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France: des millions de salariés manifestent et font la grève pour défendre leurs retraitesPar Antoine Lerougetel Utilisez cette version pour imprimer La France a vécu aujourd'hui les plus grandes mobilisations de travailleurs depuis les grèves de masse de 1995 qui obligèrent le premier ministre Alain Juppé à reculer sur ses attaques contre les retraites et la sécurité sociale et qui provoquèrent la chute précipitée de son gouvernement aux élections anticipées de 1997. L'action, qui est officiellement une journée de grève à l'appel de toutes les fédérations et confédérations syndicales, continuera comme grève illimitée pour beaucoup de salariés. Selon la CGT (Confédération du travail) 2 millions de manifestants battaient le pavé de 115 villes de France aujourd'hui pour s'opposer au projet du gouvernement de droite français d'imposer des diminutions draconiennes des retraites de salariés du public et du privé. Des défilés géants de travailleur ont manifesté avec les banderoles et les drapeaux de leur syndicat. Les cortèges les plus nourris s'identifiaient à la CGT et à Force Ouvrière mais il y avait aussi de gros cortèges de la CFDT et de SUD et la FSU. Beaucoup de non syndiqués aussi ont fait grève et manifesté. Beaucoup de manifestants d'Ile de France à une certaine distance de Paris sont venus en cars affrétés qui commencèrent à arriver à 8.30h pour la manifestation parisienne qui devait partir de la place de la République à 11h. A 18h les 250 000 manifestants, selon les annonces, étaient toujours dans les rues de la capitale. 200 000 ont manifesté à Marseilles. Des équipes de sympathisants du WSWS ont distribué
des milliers d'exemplaires de la déclaration du WSWS La
défense des retraites nécessite un mouvement à
échelle mondiale contre le système capitaliste
à Paris et à Amiens. Elle reçut un bon
accueil surtout chez les lycéens, les étudiant
et les jeunes travailleurs dont plusieurs ont dit qu'ils sont
lecteurs du World Socialist Web Site. Il n'y a presque pas de transport en commun à Paris: un bus sur cinq fonctionne. Beaucoup de lignes de métro n'ont pas de desserte et là où il y en a elle est minimale. Dans15 villes de province, dont Bordeaux, Dijon et Nice les transports urbains sont totalement paralysés et fonctionnent à moins de 50% dans une cinquantaine d'autres. L'appel à la grève des contrôleurs aériens a entraîné l'annulation des vols au départ et à destination des aéroports français. Dans les aéroports de Paris, Orly et Roissy il y a un trafic de l'ordre de 50%. La FSU, la fédération majoritaire de l'éducation,
annonce un taux de participation à la grève de
80% et le ministère de l'Education fait état d'une
participation de 55% à 74% selon le secteur. 57% de fonctionnaires,
selon les chiffres officiels, ont fait grève quelques
trois millions de grévistes. Les électriciens et les gaziers d'EDF-GDF ont fait la grève. Destinés à la privatisation, au début de l'année ils ont causé d'énormes problèmes à Raffarin et aux syndicats en votant contre le projet élaboré par les directions et les syndicats pour préparer la privatisation. Celui-ci comprenait des attaques importantes sur le régime de retraites avec une hausse de 50% des contributions des salariés. Nous n'avons pas les chiffres pour d'autres secteurs mais on pouvait voir à la manifestation massive d'Amiens des cortèges importants de travailleurs des hôpitaux, de pompiers, de travailleurs d'usine même d'archéologues. La radio a signalé ailleurs des cortèges d'ouvriers de l'industrie automobile de Citroën et de Renault. 25% de travailleurs de Michelin à Clermont-Ferrand ont fait grève. De nombreux établissements scolaires sont en grève reconductible depuis plusieurs jours et seront rejoints par bien d'autres encore dès aujourd'hui. Une évolution clé a été la décision des salariés de la RATP et de beaucoup de cheminots de continuer la grève. En réponse à la mobilisation de masse, François Fillon, ministre des Affaires Sociale et du Travail, a dit qu'il est prêt à discuter des « améliorations » à condition qu'elles ne compromettent pas l'équilibre financier du dispositif. Autrement dit, il n'y aura pas plus d'argent pour les retraités. Il va rencontrer les représentants des syndicats mercredi. Sur France 2 Bernard Thibault, chef de la CGT, évita de répondre directement à la question qui demandait s'il exigerait le retrait du projet du gouvernement et dit que les négociations devaient être sur « d'autres bases ». On lui a demandé aussi s'il désapprouvait la décision des salariés de la RATP de se mettre en grève reconductible et il a répondu que la prochaine mobilisation serait le 25 mai et que si le gouvernement ne cédait pas une action plus dure était envisagée pour juin. Cette tentative consciente d'isoler des salariés déjà en grève dans la durée ne passera pas inaperçue chez les travailleurs en lutte. En effet, les délégués syndicaux CGT, FO et SNES-FSU du lycée Friville-Escarbotin de la Somme ont envoyé hier (12 mai) une lettre aux directions nationales qui disaient : "Nous déplorons fortement l'absence de mot d'ordre
national et unitaire quant à cette indispensable mobilisation.
Nous considérons cette absence de prise de position claire
sur les revendications et les moyens d'y parvenir comme une forme
d'abandon et d'isolement. Nous ne recevons de nos représentants
nationaux ni le soutien, ni les mots d'ordre, ni les perspectives
nécessaires à notre action. » Voir aussi :
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