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Appel à Amnistie internationale pour qu’elle demande une enquête sur l’assassinat d’un supporteur du PES au Sri Lanka

Par notre correspondant
23 octobre 2006

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Le secrétaire général du Parti de l’égalité socialiste Wije Dias a fait parvenir une lettre au secrétaire général d’Amnistie internationale à Londres demandant que l’organisation de défense des droits de l’homme fasse pression sur le gouvernement sri-lankais pour qu’elle mène une enquête sur le meurtre du supporteur du parti Sivapragasam Mariyadas et pour qu’elle arrête et poursuive en justice les meurtriers.

Mariyadas a été tué par balle chez lui dans la ville rurale de Mullipothana dans l’est du pays le 7 août. Les suspects les plus probables pour le meurtre sont les forces de sécurité ou des milices paramilitaires tamoules qui leur seraient associées. Comme dans d’autres cas semblables de meurtres et d’enlèvements dans les zones de guerre de l’île, aucune enquête sérieuse n’a cours.

Le World Socialist Web Site et le Parti de l’égalité socialiste (PES) au Sri Lanka même une campagne internationale pour demander que le gouvernement identifie et accuse les assassins de Mariyadas. Au Sri Lanka, des réalisateurs de films bien connus, des professeurs universitaires, des artistes, des travailleurs et des jeunes ont fait parvenir des lettres de protestation au procureur général et à l’inspecteur général de la police. Près de 200 personnes ont signé une pétition demandant une enquête policière complète.

Nous publions ci-dessous le texte complet de la lettre de Wije Dias à Amnistie internationale et quelques lettres de protestation et déclarations. Nous demandons aux lecteurs du WSWS d’appuyer notre campagne.

Les lettres de protestation devront être adressées à :

Inspector General of Police Chandra Fernando,
Police Headquarters, Colombo 1, Sri Lanka.
Fax: 0094 11 2446174
Email: igp@police.lk

Attorney General K.C. Kamalasabeyson,
Attorney General’s Department,
Colombo 12, Sri Lanka.
Fax: 0094 11 2436 421

Veuillez faire parvenir une copie de vos lettres au Parti de l’égalité socialiste (Sri Lanka) et au World Socialist Web Site.

Socialist Equality Party,
P.O. Box 1270,
Colombo, Sri Lanka.
Email: wswscmb@sltnet.lk

Pour faire parvenir votre lettre au comité de rédaction du WSWS, cliquez sur lien-ci.

***

Au secrétaire général

Amnistie internationale

Madame, Monsieur,

Je vous écris pour attirer votre attention sur le meurtre d’un supporteur du Parti de l’égalité socialiste (PES) Sivapragasam Mariyadas à Mullipothana dans l’est du Sri Lanka le 7 août. Il semble, des circonstances l’entourant, que sa mort ait été un meurtre d’État, commis par l’armée ou une organisation paramilitaire tamoule qui lui est alliée. L’assassinat s’est produit au milieu d’une campagne d’enlèvements, de disparitions et d’assassinats sommaires qu’entreprend les forces gouvernementales dans des conditions de renaissance de guerre civile.

Vous êtes sans nul doute informé que trois jours seulement avant le meurtre de Mariyadas, le 4 août, 17 travailleurs de l’aide humanitaire rattachés à l’organisation française Action contre la faim (ACF) ont été tués de sang-froid à Muttur, qui se trouve à environ 30 kilomètres de Mullipothana. Le 30 août, la Mission de contrôle du Sri Lanka a officiellement statué que l’armée était responsable de ces assassinats. Ils visaient à intimider et terroriser la population tamoule locale et tout opposant des politiques chauvines et militaristes du gouvernement.

Mariyadas était bien connu dans la région de Trincomalee pour son opposition de principe à la guerre. Il était respecté tant par les Tamouls et les Cinghalais que par les musulmans. Il a été atteint à la tête et au cou par un tireur non identifié vers les 21h30 après qu’on l’ait appelé en tamoul pour qu’il se rende à la porte de sa demeure. Le tireur s’est ensuite enfui sur une moto qui l’attendait.

Alors que de lourds combats entre l’armée sri-lankaise et les Tigres de libérations de l’Eelam tamoul (LTTE) à Muttur et plus au sud à Mavilaru, la ville de Mullipothana était régulièrement patrouillée par les forces de sécurité. Les soldats ont été positionnés près de la maison de Mariyadas sur le terrain d’une école utilisée par accueillir les réfugies de Muttur. En conséquence, il aurait dû être difficile pour les tueurs de se déplacer à moto sans être contrôlés à moins qu’ils aient été connus de l’armée.

L’attitude de l’armée envers Mariyadas a été démontrée lors de ses funérailles. Des soldats positionnés à des points de contrôle des environs tentaient de décourager ceux qui s’y rendaient, surtout les Cinghalais, en calomniant Mariyadas, disant qu’il était un membre des LTTE. L’opposition politique du PES aux LTTE est bien connue au Sri Lanka. En 1998, le parti a mené une campagne internationale pour obtenir la libération de quatre membres du PES détenus pendant plus d’un mois par les LTTE à Kilinochchi parce qu’ils s’opposaient à leur perspective politique. Amnistie internationale avait émis une déclaration publique à l’époque.

Dans les deux mois qui se sont écoulés depuis le meurtre de Mariyadas, la police locale de Thambalagamuwa n’a pas réussi à entreprendre la moindre enquête sérieuse. Dans une lettre au procureur général demandant une enquête correcte, le PES a signalé les principaux manquements à la procédure : l’officier de service a déplacé le corps sans l’approbation préalable du magistrat et a activement découragé ce dernier de visiter les lieux du crime ; la police n’a pas réalisé la procédure élémentaire de prendre la déposition officielle du gardien de la maison, qui a appelé la police, ou des témoins. La prochaine comparution en cour pour cette affaire n’aura pas lieu avant le 7 décembre.

Comme vous le savez, il est courant pour la police de ne pas entreprendre d’enquête dans les cas où les forces de sécurité sont impliquées dans des zones de combat au Sri Lanka. Une déclaration d’Amnistie internationale du 16 mai signalait ses préoccupations devant l’augmentation du nombre des civils tués. Elle donnait en exemple le meurtre d’au moins 18 civils dans les îles de Kayts ou leurs environs les 13 et 14 mai et déclarait que l’organisation avait en sa possession des rapports crédibles que des marins et des cadres armées associés au Parti démocratique des peuples de l’Eelam (EPDP) étaient responsables.

La conclusion à laquelle est arrivée Amnistie internationale était particulièrement pertinente. Après avoir pris note de l’annonce d’une enquête par le gouvernement, la déclaration suivante fut faite : « Amnistie internationale accueille ces premières mesures, mais fait remarquer que le gouvernement a une troublante tendance à effectuer des enquêtes incomplètes ou inefficaces, avec pour résultat que les responsables de telles violences agissent généralement en toute impunité. Selon le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que le Sri Lanka a signé, le gouvernement doit mener une enquête indépendante, impartiale et efficace sur tous les meurtres ; les résultats de ces enquêtes devraient être rendus publics ; et les responsables de ces attaques doivent être jugés. »   

Depuis mai, beaucoup d’autres meurtres et enquêtes policières inefficaces pourraient être ajoutés à la liste. Le PES et ses partis frères à travers le monde mènent actuellement une campagne internationale, par l’entremise du World Socialist Web Site, pour exiger que les autorités sri-lankaises trouvent et engagent des poursuites judiciaires contre les assassins. Nous considérons nos efforts comme étant essentiels pour porter un coup politique contre la violence d’État qui augmente et la culture d’impunité, appuyée par le gouvernement, qui l’entoure.

Nous incitons Amnistie internationale à émettre une déclaration publique condamnant le meurtre de Mariyadas et à utiliser son influence pour forcer le gouvernement à mener une enquête publique efficace qui identifiera, arrêtera et poursuivra en justice ses assassins.

Si d’autres informations vous étaient nécessaires, n’hésitez surtout pas à me contacter.

Veuillez agréer l’expression de mes salutations distinguées,

Wije Dias

***

Messieurs,

En lisant le World Socialist Web Site au sujet du meurtre de Sivapragasam Mariyadas, je me suis senti obligé en tant que socialiste allemand de protester contre l’inactivité des autorités sri-lankaises dans l’enquête pour retrouver le meurtrier de Sivapragasam Mariyadas. D’après les circonstances entourant l’affaire, il semble évident que les forces de sécurité sri-lankaises ont directement participé à ce crime, car il s’est déroulé dans une zone directement sous leur contrôle.

Jusqu’à maintenant, les représentants de l’État ont présenté Sivapragasam Mariyadas comme un membre ou un partisan des LTTE. Mais ce n’est que calomnie, car Sivapragasam Mariyadas a appuyé durant des années les politiques du Parti de l’égalité socialiste, qui sont véritablement opposées à la perspective nationaliste des LTTE. Le PES lutte pour l’unification des travailleurs cingalais, tamouls et musulmans pour un Sri Lanka et une Inde socialistes.

Le meurtre de Sivapragasam Mariyadas doit être vu comme faisant partie du projet des forces politiques et étatiques réactionnaires visant à renouveler la politique désastreuse de la guerre civile, qui ravage le pays depuis beaucoup trop longtemps déjà. Toute opposition à ce parcours subira l’intimidation.

J’appuie la politique du PES de mobiliser toutes les sections de la classe ouvrière sri-lankaise sur la base d’un programme internationaliste contre les visées racistes et réactionnaires des élites dirigeantes du Sri Lanka.

J’exige qu’une enquête complète soit faite sur le meurtre de Sivapragasam Mariyadas.

Helmut Arens,

Francfort, Allemagne

***

Plusieurs personnes ont donné des entrevues durant la campagne de pétition du SEP au Sri Lanka pour demander la tenue d’une enquête complète dans le meurtre de Mariyadas.

Tharaka Amaratunge, un vendeur de poisson a dit: « Mariyadas a été assassiné parce qu’il était opposé à la guerre. La campagne lancée pour dénoncer le meurtre est très importante pour protéger les droits démocratiques de peuple.  

«  Les médias sri-lankais soutiennent les forces chauvinistes et ne disent pas la vérité. Le gouvernement dit de manière rhétorique que les militaires sont engagés dans une action défensive.  La guerre est mauvaise pour la vie du peuple. Ça affecte le peuple au Nord, à l’Est et dans d’autres régions également. 

« Nous ne pouvons supporter le prix croissant des biens essentiels. Une bouteille de kérosène coûte maintenant 44 roupies. Nous avons besoin d’une bouteille chaque nuit (pour les lampes).  Un morceau de pain coûte 24 roupies. Nous ne trouvons pas de travail tous les jours. Comment les gens pauvres peuvent-ils supporter le coût de la vie élevé dans ce pays ?

 « Les pêcheurs souffrent beaucoup. Il a des vents forts actuellement. Les gens ne peuvent pêcher qu’une saison par année. Mon travail est de vendre du poisson aux gens, mais parfois les familles n’ont pas d’argent pour l’acheter.

« Maintenant l’UNP [United National Party, dans l’opposition] et le SLFP [Sri Lanka Freedom Party, au pouvoir], les deux principaux partis, vont se joindre. Ils vont imposer plus d’attaques contre le peuple. Sous le règne des partis capitalistes, les gens ne peuvent pas trouver de réponses à leurs problèmes. »

Kokila Amaratunga, un travailleur de la construction, a condamné le meurtre de Mariyadas. « J’ai [aussi] condamné l’assassinat de 10 musulmans à Pottuvil et tous les autres assassinats du même genre ailleurs dans le pays. Cette guerre a été déclenchée pour protéger l’État pas le peuple. Ce n’est pas notre guerre. Nous ne voulons pas cette guerre. Je suis aussi opposé aux politiques du LTTE.  Maintenant des centaines de milliers de personnes ont été déplacées. »

(Article original publié le 16 octobre 2006)

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