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L'hystérie anti-communiste du Washington Post contre le mouvement anti-guerrePar David Walsh Utilisez cette version pour imprimer L'attaque hystérique du journaliste Michael Kelly contre le Workers World Party (Parti mondial des travailleurs) dans les pages du Washington Post («Manifester avec les staliniens» du 22 janvier 2003) était tout à fait prévisible. Un journaliste réactionnaire quelconque devait bien finir par s'atteler à cette tâche. Kelly, toujours furieux et toujours ignorant, a utilisé l'occasion offerte la semaine dernière par les manifestations massives à Washington et à San Francisco contre la guerre imminente en Irak pour dénoncer un des principaux organisateurs des manifestations, ANSWER (Agir maintenant pour empêcher la guerre et mettre fin au racisme), comme «une organisation de façade du Workers World Party, une organisation communiste». Kelly a ensuite rattaché Workers World aux régimes en Chine et en Corée du Nord, à Saddam Hussein, à Slobodan Milosevic, aux «clercs iraniens, [aux] narco-gangsters de la Colombie, et [aux] kamikazes de Hamas». Il emploie ici la tactique, souvent employée lors des chasses aux sorcières, de l'amalgame: tout jeter ensemble en espérant créer le maximum de crainte et de confusion. Cet assaut furieux contre Workers World reflète de grandes inquiétudes dans les élites politiques et médiatiques sur l'opposition massive suscitée par les projets de guerre en Irak, révélée par les manifestations récentes et soulignée par des sondages. Kelly sent bien l'isolation de l'élite politique et la montée du mécontentement populaire contre le militarisme de l'administration Bush ainsi que contre l'assaut contre les droits démocratiques et le niveau de vie des travailleurs qu'elle mène aux États-Unis. Démontrant à nouveau la dégénérescence intellectuelle et politique de son milieu, il s'emporte, se réfugiant dans une des vieilles marottes de la canaille américaine: l'hystérie anti-communiste. Quand un marxiste utilise le terme stalinisme, cela a un sens précis: c'est la théorie et la pratique de la bureaucratie national-opportuniste qui s'est formée en URSS dans les années 1920 et qui a usurpé le pouvoir aux travailleurs et aux paysans qui ont fait la révolution en octobre 1917. En dernière analyse, cette bureaucratie, dont le rôle international était contre-révolutionnaire, reflétait la pression de l'impérialisme mondial sur un État ouvrier isolé et économiquement faible. Elle a étranglé la jeune démocratie soviétique, le premier pas d'une dégénérescence qui a culminé avec la destruction des conquêtes historiques de la révolution d'octobre et la restauration du capitalisme. Pour mieux asseoir son pouvoir, la caste stalinienne a mené une purge sanglante dans les années 30, massacrant la génération de socialistes qui avaient dirigé la révolution, en premier lieu les marxistes qui suivaient Léon Trotsky. Le World Socialist Web Site critique Workers World pour son orientation vers la bureaucratie syndicale et les sections du Parti démocrate aux États-Unis, et vers les régimes bureaucratiques et nationalistes bourgeois à travers le monde. Nos différends sont profonds et principiels ; ils concernent des questions essentielles dans le développement d'une stratégie révolutionnaire pour la classe ouvrière américaine et internationale. Ici n'est pas la place pour élaborer et expliquer ces différends. Avec Kelly et les siens, cependant, nous avons à faire à une canaille politique au service de la réaction. En face de l'hystérie anti-communiste de Kelly, notre attitude est une défense sans conditions et sans équivoque du Workers World Party. Dans son article, Kelly présente le 11 septembre 2001 comme un tournant dans l'histoire de la civilisation. «Avec al-Qaeda, les talibans, et l'Irak de Hussein, la civilisation libérale confronte un ennemi qui représente presque tous les maux opposés par le libéralisme. Qu'est-ce que la gauche allait faire? Il serait permis de croire que la décision serait facile. L'Amérique a ses défauts. Mais la guerre nous force à choisir un camp, et le camp américain, qui est après tout le camp du libéralisme, du progrès, de la démocratie, de la liberté, qui ne jette pas les homosexuels des toits, qui ne met pas à mort les adultères, qui ne fouette pas les femmes sur la place publique, qui ne gaze pas les minorités ethniques, et qui ne torture pas les défenseurs de la libre parole, est sans doute préférable au camp des "islamofascistes", pour emprunter le terme d'un essayiste anciennement de gauche, Christopher Hitchens». Davantage d'amalgames et de mensonges. Dans un tour de passe-passe, Kelly rattache al-Qaeda et les talibans au régime baassiste irakien. Le WSWS ne prête aucun soutien politique au régime nationaliste bourgeois irakien. Ceci dit, personne n'a présenté de preuves crédibles qui le rattacheraient aux attentats du 11 septembre. Toutes les prétendues preuves ont été exposées comme étant frauduleuses. Si le fondamentalisme islamique représente «presque tous les maux opposés par le libéralisme», Kelly doit expliquer pourquoi c'était la politique des administrations démocrates et républicaines pendant presque tout le dernier siècle, et surtout depuis la fin des années 1970, d'encourager, de financer, et d'armer ces forces réactionnaires, y compris le cercle d'Oussama ben Laden, pour opposer les forces laïques nationalistes au Moyen-Orient et déstabiliser l'URSS. Quant à Hussein, l'éminent «essayiste anciennement de gauche» et actuellement d'extrême droite, Hitchens a avoué que «Les États-Unis, c'est le moins qu'on puisse dire, y étaient pour quelque chose dans le coup qui a amené Saddam au pouvoir. Ils l'ont encouragé à attaquer l'Iran. Au moment de ses pires crimes au Kurdistan, Washington était son meilleur ami. Quand il a comploté pour dessiner la frontière du Koweït en sa faveur, on lui a donné le feu le plus vert». Les États-Unis ont fourni au régime irakien ce qu'il lui fallait pour son programme d'armes biologiques et ont approuvé ses attaques au gaz contre les forces iraniennes et les populations minoritaires dans les années 1980. On ne trouve nulle part dans la litanie de Kelly le mot qui va au coeur de la volonté américaine de conquérir et dominer l'Irak : pétrole. Le mentionner indiquerait le fait que la guerre à venir est une guerre de pillage impérialiste contre une colonie historiquement opprimée. «Libéralisme», «progrès», «démocratie», «liberté», l'invasion de l'Afghanistan représentait-elle ces grands principes? Pour qui nous prend-il? Même si l'on laisse de côté le fait que les conditions en Afghanistan soient aujourd'hui aussi misérables qu'à l'époque des talibans (essentiellement une série de seigneurs de guerre a en remplacé une autre) et que le régime en Arabie saoudite, qui pratique une forme d'intégrisme islamique aussi réactionnaire que celle des talibans, reçoit depuis des décennies le soutien des États-Unis, il y a la question de l'histoire de l'impérialisme américain à travers le monde. Washington a été le principal soutien des régimes policiers et de leurs tortionnaires et assassins depuis des décennies, des gouvernements appuyés par la CIA en Corée du Sud et à Taiwan jusqu'au Shah monstrueux de l'Iran en passant par les paramilitaires de l'Amérique centrale et les massacreurs militaires en Chili et en Argentine. C'était le gouvernement américain qui a introduit dans le lexique moderne les vocables «napalm», «agent orange», et «Il fallait détruire le village pour le sauver», lors d'une guerre en Asie du Sud-Est qui a fait trois millions de morts. Non satisfait de la destruction causée par la guerre du Golfe en 1991 et les morts de 500.000 enfants ou plus à cause des sanctions économiques, Washington propose à présent une autre guerre contre un Irak sans défense, qui produira davantage de misères indicibles. Les politiques rapaces de l'impérialisme américain: voilà la réalité derrière la «démocratie» et le «progrès» de Kelly. Les insultes du journaliste contre la «gauche» sont une attaque contre tous ceux qui expriment leurs différends avec la politique du gouvernement américain et une réponse instinctive à la menace d'une nouvelle radicalisation populaire. C'est une tentative d'intimider et d'étouffer toute protestation. Les méthodes de Kelly ressemblent à celles des racistes sudistes pendant le mouvement des droits civils: mettre toute opposition sur le compte des «agitateurs externes». Kelly n'est qu'un membre d'une communauté de gangsters
journalistiques employés par l'oligarchie américaine.
Il y en a des douzaines, les Krauthammer, les Coulter, les Sowell,
les Will et d'autres encore qui répandent les sueurs politiques
d'une élite de plus en plus isolée de la population
générale et hostile aux droits démocratiques.
Leur rôle, pour lequel ils sont bien payés, est
d'émettre chaque jour des mensonges et des bassesses.
Ils ne peuvent mener une discussion de principe ou raisonnée.
Il n'y a pas de dialogue avec eux. Ils se tiennent de l'autre
côté des barricades.
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