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  WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Les travailleurs de l’automobile d’Indianapolis adoptent une attitude courageuse

Par Patrick Martin 
23 août 2010

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Les travailleurs de l’usine d’emboutissage General Motors d’Indianapolis ont pris une attitude courageuse à l’encontre des intérêts ligués du trust et du syndicat UAW (United Auto Workers) qui veulent leur imposer une baisse de salaire de 50 pour cent. Lors d’une assemblée qui s’est tenue le dimanche 15 août, les ouvriers de la base du syndicat ont hué les responsables de la centrale syndicale de Detroit et les ont chassés de l’assemblée.

L’hostilité viscérale des ouvriers vis-à-vis de fonctionnaires syndicaux fortement rémunérés est la manifestation d’un sain instinct de classe. Les travailleurs de l’usine d’emboutissage reconnaissent qu’ils n’ont rien en commun avec des responsables qui ont des salaires à six chiffres et forcent les ouvriers à accepter les suppressions d’emplois et les baisses de salaires voulues par les trusts.

Les efforts déployés pour intimider les ouvriers de la base et leur faire accepter une baisse qui ferait passer leur salaire horaire de 29 dollars à 15,50 dollars, ont continué les jours suivants. Cela prit la forme d’une annonce sur toute une page placée dans l’Indianapolis Star du mardi 17 août par JD Norman, l’entreprise qui a pour objectif d’acheter l’usine d’emboutissage à GM et de la transformer en une usine à sueur et à bas salaires.

Tant le propriétaire de l’entreprise, Justin D. Norman, un ancien courtier en bourse de 34 ans devenu parasite industriel que le directeur de la Région 3 de l’UAW Maurice Davison utilisent le même argument ; ils affirment tous deux que les travailleurs qui étaient à l’assemblée du 15 août ne représentaient pas une majorité dans l’usine.

L’annonce en question déclare : « Je ne crois pas que seule une poignée d’adversaires à forte voix devrait déterminer le destin de cette grande usine industrielle. » Ce sentiment est exprimé lui aussi par Davison, qui a dit à l’Indianapolis Star, « Des 600 ouvriers qui travaillent là, environ 200 étaient porteurs de ce message (refuser le vote). Je m’interroge sur les 400 qui ne sont pas venus à cette assemblée. »

Ni la société ni le représentant du syndicat ne parle du vote du 26 mai où la base, par une majorité écrasante de 384 à 22, avait rejeté tout pourparler avec JD Norman. L'UAW a cherché à renverser cette décision démocratique et à faire passer en force la baisse de salaire, contre la volonté des ouvriers. Le syndicat agit en tant qu’associé à plein titre de GM et de JD Norman.

Les ouvriers d'Indianapolis ont porté un coup à cette conspiration montée contre leurs emplois et leur niveau de vie, mais l'action de dimanche représente seulement un premier pas. Un large soutien doit être mobilisé dans la population travailleuse, à Indianapolis, dans l'ensemble de l’Indiana et au niveau national, sans quoi cette lutte sera isolée et battue comme tant d’autres l’ont déjà été.

Le point de départ d’une telle lutte consiste à reconnaître que l'UAW est un outil de la direction. Avec l’UAW, les ouvriers ont en face d’eux un ennemi aussi brutal que les patrons d'entreprise et les politiciens du grand patronat.

Le déclin et la chute de l'UAW ont représenté un processus prolongé, mais la transformation de ce syndicat a été complète. Les bureaucrates comme Maurice Davison et l'armée des représentants du service après-vente, des directeurs régionaux et d’autres agents de la société au niveau national et local a des intérêts économiques entièrement différents de ceux de l’ouvrier ordinaire. Rien que sur la période allant de 2001 à 2008, le nombre des adhérents de l'UAW est passé de 701,000 à 431,000 (une baisse de 40 pour cent) alors que les actifs du syndicat sont eux, passés de 1.1 à 1.2 milliards de $.

Les accords de faillite avec GM et Chrysler ont entre autre fait que l'UAW est devenue un très gros actionnaire de ces deux sociétés, à travers le VEBA (fonds de pension n.d.t), donnant aux responsables syndicaux une motivation financière directe dans la réduction des coûts de main-d'œuvre et l’augmentation de la valeur des actions. En échange de cette récompense, l'UAW a consenti à couper les salaires des ouvriers nouvellement embauchés de 50 pour cent et à offrir ses propres adhérents comme main-d'œuvre bon marché.

La rébellion d'Indianapolis vient après une série de heurts entre les ouvriers de l'industrie automobile et l'UAW : le rejet du contrat de Ford en novembre et décembre 2009, au cours duquel Bob King, l’actuel président de l’UAW, s’est fait huer dans une réunion d’ouvriers à Ford Rouge; le soulèvement à l'usine GM/Toyota de Fremont en Californie, où les officiels locaux ont été hués jusqu’à ce qu’ils quittent la tribune; le rejet voté par des ouvriers de l'usine de pièces détachées de Saginaw, auxquels on imposa par une second vote il y a un mois une diminution de salaire énorme.

Les ouvriers de l’usine d’emboutissage d’Indianapolis doivent se libérer de la camisole de force représentée par l’UAW et former un comité de base, indépendant du Local 23, de la Region 3 et de Solidarity House (la centrale de l’UAW à Detroit n.d.t), et mener une lutte militante et intransigeante pour défendre des emplois et le niveau de vie.

Les travailleurs de cette usine devraient l’occuper afin d’empêcher sa fermeture par General Motors ou sa reprise par JD Norman. Ils devraient lancer un appel aux travailleurs de l’automobile de GM, Ford, Chrysler et des usines d’équipement de toute la région du Midwest et de tout le pays afin qu’ils les soutiennent. Il faudrait prendre contact avec les travailleurs de l’automobile d’autres pays qui sont confrontés à des attaques similaires. Tout appel de la sorte serait accueilli avec un énorme intérêt, attirerait une très forte attention et recevrait un immense soutien.

Il y eut une vague nationale de soutien aux ouvriers de Republic Windows and Doors à Chicago quand ils ont pris le contrôle de leur usine pendant cinq jours en décembre 2008, après que les propriétaires aient cherché à fermer l'usine et aient manqué à leur obligation de verser des primes de licenciement. Une initiative par des ouvriers de l'industrie automobile à Indianapolis pour s'opposer à une diminution de salaire de 50 pour cent évoquerait une réponse encore plus importante.

Le combat pour préserver des emplois à salaire convenable représente un défi direct à l'administration d'Obama, qui a forcé GM et Chrysler à la faillite pour détruire les acquis gagnés par les ouvriers au cours de décennies de lutte. Le retour de l'industrie automobile à la rentabilité sera basé sur un retour à des conditions d'exploitation qu’on n’a plus vues depuis la Grande Dépression.

Tandis que les vies et les communautés ouvrières sont détruites, Wall Street est sur le point de réussir un beau coup avec l'introduction en bourse d'actions de GM cet automne.

Les ouvriers doivent tirer de tout cela des conclusions politiques appropriées : il est nécessaire de défier le système de profit. Les forces productives de base et les institutions financières géantes ne peuvent plus rester dans les mains d’individus privés qui les contrôlent dans l’objectif du profit privé. Les usines et les banques doivent être nationalisées et transformées en entités publiques, placées sous le contrôle démocratique de la population laborieuse. Cela exige une rupture d’avec les deux partis du grand patronat, l’acquisition par la classe ouvrière de son indépendance politique et une lutte pour un gouvernement des ouvriers.

Le Parti de l'égalité socialiste invite tous les ouvriers à soutenir la lutte des travailleurs d’ Indianapolis et de faire de ce soutien le point de départ d’une mobilisation beaucoup plus large de la classe ouvrière contre le système de profit.

(Article original publié le 18 août 2010)

Voir aussi :

GM et les syndicats français font passer en force des réductions de salaire (20 août 2010)

Une année de lutte des travailleurs d'un sous-traitant de l'automobile trahie
Les leçons de la trahison des Sodimatex en France
   (11 juin 2010)

Un programme socialiste pour la défense des emplois chez Opel
Pour une rébellion contre la politique nationaliste des syndicats
   (3 février 2010)

Belgique : fermeture de l'usine Opel d'Anvers  (3 février 2010)

 

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