Des pluies torrentielles tuent plus de 100 personnes en Inde après des vagues de chaleur qui ont fait près de 200 morts

Des personnes sur un pont traversant la rivière Beas gonflée par de fortes pluies dans le district de Kullu, Himachal Pradesh, Inde, lundi 10 juillet 2023. [AP Photo/Aqil Khan]

Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur l’Inde ces quinze derniers jours et ont causé la mort de plus de 100 personnes, semant la désolation dans le nord du pays, sont décrites par les climatologues comme la pire mousson que le pays ait connue depuis des décennies. Ces pluies meurtrières surviennent alors que plusieurs autres pays sont aux prises avec des conditions météorologiques extrêmes similaires.

L’Himachal Pradesh, l’État le plus septentrional de l’Inde, a été le plus touché par ces pluies. Les autorités ont signalé que plus de 1.300 routes y avaient été endommagées, entraînant une facture totale estimée à 40 milliards de roupies indiennes (environ 486 millions de dollars américains). Les autres États indiens touchés sont l’Assam, le Meghalaya, le Sikkim, l’Uttarakhand, l’Uttar Pradesh et le Madhya Pradesh.

New Delhi, la capitale indienne, a enregistré 153 mm de pluie en 24 heures le 10 juillet, la plus forte quantité de pluie tombée en un seul jour en juillet depuis 1982. Le niveau des eaux de la rivière Yamuna à Delhi a atteint un record historique, dépassant les 207 mètres de largeur du précédent record (plus de 680 pieds) en 1978. On a fermé écoles, maisons et autres bâtiments inondés.

Selon le département météorologique indien (IMD), Delhi, le Punjab et l’Himachal ont reçu jusqu’à présent 112 pour cent, 100 pour cent et 70 pour cent de précipitations de plus que d’habitude durant la mousson de cette année.

Ces précipitations extrêmes font suite à des vagues de chaleur torride dans le nord de l’Inde. Elles ont débuté en juin et ont vu les températures grimper jusqu’à 45 degrés Celsius (113 degrés Fahrenheit) dans une grande partie du pays. Plus de 170 personnes sont mortes à cause de la chaleur, la plupart d’entre elles dans le nord du pays.

Les températures et les précipitations extrêmes, les sécheresses, l’élévation du niveau de la mer et les cyclones intenses sont des phénomènes récurrents dans le sous-continent indien et des signes évidents d’un changement climatique aux conséquences mortelles.

En Inde, 959 personnes ont été tuées par des inondations en 2020 et 656 en 2021. En 2018, la Commission centrale de l’eau a indiqué au Rajya Sabha, la chambre haute du parlement national, que 107.480 personnes étaient mortes à cause de précipitations extrêmes et d’inondations dans le pays entre 1953 et 2017.

Les vagues de chaleur ont fait en Inde plus de 17.000 victimes au cours des 50 dernières années, selon un article rédigé par Rajeevan, ex-secrétaire du ministère des Sciences de la terre, et quatre autres scientifiques. Si les principaux mois d’été en Inde, d’avril à juin, sont toujours chauds, les températures sont devenues beaucoup plus intenses et dangereuses au cours de la dernière décennie.

L’IMD signale une augmentation de 24 pour cent du nombre de vagues de chaleur entre 2010 et 2019 par rapport à la période 2000-2009. Le taux de mortalité dû aux températures élevées a augmenté de 62 pour cent entre 2000 et 2019.

Même si ces catastrophes sont présentées dans les médias comme des calamités «naturelles», elles sont en réalité principalement dues à la soif destructrice de profits des grandes sociétés, et donc provoquées par l’homme. L’urbanisation et le développement non planifiés ainsi que la combustion désordonnée de carburants fossiles sont des facteurs clés.

L’année dernière, le Centre pour la science et l’environnement (CSE), une organisation de recherche et défense de l’intérêt public basée à Delhi et qui suit les phénomènes météorologiques extrêmes, a publié son «Rapport sur l’état de l’environnement en Inde en 2022».

Ce rapport révèle que le pays a connu des phénomènes météorologiques extrêmes 314 jours sur 365, ce qui signifie qu’au moins un phénomène météorologique extrême a été signalé dans une partie de l’Inde chacun de ces jours. Le rapport conclut que ces événements ont causé plus de 3.000 décès en 2022, affecté quelque 2 millions d’hectares de cultures, tué plus de 69.000  têtes de bétail et détruit environ 420.000 maisons.

Les phénomènes météorologiques extrêmes ont fait 233 victimes et endommagé 950.000 hectares de terres cultivées dans le pays au cours des quatre premiers mois de 2023, selon une étude récente du CSE.

Ces calamités récurrentes touchent le plus durement les couches les plus pauvres de la société. Elles produisent toujours des larmes de crocodile de la part des dirigeants politiques et des médias, et des indemnisations totalement insuffisantes.

Le 10 juillet, le bureau du Premier ministre Narendra Modi a publié un tweet cynique déclarant que les administrations locales s’efforçaient d’assurer le bien-être des personnes touchées par les inondations alors que le Premier ministre «faisait le point de la situation».

Les agriculteurs lésés et les victimes des inondations se sont exprimés avec colère sur cette dévastation. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre une femme âgée de l’Haryana qui gifle Ishwar Singh, un parlementaire du Jannayak Janta Party, une partie de l’alliance gouvernementale du BJP. «Pourquoi êtes-vous venu maintenant?» lui demande-t-elle.

Alors que, le changement climatique et le réchauffement de la planète modifient radicalement les conditions météorologiques, Modi et son gouvernement BJP suprématiste hindou, comme son prédécesseur du Parti du Congrès, ont refusé de prendre des mesures réelles pour atténuer l’impact dévastateur de ces catastrophes ou pour fournir des secours adéquats.

Au lieu de quoi il dépense des milliards de dollars pour moderniser les forces armées indiennes pour faire avancer les ambitions géopolitiques de l’élite dirigeante tout en accordant de fortes incitations fiscales et autres formes d’aide aux grandes sociétés.

Pendant des décennies, les élites dirigeantes indiennes n’ont pas réagi aux avertissements des climatologues. Elles ont refusé de construire les infrastructures nécessaires pour se préparer à ces catastrophes.

Pour lutter contre la menace que représentent le changement climatique et le réchauffement de la planète il faut une solution mondiale. La protection contre les inondations et les vagues de chaleur, et l’élimination de la calamité mondiale imminente due à la crise climatique, nécessitent une collaboration et une planification internationales coordonnées. Cela ne peut se faire qu’à travers la création d’une Union des républiques socialistes d’Asie du Sud, dans le cadre d’une fédération socialiste mondiale.

(Article paru d’abord en anglais le 14 Juillet 2023)