Le secrétaire général du Parti de l’égalité
socialiste Wije Dias a fait parvenir une lettre au secrétaire général d’Amnistie
internationale à Londres demandant que l’organisation de défense des droits de
l’homme fasse pression sur le gouvernement sri-lankais pour qu’elle mène une
enquête sur le meurtre du supporteur du parti Sivapragasam Mariyadas et pour qu’elle
arrête et poursuive en justice les meurtriers.
Mariyadas a été tué par balle chez lui dans
la ville rurale de Mullipothana dans l’est du pays le 7 août. Les suspects les
plus probables pour le meurtre sont les forces de sécurité ou des milices
paramilitaires tamoules qui leur seraient associées. Comme dans d’autres cas
semblables de meurtres et d’enlèvements dans les zones de guerre de l’île,
aucune enquête sérieuse n’a cours.
Le World Socialist Web Site et le
Parti de l’égalité socialiste (PES) au Sri Lanka même une campagne internationale
pour demander que le gouvernement identifie et accuse les assassins de Mariyadas.
Au Sri Lanka, des réalisateurs de films bien connus, des professeurs
universitaires, des artistes, des travailleurs et des jeunes ont fait parvenir
des lettres de protestation au procureur général et à l’inspecteur général de
la police. Près de 200 personnes ont signé une pétition demandant une enquête
policière complète.
Nous publions ci-dessous le texte complet
de la lettre de Wije Dias à Amnistie internationale et quelques lettres de
protestation et déclarations. Nous demandons aux lecteurs du WSWS d’appuyer
notre campagne.
Les lettres de protestation devront être adressées à :
Inspector General of Police Chandra Fernando,
Police Headquarters, Colombo 1, Sri Lanka.
Fax: 0094 11 2446174
Email: igp@police.lk
Attorney General K.C. Kamalasabeyson,
Attorney General’s Department,
Colombo 12, Sri Lanka. Fax: 0094 11 2436 421
Veuillez faire parvenir une copie de vos lettres au Parti de l’égalité
socialiste (Sri Lanka) et au World Socialist Web Site.
Pour faire parvenir votre lettre au comité de rédaction du WSWS, cliquez sur
lien-ci.
***
Au secrétaire général
Amnistie internationale
Madame, Monsieur,
Je vous écris pour attirer votre attention
sur le meurtre d’un supporteur du Parti de l’égalité socialiste (PES) Sivapragasam
Mariyadas à Mullipothana dans l’est du Sri Lanka le 7 août. Il semble, des
circonstances l’entourant, que sa mort ait été un meurtre d’État, commis par l’armée
ou une organisation paramilitaire tamoule qui lui est alliée. L’assassinat s’est
produit au milieu d’une campagne d’enlèvements, de disparitions et d’assassinats
sommaires qu’entreprend les forces gouvernementales dans des conditions de
renaissance de guerre civile.
Vous êtes sans nul doute informé que trois
jours seulement avant le meurtre de Mariyadas, le 4 août, 17 travailleurs de l’aide
humanitaire rattachés à l’organisation française Action contre la faim (ACF)
ont été tués de sang-froid à Muttur, qui se trouve à environ 30 kilomètres de
Mullipothana. Le 30 août, la Mission de contrôle du Sri Lanka a officiellement
statué que l’armée était responsable de ces assassinats. Ils visaient à
intimider et terroriser la population tamoule locale et tout opposant des
politiques chauvines et militaristes du gouvernement.
Mariyadas était bien connu dans la région
de Trincomalee pour son opposition de principe à la guerre. Il était respecté tant
par les Tamouls et les Cinghalais que par les musulmans. Il a été atteint à la
tête et au cou par un tireur non identifié vers les 21h30 après qu’on l’ait appelé
en tamoul pour qu’il se rende à la porte de sa demeure. Le tireur s’est ensuite
enfui sur une moto qui l’attendait.
Alors que de lourds combats entre l’armée sri-lankaise
et les Tigres de libérations de l’Eelam tamoul (LTTE) à Muttur et plus au sud à
Mavilaru, la ville de Mullipothana était régulièrement patrouillée par les
forces de sécurité. Les soldats ont été positionnés près de la maison de Mariyadas
sur le terrain d’une école utilisée par accueillir les réfugies de Muttur. En
conséquence, il aurait dû être difficile pour les tueurs de se déplacer à moto
sans être contrôlés à moins qu’ils aient été connus de l’armée.
L’attitude de l’armée envers Mariyadas a
été démontrée lors de ses funérailles. Des soldats positionnés à des points de
contrôle des environs tentaient de décourager ceux qui s’y rendaient, surtout
les Cinghalais, en calomniant Mariyadas, disant qu’il était un membre des LTTE.
L’opposition politique du PES aux LTTE est bien connue au Sri Lanka. En 1998,
le parti a mené une campagne internationale pour obtenir la libération de
quatre membres du PES détenus pendant plus d’un mois par les LTTE à Kilinochchi
parce qu’ils s’opposaient à leur perspective politique. Amnistie internationale
avait émis une déclaration publique à l’époque.
Dans les deux mois qui se sont écoulés
depuis le meurtre de Mariyadas, la police locale de Thambalagamuwa n’a pas
réussi à entreprendre la moindre enquête sérieuse. Dans une lettre au procureur
général demandant une enquête correcte, le PES a signalé les principaux
manquements à la procédure : l’officier de service a déplacé le corps sans
l’approbation préalable du magistrat et a activement découragé ce dernier de
visiter les lieux du crime ; la police n’a pas réalisé la procédure
élémentaire de prendre la déposition officielle du gardien de la maison, qui a
appelé la police, ou des témoins. La prochaine comparution en cour pour cette
affaire n’aura pas lieu avant le 7 décembre.
Comme vous le savez, il est courant pour la
police de ne pas entreprendre d’enquête dans les cas où les forces de sécurité
sont impliquées dans des zones de combat au Sri Lanka. Une déclaration d’Amnistie
internationale du 16 mai signalait ses préoccupations devant l’augmentation du
nombre des civils tués. Elle donnait en exemple le meurtre d’au moins 18 civils
dans les îles de Kayts ou leurs environs les 13 et 14 mai et déclarait que l’organisation
avait en sa possession des rapports crédibles que des marins et des cadres
armées associés au Parti démocratique des peuples de l’Eelam (EPDP) étaient
responsables.
La conclusion à laquelle est arrivée Amnistie
internationale était particulièrement pertinente. Après avoir pris note de
l’annonce d’une enquête par le gouvernement, la déclaration suivante fut
faite : « Amnistie internationale accueille ces premières mesures,
mais fait remarquer que le gouvernement a une troublante tendance à effectuer
des enquêtes incomplètes ou inefficaces, avec pour résultat que les
responsables de telles violences agissent généralement en toute impunité. Selon
le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que le Sri
Lanka a signé, le gouvernement doit mener une enquête indépendante, impartiale
et efficace sur tous les meurtres ; les résultats de ces enquêtes
devraient être rendus publics ; et les responsables de ces attaques
doivent être jugés. »
Depuis mai, beaucoup d’autres meurtres et enquêtes
policières inefficaces pourraient être ajoutés à la liste. Le PES et ses partis
frères à travers le monde mènent actuellement une campagne internationale, par
l’entremise du World Socialist Web Site, pour exiger que les autorités sri-lankaises
trouvent et engagent des poursuites judiciaires contre les assassins. Nous
considérons nos efforts comme étant essentiels pour porter un coup politique
contre la violence d’État qui augmente et la culture d’impunité, appuyée par le
gouvernement, qui l’entoure.
Nous incitons Amnistie internationale à émettre une
déclaration publique condamnant le meurtre de Mariyadas et à utiliser son
influence pour forcer le gouvernement à mener une enquête publique efficace qui
identifiera, arrêtera et poursuivra en justice ses assassins.
Si d’autres informations vous étaient nécessaires,
n’hésitez surtout pas à me contacter.
Veuillez agréer l’expression de mes salutations
distinguées,
Wije Dias
***
Messieurs,
En lisant le World Socialist Web Site au sujet du
meurtre de Sivapragasam Mariyadas, je me suis senti obligé en tant que
socialiste allemand de protester contre l’inactivité des autorités sri-lankaises
dans l’enquête pour retrouver le meurtrier de Sivapragasam Mariyadas. D’après
les circonstances entourant l’affaire, il semble évident que les forces de
sécurité sri-lankaises ont directement participé à ce crime, car il s’est
déroulé dans une zone directement sous leur contrôle.
Jusqu’à maintenant, les représentants de l’État ont
présenté Sivapragasam Mariyadas comme un membre ou un partisan des LTTE. Mais
ce n’est que calomnie, car Sivapragasam Mariyadas a appuyé durant des années
les politiques du Parti de l’égalité socialiste, qui sont véritablement
opposées à la perspective nationaliste des LTTE. Le PES lutte pour
l’unification des travailleurs cingalais, tamouls et musulmans pour un Sri
Lanka et une Inde socialistes.
Le meurtre de Sivapragasam Mariyadas doit être vu comme
faisant partie du projet des forces politiques et étatiques réactionnaires
visant à renouveler la politique désastreuse de la guerre civile, qui ravage le
pays depuis beaucoup trop longtemps déjà. Toute opposition à ce parcours subira
l’intimidation.
J’appuie la politique du PES de mobiliser toutes les
sections de la classe ouvrière sri-lankaise sur la base d’un programme
internationaliste contre les visées racistes et réactionnaires des élites
dirigeantes du Sri Lanka.
J’exige qu’une enquête complète soit faite sur le meurtre
de Sivapragasam Mariyadas.
Helmut Arens,
Francfort, Allemagne
***
Plusieurs personnes ont donné des entrevues durant la
campagne de pétition du SEP au Sri Lanka pour demander la tenue d’une enquête
complète dans le meurtre de Mariyadas.
Tharaka Amaratunge, un vendeur de poisson a dit: « Mariyadas
a été assassiné parce qu’il était opposé à la guerre. La campagne lancée pour
dénoncer le meurtre est très importante pour protéger les droits démocratiques
de peuple.
« Les médias sri-lankais soutiennent les forces
chauvinistes et ne disent pas la vérité. Le gouvernement dit de manière
rhétorique que les militaires sont engagés dans une action défensive. La
guerre est mauvaise pour la vie du peuple. Ça affecte le peuple au Nord, à l’Est
et dans d’autres régions également.
« Nous ne pouvons supporter le prix croissant des
biens essentiels. Une bouteille de kérosène coûte maintenant 44 roupies. Nous
avons besoin d’une bouteille chaque nuit (pour les lampes). Un morceau de pain
coûte 24 roupies. Nous ne trouvons pas de travail tous les jours. Comment les
gens pauvres peuvent-ils supporter le coût de la vie élevé dans ce pays ?
« Les pêcheurs souffrent
beaucoup. Il a des vents forts actuellement. Les gens ne
peuvent pêcher qu’une saison par année. Mon travail est de vendre du poisson
aux gens, mais parfois les familles n’ont pas d’argent pour l’acheter.
« Maintenant l’UNP [United National Party, dans l’opposition]
et le SLFP [Sri Lanka Freedom Party, au pouvoir], les deux principaux partis,
vont se joindre. Ils vont imposer plus d’attaques contre le peuple. Sous le
règne des partis capitalistes, les gens ne peuvent pas trouver de réponses à
leurs problèmes. »
Kokila Amaratunga, un travailleur de la construction, a
condamné le meurtre de Mariyadas. « J’ai [aussi] condamné l’assassinat de
10 musulmans à Pottuvil et tous les autres assassinats du même genre ailleurs
dans le pays. Cette guerre a été déclenchée pour protéger l’État pas le peuple.
Ce n’est pas notre guerre. Nous ne voulons pas cette guerre. Je suis aussi
opposé aux politiques du LTTE. Maintenant des centaines de milliers de
personnes ont été déplacées. »