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La défense des retraites nécessite un mouvement à échelle mondiale contre le système capitalisteUtilisez cette version pour imprimer L'offensive actuelle du gouvernement Chirac-Raffarin sur les retraites des salariés en France démontre une fois de plus le caractère entièrement frauduleux de l'opposition de courte durée de Chirac à l'invasion et l'occupation prédatrices de l'Irak par l'administration Bush. Ces deux phénomènes sont l'expression de l'empressement sans limite du gouvernement face aux exigences des grandes entreprises françaises, en France comme à l'étranger. Chirac et Schröder font tous deux des pieds et des mains pour écarter tout obstacle à une occupation permanente de l'Irak par l'armée américaine espérant ainsi que Bush et les autres gangsters de la Maison Blanche leur jetteront en pâture au moins un ou deux contrats de reconstruction juteux. Comme le Ministre des affaires étrangères français, Dominique de Villepin l'a dit à Ankara : " la phase du 'faut-il faire la guerre ou non' est terminée... La France veut faire preuve de son ouverture et de son pragmatisme ". Il est clair à présent que l'opposition de Chirac à la guerre n'était rien qu'une tactique visant à défendre les propres intérêts impérialistes de la France en Irak (les droits d'exploitation du pétrole irakien de Total Fina Elf valant plusieurs milliards ainsi que les 7 milliards de dollars dus aux banques françaises). Maintenant que la brutale et sanglante invasion a rapidement pris fin, l'heure est venue pour un partage impérialiste du butin de guerre. La guerre et l'occupation de l'Irak sont intimement liées à l'offensive en cours sur les conditions de vie des salariés partout dans le monde. Depuis les années 70, cette offensive est conduite en tout premier lieu par l'élite dirigeante des Etats-Unis. L'effroyable destruction du niveau de vie imposée à la fois par les Démocrates et les Républicains se succédant au pouvoir et avalisée par le syndicat AFL-CIO a été mise en place grâce à des réductions d'impôts toujours plus conséquentes pour les riches. Dans les années 90, suite au boom boursier, une mince couche de la population déjà immensément riche s'est davantage enrichie bel et bien par le vol, comme le prouvent les récents scandales de détournements de fonds d'Enron. Malgré l'immense accumulation de richesse par les plus riches, l'économie américaine est prêt de s'effondrer. Ce sont les problèmes insolubles de l'économie américaine qui ont conduit les bandits et escrocs de l'Administration Bush à recourir au pillage international en commençant par l'Irak. Ceci n'est cependant pas du tout un phénomène exclusivement américain. Thatcher, Major et Blair ont suivi la même voie en Grande-Bretagne. De semblables attaques ont été faites dans le reste de l'Europe, notamment par Mitterrand en France et Kohl en Allemagne. Les élites dirigeantes de l'Europe tout entière et Chirac et Schröder en particulier savent qu'ils doivent se mettre au niveau pour être " compétitifs " et imposer les mêmes conditions de vie effroyables existant aux Etats-Unis, voire même dans les pays les plus opprimés, afin de réduire le coût du travail en Europe. Voilà la signification profonde de la législation préparée par le Premier ministre Raffarin et qui va réduire massivement les retraites dans les années à venir. C'est l'importation des mêmes conditions que celles déjà imposées aux salariés américains par l'Administration Bush et ses prédécesseurs ces vingt dernières années. François Fillon, Ministre des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité a dit cela très clairement quand il a déclaré à la télévision : " On n'est plus en 1995. Nous n'avons plus le temps. Le régime général sera déficitaire dans deux ou trois ans " (Le Monde 26.4.03). Avec d'autres experts et politiciens il affirme qu'avec l'allongement de la durée de la vie, maintenir le niveau des retraites reviendrait à casser le système de retraites. Tout essayant de semer la panique parmi les bureaucrates syndicaux, cette déclaration est l'expression cachée d'une panique réelle ressentie par les cercles dirigeants français qui craignent d'être perdants face à leurs concurrents de l'économie mondialisée si la rentabilité diminue. Lorsque Fillon dévoila certains aspects des propositions gouvernementales concernant les retraites du secteur public lors de l'émission télévisée Cent minutes pour convaincre , Ségolène Royal, ancien ministre du gouvernement Jospin, attaqua avec démagogie les réductions de 20% des retraites que le gouvernement de Droite d'Edouard Balladur avait mises en place en 1993 et qui entrent maintenant en vigueur pour les retraités du secteur privé. Fillon fit cette réponse irréfutable: " Je voudrais répondre à Mme Royal qu'elle a été au gouvernement pendant cinq ans...elle avait tout loisir de revenir sur la réforme Balladur...si le gouvernement Jospin ne l'a pas fait, c'est sans doute qu'il pensait que cette réforme était judicieuse... " Mais l'expression la plus significative de l'impuissance de
la Gauche face aux impératifs de la compétition
mondiale fut l'échange entre Fillon et Bernard Thibault,
dirigeant de la CGT . Lorsque Fillon lui demanda quelle alternative
il avait face à ses propositions de maîtrise du
coût des retraites par la réduction des droits,
Thibault hésita à répondre. Ces échanges montrent clairement que les syndicats et la Gauche française, malgré leur protestation du contraire, partagent la même orientation nationale que l'actuel gouvernement et approuvent l'idée que l'on doit défendre les entreprises françaises sur le marché mondial en détruisant le niveau de vie des salariés et des retraités. Ils ont l'intention de tout faire pour que ce mouvement ne dépasse pas le cadre d'une protestation pour la forme. Autrement dit, tout en conduisant officiellement les manifestations, les syndicats français, le Parti Socialiste, le Parti Communiste français, les Verts et autres se tiennent prêts une fois de plus à trahir et à poursuivre leurs trahisons des luttes des salariés dont ils portent la responsabilité ces vingt dernières années. De ce fait il n'est pas surprenant que la question du cadrage de la défense des droits et conditions de vie des salariés avec la " compétitivité " et l'"attractivité " soit entièrement taboue dans les cercles de Gauche et des syndicats en France, de même que dans ces milieux on considère qu'il est politiquement incorrect de rappeler aux gens la fameuse déclaration de Jospin, au sujet des licenciements chez Michelin, selon laquelle on ne peut rien contre les lois du marché. En effet, la Fondation Copernic, groupe de réflexion français entretenant des liens avec Attac, révèle dans un livre publié récemment, Les retraites au péril du libéralisme, que la première étape de l'attaque sur les retraites fut préparée par Michel Rocard, Premier ministre socialiste de 1988 à 1991. La réforme de Balladur était " directement inspirée des préconisations du livre Blanc du gouvernement Rocard ". Fort de son triomphe sur Bernard Thibault et Ségolène Royal dans " 100 minutes pour convaincre ", Fillon déclara : " Il y a des types comme Michel Rocard qui me téléphonent toutes les semaines pour me dire 'Tenez bon' ". (Le Monde 26.4.03). Le gouvernement de Jospin laissa en place les attaques contre le secteur privé et commanda des études proposant des réformes du même type que celles du gouvernement Raffarin. A l'exception de FO, tous les syndicats, y compris la CGT, essayèrent d'imposer aux salariés d'EDF et GDF le 'relevé de conclusions' qu'ils avaient mis au point avec les employeurs et le gouvernement comme prélude à la privatisation de leurs industries. Une bonne raison de rejeter l'accord que leurs principaux syndicats tentaient de leur imposer était que cet accord entraînait une réforme de leur système de retraite et une augmentation de 50% de la cotisation des salariés. Les sept principaux syndicats, FO compris, signèrent la plateforme commune pour la manifestation sur les retraites du 1er février dont la revendication clé des 37.5 annuités pour tous fut retirée. L'intégration totale des syndicats dans l'état et la défense de l'économie nationale et de l'état nation fait qu'ils sont absolument incapables de défendre les intérêts des salariés. Les groupes d' " extrême "-gauche " trotskistes ", LCR, PT et LO sont des apologistes infatigables des bureaucraties syndicales. L'éditorial de Daniel Gluckstein dans le journal du PT Informations Ouvrières du 2 Mai dit aux salariés : " Nous ne ferons reculer le gouvernement que par et dans le mouvement tous ensemble, dans l'unité et à tous les niveaux, les travailleurs, leurs syndicats, leurs fédérations, leurs confédérations, dans la grève générale interprofessionnelle, sur les mots d'ordre communs : retrait du plan Fillon-Raffarin, 37.5 pour tous ". De telles exhortations flattent et renforcent l'illusion qu'avec la pression de la rue, il serait possible de forcer le Medef et Chirac-Raffarin à consacrer 6% de plus du PIB au financement des retraites. En fait, Gluckstein sait très bien que les syndicats n'ont aucune intention de mener un tel combat car, comme nous l'avons vu plus haut, au fond ils sont d'accord avec le gouvernement. Les plans pour arrêter l'augmentation du coût des retraites pour tous les salariés en France impliquent quatre étapes : tout d'abord la réforme des retraites des salariés du secteur privé déjà mise en branle en 1993 (Balladur) et 1996 (retraites complémentaires), c'est à présent le tour du secteur public et ce sera suivi en 2008 par une nouvelle détérioration des secteurs privé et public à la fois. Le gouvernement espère réformer les " régimes
spéciaux " des catégories de salariés
tels les cheminots, dont la combativité et la puissance
dans les conflits furent démontrées contre le plan
Juppé en 1995, en les isolant, tactique de saucissonner
les luttes, une méthode qui a fait ses preuves par le
passé. " Averti par ce précédent, Jean-Pierre
Raffarin a décidé de renvoyer à plus tard,
et à un traitement, entreprise par entreprise, l'adaptation
des régimes spéciaux " (Le Monde 20.4.03).
Entrent dans ce cas les salariés d'EDF-GDF et de la RATP,
transports publics parisiens. La réduction brutale des retraites pour les 5 millions de fonctionnaires sera réalisée grâce à cette pénalité, "la décote " qui passera de 3 à 6% en 2008. La période de contribution de 37.5 annuités passera à 40 en 2008 puis atteindra les 42 annuités pour les secteurs privé et public confondus en 2012. Ainsi un enseignant qui commence sa carrière à 25 ans devra travailler jusqu'à 67 ans. S'il prend sa retraite à 60 ans, il subira une pénalité de 42 %. La retraite basée sur 66% du salaire de référence, au lieu de 78% comme c'est le cas aujourd'hui, la détérioration du salaire de base lui-même ainsi que la tendance grandissante des employeurs à remplacer les salariés plus âgés donc plus coûteux par des jeunes, faisant que l'âge moyen de départ à la retraite tourne autour de 58 ans, tout cela signifie une baisse draconienne des retraites. Des mesures en faveur de fonds de pension individuels, basés sur l'investissement dans des actions, au nom d'invocations démagogiques à la liberté et au choix individuel, minent en fait la conception que les retraites sont un droit social, duquel le Medef souhaiterait désengager complètement les employeurs et faire une question de responsabilité individuelle. Des appels grotesques à " l'équité ", à " l'égalité " et à " la justice " de la part de ce club de millionnaires sont monnaie courante et servent à cacher les efforts qu'ils ont entrepris pour dépouiller la classe ouvrière. Ils présentent les retraités comme un fardeau sur les épaules des jeunes salariés essayant par là d'attiser des préjugés contre les personnes âgées. Les attaques de Fillon sont en dessous des aspirations des employeurs du Medef et Alain Madelin, député de l'UMP, parti au pouvoir, a dit que ce n'était guère plus que " du bricolage " et François Sauvadet, porte-parole de l'UDF, groupe centriste, a déclaré que la réforme manquait " d'audace ". On ne peut comprendre les attaques contre les retraites en France que comme faisant partie d'une offensive internationale en cours de la part des cercles dirigeants dans le monde entier pour faire payer aux salariés l'effondrement économique croissant de leur système. Comme l'a montré l'Administration Bush, leur crise les pousse non seulement à attaquer les salariés dans leur propre pays mais les pousse aussi à la guerre et à la guerre mondiale, en asservissant les salariés des pays opprimés tels que l'Irak et en pillant leurs ressources. L'intervention française en Côte d'Ivoire montre que cela ne se limite pas qu'aux Etats-Unis. Les salariés ne peuvent résoudre ces questions dans le cadre étroit de leur pays. Les partis sociaux-démocrates et communistes, ainsi que les syndicats ont montré que leur conception nationaliste dépassée les conduit à soutenir et à imposer eux-mêmes ces attaques au nom de la défense de la compétitivité internationale de la France. Lors des élections présidentielles de l'an dernier, les salariés ont rendu leur jugement sur les cinq années du gouvernement Jospin en lui donnant moins de voix qu'à Le Pen. Les partis Socialiste, Communiste et les Verts ont alors ouvert la voie aux attaques actuelles en appelant à voter pour Chirac. Ils furent fidèlement suivis par la LCR, le PT et LO qui rejetèrent l'appel du WSWS à boycotter activement le second tour des élections. Tous ces partis ont ainsi démontré leur impuissance totale et leur refus de vouloir défendre les salariés face à cette offensive internationale à laquelle Chirac et Raffarin participent. Au contraire, ils ont donné à Chirac un mandat de 82% pour qu'il mette en place son programme. De plus, les salariés ne peuvent s'opposer à ces attaques, qui font partie d'une offensive internationale, par des luttes purement spontanées. Il faut un nouveau programme international pour renverser le capitalisme, dont la crise est à l'origine de ces attaques sociales et économiques contre les salariés. Ce n'est que sur cette base que les salariés d'Amérique, d'Europe et du monde entier pourront mener une guerre unitaire pour le socialisme international. Nous vous invitons à lire régulièrement le World Socialist Web Site qui lutte pour une telle perspective socialiste internationale. Si vous voulez davantage d'informations et participer à la construction du mouvement, contactez-nous. 13 mai 2003 ©World Socialist Web Site http://www.wsws.org La publication socialiste sur internet la plus lue Pour contacter le WSWS envoyez un email à : editor@wsws.org Voir aussi :
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