Quatre jours après les élections américaines, le Parti républicain du président fasciste élu Donald Trump est sur le point de prendre le contrôle de tous les leviers du pouvoir gouvernemental aux États-Unis.
Grâce à l'effondrement électoral du Parti démocrate – le résultat de la politique de génocide et de guerre à l'extérieur, d’une indifférence affichée face à la crise sociale frappant la classe ouvrière à l’intérieur et d'une promotion obsessionnelle de la politique d’identité de la classe moyenne aisée – Trump revient à la Maison Blanche, les républicains ont repris le contrôle du Sénat et le GOP (Grand Old Party – Parti républicain) conservera très probablement le contrôle de la Chambre des représentants.
La Cour suprême est déjà entre les mains de Trump, sa majorité d'extrême droite de 6 contre 3 ayant rendu une décision en juillet qui lui accorde l'immunité contre les poursuites pour les crimes commis pendant son mandat.
Au moment d'écrire ces lignes, les résultats de la débâcle des élections démocrates sont les suivants :
Élection à la présidence
On a annoncé hier que Trump avait remporté le dernier des États-clés qu’il n’avait pas encore gagné, l’Arizona, qui comporte onze votes électoraux. Vendredi, les médias avaient confirmé que le Nevada, avec six votes électoraux, était revenu à l’ex-président qui y avait remporté le vote électoral, après avoir râflé les six autres États ‘champ de bataille’.
Alors qu’il faut 270 voix de grands électeurs pour une victoire, Trump en est actuellement à 301, contre 226 pour Harris. Il remportera le vote populaire avec une marge de deux ou trois millions de voix, là encore davantage en raison de la chute des votes démocrates que d'un gain majeur pour lui.
Élection au Sénat
Les républicains ont enlevé le contrôle du Sénat aux démocrates. Au moment d'écrire ces lignes, ils disposaient de 52 sièges contre 45 pour les démocrates pour une chambre de 100 sièges. Les courses dans deux États restent « trop serrées pour être annoncées ». En Pennsylvanie, le démocrate sortant Bob Casey (48,4 %) est derrière le républicain Dave McCormick (49,0 %), 98 % des votes attendus étant comptés.
Dans le Nevada, le sénateur démocrate sortant Jackie Rosen (47,8 %) devance le républicain Sam Brown (46,5 %) 96 % des votes attendus étant comptés.
En Arizona, le démocrate Ruben Gallego (49,7 %) devance la républicaine Kari Lake (48,2 %), avec 78 % des votes attendus comptés. Dans cette course, les démocrates tentent de conserver un siège laissé vacant par Kyrsten Sinema, qui avait été élue démocrate puis est devenue indépendante.
Chambre des représentants
Les républicains sont sur le point de conserver le contrôle de la Chambre. Ils avaient au moment d'écrire ces lignes, remporté 211 sièges contre 199 pour les démocrates, sur 435 sièges au total. Alors que 25 résultats n'avaient pas encore été annoncés et que le dépouillement des votes se poursuivait en Californie, en Arizona et dans d'autres États, les républicains n'avaient besoin de gagner que six sièges de plus, les démocrates devaient encore en gagner.
Jeudi, les républicains ont ajouté trois sièges à leur total, tandis que les démocrates en ont remporté un. Bien que les démocrates aient encore une possibilité théorique de reprendre le contrôle de la Chambre, celle-ci reste très mince. Deux douzaines de scrutins étaient encore trop serrées pour être déterminés.
Jeudi également, l'équipe de Trump a annoncé la nomination de Susie Wiles, coprésidente de sa campagne électorale de 2024, au poste de chef de cabinet de la Maison-Blanche. Le choix de Wiles, un factotum de longue date dans la machine du Parti républicain et une proche assistante personnelle de Trump depuis 2016, est révélateur du régime personnaliste que Trump prévoit de mettre en place lorsqu'il prendra ses fonctions le 20 janvier 2025. Wiles, un agent en coulisses sans présence publique indépendante, est typique des personnes totalement serviles et loyales dont Trump cherche à doter son administration.
Le soutien total de Wiles aux plans autoritaires de Trump est souligné par le fait qu'elle a été choisie pour servir de PDG du PAC Save America de Trump en mars 2021, quelques semaines seulement après la tentative infructueuse de Trump d'utiliser une horde fasciste pour renverser l'élection de Joe Biden et la Constitution américaine, le 6 janvier 2021.
Trump a clairement annoncé qu'il tenterait d'utiliser son contrôle sur l'appareil d'État pour imposer une dictature. Il a pu, par défaut, lancer un appel populiste droitier aux masses de travailleurs confrontés à l'inflation galopante et à la pauvreté, aucune alternative n'étant présentée par les démocrates ou toute autre faction dans le cadre des deux partis contrôlés par l'oligarchie patronale et financière.
Des démagogues de la pseudo-gauche comme Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez (DSA) ont joué un rôle essentiel pour achemimer l'opposition de masse au génocide armé et financé par les États-Unis à Gaza et à la crise sociale dévastatrice derrière la campagne pro-guerre, pro-génocide et pro-entreprise de Kamala Harris. Ils ont ainsi aidé Trump à exploiter la colère et le dégoût non exprimé de millions de travailleurs et de jeunes.
Mais Trump affrontera une énorme opposition au sein de la classe ouvrière. Une série de grèves – chez Boeing, dans les ports de la côte Est, chez Eaton – a montré que les travailleurs cherchent à s'affranchir du contrôle des bureaucraties syndicales pro-patronales. La politique de guerre et de contre-révolution sociale de Trump provoquera des chocs considérables, entraînant des bouleversements sociaux massifs aux États-Unis, et des répercussions au plan mondial.
Trump sera confronté à une crise majeure. Cela créera les conditions objectives pour que la campagne de l'élite dirigeante en vue d’une dictature puisse être défaite, à condition qu’une lutte soit menée afin de porter dans la classe ouvrière une perspective socialiste et révolutionnaire pour une lutte politique indépendante.
(Article paru en anglais le 9 novembre 2024)
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