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Israël et Washington débattent de l'assassinat d'Arafat et de la destruction de l'Autorité palestiniennepar Patrick Martin Le bureau éditorial du World Socialist Web Site condamne l'attaque brutale du gouvernement israélien contre le peuple palestinien et ses dirigeants politiques. L'entière responsabilité du sang qui coule tous les jours au Moyen-Orient retombe sur le régime dirigé par Ariel Sharon et l'administration Bush qui l'appuie. Depuis son tristement célèbre voyage au Mont du Temple/al-Harem al-Sharif en septembre 2000, Sharon a entrepris une politique de violence et de provocation contre le peuple palestinien, ce qui a eu le résultat attendu de susciter des gestes de représailles pour les décennies de répression, d'humiliation et de reniement des droits démocratiques et nationaux les plus fondamentaux. Le régime sioniste porte la responsabilité d'innombrables crimes de guerre contre le peuple palestinien : de l'occupation illégale depuis 35 ans de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie, en passant par les assassinats intentionnels pour détruire l'infrastructure de l'Autorité palestinienne et jusqu'à la campagne de violence et de terreurgénéralisées. L'article qui suit analyse la plus récente phase de cette campagne..
L'administration Bush et le gouvernement israélien se préparent à augmenter de façon importante la violence contre le peuple palestinien suite à la décision du gouvernement israélien d'envahir la ville de Ramallah et d'assiéger le quartier général du dirigeant palestinien Yasser Arafat. Lors d'une entrevue télévisée ce dimanche, le négociateur en chef pour la paix pour les Palestiniens, Saeb Erekat, a signalé que Sharon allait de l'avant avec ses plans pour assassiner Arafat. Citant les déclarations souvent répétées par Sharon selon lesquelles ce dernier regrettait de ne pas avoir tué le dirigeant palestinien il y a 20 ans, lors du siège de Beyrouth, Erekat a dit : «Il va tuer le président Arafat.» Et il continua en déclarant que si cela s'avérait, «Je peux vous assurer que ce dont vous êtes témoins maintenant n'est que la pointe de l'iceberg.» Arafat lui-même, dans une entrevue télévisée qu'il accorda à CNN, a rejeté les déclarations d'Israël selon lesquelles on ne voulait pas porter atteinte à sa personne. «Est-ce que vous croyez que les missiles vont faire la distinction entre moi et n'importe lequel de mes frères présents ici? C'est un mensonge flagrant de la part d'Israël.» «Ce qui m'attend n'est pas important», continua le dirigeant palestinien. «Ce que vit mon peuple jour et nuit l'est beaucoup plus. Hier, ils [les Israéliens] ont assassiné neuf personnes. Les chars encerclent les hôpitaux et en interdisent l'accès aux blessés.» Arafat a fait référence à plusieurs cas où les combattants palestiniens qui furent faits prisonniers par les Forces de défense israéliennes ont été sommairement exécutés. Le journal britannique, The Observer, a rapporté que cinq membres de Force 17, l'unité d'élite chargée de la sécurité du président palestinien, furent abattus d'une balle dans la tête tirée à bout portant. Selon le journaliste du quotidien qui fut témoin de la scène, «quelques minutes après que les soldats israéliens aient pris la position des Palestiniens, cinq hommes étaient blessés et cinq autres furent exécutés par les Israéliens, chacun d'un unique coup de grâce à la tête ou à la gorge.» Des journalistes de quotidiens américains ont confirmé les exécutions. Daniel Williams du Washington Post a cité des témoins des meurtres, ajoutant, «Il n'y a pas d'indications que les Palestiniens aient tiré de leurs dernières positions. Leurs corps furent trouvés dans le corridor en face des bureaux du Centre pour la dissémination de la démocratie, mais il ne semble pas qu'ils aient tenté de se réfugier dans ces locaux.» Williams a aussi rapporté que des soldats israéliens tiraient sur les ambulances et avaient perquisitionné un hôpital arabe de Ramallah, même si «de telles fouilles sont interdites selon les lois internationales régissant la guerre.» Les soldats israéliens ont tiré sur un journaliste du Boston Globe, Anthony Shadid, le blessant sérieusement. Les autorités militaires ont ensuite fermé Ramallah à la presse pour interdire que les événements soient couverts par les médias. Dans une brève déclaration télévisée ce dimanche, le premier ministre Ariel Sharon a déclaré qu'Israël était en guerre contre les militants palestiniens. «Nous devons nous battre contre ce terrorisme, dans une guerre sans compromis pour déraciner ses sauvages, pour démanteler leur infrastructure parce qu'il ne peut y avoir aucun compromis avec les terroristes», a-t-il dit. «Ce terrorisme est orchestré et dirigé par un seul homme, le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat.» Diaboliser ainsi Arafat vient réfuter les assurances plusieurs fois répétées par les Israéliens selon lesquelles Israël ne vise seulement qu'à «isoler» le dirigeant palestinien avec l'invasion de Ramallah, et non pas à le tuer. La seule conclusion qu'on puisse logiquement tirer des déclarations de Sharon et d'autres dirigeants israéliens est qu'Arafat sera assassiné aussitôt que Washington aura donné son feu vert. L'administration Bush a clairement signalé qu'elle appuyait l'escalade de la violence des Israéliens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Ceci est particulièrement évident dans les commentaires que Bush lui-même a donnés samedi aux journalistes convoqués à son ranch à Crawford, au Texas. Il fait porter toute la responsabilité de la crise sur Arafat et l'Autorité palestinienne et s'est fait un devoir de refuser d'offrir la moindre critique des actions du gouvernement israélien, déclarant qu'«Israël prendra les décisions nécessaires pour se défendre». Si les militaires israéliens n'ont pas encore assassiné Arafat et ses plus proches conseillers, tous encerclés et effectivement en état d'arrestation dans ses locaux de Ramallah, c'est seulement parce que l'administration Bush n'a pas encore donné son approbation. La Maison blanche quant à elle retient sa décision, cherchant une couverture politique et l'appui des gouvernements européens et des régimes arabes au Moyen Orient. Les hésitations de Washington ne sont pas l'expression d'une quelconque répugnance à adopter le meurtre en tant que politique officielle de l'État. Les États-Unis ont ouvertement appuyé la politique d'assassinat des dirigeants palestiniens adoptée par Sharon. Washington s'inquiète plutôt que la violence d'Israël contre les Palestiniens ne vienne nuire aux plans des Américains contre l'Irak en provoquant une violente contre-réaction politique dans les régimes arabes qui doivent leur offrir des bases militaires et du ravitaillement dans le cas d'une attaque américaine contre Bagdad. Jusqu'à ce jour, les Européens n'ont pas dit un mot sur l'invasion israélienne de la bande de Gaza et de la Cisjordanie et son assaut contre Arafat, silence qui en dit très long. Les régimes arabes n'ont que timidement protesté en face de l'opération entreprise contre Arafat et l'Autorité palestinienne. L'assassinat d'Arafat serait suivi du démantèlement complet de l'Autorité palestinienne et du retour au contrôle direct de l'armée israélienne sur la Cisjordanie et la bande de Gaza. Ce sont ces mesures dont on discute présentement de façon tout à fait publique en Israël. Un travailliste membre de la Knesset, Haim Ramon, a déclaré : «Sharon veut qu'Arafat disparaisse et qu'une direction palestinienne plus modérée lui succède. Il négociera ensuite et essayera de la convaincre d'accepter 50 pour cent de la Cisjordanie. C'est une illusion. Cela ne se produira jamais. Ce qui se produira, c'est plutôt ce que nous voyons maintenant : la destruction dans les faits de ce qui reste de l'Autorité palestinienne et le retour à l'occupation de la totalité, ou de la presque totalité de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.» L'ancien premier ministre Benyamin Netanyahou, le principal rival de Sharon au sein de la coalition de droite, le Likoud, fait campagne pour cette politique. Dans une chronique qu'a publiée le Jerusalem Post vendredi dernier, Netanyahou a exhorté à la recherche «d'une victoire militaire totale... Premièrement, nous devons immédiatement démanteler l'Autorité palestinienne et expulser Arafat. Deuxièmement, nous devons encercler les principales concentrations de population palestinienne, les purger des terroristes et éradiquer l'infrastructure terroriste. Troisièmement, nous devons établir des zones de séparation pour la sécurité qui permettront aux forces armées israéliennes d'entre en territoire palestinien, mais qui empêcheront les terroristes palestiniens d'entrer dans nos villes et nos cités.» Netanyahou, représentant d'une tendance importante dans le cabinet de Sharon, appelle le gouvernement israélien à prendre pour exemple l'invasion de l'Afghanistan par les États-Unis qui fut suivie par des opérations de recherche et d'élimination des résistants. La mobilisation de plus de 20.000 réservistes de l'armée israélienne, la plus grande depuis une décennie, laisse croire que le cabinet israélien se prépare à une telle opération. Cette mobilisation coûtera plus de 100 millions américains par mois, une facture qui sera sans aucun doute présentée à Washington. Depuis qu'il a pris le poste de premier ministre, Sharon s'est donné pour objectif de démanteler les accords de paix d'Oslo et l'Autorité palestinienne qui en a résulté. L'adoption de cette politique par les sections les plus puissantes de l'establishment politique sioniste démontre qu'il n'existe pas de possibilité de règlement démocratique au Moyen Orient qui préserve un État juif basé sur la dépossession des Arabes palestiniens, que ce soit selon les frontières de 1948, de 1967 ou du «Grand Israël» défendu par les éléments extrémistes les plus à droite. Un accord juste et pacifique exige l'abolition de toutes les
frontières réactionnaires établies par les
régimes coloniaux français et britannique et par
le sionisme, et l'établissement des États-Unis
socialistes du Moyen Orient, fondés sur l'égalité
des droits pour tous les peuples de la région, sans distinction
de religion, de langue ou de nationalité. Voir aussi :
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