Le 22 novembre 1938, le premier ministre du Parti radical, Edouard Daladier, ordonnait aux préfets de tout le pays de briser les occupations d'usines et autres lieux de travail.
La résistance de la classe ouvrière avait éclaté en raison des plans du Parti radical de Daladier et du ministre des Finances Paul Reynaud d'appliquer l'austérité économique et la déréglementation pour sauver le franc qui chutait, limiter la dette publique et augmenter la production dans les industries de défense.
C'est parmi les travailleurs industriels des villes de Lille et Valenciennes que l'opposition de la classe ouvrière fut la plus forte, mais au 24 novembre, les grèves s'étaient propagées à la région parisienne et impliquaient les travailleurs de l'usine automobile Renaut et des usines aéronautiques Caudron et Bloch. La police dégagea rapidement les alentours de Bloch sans incident majeur, mais à Renault, elle tira des gaz lacrymogènes, blessant 10 travailleurs, et en arrêtant 200.
Heureusement pour le gouvernement, l'opposition des travailleurs était dominée par le Parti communiste français (PCF) complètement stalinien. Le secrétaire général Maurice Thorez, s'exprimant depuis Noisy-le-Sec, présenta la politique totalement opportuniste de son parti : "Les travailleurs sont prêts à travailler tout le temps nécessaire pour produire les armes nécessaires pour mettre en échec Hitler, à condition que Daladier s'en aille. » Lorsque le PCF appela enfin à une grève générale d'un jour à la fin du mois, le gouvernement Daladier prit la mesure de ce que cela représentait et contra la grève sans difficulté.
Le comité exécutif de la Confédération générale du travail (CGT), syndicat dirigé par les staliniens, décida unanimement de recommander que tous ses adhérents participent à une manifestation limitée contre les décrets Daladier-Reynaud. Les termes de la grève générale furent fixés le 25 novembre. En réaction, le gouvernement Daladier fit interdire toutes les réunions et manifestations de plein air dans la région parisienne organisées pour le 26 novembre.
Le Times de Londres résuma ainsi la pensée de la direction syndicale, dont la principale préoccupation était de garder le contrôle sur la classe ouvrière. "Les dirigeants syndicaux responsables ne cherchent pas vraiment à pousser trop loin l'opposition à ces décrets," faisait-il observer, "mais en même temps, ils appréhendent naturellement qu'une modération trop grande de leur part ne pousse la base à prendre elle-même les choses en mains."