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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Belgique : fermeture de l'usine Opel d'Anvers

Par nos correspondants
3 février 2010

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L'usine Opel sur la Noorderlaan à Anvers

Mardi à Anvers : une réunion de crise des conseils d'entreprise européens d'Opel a eu lieu pour discuter des derniers projets en date de l'entreprise mère General Motors concernant l'Europe. Il y a à peine quelques jours, Nick Reilly, le patron d'Opel, avait annoncé la destruction d'au moins 8.300 emplois en Europe. L'usine belge d'Opel, qui emploie actuellement près de 2.600 travailleurs produisant le modèle Astra, doit être fermée cet été.


Klaus Franz,
le président du conseil
d'entreprise Opel-Vauxhall


Le dirigeant du comité d'entreprise de Rüsselsheim, Klaus Franz, avait appelé pour aujourd'hui à « une manifestation de protestation en signe de solidarité européenne ». En réalité, la réunion d'aujourd'hui à Anvers n'a servi qu'à réunir les dirigeants des principaux conseils d'entreprise de Belgique, d'Allemagne, d'Espagne, de Grande-Bretagne, de Pologne, de Hongrie et d'Autriche, dans le seul but d'empêcher tout conflit social pour protester contre la fermeture de l'usine Opel à Anvers et étouffer dans l'ouf toute éventuelle solidarité entre les travailleurs d'Opel en Europe.

« Pour le dire clairement : nous ne voulons pas de grève », a déclaré Klaus Franz lors de la conférence de presse. « Nous ne nous laisserons pas provoquer à faire grève, de quelque côté que ce soit. » Il n'existe pas de projets concrets, a assuré Franz. Sa revendication est : « Nous voulons discuter avec la direction ! » Son objectif est d'intensifier la collaboration avec la direction du groupe afin de faire passer les suppressions d'emploi avec le moins de heurts possible. Franz se plaint seulement du fait que les comités d'entreprise d'Opel-Vauxhall n'aient pas été suffisamment consultés au sujet de l'actuel plan de licenciement.


Rudi Kennes, le délégué principal du conseil
d'entreprise d'Opel à Anvers


Dans un communiqué de presse, le conseil d'entreprise a exigé qu'un petit véhicule tout-terrain (SUV) soit fabriqué à Anvers, comme cela avait été promis antérieurement, et pas en Corée du Sud comme projeté pour le moment par GM. En 2007, GM avait accepté que l'usine d'Anvers continue de rester en service. Les conseils d'entreprise se vantent de ce que les travailleurs belges ont renoncé à un total de 20 millions d'euros par an et ce depuis deux ans (!) pour sauvegarder l'usine.

La seule mesure concrète de la journée est que Klaus Franz et Rudi Kennes, le chef du comité d'entreprise à Anvers, ont invité les représentants de General Motors à une réunion extraordinaire lundi afin de décider d'un nouveau projet d'avenir pour Opel en Europe. Tous « les projets d'avenir » précédents approuvés par les conseils d'entreprise avaient prévu de vastes concessions, y compris la réduction des salaires et une détérioration des conditions de travail. Le résultat de ces concessions a toujours été le même, les réductions de salaires ont été suivies par des suppressions d'emplois.

La principale préoccupation des représentants des conseils d'entreprise et des responsables syndicaux est qu'ils perdent leur statut de partenaires hautement rémunérés de la direction.

L'année dernière, le conseil d'entreprise allemand et le syndicat IG Metall avaient prévu des attaques massives dans le cadre d'un éventuel rachat par l'équipementier canadien Magna. Ils s'attendaient à la fois à la fermeture de l'usine d'Anvers et à des suppressions d'emplois devant aller jusqu'à 10.500 postes. La différence était que l'accord avec Magna prévoyait un « fonds de capital investissement » basé sur la prime de vacances et les primes de Noël des travailleurs. Les conseils d'entreprise et l'IG Metall qui doivent contrôler ce fonds deviendraient donc des gestionnaires à 10 pour cent du capital d'exploitation de l'entreprise.

Toutefois, Nick Reilly, qui a été nommé à la tête de GM Europe, a mis les conseils d'entreprise devant le fait accompli. Il ne « les a pas consultés » comme se plaint Klaus Franz, mais a annoncé la fermeture d'Anvers. Parallèlement, Reilly exige une réduction de salaire annuelle de 265 millions d'euros sinon d'autres usines seront fermées.

La « manifestation de protestation » de mardi n'a comporté aucun débrayage chez Opel, même pas d'une journée, ni à Anvers et ni ailleurs. Les « délégations de solidarité venues des autres usines Opel » et qui avaient été annoncées pour la journée se sont révélés être deux cars remplis de syndicalistes venus de Hesse en Allemagne, ainsi qu'un petit groupe de « Opelaner » (des employés d'Opel) de Rüsselsheim triés sur le volet.

Le syndicat n'avait rendu publique « l'action de protestation » ni à Rüsselsheim ni à Bochum, Eisenach, Luton ou Gliwice. Une telle « solidarité » ne peut que frustrer et décourager les travailleurs à Anvers.

A Anvers, les travailleurs de l'équipe du matin s'étaient rassemblés peu avant midi, et ceux de l'équipe du soir peu après 14 heures à la cafétéria où Klaus Franz et Rudi Kennis, le délégué syndical belge, se sont respectivement adressés à eux pendant quelques minutes. Puis les chaînes de montage devaient redémarrer.

Durant la relève des équipes, les représentants du World Socialist Web Site ont parlé aux travailleurs devant l'usine pour connaître leur opinion et pour distribuer une déclaration du Parti de l'égalité sociale appelant à la création de comités d'usine indépendants. (Voir Le poison nationaliste des syndicats)

« Les trois quarts de mes collègues pensent que l'usine fermera, » a dit un ouvrier de 47 ans qui travaille depuis 22 ans à l'usine. « En 1989, l'effectif était encore de 12.000, maintenant nous ne sommes même plus 3.000. Nous devons travailler de plus en plus durement avec de moins en moins de gens et en plus nous sommes obligés de renoncer à une part de notre salaire. Notre exemple montre que les réductions de salaire ne sauvent pas les emplois. »

Anne, Jurgen et Robby pensent aussi que le sort de l'usine est scellé. Beaucoup de collègues sont en colère et frustrés, disent-ils. « Depuis longtemps ils ont joué sur l'usure, cette incertitude du va-et-vient dure depuis deux ou trois ans, » a dit Anne. Les trois disent que nombre de travailleurs sont en train de perdre confiance dans le syndicat. Jurgen pense qu'« il faut faire quelque chose soi-même, vous avez parfaitement raison de dire cela. Nous ne sommes que 2.600 ici, mais les travailleurs dans les autres usines ont les mêmes problèmes que nous. »


Anne, Jurgen et Robby

La fermeture d'Opel aura un impact dévastateur sur l'industrie dans la région d'Anvers. En Flandre, le taux de chômage officiel avoisine les 17 pour cent. Chaque emploi d'Opel génère trois emplois de sous-traitants.

Depuis que la nouvelle de la fermeture de l'usine est connue, les travailleurs des usines environnantes de l'usine sur la Noorderlaan dans le port d'Anvers viennent tous les jours pour une veillée devant l'entrée de l'usine Opel. Là, les collègues retrouvent après le travail des travailleurs de la sous-traitance, de fournisseurs et d'autres usines. Les travailleurs nous disent ce que la fermeture d'Opel à Anvers signifierait pour eux.


Sarah

Sarah travaille depuis dix ans pour une entreprise qui assure la comptabilité des salaires chez Opel : son mari travaille en équipe chez Opel. Si Opel ferme, les deux perdront leur emploi. « C'est évident, nous devons lutter, » a dit Sarah qui attend un enfant. « Mais que pouvons-nous faire ? » Elle a dit qu'il était tout à fait juste que les travailleurs s'unissent pour lutter ensemble par-dessus les frontières : « c'est notre avenir qui est en jeu. »


Ibrahim

Adama Ibrahim et son collègue de travail font partie d'une équipe de nettoyage à l'usine Opel. « Je travaille depuis 13 ans pour Opel », a-t-il dit, « mais ces derniers temps ça ne fait plus du tout plaisir. Du jour au lendemain, nous ne savons pas si nous avons encore du travail. » Ibrahim qui est agent de nettoyage à l'usine depuis six ans, ajoute, « Pour le moment, la situation est terrible parce que personne ne peut nous dire ce qui va se passer ! Mes collègues sont extrêmement inquiets de ce qu'il adviendra de leurs familles si l'usine ferme. »


Abdel

Abdel est venu avec ses collègues de Bruxelles pour soutenir les travailleurs d'Opel. Il travaille depuis dix ans comme cariste chez VW-Audi. « Ces dernières années, nous avons connu de nombreuses fermetures d'usine et pertes d'emplois, » a dit Abdel. « D'abord Renault-Vilvoorde a été fermé puis Ford à Gand et des quantités d'emplois ont été supprimés chez Volkswagen-Forest (près de Bruxelles). Nous avons définitivement le droit de descendre dans la rue pour lutter pour nos emplois. »

(Article original paru le 28 janvier 2010)

 

 


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