Perspective

Le discours de Charles Schumer au Sénat et la «solution finale» américano-israélienne à Gaza

Le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, démocrate de New York, le 24 octobre 2023, sur la colline du Capitole à Washington [AP Photo/Stephanie Scarbrough]

Jeudi, le chef de la majorité démocrate au Sénat, Charles Schumer, a prononcé un discours dans lequel il a critiqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et les membres d’extrême droite du cabinet israélien, les qualifiant d’«obstacle» à la «paix». Netanyahou a «perdu le nord», a déclaré le sénateur de New York.

Le discours a été étroitement coordonné avec la Maison-Blanche, Biden ayant déclaré que Schumer avait «contacté mon équipe de direction». Biden a ajouté qu’il s’agissait d’un «bon discours», qui exprimait «de sérieuses inquiétudes partagées par de nombreux Américains».

Au cours de son intervention, Schumer a admis, pour la première fois, que des membres du gouvernement israélien avaient fait part de leur intention de procéder à un nettoyage ethnique de la population de Gaza. Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Défense, Ben Gvir, «expriment clairement leur volonté de chasser les Palestiniens de leurs maisons et de les remplacer par des colons israéliens», a déclaré Schumer.

Ces déclarations constituent un stupéfiant aveu de culpabilité. Smotrich a appelé à «l’immigration des Arabes de Gaza vers les pays du monde» le 14 novembre, le jour même où Schumer était l’un des principaux orateurs de la «Marche pour Israël», un rassemblement progénocide organisé à Washington.

Sous les slogans «Pas de cessez-le-feu», Schumer a déclaré à Israël: «Nous sommes à vos côtés. [...] nous n’arrêterons pas tant que vous n’aurez pas obtenu l’aide dont vous avez besoin.» Il a laissé entendre que l’opposition de gauche au génocide de Gaza relevait de l’«antisémitisme».

Ce jour-là, le bilan de l’assaut israélien sur Gaza s’élevait à 11.500 morts. Depuis, 20.000 autres Palestiniens – hommes, femmes et enfants – ont été tués.

Schumer et la Maison-Blanche ont fourni plus de 100 transferts d’armes, totalisant des milliards de dollars, pour financer et armer un gouvernement qui avait publiquement déclaré son intention de nettoyer ethniquement une population de 2 millions de personnes.

Il est temps d’appeler les choses par leur nom: le gouvernement Netanyahou met en œuvre la «solution finale au problème palestinien». Indépendamment des reproches occasionnels et cyniques faits par Washington, Israël agit avec le soutien du gouvernement Biden et des deux partis politiques des États-Unis.

Les appels au meurtre et à l’expulsion de la population de Gaza lancés par Smotrich, Ben Gvir et Netanyahou ne sont pas le fait de simples individus. Ils représentent la politique réelle du gouvernement israélien. Les figures de proue de l’État israélien sont les descendants idéologiques et politiques d’Adolf Hitler et du régime nazi.

Malgré leurs critiques de la politique de Netanyahou, Schumer et la Maison-Blanche ont clairement indiqué que leurs déclarations ne reflétaient aucun changement dans la politique américaine. Les États-Unis continueront à fournir des armes à Israël sans aucune condition, ont souligné les responsables américains.

En début de semaine, la Maison-Blanche s’est empressée de réaffirmer que les États-Unis n’avaient pas de «lignes rouges» concernant le nombre de personnes qu’Israël est autorisé à tuer. «Je ne pense pas qu’il soit productif d’attribuer une terminologie de “ligne rouge” à ce qui est un ensemble très complexe de politiques», a déclaré Olivia Dalton, principale attachée de presse adjointe, lors d’une réunion d’information à la Maison-Blanche lundi.

Les déclarations de Biden et Schumer sont des stratagèmes politiques dont l’objectif est de dissimuler le fait que le gouvernement Biden est profondément complice du génocide à Gaza, auquel la grande majorité de la population mondiale est opposée.

Dans son discours, présenté comme une condamnation de Netanyahou, Schumer a passé la majeure partie de son temps à condamner les Palestiniens et ceux qui recherchent un État démocratique et multiethnique pour les Juifs et les Arabes au Levant.

Il a dénoncé ceux qui, «à gauche», «rejettent une solution à deux États en faveur d’un seul État, où Palestiniens et Israéliens seraient censés vivre dans une paix démocratique côte à côte».

À cela, Schumer a répondu:

Cet État serait majoritairement palestinien et, par le passé, certains Palestiniens ont voté en faveur de groupes tels que le Hamas, qui cherche à éradiquer le peuple juif. [...] La politique américaine consiste depuis longtemps à soutenir la démocratie à l’étranger, mais dans cet hypothétique État unique, la démocratie pourrait coûter leur sécurité aux Juifs israéliens.

La condamnation par Schumer d'une solution «démocratique» aux relations entre les populations juives et arabes d’Israël et de Palestine est très significative. En réalité, les politiques génocidaires que Schumer prétend condamner découlent organiquement de l’ensemble du projet sioniste, qui depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, a servi de bastion à la domination impérialiste américaine sur la population du Moyen-Orient. Pour reprendre les mots de Joe Biden, «si Israël n'existait pas, nous devrions l'inventer».

Avec 30.000 Gazaouis déjà morts, la population entière de plus de 2 millions de personnes est au bord de la famine. Israël commet des massacres quotidiens, ayant tué des dizaines de personnes dans un centre de distribution de nourriture jeudi.

Les travailleurs et les jeunes du monde entier doivent s’engager dans la lutte contre le génocide à Gaza en tant que composante essentielle de la lutte contre la guerre impérialiste et le système capitaliste.

(Article paru en anglais le 16 mars 2024)

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