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Manifestations pour demander le retrait immédiat des troupes canadiennes de l’Afghanistan

Par une équipe de journalistes du WSWS
31 octobre 2006

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Des manifestations ont eu lieu le samedi 28 octobre dans 37 villes du Canada pour demander le retrait immédiat de tous les soldats de l’Afghanistan.

Deux mille trois cents soldats des Forces armées canadiennes (FAC) sont actuellement déployés au sud de l’Afghanistan, où ils mènent une brutale campagne de contre-insurrection aux côtés d’autres forces de l’OTAN. En mai dernier, le Parlement a approuvé une motion présentée par le gouvernement minoritaire conservateur de prolonger le déploiement canadien au sud de l’Afghanistan pour au moins deux années, jusqu’en février 2009 au moins.

Les supporteurs du World Socialist Web Site et du Parti de l’égalité socialiste sont intervenus dans les manifestations dans au moins cinq villes. Ils ont distribué des centaines de copies d’une déclaration accueillant les manifestations et expliquant que l’unique voie pour avancer la lutte contre l’impérialisme est la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière sur un programme internationaliste et socialiste (Voir Les questions politiques de la lutte contre la guerre).

A Toronto, plus de mille personnes se sont ralliées devant le consulat américain sur l’avenue Université, et ensuite ont marché dans le centre-ville jusqu’à Moss Park. Adjacent un magasin d’armes des FAC, Moss Park avait été choisi comme destination de la marche parce qu’il y a un an, un réserviste des FAC revenant d’une simulation de guerre y avait battu à mort Stanley Croutch, un sans-abri.

Les organisateurs de la marche de Toronto ont donné la place d’honneur à Jack Layton, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral. A la fin d’août, le NPD a retiré son soutien au déploiement des soldats canadiens au sud de l’Afghanistan et a lancé un appel pour le retrait des troupes. La position du NPD n’a rien à voir avec une opposition de principes à l’impérialisme canadien. Plutôt, il cherche à profiter du sentiment anti-guerre grandissant et de la colère envers le rapprochement du gouvernement conservateur d’avec l’administration Bush pour les prochaines élections fédérales.

Que le NPD soit fondamentalement orienté vers l’élite dirigeante canadienne a été bien montré dans le discours de Layton. Il l’a commencé avec des critiques du « rôle combattant » assigné aux soldats canadiens — comme si l’armée avait un autre rôle. Layton a conclu en disant que le retrait des troupes serait « un pas important vers la construction d’une politique étrangère réellement indépendante et qui ne serait pas importée de Washington ».

En substance, le NPD et les syndicats — le Congrès du travail du Canada a endossé les manifestations contre la guerre — appellent pour la résurrection de la « politique étrangère indépendante » des gouvernements libéraux des années 1960 et 1970.

Mais comme la déclaration du PES qui fut distribuée aux manifestations l’explique, « La réalité est que le Canada durant la guerre froide était un partenaire de l’OTAN et de NORAD.  “Le maintien de la paix” était une façon pour la classe dirigeante de gagner une certaine influence dans l’arène mondiale dans la poursuite des intérêts du Capital canadien et, tout aussi important, était un moyen de redéfinir le nationalisme canadien pour en faire un instrument plus efficace pour arçonner la classe ouvrière aux objectifs de la classe dirigeante canadienne. »

Après Layton, le podium fut laissé à des personnalités associées à la campagne d’appui aux soldats américains qui ont fui au Canada car ils s’opposent aux invasions et occupations américaines de l’Afghanistan et de l’Irak. Lee Zaslofsky, de la Campagne d’appui aux objecteurs de conscience, a affirmé que leur campagne visait essentiellement à exiger du gouvernement canadien qu’il prévoit une « clause spéciale » pour les objecteurs de conscience américains, comme cela avait était fait « à l’époque du Viêt-Nam ».

Le premier soldat canadien à avoir refusé d’être déployé en Afghanistan, Fransisco Juarez, a aussi parlé brièvement lors de l’événement. « On nous dit de garder le cap, par une métaphore nautique douteuse, alors qu’il serait mieux de ramener le bateau chez lui et de réparer son gouvernail », a déclaré Juarez. Il a exigé un « débat plus complet » sur la mission des FAC en Afghanistan à la Chambre des communes.

À Montréal, environ trois cents personnes ont bravé une pluie battante afin de prendre part à une manifestation organisée par le Collectif Échec à la guerre. Bien que la majorité des manifestants étaient des partisans des groupes de pression formant le Collectif, l’équipe de reportage du WSWS a tout de même rencontré un grand nombre de travailleurs et de jeunes qui étaient venus à la manifestation de leur propre initiative, à cause de leur dégoût pour les crimes commis par les troupes d’occupation contre le peuple afghan.

Les organisateurs de la manifestation ont souligné la présence de Québec solidaire. Créé plus tôt cette année en tant que solution de remplacement « de gauche » au Parti québécois indépendantiste, Québec solidaire appelle au retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan, tout en appelant au même moment à une nouvelle intervention en Afghanistan sous les auspices de cet instrument malléable de l’impérialisme que sont les Nations unies.

Le Bloc québécois, le parti frère du PQ au niveau fédéral, brillait par son absence. Le BQ a cherché à s’adresser aux sentiments anti-guerre en critiquant la façon dont avait été menée l’intervention militaire canadienne. Mais il a aussi condamné l’appel du NPD à abandonner l’actuelle mission des FAC en le qualifiant « d’irresponsable ».

Dans un bref discours à la fin de la manifestation, Raymond Legault, un porte-parole pour le Collectif Échec à la guerre, a dénoncé la guerre en Afghanistan, la comparant à la guerre en Irak et la décrivant comme une « guerre pour des intérêts stratégiques et économiques complètement étrangers aux intérêts de la majorité de la population et complètement étrangers aux intérêts du Québec et des populations canadiennes ». Legault a dénoncé les atrocités commises au nom de la chasse aux terroristes et aux talibans et l’utilisation d’adolescents afghans comme boucliers humains pour les soldats canadiens.

À Montréal, comme à Toronto, il n’y avait pratiquement aucun syndicaliste à la manifestation anti-guerre. Bien que le CTC et d’autres syndicats appuient apparemment la demande de retrait des troupes des FAC de l’Afghanistan, ils n’ont clairement pas bougé le petit doigt pour mobiliser leurs membres.

A Kingston un groupe d’approximativement 60 personnes se sont rassemblé aux coins des rues Union et University pour unir leur voix en opposition aux activités impérialistes du Canada en Afghanistan.

Dans une ville abritant l’Université Queens et près de 14 000 étudiants, la faible présence des étudiants à la manifestation est significative. Plusieurs étudiants ont rapporté n’avoir vu que très peu de pamphlets annonçant la manifestation les jours précédents l’événement. Par contre, la présence des supporteurs du Canadian Action Party (CAP), un parti nationaliste canadien formé par un ancien ministre de la Défense du Parti libéral, Paul Hellyer, était évidente.

Dans un discours avant la marche vers l’Hôtel de Ville, un supporteur du CAP déplorait la perte par le Canada de son rôle traditionnel de « maintien de la paix », disant «  nous perdons l’avantage moral » que nous avions sur les États-Unis. Dans un discours à la fin de la marche, un porte-parole pour le CTC arguait que le Canada devait développer une identité indépendante dans les affaires internationales, c.-à-d., indépendante des États-Unis.  Les questions sensibles qui découlent de la guerre et qui concernent les travailleurs ont été prudemment ignorées par les différents orateurs.  Dans tous les cas, l’opposition à la guerre était uniquement dirigée contre le gouvernement conservateur, sans une mention des politiques pro-guerre des libéraux et du NPD. (Jusqu’à cet été, le NPD a ouvertement appuyé la mission afghane et continue de promouvoir l’intervention militaire canadienne dans la région du Darfour au Soudan).

Plusieurs des personnes présentes à la manifestation de Kingston se sont empressées de prendre le tract du PES et notre équipe de reporters a discuté avec certains de l’histoire de la Quatrième internationale et des implications environnementales du marxisme.

Entre 2500 et 3000 personnes ont participé à la manifestation à Vancouver. Comme à Toronto, les organisateurs de la marche ont décidé de donner le plus d’espace aux représentants du NPD, dans ce cas à Libby Davis, la députée du NPD pour la circonscription de Vancouver Est au Parlement.

Les slogans affichés sur les pancartes disaient entre autres « De l’argent pour la santé, pas pour la guerre », « Est-ce vraiment une mission pour la paix ? », « Arrêtez les attaques au pays et à l’étranger », « Laisser tomber les frais de scolarité, pas les bombes »,  « L’agression menée par l’OTAN est vouée à l’échec », « Arrêtez la machine de guerre canadienne » et « Chaque soldat mort est une autre contribution à la collecte qu’organise Harper pour devenir membre du club des vrais hommes ».

Lorsque questionnée sur le conflit afghan et l’implication du gouvernement canadien, une jeune marcheuse, Alicia, offrait le commentaire suivant,

« Ce que je n’apprécie pas c’est de voir nos troupes là-bas. Notre argent est utilisé pour une chose pour laquelle il ne devrait pas être utilisé. Il a d’autres personnes qui en ont besoin. Il y a des gens qui vivent dans la rue aujourd’hui, aujourd’hui même à Vancouver et cet argent devrait être utilisé pour ça. Alors, je veux que notre gouvernement se sensibilise et commence à donner cet argent à ceux qui en ont besoin, offre plus de logement et aide les gens à se sortir de la rue. Et qu’il retire nos troupes d’Afghanistan et qu’il ne les déploie pas en Corée. »

La déclaration du PES a également été distribuée à la manifestation contre la guerre à Fredericton au Nouveau-Brunswick.

(Article original anglais paru le 30 octobre 2006)

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