Alors que le dépouillement des votes est toujours en cours et qu'aucun résultat officiel n'a été annoncé, il est presque certain que Donald Trump a remporté l'élection présidentielle américaine. Ce n'est pas tant une victoire pour Trump qu'une débâcle pour le Parti démocrate.
Avec plus de la moitié des bulletins de vote comptés, Trump devance Kamala Harris par six millions de voix, soit 52 contre 46 pour ces voix. Quatre ans après la tentative de coup d'État de Trump pour renverser la constitution, il semble avoir remporté un second mandat.
Bien que seuls deux États soient confirmés pour Trump (la Caroline du Nord et la Géorgie), il est évident que le Parti démocrate et Harris vont vers la défaite. Trump surpasse son total de votes lors des élections de 2020 dans presque tous les États. À 0h, il avait 246 votes électoraux, lors que 270 sont nécessaires pour gagner. Il devance Harris dans le Michigan par 170 000 voix, le Wisconsin par 70 000 voix, en Pennsylvanie par 180 000 et l'Arizona par 18 000.
Les sondages indiquent un effondrement de la stratégie démocrate de cacher une politique impérialiste et génocidaire derrière des appels à la politique identitaire. Trump a percé parmi les jeunes électeurs, gagnant une majorité de jeunes hommes ainsi que des primovotants dans tout le pays. Trump aurait gagné une majorité d'électeurs latinos en Pennsylvanie, une majorité de jeunes électeurs dans le Michigan, et une majorité d'hommes latinos en Caroline du Nord. Il a doublé son soutien parmi les électeurs afro-américains du Wisconsin.
Le taux de participation semble avoir été élevé, et les sondages à la sortie des urnes montrent un électorat poussé par une profonde colère sociale face aux conditions économiques.
Les deux tiers des électeurs ont déclaré que les conditions économiques du pays étaient mauvaises. Presque la moitié des électeurs ont dit que leur situation économique était pire qu'il y a quatre ans, le double du nombre de ceux dont la situation économique s'était améliorée sous Biden. 75 pour cent ont dit que l'inflation avait causé des difficultés à leur famille. Plus de 70 pour cent des électeurs étaient en colère ou insatisfaits de l'état du pays; 7 pour cent se sont dits enthousiastes. En Pennsylvanie, on a demandé aux électeurs «dans quelle mesure des changements sont nécessaires dans la façon dont le pays est géré», et 81 pour cent ont répondu «bouleversement total» ou «changement substantiel».
Harris est décevante même dans les bastions démocrates traditionnels. Avec 95 pour cent des votes comptés à New York, Harris devance Trump avec seulement 68 pour cent des voix – la marge la plus faible pour un démocrate depuis 1988. Harris a perdu dans la ville fortement arabo-américaine de Dearborn, dans le Michigan, où il y a une opposition massive à l'implication de l'administration Biden-Harris dans le génocide à Gaza. Biden a remporté le sud de Dearborn par 88 pour cent en 2020.
Les républicains ont pris le contrôle du Sénat, remportant au moins la Virginie-Occidentale et l'Ohio des démocrates, et ils sont actuellement en tête dans cinq autres États. Il semble que les démocrates aient repris le contrôle de la Chambre des représentants, bien que les résultats finaux ne soient pas connus avant plusieurs jours, au moins. Des référendums d'État protégeant le droit à l'avortement ont été adoptés à New York, au Colorado et au Maryland.
Commentant les premiers résultats, le président du Parti de l'égalité socialiste, David North, a écrit: « Après la tentative de coup d'État du 6 janvier 2021, Biden et Nancy Pelosi ont insisté sur la nécessité d'un ‘Parti républicain fort’. Eh bien, c'est le seul objectif majeur que les démocrates ont atteint. Si Trump remporte ces élections, il doit sa victoire au Parti démocrate.»
Joseph Kishore, candidat à la présidence du SEP, a commenté: « Si Trump, un fasciste et un criminel condamné, gagne, la responsabilité incombera au Parti démocrate, un parti de guerre et du génocide. On ne peut s'opposer au danger de l'extrême droite à travers ce parti pourri de Wall Street et la classe moyenne supérieure privilégiée et complaisante.»
Les résultats de l'élection ont provoqué une crise. La cheffe de campagne de Harris, Jen O'Malley Dillon, a envoyé une note au personnel mardi soir déclarant: «C'est pour cela qu’on nous a construits, alors terminons ce que nous avons devant nous ce soir, dormons un peu et préparons-nous à terminer en force demain », rappelant une note similaire envoyée par la campagne d'Hillary Clinton en 2016, quand Trump a été élu président. Les porte-parole de Trump décrivent sa campagne comme étant « en célébration ».