Un juge ordonne aux travailleurs de l’université de Californie de suspendre leur grève contre le génocide et la répression policière

Des grévistes brandissent une banderole à l'université de Santa Barbara, le 3 juin 2024.

Un juge a accédé à la demande de l'université de Californie d'obtenir une ordonnance restrictive temporaire pour mettre fin à la grève de dizaines de milliers de travailleurs universitaires de l'université contre la répression policière des manifestations sur les campus contre le génocide soutenu par les États-Unis à Gaza.

Vendredi après-midi, le juge Randall J. Sherman de la Cour supérieure du comté d'Orange, nommé par l'ancien gouverneur républicain Arnold Schwarzenegger, a ordonné aux travailleurs de reprendre le travail jusqu'au 27 juin, pendant que les examens finaux se déroulent dans de nombreux campus.

Le juge du comté est intervenu alors que la grève s'étendait cette semaine à six des dix campus de l'UC et à 30.000 des 48.000 étudiants diplômés, chercheurs et autres travailleurs universitaires employés par le plus grand système universitaire d'État des États-Unis. La grève, qui a débuté le 20 mai, a d'abord été limitée à un seul campus par les responsables de la section 4811 de l'United Auto Workers (UAW), mais les menaces de grèves sauvages de la part des travailleurs de la base ont contraint l'UAW à étendre la grève.

Le juge a hypocritement déclaré que la grève semblait causer des «dommages à l'éducation des étudiants» tout en ne disant rien sur les attaques violentes des voyous sionistes et de la police anti-émeute contre les étudiants protestataires. L'intervention de l'État s'inscrit dans le cadre d'une répression nationale des manifestants contre le génocide, supervisée par le gouvernement Biden et mise en œuvre par les démocrates et les républicains à tous les niveaux, qui a déjà donné lieu à l'arrestation de plus de 3000 étudiants et à la destruction de campements de protestation dans l'ensemble du pays.

Les responsables de l'UC ont salué l'action du juge. «Depuis le début, nous avons affirmé que cette grève était illégale et constituait une violation des clauses de non-grève convenues dans nos conventions collectives», a déclaré Melissa Matella, vice-présidente associée de l'UC chargée des relations de travail à l'échelle du système, dans un communiqué. «Nous sommes extrêmement reconnaissants d'une pause dans cette grève», a ajouté Matella.

Le Public Employment Relations Board de l'État a rejeté deux demandes antérieures d'injonction de la part des administrateurs de l'UC, préférant s'appuyer sur l'appareil de l'UAW pour isoler la grève et affaiblir la résistance des travailleurs universitaires.

La bureaucratie de l'UAW a imposé un black-out sur la grève et a limité la portée de la lutte à des appels pour que le Public Employment Relations Board (PERB) déclare que la suspension de la liberté d'expression est une pratique déloyale de travail.

Ayant déjà soutenu la réélection de Biden, le président de l'UAW, Shawn Fain, et ses principaux collaborateurs des Socialistes démocrates d'Amérique font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher un affrontement politique direct entre la classe ouvrière et le Parti démocrate.

En réponse à cette décision, la section locale 4811 de l'UAW a publié une brève déclaration sur Twitter/X, indiquant clairement que les responsables se préparaient à capituler devant l'ordonnance anti-grève du juge. «Après avoir échoué à deux reprises à obtenir une injonction du PERB, l'université a réussi aujourd'hui à obtenir un résultat plus favorable. La loi est de notre côté et nous sommes prêts à continuer à défendre nos droits.»

Joseph Kishore, candidat du Parti de l’égalité socialiste à la présidence des États-Unis, a dénoncé la décision du juge californien et a appelé les membres de l'UAW et tous les travailleurs à s'opposer à cette décision briseuse de grève et à défendre les droits démocratiques des grévistes et de leurs étudiants.

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Voici en partie ce qu’il a écrit :

L'injonction est totalement illégitime d'un point de vue juridique. Des injonctions similaires ont été historiquement utilisées par la classe dirigeante et ses tribunaux contre tout effort de la classe ouvrière d’affirmer ses droits fondamentaux [...]

La décision du tribunal souligne la faillite de la «grève debout» de l'appareil de l'UAW, qui visait à bloquer une grève totale de tous les travailleurs universitaires du système de l'UC. L'appareil syndical a également imposé un black-out sur l'information, refusant même d'informer les travailleurs de l'automobile et les autres travailleurs de l'UAW de l'existence de la grève.

Le président de l'UAW, Shawn Fain, a donné son appui électoral à Joe «le génocidaire» Biden, dont les mains ne pourront jamais être lavées du sang qui les souille. Joe Biden supervise le soutien des États-Unis au génocide à Gaza et à l'attaque contre les droits à la liberté d'expression des manifestants. Et les démocrates et les républicains ont conjointement invité le boucher de Gaza, Netanyahou, à s'adresser au Congrès le mois prochain [...]

Toute la classe ouvrière doit être mobilisée pour arrêter le génocide et défendre les droits démocratiques ! Cela nécessite le développement de comités de base, indépendants de l'appareil bureaucratique, pour organiser toutes les sections de la classe ouvrière, en reliant la lutte contre le génocide à la lutte contre l'impérialisme, l'inégalité et l'exploitation capitaliste.

Avant l'intervention du juge, les reporters du WSWS se sont entretenus avec des travailleursuniversitaires en grève et des étudiants manifestants à l'Université de San Diego et à l'Université de Merced.

À San Diego, un gréviste a déclaré que la stratégie de «grève debout» de l'UAW n'avait pas été efficace. «Les étudiants veulent du changement. Mais ce n'est pas en envoyant une lettre virulente à un sénateur que l'on changera le cours des choses. Il faut mettre un terme au mode de production fondamental.»

Il a ajouté : «Quiconque prétend que ces manifestations sont antisémites ment tout simplement. C'est politiquement commode de faire une telle affirmation et c'est une façon d'utiliser un terme contre toute opposition à la guerre. Qu'en est-il de tous les étudiants juifs qui protestent contre le génocide ? Qu'en est-il de la longue histoire des journalistes ou activistes juifs/israéliens qui ont été assassinés en Israël, en Syrie ou ailleurs par des sionistes pour s'être exprimés ?»

Un étudiant de l'université de San Diego a ajouté : «Il semble que les États-Unis souhaitent coloniser et exercer leur pouvoir sur tout le monde. Je veux mettre fin à tout colonialisme. Je suis ici pour soutenir les étudiants qui subissent la répression de la police.»

L'étudiant a ajouté : «J'ai été irrité par la réponse de la police aux manifestants du campement [le 6 mai]. La violence policière et la violence sioniste – l'une semble perpétuer l'autre». Il a conclu : «Je veux voir les étudiants continuer et ne pas relâcher leur lutte pour mettre fin à la guerre !»

Un travailleur universitaire de l'UC Merced a déclaré qu'il manifestait en faveur de la Palestine depuis plus de vingt ans. Contrairement aux affirmations non fondées de responsables israéliens et américains selon lesquelles le Hamas aurait décapité des bébés, il existe des preuves photographiques que les bombes israéliennes ont brutalement tué des bébés.

En entendant parler des manœuvres de l'UAW pour isoler et museler la grève actuelle, un autre travailleur universitaire a déclaré : «C’est typique de l'UAW». Il a ensuite raconté son expérience de la trahison par l'UAW de la grève de 2022, à laquelle il avait participé. «J'ai eu l'impression que quelqu'un au-dessus de la direction locale de l'UAW leur avait dit de conclure la grève rapidement, et c'est ce qu'ils ont fait.»

(Article paru en anglais le 8 juin 2024)

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