La classe ouvrière doit mettre fin au génocide israélo-américain à Gaza

Des milliers de personnes manifestent à Détroit contre le génocide israélien le 28 octobre 2023.

Les travailleurs du monde entier ont été horrifiés et révoltés par la guerre génocidaire menée par Israël contre les Palestiniens. Pendant deux mois et demi, les forces militaires israéliennes, avec le soutien total du gouvernement américain, ont largué plus de 40 000 tonnes d'explosifs – l'équivalent de plus de deux bombes nucléaires – sur Gaza, un territoire pas plus grand que la ville de Détroit, mais dont la population est trois fois plus nombreuse. Israël a détruit des immeubles d'habitation, des hôpitaux, des écoles et des camps de réfugiés et a délibérément pris pour cible des centaines de travailleurs médicaux, de journalistes, d'enseignants et d'autres civils pour les assassiner.

Au moins 20 000 Palestiniens ont été tués et 54 000 blessés, en majorité des femmes et des enfants. Beaucoup d'autres risquent de mourir dans les semaines à venir, car Israël assiège le sud et prive les 2,2 millions d'habitants de Gaza de nourriture, d'eau et de soins médicaux. La faim et la maladie se propagent rapidement dans leurs abris de fortune.

Les affirmations de l'administration Biden selon lesquelles elle fait pression sur Israël pour qu'il réduise le nombre de victimes civiles ne sont que des mensonges hypocrites. Malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu, le gouvernement américain soutient pleinement Israël sur le plan politique, financier et militaire.

Un document du Pentagone récemment fuité indique que l'« aide à la sécurité » envoyée par les États-Unis arrive en Israël presque quotidiennement. Selon ce document, les États-Unis ont livré 36 000 obus d'artillerie de 30 mm, 1 800 bombes M141 Bunker-buster et d'autres munitions à Israël rien qu'à la fin du mois d'octobre.

Sous les décombres, à côté des corps d'enfants enterrés, les secouristes palestiniens ont trouvé des fragments de bombes portant les codes de fabrication de Boeing et d'autres entreprises de défense américaines. Il existe des preuves irréfutables que l'administration Biden et les deux partis soutenus par la grande entreprise sont tout aussi coupables que le gouvernement Netanyahou de perpétuer le plus grand crime de guerre du 21e siècle.

Arrêtez la production et l'envoi d'armes et d'équipements destinés à l'armée israélienne !

La classe ouvrière peut et doit arrêter cette guerre. En octobre, la Fédération générale palestinienne des syndicats a appelé les syndicats des secteurs concernés du monde entier à « refuser de fabriquer des armes destinées à Israël ... à refuser de transporter des armes vers Israël ... [à] prendre des mesures contre les entreprises complices qui participent à la mise en œuvre du siège brutal et illégal monté par Israël ».

Le mois dernier, j'ai pleinement soutenu cet appel et j'ai exigé que l'UAW cesse de produire tout matériel militaire qu'Israël pourrait utiliser dans sa campagne génocidaire contre les Palestiniens.

Les grévistes de Jeep avec Will Lehman (troisième à partir de la droite) sur les piquets de grève à Toledo.

Lorsque la production de munitions et d'équipements militaires pour Israël sera arrêtée, j'ai dit que tous les travailleurs des usines concernées devront recevoir 100 pour cent de leur salaire de la part des trusts qui ont profité des contrats passés avec les auteurs de crimes de guerre. J'ai également appelé au lancement d'une campagne d'éducation coordonnée pour informer l'ensemble des membres de l'UAW sur le génocide en cours à Gaza et à l'adoption de résolutions dans chaque section locale pour soutenir l'appel de nos frères et sœurs en Palestine.

Mais la direction de l'UAW a ignoré l'appel des syndicats palestiniens. Le président de l'UAW Shawn Fain a au contraire rejoint une partie des politiciens du Parti démocrate qui soutiennent au Congrès une résolution sans aucun effet qui, même si elle était adoptée, ne ferait qu'«exhorter » le président Biden à appeler à un cessez-le-feu. L'objectif réel de cette résolution n'est pas d'arrêter la guerre mais de promouvoir des illusions dans l'administration Biden et le Parti démocrate, qui sont profondément discrédités par leur soutien au génocide israélien.

Dans le même temps, Fain a bloqué les grèves des travailleurs de General Dynamics et d'Allison Transmission – ces derniers ont rejeté à 96,2 pour cent un contrat soutenu par l'UAW – qui auraient eu un impact direct sur la production de chars, de véhicules de combat d'infanterie et d'autres équipements militaires destinés à Israël, à l'Ukraine et à d'autres pays.

Les travailleurs de l'automobile en ont assez de ce double discours de Fain, car ils viennent de voir la bureaucratie de l'UAW faire passer un soi-disant « contrat record », qui était une trahison et qui a été suivi de licenciements massifs chez Stellantis, Ford et GM.

Formez des comités de la base pour mettre le pouvoir entre les mains des travailleurs

Dans chaque usine, les travailleurs doivent étendre le réseau des comités de base pour briser l'emprise de la bureaucratie de l'UAW. La lutte contre les licenciements, l'austérité et l'inégalité doit s'unir à la lutte contre la guerre. Stopper le génocide nécessite des grèves et des boycotts des entreprises d'armement, l’arrêt du travail dans les docks et les aéroports pour empêcher l'envoi à Israël de tout article à usage militaire et la préparation systématique d'une grève générale politique contre la guerre.

Des millions de travailleurs et de jeunes du monde entier ont manifesté pour exiger la fin du génocide israélien. Mais l'administration Biden et les gouvernements capitalistes du monde entier ont ignoré leurs appels. Ils ont au contraire organisé une chasse aux sorcières contre les manifestants, les accusant d'«antisémitisme » et ce, alors que les jeunes juifs ont joué un rôle de premier plan dans les manifestations anti-génocide. En réalité, Biden fait équipe avec les républicains droitiers qui collaborent avec de véritables néo-nazis et antisémites.

Le conflit du Moyen-Orient n'est pas une incompréhensible bataille religieuse vieille de plusieurs milliers d'années. En 1986, Joe Biden a déclaré: « S'il n'y avait pas d’Israël, les États-Unis devraient en inventer un pour protéger leurs intérêts dans la région ». Autrement dit, Israël a été et reste une base militaire avancée pour les efforts de l'impérialisme américain visant à contrôler les richesses pétrolières de la région.

La classe dirigeante américaine considère le massacre des Palestiniens comme l'un des fronts d'une guerre bien plus vaste qu'elle a déjà entamée contre l'Iran, la Russie et la Chine. Une telle guerre mondiale, qui menace l'avenir de l'humanité, est bien sûr une folie. Mais confrontée à une crise économique et politique sans précédent à l’intérieur, y compris une opposition sociale grandissante de la classe ouvrière, l'oligarchie industrielle et financière plonge l'humanité dans une guerre mondiale. Le but de cette guerre est de recoloniser le globe et de réaffirmer la suprématie incontestée de l'impérialisme américain sur les ressources et les marchés mondiaux.

Lors d'un vote bipartite la semaine dernière, le Congrès américain a adopté un budget militaire record de 883,7 milliards de dollars pour l'année à venir, soit une augmentation de 145 milliards de dollars, ou 20 pour cent, par rapport à 2020. En outre, l'administration Biden cherche à obtenir 105 milliards de dollars supplémentaires pour financer la guerre par procuration menée par les États-Unis et l'OTAN contre la Russie en Ukraine, intensifier la confrontation militaire avec la Chine, fournir un financement supplémentaire pour les crimes de guerre d'Israël, renforcer la militarisation de la frontière entre États-Unis et Mexique et priver les immigrés du droit d'asile.

Qui va payer pour ces dépenses de guerre massives? Les deux partis ont l'intention de faire payer la classe ouvrière en sabrant le financement de l'enseignement public, de [l’assurance-santé] Medicaid, de Medicare, de l’aide sociale et d'autres programmes sociaux vitaux. Autrement dit, la classe dirigeante américaine mène une guerre sur deux fronts: l'un pour reconquérir le monde et piller ses ressources, l'autre pour détruire les emplois et le niveau de vie des travailleurs et des jeunes aux États-Unis afin de payer pour cette guerre. Le fait est que la classe dirigeante américaine ne se soucie pas plus de la vie des travailleurs américains que de celle des Palestiniens de Gaza.

Il faut unir la lutte pour les intérêts des travailleurs à la lutte contre la guerre

On dit aux travailleurs qu'il n'y a « pas d'argent » pour des augmentations adéquates ou des nécessités telles qu'une ventilation appropriée pour empêcher la propagation du COVID-19 et d'autres maladies infectieuses dans les écoles et les usines, alors qu'il y a de l'argent en abondance pour la guerre, le renflouement des banques et d'autres cadeaux aux riches.

Partout dans le monde, la colère sociale éclate contre la guerre, l'austérité et les inégalités sociales. L'année dernière, les grandes grèves ont augmenté de 30 pour cent aux États-Unis, le mois d'octobre ayant enregistré le plus grand nombre de jours perdus en raison d'arrêts de travail depuis quarante ans. Le nombre de grèves aurait été encore plus important si elles n'avaient pas été bloquées ou limitées par l'UAW et d'autres bureaucraties syndicales.

La classe ouvrière a le pouvoir d'arrêter les guerres et de réorganiser la vie économique et politique. Les travailleurs américains doivent s'unir aux travailleurs arabes et juifs du Moyen-Orient pour abolir le système d'apartheid israélien et créer un État laïque où les droits démocratiques et sociaux sont garantis, indépendamment de l'appartenance religieuse ou ethnique. La classe ouvrière doit enlever le contrôle des vastes richesses de la région aux compagnies pétrolières multinationales et aux dirigeants locaux, dans le cadre de la réorganisation socialiste de l'économie mondiale.

(Article paru en anglais le 21 décembre 2023)