Le Parti communiste des Philippines annonce l’ouverture de pourparlers de paix avec le gouvernement Marcos

Le 23 novembre, des représentants du gouvernement philippin et du Front démocratique national des Philippines (FDNP), négociant au nom du Parti communiste des Philippines (PCP) stalinien, ont tenu une cérémonie de signature secrète à l’hôtel de ville d’Oslo, en Norvège. Cinq jours plus tard, l’administration de Ferdinand Marcos Jr et les représentants du Front démocratique national vivant en exil politique aux Pays-Bas ont tenu des conférences de presse séparées et annoncé qu’ils reprenaient les pourparlers de paix afin de mettre fin à l’insurrection menée depuis 1969 par la Nouvelle armée populaire (NAP) du PCP, le plus long conflit armé d’Asie.

Luis Jalandoni, président du Front démocratique national des Philippines, en 2017 [AP Photo/Alessandra Tarantino]

La déclaration commune du 23 novembre, signée par Luis Jalandoni, président du FDNP, et Antonio Lagdameo, homme d’affaires de premier plan et assistant spécial du président, a déclaré :

Conscientes des graves problèmes socio-économiques et environnementaux, ainsi que de la menace étrangère qui pèse sur la sécurité du pays, les parties reconnaissent la nécessité de s’unir en tant que nation afin de relever d’urgence ces défis et de résoudre les raisons du conflit armé.

Les références aux préoccupations socio-économiques et environnementales sont répétées inlassablement dans ces annonces depuis des décennies. La « menace étrangère pour la sécurité », en revanche, est une nouveauté. L’administration Marcos s’intègre à la campagne de Washington contre la Chine et Manille joue un rôle de plus en plus important dans les préparatifs de guerre. La Chine est la « menace étrangère pour la sécurité » que le gouvernement Marcos et le PCP présentent comme la justification de l’« unité nationale ».

Le chef d’état-major des forces armées des Philippines (AFP), Romeo Brawner, l’a explicitement souligné dans des remarques adressées à Reuters : « Si ce conflit se termine enfin, les forces armées des Philippines pourront se concentrer sur la défense extérieure ou territoriale. Nos ressources et nos efforts seront consacrés à la défense de notre territoire ».

La reprise annoncée des pourparlers de paix est le fruit de près de deux ans de négociations secrètes déclenchées par l’armée philippine et adoptées par Marcos dans le but unique de mettre fin au conflit armé national afin que l’armée philippine puisse concentrer son énergie sur les préparatifs de guerre avec la Chine. Le PCP se range derrière la campagne anti-chinoise et la présente comme une justification « urgente » pour discuter de la fin de plus d’un demi-siècle de lutte armée.

La lutte armée et les pourparlers de paix

Le PCP et la NAP ont lancé leur lutte armée au début de l’année 1969. Ferdinand Marcos Sr était alors président des Philippines. En septembre 1972, Marcos a déclaré la loi martiale et a imposé au pays une dictature militaire brutale qui a duré jusqu’à sa destitution en février 1986.

Le PCP est un parti stalinien ; il a une perspective politique nationaliste. À l’instar des partis staliniens du monde entier, le PCP a affirmé que les tâches de la révolution aux Philippines étaient exclusivement nationales et démocratiques et qu’elles n’étaient pas encore socialistes. Ils ont dit aux travailleurs et aux masses laborieuses des Philippines que le caractère nationaliste de la révolution aux Philippines conférait un rôle progressiste à une section de la classe capitaliste, la soi-disant bourgeoisie nationale. La tâche des ouvriers, des paysans et des jeunes était de s’allier à cette section de la classe capitaliste et de lui apporter un soutien critique dans la réalisation de la révolution démocratique nationale.

Le PCP a été fondé en rupture avec un parti stalinien plus ancien, le Partido Komunista ng Pilipinas (PKP). Alors que le PKP suivait la ligne politique véhiculée par Moscou et s’alliait à la dictature de Marcos, le PCP a adopté la perspective du maoïsme, qui est une variante tactique du stalinisme. Le maoïsme prétendait que les objectifs de la révolution démocratique nationale et l’alliance avec la bourgeoisie nationale ne pouvaient être garantis qu’au moyen d’une lutte armée menée par une armée de paysans dans les campagnes. La lutte armée s’étendrait progressivement aux villes et la victoire de la lutte armée culminerait dans la révolution démocratique nationale et la formation d’un gouvernement de coalition des travailleurs et des capitalistes progressistes. Selon le PCP, les pourparlers de paix avec le « gouvernement réactionnaire » sont un moyen de parvenir à la victoire de la lutte armée et au succès de la révolution nationale démocratique.

Le stalinisme, dans ses variantes soviétique et maoïste, est un programme anti-marxiste de nationalisme et de collaboration de classe. Le parti bolchevik a conduit la classe ouvrière russe à la victoire en octobre 1917 sur la base de la perspective de la théorie de la révolution permanente avancée pour la première fois par Léon Trotsky en 1906. Les tâches de la révolution dans chaque pays sont déterminées par le système mondial du capitalisme et non par les particularités nationales. C’est le capitalisme mondial qui a conféré aux luttes révolutionnaires, quel que soit le lieu où elles ont éclaté, la nécessité d’adopter des mesures socialistes pour l’emporter. Les tâches nationales et démocratiques de la révolution, longtemps retardées, ne peuvent être réalisées que par la révolution socialiste. La classe capitaliste est l’ennemie de la classe ouvrière partout dans le monde.

Sur la base de cette perspective stalinienne, le PCP a entamé des pourparlers de paix avec de multiples administrations successives, dont celles de Corazon Aquino, Fidel Ramos, Gloria Macapagal Arroyo, Benigno Aquino III et Rodrigo Duterte. Pour faire avancer les négociations de paix, les dirigeants du PCP ont cultivé dans l’esprit de leurs partisans et de la classe ouvrière en général l’illusion que les pressions exercées sur le gouvernement pourraient aboutir à la réalisation d’une société juste.

Jose Maria Sison, ancien dirigeant du Parti communiste des Philippines [AP Photo/Andrew Medichini]

Cela a pris une forme particulièrement grotesque avec Duterte en 2016. Le PCP a salué le président fasciste comme un progressiste, a pris pour argent comptant sa prétention d’être « un socialiste », a sélectionné des candidats pour servir dans son cabinet et a approuvé sa guerre meurtrière contre la drogue. L’enthousiasme de Jose Maria Sison, chef du PCP, pour Duterte était public et débordant. Le PCP et les organisations démocratiques nationales légales qui suivent sa ligne politique ont fait campagne pour Duterte, ont soutenu son administration au cours de sa première année et ont semé une grande confusion dans la classe ouvrière philippine.

Sous l’immense pression de l’armée, qui avait été formée à la contre-insurrection anticommuniste depuis l’époque de la domination coloniale américaine, Duterte a rompu les négociations avec le PCP en novembre 2017.

À la suite de l’échec des négociations, le PCP a subi d’énormes revers. Son soutien à Duterte, dont la « guerre contre la drogue » a conduit à l’assassinat de plus de 30.000 Philippins pauvres, et la mise à nue politique de son soutien publiée par le World Socialist Web Site ont entraîné une perte substantielle d’adeptes pour le PCP. Les rassemblements politiques organisés aujourd’hui par les groupes démocratiques nationaux sont peu fréquentés, pâles ombres de ce qu’ils étaient il y a dix ans.

Les dirigeants du PCP et du FDNP vieillissent et meurent, et ils n’ont pas formé de cadres de remplacement. Aucun des négociateurs du FDNP n’a moins de 75 ans. Fidel Agcaoili, principal négociateur du FDNP, est mort de maladie en 2020 à l’âge de 75 ans.

Une image diffusée à plusieurs reprises par Sison sur Facebook en 2016 appelant à « l’unité » avec Duterte

Le régime répressif de Duterte que le PCP avait appuyé dirigea son appareil meurtrier contre les partisans du PCP. Un certain nombre de représentants de premier plan du FDNP, appelés « consultants pour la paix », ont été assassinés par la police, l’armée et les forces paramilitaires, notamment Randy Malayao, Julius Giron, Randall Echanis, Eugenia Magpantay, Agaton Topacio et Rustico Tan. D’autres ont disparu et n’ont pas encore été retrouvés. Benito Tiamzon et Wilma Austria, qui ont été pendant des années les chefs du PCP aux Philippines, ont été tués par l’armée.

Plus dévastateur encore, le fondateur et leader idéologique de longue date du PCP, Jose Maria Sison, est décédé en décembre 2022 en exil à Utrecht, à l’âge de 83 ans.

Les dirigeants restants du PCP et du FDNP abordent les pourparlers de paix en 2023 dans une position de faiblesse sans précédent, car l’organisation qu’ils ont présidée depuis sa création est en train de s’effondrer.

Nouveaux pourparlers

Au cours de ses six années au pouvoir, Duterte a poursuivi une politique de conciliation avec la Chine, espérant qu’en distançant Manille de l’agression de Washington dans la région, il pourrait améliorer les liens économiques avec Pékin. Une partie de l’armée, dont beaucoup ont été formés dans des installations américaines, s’est opposée à cette politique. La possibilité d’un coup d’État a été évoquée à plusieurs reprises.

Les discussions de paix avec le PCP ont été lancées par des sections de l’armée philippine qui exigeaient que le gouvernement se prépare à une guerre avec la Chine. Le général à la retraite Emmanuel Bautista était au centre de ces discussions.

Jalandoni a déclaré à la presse que les discussions de paix avaient commencé à l’« initiative discrète de l’émissaire du GRP [gouvernement philippin] », qui avait été « accueillie favorablement et hautement appréciée » par Jose Maria Sison. L’émissaire était Bautista. Juliet de Lima, veuve de Sison et chef de la délégation du FDNP, a réitéré le point de vue de Jalandoni. « L’initiative du général Bautista a été saluée par Joma Sison. [...] Nous sommes reconnaissants pour ce genre d’initiative. »

Jalandoni a affirmé qu’il y avait eu deux ans de discussions qui ont abouti à la déclaration commune du 23 novembre. Cela signifie toutefois que les discussions ont commencé avant l’élection de Marcos. Elles n’ont certainement pas été lancées par l’administration sortante de Rodrigo Duterte. Elles n’ont commencé ni avec l’une ni avec l’autre administration ; elles ont commencé dans l’armée.

Bautista était chef d’état-major de l’AFP sous l’administration de Benigno Aquino III (2010-16). Il a été le principal architecte de l’Oplan Bayanihan, la stratégie anti-insurrectionnelle à plusieurs volets du gouvernement Aquino, dont le caractère sanglant et répressif a été violemment dénoncé par le PCP dans de nombreux numéros de sa publication phare Ang Bayan.

Lorsque Aquino a nommé Bautista à la tête d’éventuels pourparlers de paix avec le PCP au début de l’année 2015, Sison a qualifié cette nomination d’« insulte au FDNP et au mouvement révolutionnaire ».

Bautista est membre d’une organisation obscure, Advocates of National Interest, composée de généraux, de colonels et d’anciens ambassadeurs qui ont publié une déclaration en mai 2021, au cours de la dernière année de l’administration Duterte, appelant à une poursuite agressive de la revendication philippine sur la mer de Chine méridionale. Ils ont appelé à l’« unité nationale » pour se préparer à un « conflit avec la Chine ».

La même semaine, Jorge Madlos, porte-parole de la NAP, a publié une déclaration dénonçant Duterte pour sa « soumission et sa loyauté maladives à l’égard de son patron impérialiste chinois ». Nous appelons tous les soldats patriotes à se ranger du côté du peuple en retirant leur soutien à un commandant en chef traître. [...] Défendez le patrimoine national et la souveraineté ! » La déclaration ne mentionne jamais l’impérialisme américain.

Les intérêts et les perspectives du PCP et des sections militaires représentées par Bautista étaient clairement alignés. La perspective de cette couche a été clairement exprimée par Bautista dans une interview en avril 2023, lorsqu’il a déclaré à la presse qu’il était « impossible pour les Philippines de ne pas être entraînées dans un conflit à Taïwan ou en mer de Chine méridionale [...] si vous ne pouvez pas dissuader la guerre, préparez-vous à la guerre ».

La préparation de la guerre est le motif des pourparlers de paix. Au début de l’année 2022, au milieu d’une élection présidentielle âprement disputée, Bautista a secrètement organisé une rencontre personnelle avec Sison à Oslo. Des reportages indiquent que leur rencontre a été coordonnée par le gouvernement norvégien, médiateur de longue date dans les pourparlers de paix, lors d’une visite de Bautista à Oslo, et nous savons donc que Sison et Bautista se sont rencontrés en juin 2022 avant que le président élu Marcos ne prenne ses fonctions.

En d’autres termes, l’initiative des négociations n’a pas été prise par le bureau du président, mais par des sections putschistes de l’armée qui exigeaient que le pays soit fermement réorienté vers le camp de Washington. C’est leur voix qui s’exprime dans l’appel à l’unité nationale lancé par la déclaration commune face à une « menace étrangère pour la sécurité ».

Alignement derrière Marcos

Marcos est entré en fonction en tant que personnage politique, oscillant entre les sections de l’élite qui cherchaient à poursuivre les politiques conciliatrices de Duterte à l’égard de Pékin et celles qui cherchaient à inverser cette politique. En l’espace de quelques mois, il s’est orienté vers Washington, a repris la construction de bases pour les troupes américaines dans le pays et a obtenu le soutien de la Maison-Blanche de Biden pour son administration.

Ferdinand « Bongbong » Marcos Jr lors d’un rassemblement à Quezon City, aux Philippines, le 13 avril 2022 [AP Photo/Aaron Favila]

L’armée philippine organise des patrouilles conjointes provocatrices avec les États-Unis et l’Australie dans la zone contestée de la mer de Chine méridionale. Certaines des bases autorisées par l’accord de coopération renforcée en matière de défense (EDCA) à l’usage de Washington sont opérationnelles. Marcos a entamé des discussions en vue d’élaborer un accord d’accès réciproque (RAA) pour les forces japonaises dans le pays. Les préparatifs de guerre avec la Chine n’ont jamais été aussi avancés et les Philippines ont recommencé à jouer un rôle de premier plan en tant que mandataires des intérêts de Washington dans la région Asie-Pacifique.

L’opposition de l’élite à Marcos a été mobilisée dans une large mesure par la crainte qu’il ne tienne sa promesse de poursuivre l’orientation de la politique étrangère de l’administration Duterte sortante. La réorientation de Marcos vers Washington a provoqué un changement sismique dans la vie politique philippine. Les alliés de Marcos dans le camp de l’élite de Duterte et Arroyo qui est orienté vers Pékin, y compris sa vice-présidente Sara Duterte, sont entrés en conflit ouvert avec le président. Les anciens opposants à Marcos ont ravalé leur mécontentement et se sont de plus en plus ralliés au fils du dictateur.

Il y a un alignement croissant, d’abord souterrain, mais maintenant ouvertement exprimé, entre les forces d’opposition du Parti libéral des dernières élections et l’administration Marcos. Leila de Lima, nièce de Juliet de Lima et ministre de la Justice sous l’administration de Benigno Aquino III, en est la manifestation la plus évidente. Elle avait été injustement emprisonnée pour de fausses accusations de trafic de drogue par Duterte, en représailles pour avoir mené une enquête sénatoriale sur sa guerre contre la drogue. De Lima a récemment été libérée sous caution par Marcos et a été nommée porte-parole du Parti libéral, tout en s’alignant sur l’administration Marcos. Il est largement question qu’elle mène une campagne de défense des droits de l’homme contre Rodrigo Duterte avec le soutien du palais présidentiel de Malacañang.

Le FDNP, alors aligné sur Duterte, faisait partie du lynchage officiel qui a mis de Lima derrière les barreaux en 2017. Makabayan, une coalition politique regroupant des groupes qui suivent la ligne nationaliste du PCP, a travaillé aux côtés des Volontaires contre le crime et la corruption (VACC), une organisation de droite, pour porter des accusations de corruption contre l’administration Aquino. C’est à la suite de cette initiative que le VACC a porté les accusations de trafic de drogue contre De Lima. Le 28 novembre, le FDNP a publié un communiqué de presse saluant la libération de De Lima d’un « emprisonnement injuste », tout en cachant sa propre culpabilité.

La vice-présidente Sara Duterte est apparue comme le centre des forces qui complotent contre Marcos. S’exprimant lors de la célébration du cinquième anniversaire de la National Task Force to End Local Communist Armed Conflict (NTF-ELCAC), un organisme profondément réactionnaire dont elle est la vice-présidente, Duterte a annoncé que l’accord du gouvernement avec le FDNP était « un accord avec le diable ». Leila de Lima, aujourd’hui porte-parole du Parti libéral, a dénoncé le vice-président au nom de Marcos et a défendu l’initiative de l’administration.

Au cours du week-end, les principaux membres de l’organisation démocratique nationale, Bayan Muna, sont intervenus pour défendre l’administration Marcos contre toute tentative de « déstabilisation ». Le président de Bayan Muna, Neri Colmenares, et le vice-président exécutif de Bayan Muna, Carlos Zarate, ont mis en garde contre les reportages visant à « déstabiliser » le gouvernement. Colmenares a appelé l’armée et la police à rester fidèles à l’administration Marcos. Il y a sept ans, Colmenares a fait campagne pour l’élection de Duterte et Zarate s’est engagé publiquement à « soutenir pleinement » Duterte. Aujourd’hui, tous deux s’alignent pour défendre Ferdinand Marcos Jr contre l’aile Duterte de l’élite. L’orientation du PCP a changé, tout comme la loyauté des organisations démocratiques nationales qu’il dirige.

C’est la géopolitique qui alimente les tensions au sein de l’élite dirigeante philippine ; c’est elle qui est à l’origine des machinations et des rumeurs de déstabilisation et de coups d’État. L’acuité de ces tensions est l’expression concentrée du danger avancé de guerre avec la Chine, auquel les deux factions cherchent à remédier par des mesures de plus en plus désespérées pour s’allier avec les États-Unis ou s’en éloigner.

Le PCP se range derrière, et donne sa voix au sentiment écrasant de la mince couche que constitue la petite bourgeoisie des Philippines, qui exige la poursuite nationaliste de la revendication du pays sur la « mer des Philippines occidentales ». Ces couches sont engagées dans l’affirmation agressive et insistante de la souveraineté sur les rochers et les récifs – dont beaucoup sont submergés à marée haute – contre la Chine, tandis que les forces américaines foulent à nouveau le sol philippin, avec l’immunité extraterritoriale dont elles ont joui tout au long du 20e siècle.

Cette orientation géopolitique du PCP s’accentue depuis des années. Bien qu’il continue à dénoncer l’impérialisme américain – même s’il oublie parfois de le mentionner – sa colère est réservée à la Chine. L’alignement de l’orientation nationaliste du PCP sur le programme de Washington est de plus en plus ouvert. En 2020, Sison a accordé une interview à l’organe de propagande du gouvernement américain, Radio Free Asia, dans laquelle il a proclamé que la NAP s’attaquerait aux entreprises chinoises figurant sur la liste noire de Washington.

Perspectives

Le FDNP a toujours insisté, lors des précédents pourparlers de paix, sur le fait que les accords conclus avec les administrations précédentes restaient contraignants, notamment la déclaration commune de La Haye, l’accord conjoint sur les garanties de sécurité et d’immunité (JASIG) et l’accord global sur le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international (CARHRIHL). Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Âgés, affaiblis et désespérés, les dirigeants de l’équipe de négociation du FDNP ont déclaré à plusieurs reprises à la presse qu’il n’y avait « aucune condition préalable » à la reprise des négociations et ont insisté sur le fait qu’ils ne posaient « aucune exigence ». Ils ont énuméré quatre points, dont la libération des prisonniers politiques, mais ont répété à la presse qu’il ne s’agissait pas de demandes, mais de questions à discuter.

Juliet de Lima a déclaré que grâce aux pourparlers de paix, « nous envisageons et attendons avec impatience un pays où un peuple uni peut vivre dans la paix et la prospérité » et qu’ils espéraient parvenir à un accord qui « apportera des solutions aux problèmes qui pèsent depuis longtemps sur le peuple philippin ». Le problème qui pèse depuis longtemps sur le peuple philippin est le capitalisme. Aucun accord avec le gouvernement Marcos, ou tout autre gouvernement capitaliste, ne résoudra ce problème.

L’hostilité au nom de famille Marcos et à l’héritage brutal qu’il représente a été, dans une certaine mesure, la caractéristique déterminante, presque la raison d’être, du PCP au cours des 50 dernières années. Aujourd’hui, ils s’alignent et se préparent à apporter un soutien décisif au fils du dictateur, dans le but ultime de servir les intérêts géopolitiques de Washington. L’un des tout derniers actes politiques de Jose Maria Sison a été d’accueillir l’architecte de la guerre contre-insurrectionnelle en tant que négociateur d’un accord de paix avec l’administration de Ferdinand Marcos Jr. La décadence politique du stalinisme a atteint un stade de corruption inimaginable.

Quelle que soit l’issue des pourparlers de paix, le PCP est totalement démasqué en tant qu’agent et allié des couches sociales les plus réactionnaires de la société philippine.

(Article paru en anglais le 6 décembre 2023)