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Israël prend le contrôle de Jérusalem Estpar Chris Marsden Vendredi dernier, les forces de sécurité israéliennes ont pris contrôle de la Maison d'Orient, le quartier général de l'Organisation de libération de Palestine (OLP) à Jérusalem Est. Le même jour, des chasseurs de type F-16 ont lancé deux missiles sur un poste de police palestinien d'une ville de la Cisjordanie, Ramallah, alors que des tanks et des bulldozer rasaient un avant-poste de police dans la Bande de Gaza. À Abu Dis, en lisière de Jérusalem Est, plusieurs immeubles abritant l'Autorité palestinienne (AP) furent aussi saisis par les forces israéliennes. L'offensive fut justifiée comme étant une réponse à l'horrible attentat suicide à la bombe de la veille à l'intérieur d'une pizzeria dans un secteur commercial très achalandé de Jérusalem Ouest par un membre du mouvement fondamentaliste islamiste Hamas. L'attentat a fait quinze morts, dont six enfants, et au moins quatre-vingt-dix autres personnes ont été blessées. Trois survivants à l'explosion ont plus tard succombé à leurs blessures à l'hôpital. Parmi les morts, on compte cinq membres d'une même famille. Toutefois, le premier bombardement depuis des années à Jérusalem était lui-même une réponse au meurtre de huit Palestiniens à Nablus le 31 juillet par l'armée israélienne. Lors de ce bombardement dans la ville de Cisjordanie, deux dirigeants du Hamas avaient été tués, une conséquence directe de la politique de l'Israël d'assassinat des activistes palestiniens qui a déjà fait plus de soixante morts. Des sources palestiniennes avaient déclaré lors de l'établissement de cette politique qu'Israël cherchait à provoquer une réaction du Hamas pour justifier la fin du cessez-le-feu imposé par les États-Unis et accroître son offensive militaire sur la Bande de Gaza et la Cisjordanie. Le premier ministre israélien, Ariel Sharon, a rejeté la condamnation du bombardement par Yasser Arafat, à la tête de l'AP ainsi que ses appels pour un effort conjoint pour imposer au nouveau le cessez-le-feu. Eli Yishai, le ministre de l'Intérieur de la coalition menée par le Likoud et président du Shass, un parti d'extrême droite, a dit que Sharon devrait maintenant mettre en oeuvre son plan de grande envergure contre l'AP qui avait déjà été approuvé après l'attentat à la bombe suicide d'une discothèque de Tel Aviv, mais qui avait été mis sur la glace après qu'Arafat ait appelé pour un cessez-le-feu. Le président de la coalition et membre du Likoud, Ze'ev Boim, a dit qu'avec l'attaque à Jérusalem «les heures de l'Autorité palestinienne sont comptées». Boim a appelé Sharon à appliquer sa politique «d'assassinats ciblés» au plus haut niveau de l'AP. Le membre de la Knesset (le parlement israélien) Michaël Kleiner, du parti Herut, est allé encore plus loin, demandant la tête d'Arafat. «Sharon a besoin d'oublier la réaction du monde et de faire reculer l'horloge d'Oslo en s'emparant des territoires contrôlés par l'AP et en libérant le Moyen Orient de la présence d'Arafat» a dit Kleiner. Même s'il ne va pas aussi loin dans sa rhétorique, le plus important partenaire du Likoud dans la coalition gouvernement, le Parti travailliste a endossé les actes de vengeance contre l'AP. L'action d'Israël se veut autant symbolique que pratique parce qu'ainsi, il prend contrôle sur le secteur même que l'AP avait désigné comme la capitale du futur État palestinien. Abdel-Rahman, un des plus influents adjoints d'Arafat, a dit que l'occupation israélienne de la Maison d'Orient et de neuf autres bases du gouvernement palestinien «vise à détruire tous les accords signés depuis 1993», alors que les israéliens et les Palestiniens avaient conclu l'entente que l'on appelle depuis les accords d'Oslo. Il y a peu de doute que l'extrême droite au sein de l'élite dirigeante israélienne, y compris le Shass, les partis des colons sionistes et une bonne partie du Likoud mène une campagne pour une solution militaire qui pourrait aller jusqu'à occuper de nouveau toute la Cisjordanie et la Bande de Gaza. Le président de l'Infrastructure nationale, Avigdot Lieberman, proche de l'ancien premier ministre Binyamin Netenyahu, le principal rival de Sharon au sein du Likoud, a appelé pour que l'AP soit déclarée organisation terroriste. Shlomo Benizri, le ministre des Affaires sociales et du Travail et député parlementaire pour le Shass a dénoncé ceux qui demandent des négociations et demandé que les attaques contre l'AP soient intensifiées : «Nous devons commencer à les frapper d'une façon qu'ils comprendront», a-t-il dit. Le dirigeant des travaillistes, Simon Peres, qui est ministre
des Affaires extérieures dans la coalition gouvernementale,
a lui insisté sur la nécessité de continuer
à discuter avec Arafat, donnant voix à la crainte
que les tensions au sein de l'AP atteignent bientôt le
point d'inflammabilité. Il a donné l'avertissement
que trois millions de Palestiniens avaient dû «enduré
les restrictions depuis dix mois» et que «cela représentait
un problème fondamental qui pourrait nous exploser au
visage». Toutefois, Peres et d'autres qui ont déclaré
qu'il fallait laisser la chance aux négociations sont
de plus en plus marginalisés. Peres s'est plaint que le
refus de Sharon de commencer à négocier avec les
Palestiniens tant qu'il y aura de la violence a donné
un droit de veto aux éléments les plus radicaux.
Répondant aux timides critiques du Likoud par Peres, Lieberman
l'a dénoncé pour être «complètement
déconnecté de la réalité».
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