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1968 : Grève générale et révolte étudiante en France

Deuxième partie : la trahison du PCF et de la CGT

Par Peter Schwarz
29 mai 2008

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Voici la deuxième partie d’une série consacrée aux événements de mai et juin 1968 en France. La première partie a été consacrée à l’évolution de la révolte des étudiants et à la grève générale jusqu’à leur apogée fin mai. La deuxième partie examine comment le Parti communiste et la CGT ont permis à De Gaulle de reprendre la situation en main. La troisième partie étudiera le rôle joué par les pablistes et la quatrième partie celui de l’Organisation communiste internationaliste (OCI) de Pierre Lambert.

A partir du 20 mai, l’ensemble du pays est arrêté. Deux tiers des salariés sont en grève, les étudiants occupent les universités. Le sort de De Gaulle et de son gouvernement repose à ce moment précis entre les mains du Parti communiste et de la CGT que ce dernier contrôle. Ils assurent la survie politique de De Gaulle et sauvent la Cinquième République. Le PCF représente encore en 1968 une force politique considérable. Il compte 350 000 membres et rassemble derrière lui 22,5 pour cent des électeurs (1967). Certes, le nombre d’adhérents de la CGT a chuté de 4 millions en 1948 à 2,3 millions, mais les secteurs clés de l’économie restent dominés par ce syndicat. Son secrétaire général, Georges Séguy, est membre du bureau politique du PCF.

Comme nous l’avons déjà vu, le PC et la CGT réagissent avec une hostilité à peine déguisée aux protestations des étudiants. L’article notoire dans lequel Georges Marchais insulte les étudiants le 3 mai, les qualifiant de provocateurs et d’agents gaullistes n’est pas une exception, mais la règle. L’Humanité ne se lasse pas de pester contre les « gauchistes ». Le journal y inclut sous ce label, tous ceux qui s’opposent à la ligne droitière du PCF. La CGT refuse toute manifestation commune des travailleurs et des étudiants et donne à ses membres l’instruction d’écarter des entreprises les étudiants qui cherchent à prendre contact avec les ouvriers.

Les occupations d’usine et la grève générale se sont développées contre la volonté et en dehors du contrôle de la CGT. L’occupation de Sud-Aviation, qui deviendra un modèle pour toutes les autres, se fera à l’initiative du syndicat Force ouvrière qui, dans l’entreprise, a du crédit auprès des travailleurs à bas salaire et qui sont rémunérés à l’heure. A Nantes, celui-ci est mené par un trotskyste, Yves Rocton, un membre de l’OCI. La CGT certes, n’empêche pas les occupations d’usines, mais cherche à en garder le contrôle en maintenant strictement les revendications au niveau de l’entreprise. Elle s’oppose à la création d’un comité de grève central ainsi qu’à la coopération avec des forces extérieures à l’entreprise. Elle s’oppose avec véhémence à la séquestration des directions.

Le 16 mai, la direction du syndicat concurrent, la CFDT, essaie au moyen d’une déclaration d’influencer la vague d’occupations. Contrairement à la CGT, elle traite positivement la révolte des étudiants. Celle-ci vise selon elle « les structures sclérosantes, étouffantes et de classes d’une société où ils ne peuvent exercer leurs responsabilités ». En ce qui concerne les entreprises, la CFDT lance le mot d’ordre de « l’autogestion » : « à la monarchie industrielle et administrative, il faut substituer des structures administratives à base d’autogestion ».

Séguy, le patron de la CGT, réagit par un accès de colère et attaque la CFDT publiquement. Il rejette toute tentative de donner une orientation commune au mouvement croissant, aussi limitée soit-elle. De fait, la revendication de la CFDT, qui à l’époque se trouvait sous l’influence du PSU (Parti socialiste unifié) de Michel Rocard, mène à une impasse. Elle ne met en cause ni le pouvoir capitaliste ni la domination des marchés capitalistes.

Le 25 mai, la CGT se précipite finalement directement au secours du gouvernement acculé. Les représentants des syndicats, des organisations patronales et le gouvernement se rencontrent vers quinze heures au ministère du Travail situé rue de Grenelle. Leur objectif : rétablir aussi vite que possible le calme dans les entreprises ! Bien que tous les syndicats soient représentés, les négociations se déroulent exclusivement entre deux hommes : le chef du gouvernement, Georges Pompidou et le patron de la CGT, Georges Séguy.

Séguy veut une augmentation de salaire au pourcentage, et ce, sans réduire l’écart entre les différentes catégories de salaires, comme l’exigeaient les travailleurs dans de nombreuses entreprises. De plus, la position des syndicats doit être renforcée. A cet égard, il bénéficie du soutien de Pompidou contre les organisations patronales. « Le gouvernement est convaincu qu’un encadrement de la classe ouvrière par les syndicats possédant une formation et une influence nécessaire est utile à la bonne marche d’une entreprise », peut-on lire dans le protocole d’accord de la réunion.

Côté gouvernement siège à la table de négociation, outre Georges Pompidou, un autre futur président : Jacques Chirac. Et un futur premier ministre : Edouard Balladur. Tous, à l’image de l’actuel titulaire de la fonction, Nicolas Sarkozy, ont respecté les accords conclus à l’époque et se sont servi des syndicats pour que la classe ouvrière soit « associée ». Le terme « Grenelle » est entré dans le vocabulaire français comme synonyme de négociations avec le gouvernement.

Après deux jours à peine, les partenaires aux négociations se sont mis d’accord. Tôt le lundi 27 mai, ils signaient les Accords de Grenelle qui prévoient une augmentation de sept pour cent des salaires, un relèvement du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) de 2,22 à 3 francs ainsi que la reconnaissance du syndicat d’entreprise en tant que personne juridique et morale. La CGT a abandonné sa revendication initiale d’une échelle mobile des salaires, du paiement des jours de grève et du retrait des ordonnances sur la Sécurité sociale. Après avoir appris que le PSU de Rocard, la CFDT et le syndicat étudiant UNEF projetaient une manifestation sans concertation préalable avec le PCF et la CGT, Séguy insiste sur la conclusion d’un accord immédiat et se met d’accord avec Jacques Chirac au petit jour dans un entretien en aparté.

Vers sept heures trente du matin, Séguy et Pompidou présentent à la presse les Accords de Grenelle. Séguy déclare : « La reprise du travail ne saurait tarder. » Il se rend personnellement à Billancourt pour rendre les accords attrayants aux travailleurs de l’usine Renault. Mais ceux-ci considèrent les accords comme une provocation et n’ont nullement l’intention de se laisser acheter pour quelques francs. Séguy est conspué et hué. La nouvelle se répand dans le pays entier comme une traînée de poudre et personne ne pense à interrompre la lutte. Le journal Le Monde titre le lendemain : « La CGT n’a pu convaincre les grévistes de reprendre le travail. »

La question du pouvoir se pose

La crise politique atteint à présent son apogée. Le pays entier est en émoi. Le gouvernement a perdu toute autorité et la CGT, elle, le contrôle des travailleurs. La question du pouvoir se pose, personne ne peut en douter.

Les sociaux-démocrates qui jusque-là étaient restés à l’arrière-plan, se manifestent. Comme il n’est pas sûr que De Gaulle se maintienne au pouvoir, ils font des préparatifs pour la constitution d’un gouvernement bourgeois d’alternative. François Mitterrand organise une conférence de presse le 28 mai et qui est très largement commentée à la télévision. Il se prononce en faveur d’un gouvernement transitoire et de l’élection d’un nouveau président, à laquelle il se présentera lui-même.

Mitterrand se trouve à la tête de la Fédération de la Gauche démocrate et socialiste (FGDS) qui s’est discréditée durant la 4e République et qui ne dispose pas d’une base populaire. En 1965, il s’était présenté en challenger de De Gaulle lors des élections présidentielles et avait été soutenu par le PCF.

Le PSU, la CFDT et l’UNEF misaient par contre sur Pierre Mendès-France. Cet adhérent du Parti radical socialiste, un parti purement bourgeois, avait été un membre du gouvernement de Front populaire de Léon Blum. Il avait rejoint le général de Gaulle durant la guerre. Durant la 4e République, il avait organisé, en tant que chef d’Etat, le retrait des troupes françaises du Viêt Nam, ce qui avait suscité l’hostilité de la droite. En 1968, il est proche du PSU.

Pour le PCF, Mendès-France est un ennemi intime en raison de ses vues pro-occidentales. Quand le 27 mai sa présence est remarquée au rassemblement du PSU, de la CFDT et de l’UNEF au stade Charléty, toutes les sirènes d’alerte retentissent au quartier général du PCF. Le parti redoute que Mitterrand et Mendès-France ne forment un nouveau gouvernement sans qu’il puisse l’influencer.

Le 29 mai, le PCF et la CGT organisent une manifestation commune à Paris. Sous le mot d’ordre de « gouvernement populaire », une foule impressionnante de plusieurs centaines de milliers de personnes défile dans la capitale. Le PCF ne pense pas une minute à la conquête du pouvoir révolutionnaire. Avec sa revendication d’un « gouvernement populaire », il répondait au climat révolutionnaire qui s’était instauré dans les usines et ce sans mettre en cause les institutions de la Cinquième République. La CGT souligne le refus d’un processus révolutionnaire en mettant l’accent sur un « changement démocratique du pays ».

Le préfet de police de Paris rapportera plus tard qu’il ne s’était pas fait de soucis outre mesure pour ce qui était de la manifestation CGT-PCF. Il s’était attendu à une manifestation syndicale classique et disciplinée, tout comme celle qui s’est d’ailleurs déroulée. Le gouvernement quant à lui n’était pas sûr de ce que les organisateurs avaient la situation bien en mains. Il avait ordonné la mise en alerte de régiments de parachutistes et par précaution, le stationnement de chars dans les banlieues parisiennes.

Le 30 mai, le comité central du PCF se réunit pour discuter de la situation. L’enregistrement de cette réunion confirme que le parti refuse une prise du pouvoir et s’efforce de maintenir l’ordre existant. Six mois plus tard, une déclaration du comité central justifie cette position dans les termes suivants : « Le rapport des forces ne permettait pas à la classe ouvrière et à ses alliés de prendre le pouvoir politique en mai dernier. »

Le secrétaire général, Emile Waldeck-Rochet, déclare lors de cette réunion du 30 mai sa volonté de participer à un gouvernement transitoire sous François Mitterrand au cas où celui-ci lui permettrait d’exercer suffisamment d’influence. Un tel gouvernement devait selon lui réaliser trois objectifs : remettre l’Etat en marche, répondre aux justes revendications des grévistes et organiser l’élection présidentielle.

L’option privilégiée du PCF est cependant des élections législatives immédiates. « Nous avons tout à gagner à des élections générales », tel est le résumé d’un porte-parole de l’opinion qui prévaut au PCF.

Ce jour-là, la situation ne tient qu’à un fil. Le général de Gaulle avait disparu la veille sans laisser de traces. Il était parti à Baden-Baden pour se concerter avec le général Massu, commandant en chef des Forces françaises en Allemagne. Massu est notoire pour le rôle qu’il a joué pendant la guerre d’Algérie. Jusqu'à ce jour, il n’est pas clair s’il s’agissait d’un projet de fuite de Gaulle ou seulement d’une demande d’assistance. Massu a affirmé plus tard dans ses mémoires qu’il lui avait conseillé de rentrer à Paris et de s’adresser au peuple français.

Dans l’après-midi du 30 mai, de Gaulle est effectivement de retour et prononce une allocution radiodiffusée. La République est en danger dit-il en promettant solennellement qu’elle doit être défendue et qu’elle le sera. Il annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation d’élections législatives pour les 23 et 30 juin. Au même moment, plusieurs centaines de milliers de partisans du général manifestent sur les Champs-Elysées en arborant le drapeau national.

Le PCF soutient la décision de De Gaulle le soir même, la présentant comme une réussite de sa propre politique. Il accepte le cadre juridique de la Cinquième République et essaie de se faire bien voir des gaullistes en prônant une unité du « drapeau rouge et du drapeau tricolore » Le 31 mai, Georges Séguy, le patron de la CGT se prononce également en faveur des élections. « La CGT ne gênera pas le bon déroulement des élections. C’est l’intérêt des travailleurs d’exprimer une volonté de changement. »

La CGT mobilise à présent toute son énergie pour mettre fin aux grèves et aux occupations d’usine avant la date des élections. Elle n’y parvient qu’à grand-peine. Mais peu à peu, le front des grèves s’effrite, les effectifs reprennent le travail après la conclusion des accords d’entreprise, les sections les plus militantes sont isolées, la police commence à évacuer les universités. Le 16 juin, une semaine avant la date des élections, les travailleurs de Renault-Billancourt reprennent le travail, la Sorbonne est évacuée le même jour.

Il faudra de nombreuses semaines avant que toutes les grèves et les occupations d’usine se terminent et le pays ne retrouvera son calme ni dans les semaines ni dans les années à venir. Mais la classe ouvrière n’a pas saisi l’occasion qui s’offrait de prendre le pouvoir. « La CGT a délibérément repoussé l’affrontement avec l’Etat en mai 1968 au moment où le rapport de force semblait pouvoir pencher en sa faveur », écrit Michel Dreyfus, auteur d’une « Histoire de la CGT », en résumant la position des syndicats les plus influents à l’apogée de la grève générale.

La contre-offensive de la droite

Durant les premières semaines de mai, le camp de la droite avait été complètement paralysé et isolé. A présent, il regagne l’initiative et reprend petit à petit confiance en soi, grâce à l’aide du PCF et de la CGT. Avec le démarrage de la campagne électorale, le débat a été transféré de la rue et des entreprises vers les urnes, ce qui profite à De Gaulle et à ses partisans. Ils sont à présent en mesure de faire entrer en jeu les sections passives et arriérées de la société, la « majorité silencieuse » en attisant leurs craintes.

Les premiers efforts dans ce sens existaient déjà en mai. Le gouvernement soumet les médias d’Etat à une stricte censure (les radios privées n’existaient pas encore à cette époque). Le 19 mai, il interdit à la télévision la diffusion d’informations susceptibles de bénéficier à l’opposition. Le 23 mai, il coupe les fréquences des radiotéléphones des voitures de reportages utilisées par les journalistes des stations étrangères qui commentent en direct les manifestations, et qui peuvent être captées en France.

Le 22 mai, le gouvernement décrète une mesure d’interdiction de séjour contre Cohn-Bendit. Le dirigeant étudiant qui a un passeport allemand est né de parents juifs qui pour fuir les nazis se sont réfugiés en France. Depuis la fin du régime nazi, 23 ans seulement se sont écoulés et la symbolique de cette mesure n’échappe à personne. L’indignation est grande. Les manifestations des étudiants se radicalisent. De violentes batailles de rue ont lieu. Comme la CGT continue d’isoler les étudiants en refusant toute action commune avec eux, ceux-ci agissent souvent seuls et sans la protection des travailleurs, contribuant ainsi à une escalade de la situation.

Le 24 mai, des heurts brutaux font deux morts. A Lyon un policier meurt et à Paris un jeune manifestant. L’émoi est grand. Les médias entament une campagne assourdissante contre les « auteurs de cette violence ».

Quelques gaullistes créent un comité de défense de la République (CDR) qui collabore avec des éléments d’extrême droite issus des milieux pieds-noirs. Ces derniers considèrent De Gaulle comme un traître, mais, en raison du danger révolutionnaire, le camp de droite resserre les rangs. Le 30 mai, les cris d’« Algérie française » se mêlent sur les Champs Elysées aux symboles du gaullisme. La première grande manifestation de soutien à De Gaulle a été préparée en commun. Le 17 juin, de Gaulle renvoie l’ascenseur en amnistiant le général Salan ainsi que dix autres membres de l’organisation terroriste OAS qui, en 1961, avaient préparé un putsch contre lui.

L’appareil de répression de l’Etat intervient également avec plus d’assurance dès le démarrage de la campagne électorale. Le 31 mai, le ministre de l’Intérieur, Christian Fouchet est remplacé par Raymond Marcellin. Il est accueilli par De Gaulle avec les paroles : « Enfin Fouché, le vrai ». Joseph Fouché avait, après la révolution française, en tant que ministre de la Police sous le Directoire et sous Napoléon, mis sur pied un redoutable appareil de répression.

Marcellin procède avec une extrême dureté. Le jour même de sa nomination, les piquets de grève aux dépôts de carburant sont évacués afin d’assurer la distribution de l’essence et de relancer le trafic. Le 12 juin, il interdit toute manifestation de rue durant la campagne électorale. Le même jour, il dissout par décret toutes les organisations révolutionnaires et expulse deux cents « étrangers suspects ». Sont concernés par cette interdiction l’OCI trotskyste, son organisation de jeunesse, la JCR d’Alain Krivine, le mouvement anarchiste « Mouvement du 22 mars » de Daniel Cohn-Bendit ainsi que des organisations maoïstes. Les Renseignements généraux (DCRG) reçoivent l’ordre de surveiller et de collecter des données sur chaque membre de ces organisations.

Marcellin occupe ce poste pendant six ans. Durant ce temps, il élargit les pouvoirs de la police, des services secrets et de la police anti-émeute, les CRS, pour en faire un appareil de guerre civile très bien équipé. Il double le budget de la police, l’équipe de technologie moderne et d’armes et crée 20.000 nouveaux emplois dans la police.

Les gaullistes mènent une campagne électorale de la crainte. Ils font entrevoir l’ombre de la guerre civile et mettent en garde contre une prise du pouvoir totalitaire et communiste en invoquant l’unité de la République et de la nation. Les partis d’opposition et les syndicats s’associent à cette rengaine. La campagne de calomnie du PC continue contre les « gauchistes » et apporte de l’eau au moulin de la propagande de droite. François Mitterrand a déclaré la veille des élections à la télévision : « Depuis le premier jour et en dépit des attaques nous n’avons songé qu’à l’unité de la patrie et au maintien de la paix civile. »

Les élections seront un désastre pour la gauche. Les gaullistes et leurs alliés obtiennent 46 pour cent des voix, le PCF en tant que principal parti d’opposition seulement 20 pour cent, nettement moins que l’année précédente. Quant à la répartition des sièges, le résultat est encore plus désastreux en raison du scrutin majoritaire. Quatre cinquièmes des mandats allaient échoir à des partis purement bourgeois, à raison de 59 pour cent pour les gaullistes, 13 pour cent pour les libéraux et 7 pour cent pour les centristes. La FGDS de Mitterrand recueille 12 pour cent et le PCF à peine 7 pour cent. C’est avant tout la conservatrice campagne qui a voté à une grande majorité pour la droite. De nombreux éléments militants, lycéens, étudiants, jeunes ouvriers et immigrés, n’avaient par contre pas le droit de vote. L’âge électoral était officiellement de 21 ans et les listes électorales n’avaient pas été mises à jour avant l’échéance électorale imminente.

Deux mois après le début de la crise révolutionnaire, la bourgeoisie avait fermement repris le pouvoir en main. Elle dispose à présent de tout son temps pour remplacer De Gaulle et pour mettre au point un nouveau mécanisme grâce auquel elle contrôlera la classe ouvrière et sauvegardera son régime durant les décennies à venir : le Parti socialiste de Mitterrand. Elle devra pour cela payer un prix économique. Les accords de Grenelle entreront finalement en vigueur et la population laborieuse connaîtra dans les années qui suivent une nette amélioration de son niveau de vie. Mais ces améliorations seront de courte durée. Entre-temps, elles ont été en grande partie annulées.

(Article original paru le 22 mai 2008)

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