Macron dissout l’Assemblée: l’impérialisme français va à la guerre et à la dictature

Après avoir fait campagne pendant les élections européennes pour envoyer des troupes en Ukraine contre la Russie, Macron a dissous le parlement dimanche soir, suite aux gains électoraux néofascistes à travers l’Europe. Cette action a précipité une crise politique explosive. L’élite dirigeante discute d’alliances néofascistes ou, dans les couches historiquement liées au stalinisme, d’un «Front populaire» électoral pour limiter l’avancée néofasciste dans les urnes.

Parmi des couches importantes de travailleurs et de jeunes, la colère monte contre Macron. Hier, sur fond de résurgence de manifestations contre le génocide à Gaza, des manifestations ont éclaté dans plusieurs lycées contre le geste de Macron, qui remet l’initiative politique aux mains de l’extrême-droite. La question décisive est d’orienter cette opposition vers la construction d’un mouvement international, basé dans la classe ouvrière, contre la guerre impérialiste, le génocide et le fascisme.

Macron a annoncé la dissolution du parlement dans une courte vidéo pré-enregistrée. Après avoir traité l’extrême-droite de menace aux envois militaire en Ukraine et aux sauvetages européens des banques, il a proclamé sa «confiance en notre démocratie. Que la parole soit donnée au peuple souverain, rien n'est plus républicain. Cela vaut mieux que tous les arrangements, toutes les solutions précaires. C'est un temps de clarification indispensable.»

Cette justification est un mensonge politique: Macron gouverne contre, non pas pour le peuple. En 2023 il a imposé sa réforme des retraites malgré une opposition populaire écrasante, en écrasant les manifestations de grévistes et de jeunes. Il veut à présent remplacer la législature actuelle afin de trouver une majorité stable, qui pourra mener une escalade militaire d’une témérité monumentale contre la Russie, et étouffer l’opposition d’une écrasante majorité des Français et des Européens.

Ses élections anticipées, du 30 juin au 7 juillet, prendront fin juste après celles en Grande-Bretagne le 4 juillet, et avant le sommet de l’OTAN le 9 juillet à Washington. Ce sommet doit entériner les projets de Biden de lancer une intervention militaire de l’OTAN contre la Russie. Macron veut à tout prix avoir un gouvernement plus stable, qu’il voudra affubler d’une légitimité démocratique, pour fouler aux pieds l’opposition des Français à une guerre contre la Russie.

De larges fractions de la classe dirigeante supposent que ceci nécessitera l’intégration du RN néofasciste de Marine Le Pen au pouvoir. Sur fond d’une large campagne médiatique demandant si le RN peut jouer un rôle responsable, Le Pen et Jordan Bardella donnent de nombreuses entrevues pour se conformer aux besoins de l’OTAN et des banques. Pendant la campagne Bardella a traité d’erreur les déclarations antérieures de sympathie du RN à la Russie, et hier il a abandonné la proposition d’abolir la réforme des retraites de Macron.

Dans les milieux dirigeants, plusieurs figures abandonnent les prétensions démocratiques et adoptent une orientation plus ouvertement néofasciste. Hier Eric Ciotti, président du parti gaulliste LR, a appelé à une alliance nationale LR-RN. Traitant Jean-Luc Mélenchon, le dirigeant de la France insoumise (LFI) de danger de gauche, il a appelé à un soulèvement de droite:

«Nous avons besoin d’une alliance, en restant nous-mêmes […] avec le Rassemblement national et avec ses candidats. … Je souhaite que ma famille politique aille dans ce sens, beaucoup me suivent […]. Il y a aujourd’hui une force qui va se lever, qui doit se lever pour s’opposer à l’impuissance du macronisme et au danger du mélenchonisme.»

LR s’est enfoncée dans une lutte fractionnelle intense, alors que d’autres responsables promettent de ne jamais faire d’alliance avec le néofascisme. Mélenchon quant à lui a dit espérer qu’une «droite de résistance» existe toujours. Ce matin, Bardella a dit que le RN prépare des coalitions électorales pour soutenir des candidats LR dans des dizaines de circonscriptions.

La bourgeoisie française est même moins capable d’une opposition démocratique à l’extrême-droite qu’elle ne l’était au début de la dernière guerre mondiale, quand elle a collaboré avec le nazisme. Elle ne peut ni ne veut rallier l’opposition ouvrière au militarisme, au génocide et à l’État policier qui sont l’héritage historique du fascisme européen. Elle prépare une guerre continentale voire mondiale contre la Russie et finalement la Chine, appuie le génocide à Gaza, et assoit sa domination de classe sur un État policier brutal.

L’escalade militaire et des attaques sociales et démocratiques ne peut être stoppée au niveau national, par des manoeuvres parlementaires. Comme avec la Première Guerre mondiale, stoppée par la révolution bolchévique d’octobre 1917 et la révolution allemande de 1918 qui renversa le Kaiser, elle ne peut être stoppée dans l’analyse finale que par une lutte internationale de la classe ouvrière pour la révolution socialiste.

Ceci met en évidence la faillite des appels de François Ruffin, un dirigeant à LFI proche de Macron, à un «Front populaire» avec les staliniens et les social-démocrates. Il a proposé une coalition électorale entre le PS, le PCF, les Verts et LFI. Cette alliance, autrefois traitée de Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (NUPES) par LFI, Ruffin veut la renommer «Front populaire». Il a twitté:

«Il faut essayer quelque chose. C’est le président Roosevelt qui lançait ça au moment du New Deal. Il a dit, le pays ne nous en voudra pas d’avoir échoué, mais il nous en voudra de n’avoir pas essayé. Donc hier soir, on a essayé quelque chose comme on lance une bouteille à la mer de BFM et ça a mordu: Front populaire. … Les partis vont y arriver, même si c’est compliqué. Mais le plus vite c’est le mieux, et on ne va pas attendre qu’il y ait la fumée blanche.»

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A présent, LFI se dispute avec des dirigeants PS comme le candidat européen Raphaël Glucksmann ou l’ex-premier ministre Bernard Cazeneuve, qui prônent une «union de la gauche» ouvertement compatible avec Macron. Mais Mélenchon a appuyé la proposition de Ruffin. Répétant sa proposition pendant les présidentielles de 2022 d’être le premier ministre de Macron, il a twitté:

«Une nouvelle fois, [les militants de LFI] jettent les rancunes à la rivière et construisent l'unité populaire. La France n'est pas condamnée à la peine de Bardella. Le #NouveauFrontPopulaire sait gouverner.»

La caractéristique décisive de ce «Front populaire» est d’appeler à des alliances avec des forces, comme Glucksmann, favorables à la guerre avec la Russie en Ukraine. Ses composantes ont aussi participé à la campagne des bureaucraties syndicales pour stopper la mobilisation l’année dernière contre la réforme des retraites. Ceux qui cherchent dans le Front populaire une inspiration pour leur ambition de servir de ministres à Macron démontrent ainsi leur hostilité aux travailleurs, au trotskysme et à la révolution socialiste.

Le Front populaire de 1934-1938 entre staliniens, social-démocrates et libéraux a ouvert le chemin à la guerre mondiale. Ayant bloqué une lutte ouvrière pour la prise du pouvoir pendant la grève générale de 1936, il s’est effondré et a joué un rôle réactionnaire quand la guerre a commencé en 1939. Le PCF a appuyé le pacte Staline-Hitler qui a permis à Hitler de lancer la guerre en attaquant la Pologne. Les libéraux et social-démocrates eux ont voté dans leur majorité en 1940 les pleins pouvoirs à la dictature collaborationniste de Philippe Pétain.

Le Front populaire a appuyé les mensonges des Procès de Moscou qu’utilisa Staline pour justifier l’assassinat des Vieux Bolchéviks, le génocide politique des marxistes d’URSS dans les Purges, et la préparation de l’assassinat stalinien de Léon Trotsky.

Le Parti de l’égalité socialiste (PES) encourage la mobilisation la plus large contre les politiques de Macron, le génocide et la guerre impérialiste. Mais la pression sur la classe capitaliste ne stoppera ni la guerre, ni la montée de l’extrême-droite. Il faut apprendre les leçons du 20e siècle. Il est impossible de résoudre la crise mortelle du capitalisme sans construire un mouvement indépendant et surtout international de la classe ouvrière, sur les lieux de travail, et une avant-garde trotskyste dans la classe ouvrière pour y développer le soutien pour la révolution socialiste.

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