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Elections dans les länder de Berlin et de Mecklembourg-Poméranie occidentale

Un vote de défiance envers les partis gouvernementaux

Par Peter Schwarz
22 septembre 2006

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L’ensemble des partis participant au gouvernement tant au plan national que régional : le Parti de la Gauche.PDS (Linkspartei.PDS), le Parti social-démocrate allemand (SPD) et le Parti chrétien-démocrate allemand (CDU) ont subi de lourdes pertes lors des élections régionales du 17 septembre en Allemagne.

A Berlin, le Parti de la Gauche.PDS qui a gouverné la ville durant ces cinq dernières années en alliance avec le SPD, a perdu la moitié de ces électeurs. Par rapport aux élections de 2001, ce parti a perdu 181.000 « deuxièmes voix » (« Zweitstimme », vote pour la liste d’un parti – suffrage proportionnel) en obtenant tout juste 185.000 voix. Les pertes ont été particulièrement lourdes à l’est de la ville dans les bastions où le PDS (Parti du socialisme démocratique, issu de l’ancien parti dirigeant de l’Allemagne de l’Est) jouissait autrefois d’un vaste soutien. La Gauche.PDS enregistrait dans certaines circonscriptions des pertes dépassant les 20 pour cent.

Le Parti de la Gauche.PDS devint la cible de la colère qu’a déclenchée dans de vastes couches d’électeurs la politique de coupes budgétaires pratiquée par la coalition SPD-Parti de la Gauche.PDS à Berlin. Alors même qu’il se présentait dans sa propagande électorale comme un parti de gauche défendant les acquis sociaux, le Parti de la Gauche.PDS a en fait soutenu toutes les attaques perpétrées contre l’éducation, la culture ainsi que les emplois et les salaires dans le service public par le parlement régional de Berlin. Au dire du candidat tête de liste à Berlin, Harald Wolf, le parti avait pris des « décisions difficiles » qui n’avaient pas « suscité des cris d’enthousiasme de la part de nos [ses] partisans ».

Les électeurs en ont eu de toute évidence assez de la langue de bois et ont rendu leur propre verdict sur le Parti de la Gauche.PDS.

Le SPD de Berlin s’en est sorti avec un œil au beurre noir en perdant quelque 60.000 électeurs. Le parti a seulement été en mesure d’accroître que faiblement le nombre de voix en raison du faible taux de participation. Avec 30,8 pour cent, il passe pour le parti le plus fort. Le Parti de la Gauche.PDS et les Verts étant sortis ex-aequo avec 13 pour cent des voix, le SPD pourra donc choisir son prochain partenaire de coalition.

Les deux choix possibles, à savoir une coalition entre SPD et Parti de la Gauche.PDS ou SPD et Verts, ne disposeraient que d’une majorité d’un siège par rapport à l’ensemble de l’opposition. Le taux de participation n’ayant été que de 58 pour cent à Berlin, les deux choix possibles ne jouiraient du soutien que d’un quart des électeurs.

En Mecklenbourg-Poméranie occidentale qui, avec Berlin, est le seul Land à être gouverné par une coalition du SPD et du Parti de la Gauche.PDS, le SPD a été confronté au mécontentement des électeurs en colère contre la politique gouvernementale. Il a perdu 160.000 voix sur les 400.000 voix obtenues en 2002. Ceci correspond à 10 pour cent du score. Le Parti de la Gauche.PDS tout en perdant 22.000 voix a également été en mesure d’améliorer son score en raison de la faible participation.

Le gouvernement sortant de Schwerin (capitale du Mecklembourg-Poméranie occidentale) est en position de garder le pouvoir en détenant tout juste un siège de majorité à moins que le SPD ne se décide à former une grande coalition avec le CDU, ce que préconise la direction nationale du SPD.

Bien que le CDU se trouve dans l’opposition dans les deux Länder, il ne fut pas en mesure de mettre à profit l’hostilité envers les partis gouvernementaux et a également perdu un nombre substantiel de voix. A Berlin il a réalisé avec 21,3 pour cent des suffrages le plus mauvais score de son histoire. Par rapport aux élections de 2001 qui étaient placées sous le signe du scandale financier dans lequel il était impliqué, il a encore perdu 90.000 voix.

Le CDU a également subi des pertes en Mecklembourg-Poméranie occidentale, le fief de la chancelière Angela Merkel. Le CDU a obtenu 28,8 pour cent des votes, se situant tout juste derrière le SPD (30,2 pour cent). Ce vote montre clairement que les électeurs ont réagi négativement à la visite que Bush a rendue cet été à la circonscription électorale de la chancelière.

Le Parti libéral démocrate allemand (FDP), partisan du libre-échange, fut en mesure de profiter des pertes subies par les autres partis en Mecklembourg-Poméranie occidentale. Jusqu’à la date de cette élection, ce parti qui ne disposait d’aucun siège au parlement régional fut en mesure de doubler son score en obtenant 9,6 pour cent de voix. Le principal gagnant des élections a cependant été le parti de l’extrême droite, le Parti national démocrate allemand (NPD) qui a remporté 7,3 pour cent des suffrages et siège à présent dans deux parlements régionaux en Allemagne, le NPD étant déjà représenté au parlement du Land de Saxe depuis 2004.

Bien que le NPD n’ait que deux cents membres en Mecklembourg-Poméranie occidentale, il a été capable d’accroître son influence en tant qu’organisation en incorporant des groupes néo-nazis militants de la région et en collaborant avec eux. Dans les régions rurales au chômage particulièrement élevé, le NPD était le parti politique le plus actif.

La démoralisation sociale d’une part et une agitation délibérée contre les musulmans et les immigrés de la part des principaux partis politiques du pays d’autre part ont créé le terreau sur lequel un tel rebut droitier a pu s’implanter. Le NPD a enregistré un soutien particulièrement élevé (15 pour cent) de la part de jeunes gens entre 18 et 24 ans et de chômeurs. Le WSWS traitera du résultat électoral du NPD plus en détail dans un article à part.

A Berlin, le NPD a obtenu des sièges dans quatre parlements locaux pour lesquels il n’est pas nécessaire d’obtenir le seuil électoral de 5 pour cent de voix requis pour être représenté dans les autres parlements. Une autre officine d’extrême droite, les « Républicains » réussit à obtenir un siège dans un parlement local différent. Sur l’ensemble du Land de Berlin, toutefois, les deux partis d’extrême droite ne purent dépasser le seuil des cinq pour cent (le NPD obtenant 2,6 pour cent et les Républicains 0,9 pour cent.). D’autre part, un certain nombre de partis, qui avaient inscrit sur leur programme des questions sociales furent capables d’obtenir un nombre important de voix.

Le parti des retraités, les « Gris », un parti relativement obscur, obtint 3,8 pour cent des voix et obtint par là le meilleur score de tous les partis qui ne purent obtenir des sièges au parlement des Länder. Les Gris sont issus d’une organisation, les « Panthères grises », fondée en 1975. D’autres partis protestataires comme le Parti des parents, le Parti de l’éducation et le Parti des chômeurs, purent gagner plusieurs milliers de voix. Si on excepte les partis d’extrême droite, quelque 140.000 personnes votèrent pour des petits partis protestataires parmi lesquels aucun ne parvint à dépasser la barre des cinq pour cent. Cela représente près de 10 pour cent du nombre total de votes émis.

La branche berlinoise de l’Alternative électorale travail et justice sociale (WASG) manqua son objectif malgré une campagne électorale d’envergure et une vaste couverture de ses activités par les médias. La direction nationale du WASG s’était vivement opposée à la campagne séparée du WASG berlinois. Néanmoins, celui-ci n’obtint que 2,9 pour cent des voix à Berlin et fut incapable d’entrer au parlement du Land. Il est clair que les électeurs n’ont pas placé leur confiance dans une organisation qui, à Berlin, s’oppose au parti de La Gauche.PDS, mais cherche à fusionner avec lui au niveau national.

L’électorat le plus important dans les deux Länder fut les abstentionnistes. La participation y fut de moins de 60 pour cent, une chute de dix pour cent par rapport aux élections précédentes. A Berlin, le pourcentage de votants atteint presque le double de celui des voix obtenues par les partis des coalitions gouvernantes le SPD et le Parti de la Gauche.PDS.

Cette participation extrêmement basse (à Berlin des taux de participation de 80 pour cent étaient normaux jusque dans les années 1990 et depuis, des taux de l’ordre de 70 pour cent étaient courants) est une manifestation de l’opposition et de l’aliénation croissante de la population vis-à-vis des partis bourgeois officiels dans tout le pays. La grande coalition du SPD et du CDU/CSU a monté une attaque après l’autre, entraînant une situation où de larges portions de la population sont convaincues que le bulletin de vote n’est pas un moyen adéquat pour obtenir un changement politique. Cette conviction ne fut que renforcée par le cynisme avec lequel le Parti de la gauche.PDS a soutenu les attaques contre les acquis sociaux à Berlin et dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale.

Un certain nombre de commentaires parus dans la presse allemande ont repris ce thème. La Berliner Zeitung intitula son commentaire « Le peuple fuit les partis du peuple » et ajouta « Les experts politiques mettent en garde contre une perte d’importance du SPD et de la CDU ». Le magazine Der Spiegel écrit « le système des partis populaires » est depuis longtemps une chose du passé et exprime son inquiétude sur la « disparition du consensus social ».

Cette récente crise n’a fait qu’intensifier le débat sur l’avenir du gouvernement de coalition. En plus du commentaire de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel un certain nombre d’autres commentaires montrent le gouvernement Merkel du doigt et concluent que la grande coalition cause plus de problèmes que de solutions.

De plus, les Verts et le FDP brûlent de retourner au pouvoir à la suite de l’accroissement du vote du FDP en Mecklembourg-Poméranie occidentale et de celui des Verts à Berlin. A cette fin, ils sont prêts à tout - y compris à former une coalition entre le CDU, le FDP et les Verts. Tout changement de gouvernement tel que celui qui fut opéré l’an dernier dans le dos de la population par l’ex-chancelier Schröder (SPD) s’accompagnerait inévitablement d’un autre tournant à droite.

Le PSG (Partei für Soziale Gleichheit - Parti de l’égalité socialiste) participa à l’élection parlementaire du Land de Berlin afin de donner une orientation socialiste et révolutionnaire à cette large opposition populaire et obtint 573 votes. Etant donné la multitude des partis ayant participé à l’élection et articulant, sous une forme ou sous une autre, une protestation sociale, les voix obtenues par le PSG doivent être considérées comme une décision consciente en faveur d’une orientation internationale et socialiste.

(Article original paru le 19 septembre 2006)

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