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PATCO 25 ans plus tard
Les contrôleurs aériens américains subissent de nouveaux assauts
Par Shannon Jones
18 août 2006
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Vingt-cinq ans après le licenciement en masse des 12 000
membres en grève de la PATCO (organisation des contrôleurs aériens
professionnels) effectué par l’administration Reagan en août 1981, le
gouvernement américain s’apprête à imposer des concessions drastiques aux
travailleurs des tours de contrôle des aéroports du pays.
La FAA (agence fédérale de l’aviation) menace en effet de
commencer à mettre en application le contenu d’une nouvelle
« entente » qu’elle a imposée en juin suite à la rupture des
négociations avec NATCA (association nationale des contrôleurs aériens). Cette
nouvelle entente comprend des compressions drastiques dans les salaires et les
bénéfices des quelques 14 000 contrôleurs aériens.
Les termes de la FAA comprennent des changements de
classifications pouvant entraîner des compressions salariales allant jusqu’à 30
pour cent pour les nouveaux contrôleurs. Le contrat modifie également les
règles de travail, ce qui se traduit par plus d'heures de travail pour un
salaire identique, sinon moindre, pour les contrôleurs.
La FAA a mis fin aux mutations des contrôleurs aériens des petites
installations de contrôle vers les plus grandes que l’on appelle les TRACON
(centres de contrôle radar). Selon l'entente précédente, lorsqu’un contrôleur
quittait une installation à faible volume de circulation pour aller travailler
dans une installation à grand volume de vols, il était éligible à une
augmentation salariale significative. La FAA veut maintenant changer ces règles
pour forcer les contrôleurs demandant des mutations à recommencer au bas de
l’échelle salariale.
Le manque de personnel chronique, l’objet du litige même qui
avait provoqué l’épreuve de force historique avec l’administration Reagan, est
à nouveau la question centrale. Pour sa part, la FAA prétend que les
contrôleurs abusent du système des heures supplémentaires.
La FAA a récemment imposé des changements dans les règles de
travail de sept des plus importants TRACON. Ces modifications obligent les
contrôleurs à travailler plus longtemps et sans pauses. Les nouvelles règles
interdisent en effet aux superviseurs d’accorder des périodes de repos
supplémentaires pour les contrôleurs gérant des tâches exceptionnellement
difficiles. Selon un représentant syndical de New York, «on avait droit à une
heure de repas le midi, maintenant on n’a plus que 25 minutes dans le meilleur
des cas. Pareillement, la période de repos d’une demi-heure est devenue une
pause de 20 minutes tout au plus».
Ces changements n’aident en rien à améliorer la sécurité ou
l’efficacité. Bien au contraire, la sécurité est minée plus que jamais compte
tenu des niveaux de stress plus élevés. La création de conditions intolérables
dans les tours semble être une stratégie pour pousser les contrôleurs
d’expérience les mieux payés vers une retraite anticipée de façon à pouvoir les
remplacer par de nouvelles recrues substantiellement moins coûteuses tant en
salaires qu’en bénéfices.
Compte tenu des hauts niveaux de stress associés à l’emploi,
les contrôleurs de la circulation aérienne sont obligés de prendre leur
retraite à 56 ans. Les contrôleurs peuvent avoir en effet plus de deux
douzaines d’avions en même temps sur leur écran radar, et ils doivent être en
mesure de prendre des décisions rapides de vie ou de mort. Les règles de la FAA
requièrent que les nouveaux contrôleurs soient âgés de moins de 31 ans.
Les termes du contrat de la FAA comprennent pour quelques 2
milliards $ de concessions. Les négociations contractuelles, qui se sont
étirées de juillet 2005 à avril 2006, n’étaient rien de plus qu’une farce. La
FAA a en effet catégoriquement refusé de reculer sur la moindre de ses demandes
tandis que la direction de la NATCA n’a pas cessé de reculer pour sa part pour
finalement offrir des concessions totalisant 1,4 milliard $.
L’entente précédente signée en 2003 augmentait le nombre de
contrôleurs aériens dont la paye était reliée au rendement, notamment les
arrivées à l’heure. La FAA et le Congrès ont rejeté toutes demandes d’embauche
supplémentaires pour palier aux charges de travail plus lourdes.
Le syndicat soutient que les demandes de la FAA sont destinées
à paver la voie à la privatisation du système de contrôle de la circulation
aérienne. Des gestes en ce sens on déjà été posés. En 2005, l’administration
Bush a octroyé un contrat de 1,9 milliard $ à Lockheed Martin pour
l’exploitation de stations de vol automatisées gérant les briefings météo aux
pilotes. Cette privatisation a provoqué une fermeture massive de centres de vol
et l’élimination de quelques 2 000 emplois. En juin dernier, la NAATS
(association nationale de spécialistes du trafic aérien) a essuyé un vote de
désaccréditation. Lockheed Martin a refusé de reconnaître la NAATS, malgré le
contrat en cours avec la FAA.
Face à ces attaques, la stratégie de la NAATS comme de la
NATCA a été de faire du lobbying au Congrès pour qu’il intervienne.
La frustration croissante des contrôleurs aériens face
à la politique de leur syndicat s’est manifestée lors de la récente
élection de Pat Forrey à la tête de la NATCA. Il vient remplacer John Carr qui
détenait ce poste depuis les six dernières années. Forrey a toutefois indiqué
qu’il continuerait dans la même voie que son prédécesseur.
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