Le rôle du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes dans le sabotage des luttes des travailleurs postaux : 2011-2024

Première partie

Ceci est la première partie d’un article en deux parties. La deuxième partie est accessible ici.

Les 55.000 travailleurs postaux représentés par le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ont tenu dimanche dernier un vote d'autorisation de grève contre Postes Canada, plus de sept mois après l'expiration de leur convention collective. Les travailleurs des postes sont déterminés à mener une lutte acharnée pour renverser l'attaque de plusieurs années contre leurs emplois et leurs conditions de travail, alors que la société d'État à but lucratif plaide la pauvreté. Elle est résolue à assurer sa rentabilité en transformant la main-d'œuvre de Postes Canada en une section de l'économie de l'emploi précaire et mal rémunérée qui fait concurrence à des entreprises comme Amazon et UPS.

La direction de Postes Canada est notoirement connue pour sa conduite impérieuse, notamment pour son indifférence totale à l'égard de la santé et de la sécurité des travailleurs. Mais les travailleurs n'affrontent pas seulement un employeur impitoyable, mais aussi les partenaires corporatistes de Postes Canada au sein du gouvernement libéral et les syndicats, y compris la bureaucratie du STTP.

Les grévistes de Postes Canada lors de leur campagne de grèves tournantes en 2018, qui a été criminalisée par le gouvernement libéral de Trudeau

Avec l'appui total du gouvernement libéral soutenu par les syndicats, Postes Canada exige des concessions radicales de la part des travailleurs postaux, y compris des réductions réelles de salaires et d'avantages sociaux, l'élimination des équipes à temps plein et le recours accru à des travailleurs temporaires moins bien rémunérés. Elle a annoncé son intention de mettre fin à la distribution du courrier cinq jours par semaine et d'étendre la distribution des colis aux week-ends, imposant ainsi aux travailleurs postaux des horaires et des charges de travail de plus en plus pénibles. Exploitant l'intelligence artificielle, ils cherchent à priver les facteurs d'un itinéraire régulier, en les remplaçant par une affectation de travail en constante évolution basée sur «l'efficacité maximale», connue sous le nom d’«acheminement dynamique».

Les travailleurs des postes sont prêts à se battre contre les demandes massives de leur employeur, mais la bureaucratie du STTP s'est toujours pliée en quatre pour apaiser la direction : en retardant le vote de grève pendant des mois, tout en participant à plus de 100 réunions avec des cadres intransigeants de Postes Canada. N'ayant abouti à rien, la direction du STTP a finalement appelé à un vote de grève, mais uniquement comme tactique de négociation.

Les postiers sont réputés pour les luttes militantes qu'ils ont menées dans les années 1960 et 1970 et pour les gains qu'ils ont obtenus. C'est pourquoi les postiers ont fait l'objet d'attaques incessantes, l'élite capitaliste dirigeante du Canada étant déterminée à en faire un exemple. Les attaques contre les travailleurs postaux sont un élément clé d'une vaste campagne menée à tous les niveaux de gouvernement pour privatiser les services publics au profit de l'oligarchie financière et subordonner toutes les ressources de la société à la conduite des guerres impérialistes du Canada dans le monde entier, en alliance avec les États-Unis.

Les travailleurs postaux sont en position de force pour résister à cette attaque. Leur lutte pour des emplois sûrs, des salaires décents et la fin des conditions misérables sont des questions qui concernent des millions de travailleurs à travers le Canada et dans le monde. Ils défendent également le droit de grève de tous les travailleurs, un droit qui a été abrogé par les interventions musclées des gouvernements conservateurs et libéraux successifs. En outre, la décimation des services publics par les gouvernements de toutes tendances politiques a un impact négatif sur tous les travailleurs. L'élite dirigeante utilise l'argent acquis grâce à cette dévastation sociale incessante pour payer ses guerres à l'étranger et augmenter les bénéfices des entreprises et les revenus des riches et des super-riches. La lutte des postiers pour faire de leur combat le fer de lance d'une contre-offensive menée par les travailleurs contre l'ensemble de ce programme de guerre de classe susciterait une réponse puissante de la part de toutes les sections de la classe ouvrière.

Mais c'est précisément ce que le STTP et la bureaucratie syndicale dans son ensemble s'efforcent d'empêcher. Le bilan du STTP au cours des treize dernières années, qui a isolé les postiers du reste de la classe ouvrière et saboté leurs luttes dès qu'elles se sont transformées en une confrontation politique directe avec le gouvernement en place, souligne que pour faire un seul pas en avant dans leur lutte, les postiers doivent rompre politiquement et organisationnellement avec le carcan étouffant de la bureaucratie syndicale. L'étude de ces défaites passées, afin d'en tirer les leçons nécessaires, est une condition préalable à cette rupture.

L'interdiction de la grève des postiers en 2011

En 2011, le gouvernement conservateur majoritaire nouvellement élu de Stephen Harper a pu infliger une défaite importante à la classe ouvrière canadienne, lorsque le STTP s'est incliné devant une loi draconienne antigrève, puis, au nom de l'évitement de l'imposition d'un contrat dicté par un arbitre du gouvernement conservateur, a accepté des concessions radicales dans le cadre d'une convention collective de quatre ans.

La bureaucratie du STTP, en étroite collaboration avec le Congrès du travail du Canada (CTC) et l'opposition officielle du Nouveau Parti démocratique (NPD), a isolé les travailleurs postaux militants de leurs alliés naturels dans d'autres sections de la classe ouvrière et a étouffé leur résistance à la loi draconienne de retour au travail du gouvernement.

Au lendemain de la crise financière de 2008, les sections les plus influentes de la classe dirigeante canadienne sont parvenues à un consensus : la classe ouvrière devait payer les dizaines de milliards promis par l'État pour sauver le système financier de l'effondrement. Afin de préserver les profits du capital canadien et d'alléger le fardeau fiscal des grandes entreprises, les entreprises canadiennes et leurs valets politiques ont décidé qu'ils devaient réduire radicalement les salaires et les avantages accordés aux travailleurs des secteurs public et privé, ainsi que les dépenses de l'État pour les services publics essentiels.

Les grandes entreprises se sont ralliées au gouvernement conservateur de droite dure de Harper, soutenant le coup d'État constitutionnel qu'il a réalisé pour rester au pouvoir à l'automne 2008, lorsque les libéraux et les néo-démocrates ont tenté d'évincer le gouvernement minoritaire par un accord qui les aurait engagés à poursuivre l'austérité à l'intérieur du pays et à mener la guerre à l'étranger. L'élite dirigeante a estimé qu'à ce stade, les conservateurs étaient mieux placés pour mener à bien les attaques sauvages qu'ils exigeaient. Lors des élections fédérales de 2011, en raison de l'effondrement massif du soutien aux libéraux et de la nature antidémocratique du système électoral uninominal à un tour, les conservateurs ont obtenu un gouvernement majoritaire avec les voix de moins d'un quart de la population canadienne.

Face à cette attaque directe contre leur niveau de vie et les services publics essentiels, les travailleurs de tout le Canada étaient déterminés et prêts à se battre. Les 48.000 postiers de la base se sont montrés particulièrement militants, obtenant un mandat de grève écrasant de 95 % lors d'un vote au taux de participation le plus élevé de l'histoire du STTP. Lors des négociations avec la direction du STTP, Postes Canada exigeait de manière provocante l'introduction d'un système salarial et d'avantages sociaux à deux vitesses afin de réduire la rémunération, des réductions drastiques des prestations d'invalidité de courte durée pour les travailleurs postaux blessés au travail, et la mise en œuvre d'un nouveau régime de tri du courrier dangereux qui accélérerait les opérations et supprimerait des emplois.

En outre, les postiers n'étaient pas les seuls à vouloir se battre pour leurs moyens de subsistance et leurs conditions de travail. 3800 agents du service à la clientèle et employés des centres d'appel d'Air Canada étaient au même moment en lutte pour protéger leurs salaires et leurs avantages contre les mesures d'austérité exigées par la plus grande compagnie aérienne du Canada. La convention collective couvrant plus de 12.000 travailleurs de la Toronto Transit Commission (TTC) devait expirer le 1er avril 2011, ce qui a incité le gouvernement libéral provincial de Dalton McGuinty à déclarer que la TTC était un «service essentiel» et à leur interdire de faire grève. À l'époque, les libéraux de l'Ontario exigeaient un gel des salaires pour près de 1.000.000 de travailleurs du secteur public dans les domaines de la santé et de l'éducation, afin de mettre en œuvre les coupes sombres exigées par les entreprises canadiennes : équilibrer le budget par l'austérité, comme leurs homologues des gouvernements provinciaux à travers le Canada, y compris les gouvernements néo-démocrates en Nouvelle-Écosse et au Manitoba.

En d'autres termes, les postiers militants disposaient d'un immense potentiel pour déclencher une contre-offensive de masse de la classe ouvrière afin de défendre les travailleurs du secteur public et les services publics face à la campagne d'austérité de l'élite dirigeante.

La bureaucratie du STTP et son président Denis Lemelin, soutenus par le CTC et s'appuyant sur le NPD au Parlement, ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour isoler les travailleurs des postes et empêcher que leur lutte ne remette en question l'austérité de la classe dirigeante. Tout au long des négociations, la direction du STTP a cherché à éviter à tout prix la confrontation avec la direction de Postes Canada, cherchant à obtenir un accord de compromis jusqu'à la dernière minute. Ils n'ont rien fait pour préparer leurs membres à une grève nationale qui aurait paralysé la livraison du courrier et des colis. Au lieu de cela, ils ont proposé un régime éphémère de débrayages partiels tournants – se vantant du peu d'impact des grèves tournantes sur les opérations de Postes Canada. Ils ont justifié l'adoption d'une stratégie aussi inefficace en affirmant qu'elle était nécessaire pour éviter une confrontation avec le gouvernement conservateur et la menace d'une loi de retour au travail.

Par-dessus tout, la bureaucratie du STTP a cherché à isoler les travailleurs postaux, en confinant leur lutte au «processus de négociation collective» sanctionné par l'État et en n'essayant pas une seule fois de lier leur lutte à celle des travailleurs d'Air Canada, des travailleurs du secteur public dans les provinces ou d'autres sections de la classe ouvrière, afin de préparer la défiance à l'égard d'une loi briseuse de grève.

Comme on pouvait s'y attendre, ce refus du STTP de mobiliser toute la puissance des travailleurs postaux n'a fait qu'enhardir le gouvernement Harper, qui, au bout de 12 jours, a décidé de criminaliser les grèves tournantes et d'imposer aux travailleurs postaux une convention collective prévoyant des reculs plus importants que même l'« offre finale » de la direction de Postes Canada.

Les alliés de la bureaucratie du STTP au sein du CTC et du NPD n'ont même pas publié de communiqué de presse soutenant les travailleurs des postes jusqu'à ce que le gouvernement Harper présente une loi briseuse de grève. Ils ont réagi en organisant sans enthousiasme, avec le STTP, une série de rassemblements de protestation contre le projet de loi, non pas pour mobiliser les postiers afin qu'ils défient la loi, mais pour désamorcer leur colère. Le NPD a mené une obstruction parlementaire inefficace pendant 58 heures, reconnaissant que la loi de retour au travail était une attaque contre les droits de tous les travailleurs. Néanmoins, lorsque le conseil exécutif du STTP a voté à l'unanimité pour ordonner aux postiers d'abandonner toute action et de retourner au travail, le NPD a mis fin à ses manœuvres parlementaires et a permis l'adoption de la loi sur le retour au travail. Les bureaucrates syndicaux, impuissants face à l'État, ont juré de contester la loi briseuse de grève devant les tribunaux, un processus qui prend de nombreuses années.

Le World Socialist Website a suivi de près la lutte de 2011, et les membres du Socialist Equality Party (SEP) sont intervenus pour avertir les travailleurs postaux de la trahison imminente de leur lutte. Dans une déclaration sur l'adoption de la loi briseuse de grève, nous avons écrit :

Les travailleurs doivent tirer les leçons du rôle des syndicats et du NPD qui ont aidé et encouragé le gouvernement Harper à infliger une défaite majeure aux travailleurs des postes et à accélérer ainsi les efforts des grandes entreprises pour faire payer aux travailleurs la crise capitaliste mondiale.

Pour défendre sa position sociale et ses droits fondamentaux, la classe ouvrière doit avancer son propre programme pour résoudre la crise économique aux dépens des grandes entreprises, en portant au pouvoir un gouvernement ouvrier engagé à placer les banques et l'industrie de base sous la propriété publique et le contrôle démocratique de la classe ouvrière.

Toutes les luttes des travailleurs contre les fermetures d'usines, les coupes dans les services publics, les concessions et les lois anti-travailleurs doivent être unies dans un mouvement politique de la classe ouvrière contre le gouvernement Harper et l'ensemble de l'ordre capitaliste.

En opposition aux bureaucrates syndicaux, les travailleurs doivent construire de nouvelles organisations indépendantes de lutte, des comités de lieu de travail et de quartier, et surtout un parti socialiste de masse de la classe ouvrière, afin de mener la lutte pour un gouvernement ouvrier.

L'élection de Mike Palecek et l'impasse du syndicalisme « de combat »

La trahison de la bureaucratie du STTP lors de la grève des travailleurs postaux de 2011 et sa soumission à Postes Canada et au gouvernement Harper ont provoqué une vague de colère parmi les travailleurs postaux, menaçant la capacité de la direction du syndicat à maitriser la base.

En 2013, Postes Canada a publié un plan d'affaires quinquennal prévoyant entre 6000 et 8000 suppressions d'emplois, l'abandon de la livraison à domicile, de fortes augmentations des coûts d'affranchissement et la privatisation des bureaux de poste. Sous l'impulsion du gouvernement Harper, elle a commencé à supprimer progressivement la distribution du courrier à domicile pour 5 millions d'adresses dans les zones urbaines afin de faciliter ces suppressions.

En réponse, le STTP a lancé une campagne abjecte et impuissante pour «Sauvons Postes Canada». Cette initiative, rejetant la défense du service postal en tant que service public, acceptait pleinement le principe selon lequel la société d'État Postes Canada devait être gérée comme une entreprise à but lucratif et se contentait de suggérer une série de mesures alternatives pour y parvenir. La pièce maîtresse de la campagne du STTP était l'entrée de Postes Canada dans le secteur des services financiers par la création d'une banque postale, un projet que le WSWS qualifiait à l'époque de «chimère réactionnaire».

L'absence de véritable lutte du STTP contre l'assaut de Postes Canada sur les emplois, soutenu par le gouvernement, et la mascarade inefficace de la campagne « Sauvons Postes Canada », ont approfondi la colère déjà répandue parmi les travailleurs des postes à l'égard de la bureaucratie syndicale. Cette colère s'est exprimée de manière déformée en mai 2015, lorsque les postiers ont élu Mike Palecek, qui se décrit comme un délégué syndical « militant », à la présidence du STTP. Palecek, qui avant son élection était membre du groupe de pseudo-gauche La Riposte, a été promu par la bureaucratie syndicale comme une figure de «gauche» qui pourrait exprimer la colère de la base, tout en l'empêchant de rompre avec la direction syndicale de droite. Palecek a prétendu qu'il renouerait avec les traditions militantes du STTP des années 1960 et 1970, lorsque celui-ci a défié à plusieurs reprises les lois antigrèves.

Dans une entrevue accordée à la veille de son élection à la présidence du STTP, Palecek a tenté de tempérer son discours sur la possibilité que le STTP défie la loi de retour au travail. Jetant le blâme sur les travailleurs eux-mêmes, Palecek a averti qu'il s'agissait d'un «jeu à grands enjeux et qu'il n'y avait pas de réponse facile applicable à toutes les situations». Il a ensuite déclaré : «Le reste du mouvement syndical doit être prêt à tenir tête au gouvernement, et les travailleurs de la base doivent être prêts à aller jusqu'au bout. J'ai une bonne idée de ce qu'il faut faire pour obliger un gouvernement à reculer, et j'ai promis à nos membres que j'étais prêt à les mener aussi loin qu'ils le voudraient.»

Une fois élu, Palecek a immédiatement poursuivi les politiques de droite de la bureaucratie du STTP. Sa première tâche a été de diriger l'intervention du syndicat dans les élections fédérales de 2015, en apportant le soutien du syndicat au Parti libéral et à son candidat Justin Trudeau. Palecek a joué un rôle clé dans la campagne «N’importe qui, sauf les conservateurs», dans laquelle la bureaucratie syndicale dans son ensemble a cherché à canaliser l'opposition de la classe ouvrière au gouvernement détesté de Harper dans une campagne de mobilisation pour les libéraux, le parti de gouvernement préféré de la bourgeoisie canadienne.

En particulier, Palecek a fait la promotion cynique de la promesse faite par la campagne de Trudeau de suspendre la levée progressive de la distribution du courrier à domicile décidée par le gouvernement Harper, dans l'attente de l'examen du service postal promis par un groupe de travail spécialement nommé à cet effet.

Une semaine après l'investiture de Justin Trudeau en tant que Premier ministre, Palecek faisait partie des dizaines de hauts fonctionnaires syndicaux qui ont assisté à une réunion à huis clos avec le Premier ministre pour s'engager à travailler en collaboration avec le nouveau gouvernement. L'alliance entre la bureaucratie syndicale et le gouvernement Trudeau a bénéficié du soutien crucial de groupes de pseudo-gauche comme La Riposte, qui ont gardé un silence notable sur la promotion et la collaboration de leur ancien membre avec les libéraux favorables à la guerre et à l'austérité.

Le ralliement de la bureaucratie du STTP aux libéraux en 2015 a coïncidé avec le fait que la direction de Postes Canada a exigé encore plus de réductions et de restructurations pour assurer la rentabilité du service postal. Dans le conflit contractuel qui a suivi l'expiration de l'accord imposé par la loi de retour au travail de 2011, Postes Canada a exigé l'élimination d'un régime de retraite à prestations déterminées pour les nouveaux employés, un gel salarial de quatre ans pour les travailleurs temporaires, des coupes importantes dans les prestations médicales et autres, et la suppression de plus de 1000 postes de commis postaux.

Palecek a d'abord adopté un ton militant, appelant à des votes de grève en mai et juin 2016, et recevant un autre mandat écrasant des travailleurs postaux – 94 % ont voté pour la grève. Cependant, Palecek et la bureaucratie du STTP ont approfondi la stratégie de droite qu'ils avaient adoptée en 2011. Ils ont refusé de déclencher une grève et ont évité toute grève susceptible de perturber les activités de Postes Canada, sous prétexte que cela « perturberait » le groupe de travail promis par le gouvernement libéral pour examiner le service postal.

Palecek a frauduleusement présenté ce comité, qui comprenait les femmes d'affaires Françoise Bertrand et Krystyna Hoeg, proches des libéraux, comme une « occasion historique » par laquelle les travailleurs pourraient contribuer à déterminer l'avenir du service postal. En fait, l'examen était fondé sur le principe que Postes Canada devait être gérée comme une entreprise à but lucratif et que, pour atteindre cet objectif, «rien n'était exclu». Alors que Palecek et le STTP ont utilisé l'examen pour étouffer l'opposition des travailleurs postaux et promouvoir le projet de banque postale de la bureaucratie, les libéraux et la direction de Postes Canada l'ont utilisé pour préparer le terrain en vue d'une attaque massive contre les travailleurs postaux.

Quelques jours à peine avant que le groupe de travail ne présente la première phase de son examen, Palecek et la direction du STTP ont capitulé, acceptant une convention collective de deux ans qui laissait en place toutes les concessions imposées en 2011 et comprenait d'autres reculs, instituant une véritable baisse de salaire pour les facteurs et élargissant le recours aux employés temporaires. Lorsque le groupe de travail a produit son rapport, ses conclusions étaient tout à fait conformes aux demandes de Postes Canada concernant des changements structurels majeurs au service postal. Le rapport invitait la société d'État à réduire considérablement ses coûts, à reprendre l'élimination progressive de la livraison à domicile entamée par Harper et à lancer une attaque frontale contre les pensions des travailleurs des postes. Il a rejeté catégoriquement la demande du syndicat de mettre en place un système de banque postale. La direction de Postes Canada a salué le rapport du comité pour avoir approuvé «la voie empruntée par la société pour assurer son avenir aux Canadiens».

Comme en 2011, le WSWS est intervenu de manière agressive dans la lutte des postiers en 2016. Nous avons écrit à l'époque :

Bien que le STTP se soit dit déçu par le document du groupe de travail, il porte l'entière responsabilité d'un tel résultat. Toute sa perspective était basée sur le soutien au gouvernement libéral de grande entreprise, que Palecek a présenté comme un ami des travailleurs, et à son examen des services postaux [...]

Ce que le conflit de travail à Postes Canada a démontré, c'est que pour défendre leurs emplois et les services postaux, les travailleurs ont besoin d'une stratégie politique entièrement nouvelle. Les travailleurs des postes doivent d'abord rejeter la convention collective pourrie que vient de signer leur direction syndicale, qui cherche à démobiliser les travailleurs alors que la direction et le gouvernement libéral préparent le terrain pour d'autres attaques.

Les travailleurs des postes doivent retirer la lutte des mains du STTP pro-capitaliste et construire des comités indépendants de la base qui devraient lutter pour une contre-offensive de la classe ouvrière, attirant des travailleurs des secteurs public et privé, pour défendre les services publics et les droits sociaux des travailleurs. Une telle lutte mettra la classe ouvrière en conflit frontal avec l'ensemble de l'élite des grandes entreprises, leurs partis politiques et l'État, et posera la nécessité d'un parti ouvrier, basé sur un programme socialiste-internationaliste, pour lutter pour le pouvoir des travailleurs et la réorganisation de la vie socio-économique sur la base de l'égalité sociale.

(Article paru en anglais le 24 octobre 2024)

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