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La création de l'opposition «démocratique» en Ukrainepar Justus Leicht Utilisez cette version pour imprimer Si l'on devait croire les médias occidentaux, on conclurait que le mouvement d'opposition ukrainienne s'est développé de façon indépendante en tant que résultat d'un mouvement populaire spontané pour la liberté et la démocratie contre un régime corrompu. En vérité, la couverture des événements récents par les médias a été caractérisée par une absence de journalisme critique. Pratiquement aucune agence médiatique ne s'est donné la peine de faire enquête sur les créateurs des soi-disant «mouvements pour la démocratie» ou sur la nature de leur programme politique. Les forces dirigeantes du mouvement d'opposition, elles, ne cachent pas qui les appuient. Toute l'information est sur leurs sites Internet. On se rend vite compte, en considérant les organisations qui y participent, que le mouvement n'est pas né spontanément. Un réseau de droitistes néo-libéraux, établi en grande partie par des organisations américaines a exploité l'insatisfaction généralisée envers le régime autoritaire du président Leonid Kuchma pour mettre en oeuvre un plan préparé longtemps à l'avance. Le but était de placer plus fermement l'Ukraine sous le contrôle des États-Unis et d'ouvrir davantage le pays au capital international. Le groupe d'opposition le plus actif est le réseau Pora («Le temps est venu»). Il consiste surtout d'un groupe d'étudiants universitaires et a une influence considérable dans l'organisation de manifestations, de concerts de rock et d'autres événements contre le camp du gouvernement et de son candidat présidentiel, Viktor Yanukovich. Le réseau Pora se décrit comme étant né de la décision de la «Coalition pour la liberté du choix», un regroupement d'organisations non-gouvernementales ukrainiennes «de créer un vaste réseau de volontaires pour mener une campagne nationale d'information et d'éducation visant à protéger les droits des citoyens lors des élections». Le réseau Pora se réfère expressément aux «activités couronnées de succès des réseaux de volontaires» en Serbie («Otpor» en 2000), en Georgie («Khmara» en 2003) et dans d'autres pays. Le réseau Pora affirme fièrement qu'il a reçu des conseils de ces groupes. «Liberté de choix» est une coalition fondée en 1999, regroupant apparemment plus de trois cents différents groupes. Selon ses propres sources, elle est appuyée par les institutions suivantes : les ambassades des États-Unis, de la Grande-Bretagne et du Canada; le National Democratic Institute, présidé par l'ex-secrétaire d'État des États-Unis (sous Clinton) Madeleine Albright; la International Renaissance Foundation (IRF), ramification ukrainienne de l'Open Society Institute financé par George Soros; l'Eurasia Foundation, également financée par Soros et par le gouvernement des États-Unis; la Banque mondiale; l'Organization for Security and Cooperation in Europe; l'Agency for International Development des États-Unis; la Freedom House, présidée par l'ex-directeur de la CIA James Woolsey; et l'organisation de droite Konrad Adenauer Institute de l'Union démocrate-chrétienne allemande. Le néo-libéralisme est le modèle politique défendu par le réseau Pora. Cette organisation loue le règne bref de Viktor Yushchenko en tant que premier ministre d'Ukraine parce qu'il a pris des mesures pour ouvrir le pays aux capitaux internationaux et qu'il a appliqué un programme radical de privatisation. Pora déclare : «Pendant la brève période où le gouvernement a été au pouvoir, l'équipe de réformateurs en 2000 a provoqué une réduction de l'économie souterraine et contribué à l'établissement d'un accès égal au marché ukrainien non seulement pour les entreprises russes, mais aussi pour les entreprises occidentales. De plus, l'Ukraine a augmenté ses liens de coopération euroatlantique et a ajusté ses relations d'affaires avec la Russie (en particulier, en ce qui concerne le transport des ressources énergétiques).» Les membres et les militants les plus connus du réseau Pora ont reçu une formation de spécialistes des États-Unis. Un rapport rédigé par la Fondation de Jamestown, centre d'études et de recherche dont le comité exécutif comprend James Woolsey et l'ex-conseiller en sécurité nationale des États-Unis (sous le président Jimmy Carter) Zbigniew Brzezinski, affirme : «L'Otpor a entraîné des membres du réseau Pora sous les auspices du programme Citizen Participation in Elections in Ukraine (CPEU), dirigé par la Freedom House, le National Democratic Institute et l'International Republican Institute et financé par l'Agency for International Development, une organisation basée aux États-Unis.» En 2000, l'organisation serbe Otpor a organisé des manifestations qui ont conduit à la chute de Slobodan Milosevic. Aujourd'hui, la même organisation est utilisée pour provoquer le changement de régime en Ukraine, appuyée par un institut proche du Parti démocrate américain et un autre proche du Parti républicain et financé par une agence du gouvernement états-unien. Le Centre pour l'éducation politique et le Centre ukrainien pour une recherche politique indépendante ont également formé des militants politiques du «mouvement pour la démocratie». Le Centre pour l'éducation politique reconnaît qu'il collabore avec l'Association des jeunes entrepreneurs d'Ukraine et avec l'International Republican Institute dirigé par le Parti républicain, alors que, selon ses propres déclarations, le Centre ukrainien pour une recherche politique indépendante a été financé pendant de nombreuses années par l'American National Endowment for Democracy, par l'IRF de George Soros et par les gouvernements britannique et canadien. En plus des militants de l'opposition, nombre d'observateurs aux élections ont également été financés par les institutions américaines. Cela devrait suffire à prouver leur manque total d'impartialité lors des élections ukrainiennes. Un grand nombre d'entre eux ont été organisés par le Comité des électeurs d'Ukraine (CEU), sous la présidence d'Igor Popov et par l'organisation Nouveau Choix-2004. Cette dernière a été fondée par le CEU et développée par l'IRF de Soros. Les forces dirigeantes qui se cachent derrière le CEU sont la Eurasia Foundation et le National Democratic Institute. En février de cette année, Nouveau Choix-2004 a tenu une réunion de travail avec Madeleine Albright. Selon ses propres chiffres, depuis 1990, la International Renaissance Foundation (IRF) a injecté plus de 50 millions de dollars dans la construction de diverses organisations non gouvernementales ukrainiennes. Au cours des quelques dernières années, l'IRF avoue avoir soutenu des organisations non gouvernementales en versant plus de 5 millions de dollars par an. Il n'est pas étonnant que les sondages avant les élections, qui avaient montré une nette avance du candidat de l'opposition Yushchenko immédiatement après la fermeture des bureaux de vote, aient été financés par les mêmes sources. Les sondages ont été réalisés par la Fondation pour des initiatives démocratiques et financés conjointement par le Centre de Razumkov pour la Fondation nationale pour la démocratie (financée par l'IRF) et par l'Institut international de sociologie de Kyiv, La Fondation pour des initiatives démocratiques est affiliée à Nouveau Choix-2004 et au Mouvement mondial pour la démocratie, création de la Fondation nationale pour la démocratie. L'un de leurs plus récents projets a été d'appuyer les tentatives de renverser le gouvernement de Hugo Chavez au Venezuela. Les sondages tenus à la sortie des bureaux de scrutin ont eux aussi été financés par l'IRF, la Eurasia Foundation et les ambassades des États-Unis, de la Grande-Bretagne, du Canada, des Pays-Bas, de la Suède, de la Norvège, du Danemark et de la Suisse. Le fait que ceux qui ont organisé les sondages électoraux
et ont été des observateurs aux élections
aient été financés par les forces qui ont
subventionné l'opposition et ont soutenu la campagne de
leur candidat réduit à néant leur prétention
d'impartialité. Qu'il y ait eu fraude, et de bonnes raisons
permettent de croire qu'il y a eu trucage d'un côté
comme de l'autre, toute l'élection et ce qui en a suivi
ont été un exercice grotesque en matière
de manipulation et de provocation des États-Unis et de
l'Europe. La tentative des dirigeants d'opposition et de leurs
appuis occidentaux de se draper du manteau de «la démocratie»
ne peut mériter que du mépris. En tout cas, aucune
des réclamations faites par le camp de l'opposition ne
peut être acceptée comme de l'argent sonnant. Voir aussi :
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