région. Il justifiera cette décision en affirmant que si nous perturbons le moins possible les activités de Postes Canada, nous pourrons éviter une loi de retour au travail. Nous savons tous comment cela a fonctionné en 2011 et en 2018 !
Enhardie par l'inertie de la direction du STTP, Postes Canada a émis son propre avis de lock-out de 72 heures. La direction a annoncé de façon provocante qu'à partir de 8 h vendredi, les travailleurs ne bénéficieront plus de protections contractuelles et que l'employeur commencera à apporter des changements unilatéraux à nos conditions de travail.
Notre expérience reflète étroitement celle des débardeurs de Montréal et de la Colombie-Britannique. Le 4 novembre, la BC Maritime Employers Association a mis en lock-out environ 700 contremaîtres dans les ports de la côte ouest, après que leur syndicat eut demandé l'interdiction des heures supplémentaires. Dans ce qui était clairement une action coordonnée visant à inciter le gouvernement à intervenir et à priver les travailleurs de leur droit de grève et de négociation collective, les patrons du port de Montréal ont mis en lock-out 1200 débardeurs le 10 novembre. Mardi matin, le ministre du Travail Steven MacKinnon s'est plié aux exigences des patrons et a criminalisé la lutte des travailleurs portuaires contre les réductions salariales réelles, les conditions de travail dangereuses, l'utilisation de nouvelles technologies pour éliminer des emplois et les régimes d'horaires imprévisibles et exigeants.
En agissant de la sorte, le gouvernement libéral des grandes entreprises s'est comporté comme un dictateur. Il n'a même pas obtenu une «légitimité» symbolique pour son action en faisant adopter une interdiction de grève par le Parlement. Il a émis un décret basé sur une réinterprétation d'une clause obscure du Code canadien du travail (article 107) qu'il a concocté l'été dernier pour imposer un arbitrage contraignant à 9300 travailleurs des chemins de fer du CN et du CPKC.
Comme les débardeurs, les travailleurs de Postes Canada savent ce que c'est que d'avoir des salaires bien inférieurs à l'inflation et de souffrir d'une surcharge de travail. Si nous nous laissons dominer par les intérêts capitalistes, l'acheminement dynamique et la livraison le week-end créeront un régime d'horaires imprévisibles qui détruira l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
Pour éviter de subir le même sort que les débardeurs, nous devons prendre les choses en main dès maintenant.
Nous, les travailleurs des postes, devons faire de notre grève le fer de lance d'une contre-offensive menée par les travailleurs pour garantir les droits de tous les travailleurs contre les diktats de plus en plus arbitraires du gouvernement Trudeau et de ses soutiens du grand patronat. Cela signifie qu'il faut mettre sur pied le CBTP dans chaque lieu de travail de Postes Canada et tendre systématiquement la main à d'autres sections de travailleurs pour leur expliquer pourquoi ils doivent se joindre à notre lutte et pourquoi son issue aura des conséquences pour tous les travailleurs.
Nous aimerions demander à la présidente du STTP, Jan Simpson, et à son entourage : «Qu'attendez-vous ?» Après plus d'une centaine de séances de négociation en un an, et avec au moins 17 points de désaccord avec la société d'État énumérés par le STTP mardi, n'est-il pas clair que seule une véritable lutte peut faire plier la société et la forcer à céder à nos demandes ? Et comme si cela ne suffisait pas, n'est-il pas maintenant clair que la société, soutenue par ses alliés du gouvernement libéral et par l'oligarchie financière, prépare le terrain avec son lock-out pour un assaut total contre nous qu'elle a l'intention de mener sans retenue ?
Tout cela est peut-être trop évident pour ceux d'entre nous qui travaillent sur le plancher, mais la bureaucratie du STTP se trouve de l'autre côté de la barrière. Leur priorité absolue est de maintenir leurs liens étroits avec la direction de Postes Canada et le gouvernement libéral, dont ils sont les alliés depuis que Mike Palecek, alors président du STTP, a fait le tour du pays en 2015 pour aider à faire élire Trudeau. La direction du STTP pense que Postes Canada devrait être gérée comme une entreprise à but lucratif. C'est pourquoi elle est prête à accepter que nous travaillions sept jours par semaine et qu'elle veuille que nous intégrions des services supplémentaires, comme les contrôles de sécurité pour les personnes âgées, dans notre journée de travail déjà surchargée.
Bien que le ministre du Travail MacKinnon ait toujours agi avec mépris pour la classe ouvrière, les bureaucrates du STTP ont collaboré avec lui, à la dernière minute, pour retarder notre grève de plus d'une semaine. Nous aurions pu être légalement en grève dès le 3 novembre, ce qui nous aurait placés dans une position bien plus forte pour répondre aux provocations de Postes Canada, y compris en liant notre lutte à celle des travailleurs des ports de Montréal et de la Colombie-Britannique. Le retard du STTP a permis à l'employeur de prendre l'offensive.
Le CBTP lance un avertissement urgent aux travailleurs des postes : Postes Canada, le gouvernement libéral et le STTP sont de connivence contre nous. Face aux demandes de Postes Canada de saccager nos droits afin que la société d'État puisse concurrencer de façon rentable Amazon et d'autres employeurs de l'économie mobile, la présidente du STTP, Jan Simpson, déclare que le syndicat « reconnaît les défis auxquels notre employeur est confronté, et notre objectif n'est pas simplement de faire des demandes, mais de travailler ensemble pour trouver des solutions. »
Pour notre part, nous refusons que les emplois et les salaires des postiers – ou ceux de tout autre travailleur, y compris nos frères et sœurs super-exploités du secteur du travail à la demande – soient sacrifiés sur l'autel du profit des grandes entreprises.
Les postiers doivent reconnaître leurs ennemis de classe et prendre la lutte en main. Nous devons nous mobiliser indépendamment de l'alliance tripartite corrompue syndicat-patronat-gouvernement et présenter nos propres revendications, notamment une augmentation immédiate de 30 % des salaires pour compenser l'inflation et le contrôle par les travailleurs de l'introduction de toutes les nouvelles technologies.
Ce qui est nécessaire pour gagner nos justes revendications, c'est avant tout de reconnaître que nous sommes dans un combat politique. Nous devons lancer un appel à tous les travailleurs pour qu'ils nous rejoignent dans une contre-offensive dirigée par les travailleurs contre la détérioration universelle des conditions de travail, le démantèlement des services publics et le détournement des ressources de la société de la satisfaction des besoins sociaux criants à la conduite de la guerre.
Nous demandons instamment aux postiers de s'appuyer sur la réunion publique réussie que le CBTP a tenue dimanche, au cours de laquelle nous avons adopté une résolution donnant une orientation claire pour le développement de la lutte. Cette résolution déclarait notamment :
Nous appelons les postiers et tous les travailleurs des secteurs de la livraison et de la logistique à rejoindre et à construire le Comité de base des travailleurs des postes. Nous luttons pour :
1. Obtenir les revendications des travailleurs des postes, y compris une augmentation de salaire de 30 % pour compenser les années de concessions et le contrôle par les travailleurs du déploiement des nouvelles technologies.
2. Élargir notre lutte à d'autres sections de travailleurs à travers le Canada afin de défier une loi de retour au travail ou toute autre interdiction de grève antidémocratique imposée par l'État.
3. Lancer une lutte politique qui rejette le fait que Postes Canada soit gérée comme une entreprise à but lucratif et qui fait de notre lutte contractuelle le fer de lance d'une contre-offensive menée par les travailleurs pour défendre les services publics entièrement financés et les droits des travailleurs, et contre l'austérité et la guerre.
Nous demandons instamment à tous les travailleurs postaux de diffuser largement cette déclaration auprès de leurs collègues et amis, et de nous contacter à l'adresse canadapostworkersrfc@gmail.com pour s'impliquer.
(Article paru en anglais le 14 novembre 2024)