Le voyage du chancelier Olaf Scholz en Jordanie et en Israël durant le week-end a une fois de plus souligné le rôle central joué par l'impérialisme allemand dans le génocide des Palestiniens à Gaza. Après de longs entretiens et une conférence de presse conjointe avec Scholz dimanche, le Premier ministre israélien d'extrême droite Benjamin Netanyahou a confirmé qu'Israël réaliserait son plan d'attaque de Rafah.
«Aucune pression internationale n’arrêtera Israël», a déclaré Netanyahou lors d’une réunion du cabinet israélien lançant cette menace: «Si nous mettons fin à la guerre maintenant, avant d’avoir atteint tous ses objectifs, cela signifiera qu’Israël a perdu la guerre, et nous ne permettrons pas que cela se produise. »
L’armée israélienne «opérera à Rafah», a-t-il réitéré. « Cela prendra quelques semaines, mais cela se produira. »
Une attaque de Rafah porterait les massacres dans la bande de Gaza à de nouveaux extrêmes. Environ 1,5 million de réfugiés sont actuellement entassés dans cette ville du sud de l’enclave après que la partie nord du territoire a été presque entièrement rasée par les bombardements. Le nombre de victimes se compte déjà en dizaines de milliers.
Selon le ministère palestinien de la Santé, l’armée israélienne a déjà tué plus de 31 000 Palestiniens au cours des cinq premiers mois du génocide, dont plus de 13 000 enfants. Selon les Nations Unies, «l’ensemble de la population» de la bande de Gaza – environ 2,3 millions de personnes – souffre d’un degré élevé d’insécurité alimentaire «aiguë» en raison du blocus israélien. Parmi elles 1,11 million souffrent d’une insécurité alimentaire «catastrophique».
Les larmes de crocodile de Scholz et d’autres politiciens allemands en vue sur les souffrances de la population civile et le «nombre extrêmement élevé de victimes» (Scholz) à Gaza ne peuvent cacher le fait que la classe dirigeante allemande soutient pleinement le génocide contre les Palestiniens. Sur le terrain, le chancelier a exprimé à plusieurs reprises sa solidarité avec Israël et les objectifs de guerre du régime d’extrême droite de Netanyahou.
«Israël a le droit de se défendre contre le Hamas», a-t-il déclaré dans un communiqué de presse à Jérusalem. «La terrible attaque du 7 octobre a provoqué de terribles souffrances. Le Hamas ne doit pas être en mesure de reprendre de telles activités. C’est pourquoi il faut pouvoir le combattre avec succès.»
Il a tenu des propos similaires lors d’une conférence de presse conjointe avec Netanyahou: « En ces heures sombres», l’Allemagne «se tient aux côtés du peuple israélien», a-t-il assuré au Premier ministre. «Dès le premier jour, notre message était clair: Israël a le droit de se défendre contre le terrorisme du Hamas et tous les otages doivent être libérés et ce crime cruel doit cesser.»
Netanyahou a remercié Scholz pour «l’amitié et le soutien que l’Allemagne a apporté à Israël en ces temps difficiles». Lui non plus n’a laissé aucun doute quant au fait que Scholz et le gouvernement allemand soutenaient une poursuite du génocide. Lors de discussions conjointes, on s’était mis d’accord sur le fait «que le Hamas devait être éliminé». Il ne pouvait y avoir «aucun avenir pour la bande de Gaza, aucun avenir pour la paix, aucun avenir pour Israël si le Hamas, une organisation terroriste vouée à notre génocide, reste intact ».
En réponse à la remarque cynique de Scholz selon laquelle à côté de la «logique militaire», il y avait une «logique humanitaire» dans l'assaut prévu sur Rafah, Netanyahou n'a pas été moins cynique: il a assuré au chancelier que l'objectif «d'éliminer les bataillons terroristes restants à Rafah » allait de pair avec «l’effort qui permet à la population civile de quitter Rafah». Quand il s’agissait de «protéger la population civile» et de «fournir une aide humanitaire», il partageait la «préoccupation» de Scholz ; mais l’armée israélienne faisait plus «que toute autre armée pour minimiser les pertes civiles».
En fait, l’armée israélienne mène une guerre d’anéantissement contre les Palestiniens avec le plein soutien des puissances impérialistes. Les principaux responsables politiques et militaires israéliens n’ont jamais caché qu’il s’agissait d’une politique délibérée. Netanyahou lui-même a déclaré le 28 octobre: «Vous devez vous rappeler ce qu’Amalek vous a fait». Il faisait référence à un passage de l'Ancien Testament qui exige: «Maintenant, allez frapper Amalek [...] ne les épargnez pas, mais tuez hommes et femmes, enfants et nourrissons».
Dès le 7 octobre, Nissim Vaturi, vice-président de la Knesset (le parlement israélien) et membre de la Commission des affaires étrangères et de la sécurité, appelait à ce que «la bande de Gaza soit rayée de la surface de la terre». Et le 9 octobre, le ministre de la Défense Yoav Gallant a annoncé qu’Israël avait « placé Gaza sous siège complet. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant.» On combattait des «animaux humains» et agissait en conséquence.
Cette semaine, le World Socialist Web Site a déclaré dans un article de perspective: «Il est temps d'appeler les choses par leur vrai nom: le gouvernement Netanyahou met en œuvre la 'solution finale du problème palestinien'. Malgré les protestations occasionnelles et cyniques de Washington, il le fait avec le soutien de l’administration Biden et des deux partis politiques aux États-Unis.»
Il en va de même pour la classe dirigeante allemande, qui a commis le plus grand génocide de l’histoire au siècle dernier avec le meurtre de 6 millions de Juifs et la guerre d’extermination contre l’Union soviétique. À présent, elle renoue sans complexe avec ses traditions génocidaires. Depuis que la guerre a commencé, elle a non seulement soutenu politiquement les actions israéliennes et criminalisé l’opposition généralisée à celles-ci, mais elle a encore multiplié par plus de dix les livraisons d’armes à Israël et envoyé son propre navire de guerre en mer Rouge pour soutenir la politique de guerre d’Israël.
Les véritables objectifs de cette guerre vont bien au-delà de la destruction de Gaza. Pour Berlin et les autres puissances impérialistes, Israël agit comme une extension de leurs intérêts économiques et géostratégiques au Moyen-Orient et dans le monde. Le déchaînement de la machine de guerre israélienne fait partie d’un plan plus vaste visant à attaquer le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen et l’Iran, et à étendre l’offensive de guerre contre la Russie et la Chine, pour un nouveau partage du monde entre puissances impérialistes.
Il n’y a qu’une seule façon de mettre fin au génocide et au danger d’une troisième guerre mondiale: construire un mouvement international de masse de la classe ouvrière contre le fascisme et la guerre et contre leur cause, le capitalisme. Dans son manifeste pour les élections européennes, le Sozialistische Gleichheitspartei (SGP – Parti de l'égalité socialiste) souligne:
Des millions de personnes dans le monde ont manifesté contre le génocide à Gaza ces dernières semaines, malgré la propagande des politiciens et des médias, et ont montré à quel point la classe ouvrière est aujourd'hui forte et connectée à l'échelle mondiale. Ce mouvement doit être élargi et armé d’une perspective socialiste.
Nos revendications:
La fin immédiate du siège de Gaza et la démobilisation complète de l'armée israélienne!
La poursuite en justice de Netanyahou, Biden, Scholz et tous les autres criminels de guerre pour les crimes de guerre commis!
Pour l’unité des travailleurs palestiniens et israéliens dans la lutte pour un État commun, laïc et socialiste !
(article paru en anglais le 20 mars 2024)