Alors que des manifestations de travailleurs et de jeunes explosent à travers le monde contre la guerre génocidaire livrée par le régime sioniste aux Palestiniens à Gaza, les morénistes de Révolution permanente tentent de subordonner cette mobilisation aux bureaucraties syndicales. Or, ces appareils n’ont pas l’intention de mobiliser les travailleurs en grève contre le génocide. Il n’est possible pour les travailleurs de stopper la guerre qu’à travers une révolte internationale contre chacune des bureaucraties nationales.
En Espagne, 1200 dockers à Barcelone ont annoncé qu’ils refuseraient de desservir tout navire transportant du matériel de guerre à destination d’Israël afin de protéger les droits de l’homme. En Belgique, les travailleurs au sol des aéroports ont adopté une même résolution similaire. Aux USA, des centaines d’habitants de Oakland ont bloqué pendant plusieurs heures un navire à destination d’Israël, recueillant un soutien mondial parmi les travailleurs. Des initiatives similaires ont été prises en Grèce, au Danemark, en Italie et au Royaume-Uni.
Toutefois, cette mobilisation à la base ne trouve aucun relais au sein des bureaucraties syndicales nationales qui négocient avec Macron et d’autres gouvernements de l’OTAN. Anasse Kazib, porte-parole de Révolution permanente (RP), préconise de se mobiliser contre le génocide à Gaza à l’intérieur de la seule France, grâce aux bureaucraties syndicales nationales. Dans la manifestation pro-palestinienne du 11 novembre, il a prononcé une brève allocution pour déclarer :
Nous devons nous organiser ici en France contre l'impérialisme français, une manifestation par semaine n'est pas suffisant. Nous devons faire des comités en soutien à la Palestine dans nos lieux de travail et d'étude, organiser des actions de soutien au peuple palestinien! … Que les directions syndicales nous posent le préavis de grève en faveur du peuple palestinien. ON FERA LE RESTE!
Cet appel purement national, dirigé vers des bureaucraties syndicales étroitement liées au régime de Macron, révèle la faillite politique de RP. Lors des mobilisations de masse au printemps contre la réforme des retraites, les bureaucraties syndicales ont étouffé les luttes en laissant l’État réprimer les manifestants, pour ensuite mettre fin aux grèves. Ainsi elles ont donné un blanc-seing à Macron, qui gouverne contre le peuple et qui soutient la guerre sioniste contre les Palestiniens.
Les directions syndicales nationales ne mobiliseront pas les travailleurs dans une lutte pour stopper la guerre, qui est nécessairement internationale et qui exige une lutte contre Macron et l’OTAN. RP et Kazib disent le contraire, proposant de rester dans le contexte du dialogue social national où les travailleurs sont appelés à des mobilisations nationales ponctuelles par les bureaucraties syndicales.
La classe ouvrière veut et peut organiser sa propre intervention, politiquement indépendante afin de stopper les livraisons d’armes et les guerres à Gaza et à travers l’Europe et le Moyen Orient. Mais pour cela, il faut adopter une perspective révolutionnaire internationaliste et bâtir des organisations de lutte internationales qui rompent avec le cadre national étriqué des bureaucraties syndicales. Un gouffre sépare le Comité internationale de la IVe Internationale et sa section française, le Parti de l’égalité socialiste (PES), qui prône une telle lutte, des morénistes de RP.
En effet, alors que les forces armées israéliennes mettent en marche un génocide en bombardant hôpitaux, écoles et camps de réfugiés et en affirmant la nécessité de vider Gaza de Palestiniens, les chefs syndicaux refusent toute lutte réelle. Le site Rapport de Force écrit : « En France, si aucun syndicat n’a pour l’instant appelé à des actions sur les lieux de travail, la fédération CGT Ports et docks pourrait bientôt rejoindre le mouvement international ».
Au mieux, quelques dirigeants syndicaux se disent prêts à envisager des actions futures. « Au niveau français, on va pousser pour obtenir une journée d’arrêt de travail dans tous les ports européens pour manifester notre volonté d’un processus de paix, et dénoncer tous les conflits armés », affirme Tony Hautbois, secrétaire général de la fédération CGT Ports et docks. La fédération Sud-Rail invite les travailleurs à s’exprimer dans la rue « mais aussi avec les méthodes de la lutte des classes, comme la grève ».
Alors que tout un peuple est menacé de génocide, et que la guerre menace d’embraser le Moyen Orient et le monde, ces propositions ne sont pas à la hauteur des événements. Il faut appeler les travailleurs en France à une lutte contre la guerre et contre le régime Macron, complice de génocide, menée conjointement avec leurs frères et sœurs de classe à travers le monde.
RP réagit par des appels nationaux à une résurgence de la lutte des classes qui est en réalité internationale. RP et Kazib sont intégrés dans l’appareil local des syndicales et aspirent à s’élever dans la hiérarchie historiquement stalinienne de la CGT, en donnant un mince vernis de pseudo-gauche pour une politique de subordination de la classe ouvrière aux négociations des bureaucrates avec Macron. En effet, les morénistes de RP se décrivent eux-mêmes en tant que nouvelle génération de jeunes visant à occuper de hautes responsabilités dans l’appareil syndical :
Cette génération comprend des dirigeants syndicaux radicaux dont l’émergence se produit dans des conditions très particulières. Alors que le PCF perd du terrain au sein de la CGT, qui peine à recruter de nouveaux adhérents, les jeunes responsables syndicaux peuvent assez rapidement se retrouver à la tête de grandes organisations syndicales ou de bureaucraties. Tout révolutionnaire digne de ce nom doit accorder la plus grande attention à ce phénomène et chercher à tout prix à s’associer à cette nouvelle génération.
Cette perspective est acceptable pour les directions syndicales et vise à détourner la classe ouvrière de la lutte trotskyste, internationaliste proposée par le CIQI et par le PES en France. La lutte contre la guerre et le génocide nécessite une lutte internationale pour faire chuter tous les gouvernements capitalistes qui font la guerre et défendent le génocide. Cette lutte ne peut pas être menée de l’intérieur des hiérarchies syndicales nationales, mais en rompant avec elles, en construisant des comités d’action indépendants visant à transférer le pouvoir aux travailleurs.
C’était la perspective que développa Trotsky dans Où va la France, critiquant les ancêtres staliniens et social-démocrates qui dirigeaient autrefois les bureaucraties syndicales dans lesquelles travaillent à présent les morénistes de RP :
L’appareil du front unique joue tout à fait consciemment le rôle qui consiste à désorganiser systématiquement les mouvements spontanés des masses. Et les ‘gauchistes’ du type Marceau Pivert ne font que protéger cet appareil de la colère des masses. On ne peut sortir de cette situation que si l'on aide les masses en lutte, et, dans le processus même de la lutte, à créer un appareil nouveau qui réponde aux nécessités de l'heure. C'est précisément en cela que réside la fonction des comités d'action. La première condition pour ce faire comprendre soi-même clairement la signification des comités d'action comme l'unique moyen la briser la résistance anti-révolutionnaire des appareils des partis et des syndicats. …
Les comités d'action, dans leur stade actuel, ont pour tâche d'unifier la lutte défensive des masses travailleuses en France, et aussi de leur donner la conscience de leur propre force pour l'offensive à venir. Cela aboutira-t-il aux soviets véritables ? Cela dépend de la réponse à la question de savoir si l'actuelle situation critique en France se développera ou non jusqu'à sa conclusion révolutionnaire. Or cela ne dépend pas uniquement de la volonté de l'avant-garde révolutionnaire, mais aussi de nombre de conditions objectives. En tout cas, le mouvement de masses qui se heurte actuellement à la barrière du Front populaire n'avancera pas sans les comités d'action.
Face aux génocides et à la Troisième Guerre mondiale qui s’annoncent au 21e siècle, le CIQI et le PES soulignent l’actualité brûlante des avertissements lancés par Trotsky avant la grève générale de 1936, la Deuxième Guerre mondiale et la collaboration française avec l’Occupation nazie. Pour stopper la barbarie du système capitaliste, il faut entreprendre la construction d’un mouvement international et sa direction révolutionnaire internationale, le CIQI.