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Une entrevue avec Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire

Par David Walsh à Paris
10 juin 2002

Des reporters du WSWS ont rencontré Olivier Besancenot, le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire à la présidentielle d'avril et un candidat à l'Assemblée nationale dans l'élection législative en cours. L'entrevue a eu lieu avant un rassemblement électoral le 5 juin dernier dans le nord-est de Paris. [Voir «La Ligue communiste révolutionnaire défend son opportunisme»]

David Walsh : Comment voyez-vous l'actuelle campagne électorale? Comment voyez-vous les choses évoluer après le 16 juin?

Olivier Besancenot : Je crois qu'il va y avoir une nouvelle situation politique, une course de vitesse entre le Front National et l'extrême droite d'un côté et le mouvement social de l'autre. Et aujourd'hui pour résister à l'extrême droite et à la droite, il y a un nouveau rapport de forces politique à gauche, entre la gauche qui était au gouvernement, qui propose de mener la même politique, et une extrême gauche qui est de plus en plus forte, qui a fait plus de dix pour cent des voix aux dernières élections, soit avec Arlette Laguiller, soit avec ma candidature.

C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est devenu un vote utile pour les couches populaires de voter pour l'extrême gauche. C'est quelque chose qui va continuer au niveau électoral. Il y a une radicalisation politique, et de l'autre côté, il y a une radicalisation sociale qui va continuer. Avec la nouvelle mobilisation anti-mondialisation. Une mobilisation dans les entreprises, aussi bien dans le public que dans le privé.

DW : Et après le 16 juin qu'est ce qui va se passer?

OB : Quel que soit le gouvernement, il y aura des mobilisations. Que ce soit un gouvernement de droite ou un gouvernement de gauche, il y aura de grandes luttes pour essayer de sauver le système des retraites, où on propose aujourd'hui (soit la droite, soit l'extrême droite, mais aussi la gauche) de confier l'argent des cotisations à des spéculateurs privés, des assureurs ou des banquiers.

DW : Quelle est votre attitude par rapport à la crise du Parti Communiste?

OB : La crise du Parti communiste, elle va continuer. Il y a beaucoup de militants du Parti communiste qui discutent aujourd'hui avec les organisations d'extrême gauche, avec le mouvement social. De toute façon, ils payent la politique qu'ils ont menée au gouvernement. Ils proposent de continuer la même chose avec le Parti socialiste. Ils ont été complètement satellisés par la direction du Parti socialiste autour de l'idée que le capitalisme, ce serait un horizon indépassable. Je crois que ça écoeure, ça révolte de plus en plus de militants et d'électeurs du Parti communiste.

DW : Quelle est l'importance, la signification actuelle du trotskysme?

OB : Je crois que c'est un héritage politique tout d'abord, qui permet à la LCR d'être une organisation révolutionnaire, qui propose à tous ceux qui veulent changer le monde de façon radicale et révolutionnaire de construire cette organisation, avec un héritage de l'analyse de ce qu'était le stalinisme, qui nous permet de dire aujourd'hui que notre communisme à nous a toujours été opposé au stalinisme. Pas simplement dans le passé, mais aussi à l'avenir. Par rapport au contrôle démocratique, par rapport à notre organisation des mobilisations, des mouvements eux-mêmes. Donc je crois que c'est d'abord ça.

DW : Comment la LCR prévoit elle le développement d'une crise révolutionnaires?

OB : C'est toujours difficile à prévoir. En tous les cas, nous, on essaie de préparer des mobilisations de l'équivalent de ce qui s'était passé dans l'hiver de 1995 en France, où il y avait eu une grande mobilisation, notamment du secteur public [cheminots, postes], des fonctionnaires. Mais ce qui a changé depuis 1995, c'est qu'aujourd'hui dans le secteur privé, il y a eu des grèves nouvelles contre les licenciements, pour les salaires, avec les salariés de Moulinex, de Danone, de Michelin. Et si à la rentrée prochaine, il y a l'équivalent d'un décembre 1995, il y aurait cette fois-ci une jonction entre le privé et le public, c'est-à-dire la possibilité d'une vraie grève générale aujourd'hui, peut-être l'équivalent d'un Mai 68.

DW : Est-ce que la LCR a envisagé d'appeler à un boycott actif du second tour de l'élection présidentielle? Et pourquoi a-t-elle rejeté une telle idée?

OB : On a appelé à voter contre [le candidat d'extrême droite, Jean-Marie] Le Pen,

DW : Est-ce que vous avez considéré l'idée d'un boycott?

OB : Ah d'une abstention ?

DW : Non, d'un boycott actif, d'une campagne active, de la LCR et de Lutte ouvrière, par exemple.

OB : Non, on a décidé de faire barrage à l'extrême droite, dans la rue comme dans les élections, en expliquant qu'on comprenait ceux qui votaient pour Chirac, comme on comprenait ceux qui ne votaient pas Chirac. Parce que pour nous, Chirac ne pouvait pas être un rempart contre le fascisme. Mais pour nous, on ne pouvait pas mettre Chirac et Le Pen dans le même panier.

DW : Est-ce que vous pensez que cela aurait été difficile de lutter pour cette idée [d'un boycott] dans la population?

OB : Je crois que cela aurait été difficile parce qu'il y avait une pression très forte. Une pression du mouvement de la jeunesse, qui pensait qu'il fallait voter Jacques Chirac. Nous, on leur a expliqué qu'on comprenait ce qu'ils faisaient, mais pour nous, Jacques Chirac n'était pas un rempart [contre le fascisme]. Donc c'était très compliqué. Il y avait une très forte pression. Beaucoup de gens étaient horrifiés en voyant Le Pen au deuxième tour. Du coup, c'était difficile de ramener des repères politique là-dedans.

DW : Vous voulez dire le Mouvement des sans-papiers, Attac, cette sorte de mouvements?

OB : C'est cela même. Des organisations syndicales, elles, ont toutes été extrêmement majoritairement pour aller plus loin et comme consigne de vote, elles ont appelé à voter Jacques Chirac.

DW : Est-ce que vous avez envisagé de vous opposer à cette pression?

OB : Oui, mais c'est ce qu'on a fait. Puisque nous, on a expliqué que pour nous, c'était pas une réponse politique de voter Jacques Chirac. Mais nous, on a décidé de ne pas mettre Chirac et Le Pen au même niveau. Ça n'a pas été facile d'expliquer cela. Notamment dans les organisations du mouvement social [de protestation, de gauche]. Mais à une large échelle, c'était plus facile dans les entreprises, les gens pas politisés, les travailleurs pouvaient comprendre ce qu'on racontait facilement.

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