WSWS : Nouvelles et analyses : États-Unis
Vingt-cinq ans après le licenciement en masse des 12 000 membres en grève de la PATCO (organisation des contrôleurs aériens professionnels) effectué par l’administration Reagan en août 1981, le gouvernement américain s’apprête à imposer des concessions drastiques aux travailleurs des tours de contrôle des aéroports du pays.
La FAA (agence fédérale de l’aviation) menace en effet de commencer à mettre en application le contenu d’une nouvelle « entente » qu’elle a imposée en juin suite à la rupture des négociations avec NATCA (association nationale des contrôleurs aériens). Cette nouvelle entente comprend des compressions drastiques dans les salaires et les bénéfices des quelques 14 000 contrôleurs aériens.
Les termes de la FAA comprennent des changements de classifications pouvant entraîner des compressions salariales allant jusqu’à 30 pour cent pour les nouveaux contrôleurs. Le contrat modifie également les règles de travail, ce qui se traduit par plus d'heures de travail pour un salaire identique, sinon moindre, pour les contrôleurs.
La FAA a mis fin aux mutations des contrôleurs aériens des petites installations de contrôle vers les plus grandes que l’on appelle les TRACON (centres de contrôle radar). Selon l'entente précédente, lorsqu’un contrôleur quittait une installation à faible volume de circulation pour aller travailler dans une installation à grand volume de vols, il était éligible à une augmentation salariale significative. La FAA veut maintenant changer ces règles pour forcer les contrôleurs demandant des mutations à recommencer au bas de l’échelle salariale.
Le manque de personnel chronique, l’objet du litige même qui avait provoqué l’épreuve de force historique avec l’administration Reagan, est à nouveau la question centrale. Pour sa part, la FAA prétend que les contrôleurs abusent du système des heures supplémentaires.
La FAA a récemment imposé des changements dans les règles de travail de sept des plus importants TRACON. Ces modifications obligent les contrôleurs à travailler plus longtemps et sans pauses. Les nouvelles règles interdisent en effet aux superviseurs d’accorder des périodes de repos supplémentaires pour les contrôleurs gérant des tâches exceptionnellement difficiles. Selon un représentant syndical de New York, «on avait droit à une heure de repas le midi, maintenant on n’a plus que 25 minutes dans le meilleur des cas. Pareillement, la période de repos d’une demi-heure est devenue une pause de 20 minutes tout au plus».
Ces changements n’aident en rien à améliorer la sécurité ou l’efficacité. Bien au contraire, la sécurité est minée plus que jamais compte tenu des niveaux de stress plus élevés. La création de conditions intolérables dans les tours semble être une stratégie pour pousser les contrôleurs d’expérience les mieux payés vers une retraite anticipée de façon à pouvoir les remplacer par de nouvelles recrues substantiellement moins coûteuses tant en salaires qu’en bénéfices.
Compte tenu des hauts niveaux de stress associés à l’emploi, les contrôleurs de la circulation aérienne sont obligés de prendre leur retraite à 56 ans. Les contrôleurs peuvent avoir en effet plus de deux douzaines d’avions en même temps sur leur écran radar, et ils doivent être en mesure de prendre des décisions rapides de vie ou de mort. Les règles de la FAA requièrent que les nouveaux contrôleurs soient âgés de moins de 31 ans.
Les termes du contrat de la FAA comprennent pour quelques 2 milliards $ de concessions. Les négociations contractuelles, qui se sont étirées de juillet 2005 à avril 2006, n’étaient rien de plus qu’une farce. La FAA a en effet catégoriquement refusé de reculer sur la moindre de ses demandes tandis que la direction de la NATCA n’a pas cessé de reculer pour sa part pour finalement offrir des concessions totalisant 1,4 milliard $.
L’entente précédente signée en 2003 augmentait le nombre de contrôleurs aériens dont la paye était reliée au rendement, notamment les arrivées à l’heure. La FAA et le Congrès ont rejeté toutes demandes d’embauche supplémentaires pour palier aux charges de travail plus lourdes.
Le syndicat soutient que les demandes de la FAA sont destinées à paver la voie à la privatisation du système de contrôle de la circulation aérienne. Des gestes en ce sens on déjà été posés. En 2005, l’administration Bush a octroyé un contrat de 1,9 milliard $ à Lockheed Martin pour l’exploitation de stations de vol automatisées gérant les briefings météo aux pilotes. Cette privatisation a provoqué une fermeture massive de centres de vol et l’élimination de quelques 2 000 emplois. En juin dernier, la NAATS (association nationale de spécialistes du trafic aérien) a essuyé un vote de désaccréditation. Lockheed Martin a refusé de reconnaître la NAATS, malgré le contrat en cours avec la FAA.
Face à ces attaques, la stratégie de la NAATS comme de la NATCA a été de faire du lobbying au Congrès pour qu’il intervienne.
La frustration croissante des contrôleurs aériens face à la politique de leur syndicat s’est manifestée lors de la récente élection de Pat Forrey à la tête de la NATCA. Il vient remplacer John Carr qui détenait ce poste depuis les six dernières années. Forrey a toutefois indiqué qu’il continuerait dans la même voie que son prédécesseur.
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