Une autre provocation de droite a été organisée mercredi par «Our Harvard Can Do Better», un groupe de justiciers de la classe moyenne se présentant comme des activistes «anti-viol».
Plusieurs dizaines d’étudiants ont organisé une soi-disant occupation d’un bâtiment administratif, exigeant que l’administration déclare l’état d’urgence «pour faire face à la crise de la violence sexuelle sur le campus». En outre, les étudiants ont promis de «revenir» jusqu’à ce que le professeur John Comaroff démissionne et que «Harvard mette fin à sa complicité avec le harcèlement, la misogynie et la discrimination».
Our Harvard Can Do Better se décrit comme «une campagne de premier cycle visant à mettre fin aux facteurs institutionnels et culturels qui favorisent les violences sexuelles à l’université de Harvard, par le biais d’un plaidoyer intersectionnel centré sur les survivantes».
Le groupe ne documente aucune de ses grandes affirmations. Quelle «crise de la violence sexuelle»? Quelle complicité de l’administration dans le «harcèlement, la misogynie et la discrimination»?
Il compte sur les réactions des éléments instables de Harvard, l’université la plus riche de la planète, qui sont indifférents aux droits et procédures démocratiques. C’est le sens de l’expression «centré sur les survivantes». Les accusateurs doivent être crus, quels que soient les faits ou les conséquences. Comme l’affirme l’organisation, «aujourd’hui et chaque jour, nous croyons les survivantes».
Comme tous les éléments petits-bourgeois privilégiés, le groupe est instinctivement anti-démocratique.
D’où la tentative de créer une atmosphère de lynchage. Rien n’indique qu’il y ait un soutien généralisé à leur campagne agressive sur le campus de Harvard.
Le niveau moral et intellectuel de l’«occupation» de mercredi peut être déduit des pancartes placées bien en évidence et adressées à Comaroff, un individu dont la carrière universitaire est vaste, mondiale et distinguée: «Démissionne, salaud» et «Va te faire foutre, Comaroff».
Les occupants ont scandé: «Que voulons-nous? La justice pour les survivantes». «Quand la voulons-nous? Maintenant.» «Si nous ne l’obtenons pas? On ferme tout».
Dans un communiqué de presse, Our Harvard Can Do Better a déclaré que sa première demande, la démission de Comaroff, «intervient plus d’un an après qu’il a été reconnu coupable d’avoir violé les politiques de l’université en matière de harcèlement sexuel et de conduite professionnelle». La «violation» par Comaroff des politiques de Harvard concerne deux commentaires qu’il a faits en tant que conseiller pendant les heures de bureau: l’un était tout à fait approprié et l’autre, il nie fermement l’avoir fait. Les sanctions prises à son encontre par Harvard étaient totalement illégitimes.
Le groupe poursuit en affirmant que la conclusion de Harvard «a été révélée malgré les efforts de Comaroff, détaillés dans une plainte récente, pour saper l’intégrité du processus d’établissement des faits, notamment en menaçant les accusatrices de représailles professionnelles». Il s’agit d’une référence à la plainte déposée par trois étudiantes diplômées – Lilia Kilburn, Margaret Czerwienski et Amulya Mandava – contre l’université pour ne pas les avoir protégées contre des abus non prouvés et des actes de représailles.
Comme nous l’avons noté, la plainte «consiste en une série d’allégations et d’affirmations qui ne pourraient pas soutenir une conclusion de culpabilité. Dans un tribunal, il existe des règles sur le ouï-dire. La plainte contient des affirmations non fondées, davantage de rumeurs et de ragots, des récits de situations que personne ne peut évaluer et des appels à toute une série de préjugés et d’idées préconçues. Ce long récit agité est entouré de diverses affirmations non prouvées et non vérifiables à l’encontre de Comaroff».
Dans le même ordre d’idées, Our Harvard Can Do Better affirme que Comaroff «continue de faire face à plusieurs allégations ouvertes remontant aux années 1970, où il aurait été vu régulièrement dans les dortoirs de l’université de Chicago [!]. Malgré ces antécédents [!], l’administration de Harvard l’a accueilli de nouveau en classe à l’automne dernier, où il a été accueilli par des protestations d’étudiants», c’est-à-dire par les mêmes éléments réactionnaires qui ont organisé la fausse «occupation» de mercredi. C’est sur ce type de ragots et d’insinuations dégoûtantes que se basent les manifestants.
Comaroff n’est coupable de rien. Les accusations portées contre lui sont dénuées de tout fondement, comme l’ont démontré des enquêtes approfondies. Les calomnies de Our Harvard Can Do Better, soutenues et encouragées par le Harvard Crimson et la direction sans principes du Harvard Graduate Students Union (HGSU)-UAW Local 5118, ne sont que cela: des calomnies.
La section locale 5118 est dirigée par des opportunistes et des carriéristes qui n’ont aucun lien véritable avec les luttes de la classe ouvrière. Le bureau exécutif de la section locale comprend d’ailleurs deux des accusateurs de Comaroff. L’ancien président du HGSU, Brandon Mancilla, a récemment été élu directeur de la région 9A de l’UAW. Mancilla a joué un rôle déterminant dans l’adoption d’un contrat de quatre ans avec l’université en novembre 2021, qui imposait une baisse de salaire effective aux étudiants diplômés de Harvard.
Les mensonges sur Comaroff ont atteint le plancher de la convention spéciale de négociation de l’UAW cette semaine, lorsque Rachel Petherbridge, membre du conseil exécutif de la section locale 5118, a affirmé que le professeur d’anthropologie avait harcelé les trois étudiantes diplômées «pendant des années», ajoutant, d’un ton choqué, qu’«il enseigne encore à des étudiants de premier cycle en ce moment même».
Comme l’a noté Eric London, correspondant du WSWS, dans un tweet, «[Margaret] Czerwienski, Petherbridge et les responsables locaux de l’UAW sont engagés dans une campagne de chasse aux sorcières pour licencier un professeur sur la base de mensonges. Chasser les professeurs de leur emploi n’a rien à voir avec la démocratie, cela ne fait que subvertir les droits des travailleurs».
(Article paru en anglais le 30 mars 2023)