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Le Nouveau Parti anticapitaliste cache la trahison par les syndicats de la grève du secteur pétrolier français

Par Alex Lantier
3 novembre 2010

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L’isolement et la trahison de la grève dans le secteur pétrolier français contre les coupes du président Nicolas Sarkozy dans les retraites constituent une importante expérience politique pour la classe ouvrière internationale, ainsi que pour les travailleurs en France encore en grève contre Sarkozy. Après deux semaines de grèves, et de brutales actions policières anti-grève contre lesquelles les syndicats n’ont organisé ni manifestations de masse ni grèves de solidarité, les travailleurs du pétrole ont voté vendredi pour rentrer au travail.

Cette expérience aura servi à démasquer une fois de plus la politique de collaboration de classe que poursuit le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) de Olivier Besancenot. Ce parti a réagi à cet événement en cachant la trahison des syndicats et de la « gauche » bourgeoise par des phrases pseudo-radicales mensongères.

C’est une question critique de stratégie de classe pour les travailleurs de mettre à nu la politique du NPA. Sa fonction objective est d’empêcher les travailleurs de rompre avec la bureaucratie syndicale, laquelle n’a pas caché que sa stratégie était d’isoler et de trahir toute section de la classe ouvrière qui engage le combat contre les coupes de Sarkozy. En protégeant les syndicats, le NPA agit en opposant direct de la stratégie avancée par le World Socialist Web Site : la formation de comités d’action indépendants des syndicats et des partis « de gauche » afin d’organiser des grèves politiques de masse pour renverser le gouvernement Sarkozy.

Besancenot, qui a gardé le silence durant la dernière semaine de la grève dans le secteur pétrolier, a accordé dimanche une longue entrevue au Parisien. Évitant entièrement la question des mesures ordonnées par Sarkozy pour briser la grève ainsi que la complicité des syndicats, il a permis aux syndicats et aux partis bourgeois « de gauche » de s’en tirer à bon compte.

À la question de savoir si « le mouvement s’essouffle », Besancenot a répondu : « La reconduction de la grève générale n’est d’ailleurs pas passée loin. »

C’est à se demander comment Besancenot a pu en arriver à une telle conclusion. Il n’y a eu aucune tentative sérieuse pour organiser une grève générale. Et aucune lutte n’a été menée contre ceux qui s’opposaient publiquement à une grève générale, notamment : la CGT (Confédération générale du travail), son chef Bernard Thibault, et le reste de la bureaucratie syndicale.

Thibault a dénoncé les appels à une grève générale comme étant « abstraits » et « abscons ». Comme les événements ultérieurs allaient le montrer, l’opposition de Thibault à une grève générale faisait partie d’une stratégie plus large visant à isoler les grévistes et à négocier avec le patronat dans le dos des travailleurs. Thibault s’est abstenu de défendre les travailleurs du pétrole contre les attaques de l’Etat, et la CGT refuse maintenant de dévoiler les détails de l’entente qu’il a négociée, en vertu de laquelle le travail a repris dans les terminaux pétroliers de Marseille.

Pas une seule figure de l’establishment politique « de gauche » n’a dénoncé le rôle pourri joué par la CGT. Comme l’a noté Le Monde avec reconnaissance la semaine passée, Besancenot faisait partie de ceux qui ont évité de critiquer Thibault et les autres bureaucrates. Le quotidien a écrit : « Depuis début octobre, Olivier Besancenot a rangé ses critiques à l'égard des syndicats jugés trop mous et ses appels à un "nouveau Mai 68". »

Affirmer que les syndicats sont passés « pas loin » d’une grève générale est de mentir effrontément sur leur trahison de la lutte des travailleurs.

Le reste de l’entrevue du Parisien s’est largement concentrée sur les relations du NPA avec le PS (Parti socialiste), le principal parti de gouvernement en France de type bourgeois « de gauche ».

Le PS a émis une série de communiqués déroutants afin de cacher son accord de fond avec les coupes de Sarkozy. Il s’est opposé au projet de Sarkozy visant à repousser techniquement l’âge minimal de la retraite de 60 à 62 ans, tout en soutenant l’allongement de la période requise de cotisation à 41, puis 41,25 annuités. Vu que l’apprentissage et l’internat ne sont généralement pas pris en compte dans le calcul de la période de cotisation, son seul allongement tend à repousser l’âge minimum de la retraite jusqu’à la mi- ou la fin-soixantaine.

Sur la question de ses relations avec le PS, Besancenot a expliqué : « Le PS était prêt à se mêler à une campagne unitaire pour défendre la retraite à 60 ans, en disant que la réforme du gouvernement n’était pas juste. On est d’accord sur le combat, mais nos divergences commencent avec le projet. Dire, comme les socialistes, qu’il faut défendre la retraite à 60 ans tout en appelant à un allongement de la durée de cotisation, c’est illogique et totalement contradictoire. »

Besancenot n’a pas cherché à expliquer aux lecteurs du Parisien la source de cette contradiction flagrante dans la politique du PS. Il a néanmoins indiqué qu’il veillerait à ce que le NPA ne participe pas à une alliance gouvernementale « de gauche » où « au nom de l’unité, on servirait de caution à un gouvernement qui ne mènera pas une politique de gauche. »

La signification de cette vague expression est la suivante : Besancenot sait que le PS mène une politique de droite, mais il veut quand même travailler (« lutter ») avec lui. Sa principale crainte est que s’il soutient le PS trop ouvertement, il finira par s’auto-discréditer.

Le PS appuie les coupes dans les retraites et s’oppose aux luttes ouvrières, mais il n’ose pas le dire publiquement dans un contexte où plus de 70 pour cent de la population est hostile aux coupes de Sarkozy. Le PS veut, après tout, présenter un candidat contre Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012 qui puisse parader en alternative « de gauche » à Sarkozy. Il a donc choisi de « s’opposer » à Sarkozy sur un nombre — l’âge minimum de la retraite — et de soutenir d’autres coupes qui rendent vaine sa supposée « opposition ».

Le caractère de droite de la politique sociale du PS ressort clairement si l’on considère celui que l’on considère à présent comme le candidat le plus probable du PS en 2012 : Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI). En tant que chef du FMI, Strauss-Kahn a aidé à imposer des coupes sociales massives à des pays endettés en échange d’un renflouement, l’exemple le plus marquant étant celui de la Grèce au printemps dernier durant la crise de la dette grecque. Le PS a voté avec enthousiasme pour le plan de renflouement de l'Europe et du FMI que Strauss-Kahn a mis en place cet été, et qui imposait des coupes draconiennes aux travailleurs grecs.

Le rôle du NPA est d’entretenir l’illusion que le PS est un parti « de gauche » et d’accueillir cet agent de l’ennemi de classe au sein des manifestations ouvrières. Et il le fait de façon très consciente.

Dans un article daté du 27 octobre et publié sur le site internet du NPA (« Ras-le-bol de la Sarkozie : préparons l’alternative anticapitaliste »), un membre dirigeant du NPA, Fred Borras, a écrit ce qui suit : « La position du PS ne se différencie pas vraiment de celle du pouvoir sur la question des retraites. Du coup, le chef des socialistes marseillais, [le député PS Jean-Noël] Guerini, en a tiré toutes les conséquences et, dans la "capitale de la grève", a appelé conjointement avec le chef de l’UMP Gaudin à... cesser la lutte. »

Il a néanmoins applaudi le fait que des membres du PS étaient « présents aux manifs — et c’est tant mieux ».

Cela soulève la question : pourquoi le NPA s’associe au PS dans la « lutte », comme le dit Besancenot, et ne dit rien sur la CGT qui a accepté les brutales actions anti-grève de Sarkozy ?

C’est avant tout une question d’intérêts de classe. Formé d’éléments universitaires et de la bureaucratie syndicale ayant adhéré à la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) après le mouvement étudiant contestataire de 1968, le NPA parle pour une couche des classes moyennes qui a une longue histoire de dissimulation des trahisons de la classe ouvrière. Au cours des trente dernières années, l’aristocratie financière, et dans une moindre mesure la direction des syndicats et du NPA, ont énormément profité des coupes sociales et autres défaites. Le NPA a lui-même tissé des liens très étroits avec le PS.

Il est donc critique pour le NPA d’alimenter la fiction que le PS est un parti de « gauche », et les syndicats des instruments de « lutte », sur lesquels le NPA peut compter pour faire avancer ses objectifs politiques.

La NPA a utilisé des phrases pseudo-radicales pour cacher son alliance avec des forces droitières et anti-ouvrières. Borras en donne un autre exemple ahurissant à la fin de son texte : « La véritable rupture suppose ainsi à la fois la mise en œuvre d’un programme anti-capitaliste basé sur l’appropriation sociale des grands moyens de production, sur la répartition des richesses, la protection des ressources et la rupture avec les institutions. »

Le charlatanisme du NPA est dévoilé par son silence poltron et sans principes sur la trahison de la grève actuelle par les syndicats. Il est tellement lié à la classe dirigeante qu’il refuse de protester contre l’envoi de la police anti-émeute pour briser des grèves, dans le contexte d’une immense opposition populaire au gouvernement. Quelqu’un peut-il penser que le NPA mènerait une lutte internationale de vie ou de mort pour renverser la république française et « approprier » les milliards mal acquis de l’aristocratie financière ?

Le NPA représente, et de manière consciente, un écran de protection pour l’establishment politique français contre l’opposition de la classe ouvrière. Ceux qui se battent pour développer une lutte indépendante des travailleurs contre la politique d’austérité sociale de Sarkozy et de l’aristocratie financière doivent commencer par démasquer le NPA en tant que défenseur de l’establishment capitaliste.

(Article original anglais paru le 1er novembre 2010)

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