Le Parti communiste marxiste du Kenya, stalinien, en quête d’un nouveau piège politique pour capter le mécontentement croissant des travailleurs et des jeunes – Troisième partie

Ceci est le troisième d'une série de trois articles. Lire la 1ère partie et la deuxième partie.

La «Révolution nationale démocratique» du CPM-K et l’orientation vers la bourgeoisie kenyane

Il existe une continuité évidente entre l’histoire du Parti communiste marxiste-kenyan et ses appels à Ruto et à l’État capitaliste kenyan durant les manifestations de la génération Z, et sa défense de la «Révolution démocratique nationale» – une perspective maoïste de longue date qui a historiquement été utilisée pour subordonner les travailleurs et les jeunes à diverses factions de la classe dirigeante.

Le CPM-K trouve ses origines dans le groupe maoïste clandestin Mwakenya (Muungano wa Wazalendo wa Kenya) des années 1980, principal mouvement clandestin contre la dictature à parti unique de Daniel arap Moi. Dans le contexte des mesures d'austérité imposées par le FMI, qui ont alimenté les protestations et les grèves de masse de la classe ouvrière, Mwakenya a cherché à nouer des alliances avec des pans de la bourgeoisie (voir : L'insurrection de la génération Z au Kenya, la vague de grèves et la lutte pour la révolution permanente – Partie 3).

Daniel arap Moi [Photo by Croes, Rob C. for Anefo / Wikimeida / CC BY-SA 3.0]

En mai 1990, le mouvement a appelé à l'unité de certaines sections de la classe dirigeante afin de contraindre Moi à démissionner. Il a publié une déclaration appelant à l'unité de «toutes les organisations politiques progressistes, démocratiques et patriotiques, les syndicats ouvriers, les coopératives paysannes, les organismes professionnels, les organisations religieuses, les associations étudiantes, le monde des affaires, les associations sociales et autres groupes d'intérêt non gouvernementaux à s'unir en une seule force d'action pour contraindre Moi à démissionner».

A travers cette stratégie, Mwakenya cherchait à canaliser l'opposition sociale croissante à l'austérité et à la répression policière de Moi vers l'opposition bourgeoise plus large menée par Raila Odinga, devenu le principal adversaire de la dictature de Moi. C'est ainsi qu'Odinga commença à jouer un rôle central dans l'opposition de masse à l'élite dirigeante. De nombreux militants de Mwakenya, dont le futur juge en chef Willy Mutunga, rejoignirent ouvertement le camp d'Odinga.

D'autres anciens membres de Mwakenya, toujours actifs dans le mouvement clandestin, ont rejoint le Parti social-démocrate (SDP), que le CPM-K considère aujourd'hui comme son prédécesseur. Il a été fondé en 1992 par Johnstone Mwendo Makau, alors ministre de l'Information sous la dictature de Moi. Makau était tristement célèbre pour avoir imposé la censure d'État et intimidé les journalistes. À l'époque, la création du SDP était largement perçue comme une stratégie soutenue par le régime pour fracturer l'opposition bourgeoise au régime de Moi.

La fondation du SDP intervenait après deux années de manifestations de masse. Alarmé par la montée des troubles, Washington, qui soutenait depuis longtemps le régime de Moi, le pressa d'abroger la disposition constitutionnelle interdisant le multipartisme, ouvrant ainsi la voie aux premières élections multipartites du Kenya en 1992. Le SDP ne présenta pas de candidat à la présidence lors de cette élection et ne parvint à obtenir que 177 voix aux élections législatives. Makau fit alors défection et rejoignit la KANU [l’ancien parti unique de Moi].

L'adhésion des maoïstes au SDP s'inscrivait dans une tendance internationale consécutive à la dissolution stalinienne de l'Union soviétique. À mesure que les professeurs, les bureaucrates syndicaux et les cadres moyens des groupes staliniens et maoïstes perdaient les revenus qu'ils tiraient auparavant de la bureaucratie soviétique et de Pékin, leurs sympathies se tournèrent de plus en plus directement vers leur propre État capitaliste et vers l'impérialisme. Les staliniens kenyans ont clairement illustré ce processus.

Après le départ de Makau, le SDP a gagné en importance face à l'opposition croissante aux mesures d'austérité de Moi. Il a présenté Charity Ngilu aux élections présidentielles de 1997, prônant une plus grande intervention de l'État dans l'économie et la création d'emplois, et faisant campagne contre les programmes d'ajustement structurel imposés par le FMI, qui avaient entraîné des pertes d'emplois massives, des baisses de salaires et des coupes dans les services publics. Le SDP a remporté la cinquième place avec 7,9 pour cent des voix et a obtenu 15 sièges à l'Assemblée nationale. Peu après, comme son premier leader, Ngilu a fait défection et a formé la Coalition nationale arc-en-ciel (NARC) avec les principales figures de l'opposition bourgeoise, Raila Odinga et Mwai Kibaki. Exploitant le profil «de gauche» du SDP pour renforcer l'attrait de la NARC, elle a contribué à propulser la coalition vers la victoire aux élections de 2002, mettant fin aux 24 ans de règne de Moi.

Charity Ngilu en 2010. [Photo by World Water Week / Wikimedia / CC BY 2.0]

James Orengo, l'allié d'Odinga, a ensuite dirigé le SDP, soutenant Odinga lors des élections contestées de 2007, qui ont déclenché les violences postélectorales les plus meurtrières du Kenya. Bien que les forces de sécurité de Kibaki [le président élu] aient abattu les partisans d'Odinga, tuant des centaines de personnes, Odinga a conclu un accord de partage du pouvoir et a été installé au poste de Premier ministre. Orengo s’est vu confier le poste de ministre des Terres. William Ruto, alors allié d'Odinga, a joué un rôle clé en attisant la violence tribale, ce qui a conduit à son inculpation par la Cour pénale internationale.

Les violences post-électorales ont révélé le rôle de forces politiques comme le SDP qui ont ouvert la voie pour que les différents partis capitalistes de l'establishment kenyan attisent la violence communautaire. En 2007, le SDP s'est affaibli, ses dirigeants étant absorbés par l'ODM d'Odinga, le gouvernement de Kibaki ou d'autres formations tribalistes.

Le secrétaire général Omole a développé un récit historique falsifié, décrivant cette période comme celle d'un conflit de factions au sein du SDP entre sociaux-démocrates et révolutionnaires visant à «pousser le parti vers la gauche». Omole ignore la collaboration active entre les maoïstes du SDP et la classe dirigeante.

Le SDP a été profondément impliqué dans l'élaboration de la constitution capitaliste du Kenya en 2010. Le CPM-K reconnaît fièrement son rôle, déclarant sur son site web que son prédécesseur, le PCK, «a participé activement à la lutte pour les réformes progressistes qui sont résumées dans la Constitution nationale du Kenya de 2010. Nous avons été impliqués dans les débats de la conférence d'élaboration de la Constitution à Bomas of Kenya à Nairobi entre 2003 et 2005 et nous nous sommes battus pour l'inclusion des articles progressistes dans la Constitution, qui comprenaient l'article 10 sur les valeurs nationales et les principes de gouvernance qui forment également le résumé du programme minimum du PCK.»

En 2017, des figures staliniennes historiques au sein du SDP, telles qu'Onyango Oloo, ont soutenu la dernière candidature d'Odinga à la présidence, tandis qu'une autre faction apportait son soutien à la faction bourgeoise rivale du président Uhuru Kenyatta.

En 2019, le SDP s'est rebaptisé CPK pour capitaliser sur la radicalisation croissante des jeunes dans un contexte de montée en flèche du chômage et des inégalités. Cela s'est produit dans un contexte de luttes de masse mondiales. Le dirigeant du PCK de l'époque, Mwandawiro Mhanga, a affirmé que ce changement distinguait le parti des coalitions bourgeoises traditionnelles que les staliniens avaient soutenues pendant des années.

Peu de temps après, la Ligue de la jeunesse du PCK fit scission avec une aile qui partit pour fonder la Ligue socialiste révolutionnaire moréniste (RSL). Elle est devenue l'affiliée kenyane de l'International Socialist League, aujourd'hui connue pour blanchir le fascisme ukrainien et soutenir la guerre par procuration de l'OTAN contre la Russie.

La scission a été principalement motivée par des divergences sur la politique étrangère, en particulier l'alignement croissant du PCK sur Pékin. La RSL, qui soutient ouvertement le bloc impérialiste des États-Unis et de l'OTAN, a dépeint la Russie et la Chine comme des «puissances impérialistes» émergentes pour justifier le renforcement militaire dirigé par les États-Unis contre elles. Selon la présentation qu’a fait la RSL même de ces divergences, le PCK avait «soutenu la position que la Chine n'est pas une puissance impériale parce qu'elle a un Parti communiste [sic], démontrant non seulement une compréhension erronée de la situation mondiale, mais aussi une incompréhension fondamentale de la dialectique».

Cela n'a pas empêché ces partis antimarxistes sans principes de travailler ensemble. Aujourd'hui, le Comité national provisoire de coordination des assemblées populaires (initiales anglaises NCCPA) est dirigé par des staliniens alliés aux morénistes.

La création du CPK en 2019 s’est cependant vite révélé être une manœuvre trompeuse. En 2022 la direction du CPK – dont Mghanga lui-même, aux côtés du secrétaire général Benedict Wachira – a rejoint l'Alliance Kenya Kwanza, dirigée par le vice-président de l'époque, William Ruto. La direction du CPK a ouvertement soutenu la candidature présidentielle de Ruto aux élections d'août 2022.

Une faction majoritaire s'est opposée à cette décision, choisissant de rester nominalement en dehors de l'establishment politique kenyan, bien que l’orientation vers l'élite dirigeante et vers Ruto se soit maintenue, comme le montre son intervention dans la lutte de la génération Z (voir la deuxième partie).

L'alignement du CPM-K sur la bourgeoisie a longtemps été masqué derrière la perspective de la «révolution démocratique nationale». Bien que cette notion reste vaguement définie, l'analyse des discours et du manifeste venant d'être publié révèle ses principes fondamentaux.

Tout d'abord, la révolution démocratique au Kenya – englobant «l'indépendance et la souveraineté totales» ainsi que la démocratie bourgeoise – est considérée comme inachevée, ce qui en fait la première étape, tandis que le socialisme est reporté indéfiniment. Deuxièmement, la Constitution de 2010, que les maoïstes kenyans ont aidé à rédiger, est considérée comme un moyen d'achever cette révolution si elle est pleinement mise en œuvre. Troisièmement, les travailleurs sont exhortés à limiter leur lutte à un cadre national en faisant pression sur les factions prétendument «progressistes» et non compradores de la bourgeoisie kenyane, présentées comme les alliés naturels dans la réalisation de la «révolution démocratique nationale».

Le manifeste soutient la théorie stalinienne ‘des deux stades’ selon laquelle la lutte pour le socialisme et pour la démocratie bourgeoise capitaliste constituent deux stades différents. Le CPM-K est «le leader global et le centre de la révolution tant dans le stade national démocratique que dans le stade socialiste», affirme-t-il.

Il déclare en outre que la Constitution de 2010 est un «lieu de lutte de classe» parce que la bourgeoisie avait été «incapable de mettre en œuvre la Constitution au profit de la majorité exploitée et opprimée». Son propre rôle était d'aider à faire respecter la constitution. Selon le CPM-K, «la lutte pour mettre en œuvre les réformes progressistes incarnées par la constitution est donc une lutte de classe permanente qui mènera inévitablement au socialisme».

Omole, le dirigeant du CPM-K, a déclaré à l'ouverture du Congrès: «Nous réaffirmerons notre analyse que le Kenya reste une société capitaliste et semi-féodale, où la classe dirigeante compradore sert les intérêts impérialistes. Ce congrès est une déclaration de notre intention d'achever l'indépendance du pays en démantelant l'ordre existant et en jetant les bases du socialisme.

La condamnation par Omole d'une bourgeoisie «compradore» au service des intérêts impérialistes par opposition à une bourgeoisie nationale et patriotique «non-compradore», vise à créer la fiction qu'il existe une partie de la classe dirigeante à laquelle les travailleurs doivent se subordonner afin de réaliser la «révolution démocratique nationale».

Le manifeste du CPM-K met explicitement en avant une alliance avec la bourgeoisie. Il déclare: «ensemble, les masses laborieuses de base et la petite bourgeoisie urbaine en tant que forces de base de la révolution, gagnent la bourgeoisie moyenne à la révolution démocratique nationale et profitent des luttes fractionnelles entre les classes exploiteuses pour isoler et détruire l'ennemi qui, à un moment donné, est la pire faction réactionnaire ou un agresseur étranger envahisseur.»

Le XXe siècle abonde en exemples montrant les résultats tragiques de cette orientation politique vers la bourgeoisie.

Léon Trotsky, co-dirigeant avec Lénine de la Révolution d'Octobre en Russie en 1917 et fondateur de l'Armée rouge, a soumis le «bloc des quatre classes» de Staline en Chine à une critique cinglante lorsque la situation révolutionnaire a éclaté dans tout le pays.

Des communistes pris dans une rafle à Shanghai en 1927

Le «bloc des quatre classes» proposé par Staline – composé de la classe ouvrière, de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie nationale – appelait le jeune Parti communiste chinois (PCC) à se subordonner au Kuomintang nationaliste bourgeois de Tchang Kaï-chek au nom de la réalisation de la révolution bourgeoise nationale et de la libération de la domination impérialiste. Trotsky et l'Opposition de gauche ont mis en garde contre les conséquences dévastatrices de cette politique pour la révolution socialiste en Chine. Le fait que la Chine ait été opprimée par l'impérialisme n'avait pas atténué le conflit entre la bourgeoisie chinoise et la classe ouvrière. En effet, c'est le contraire qui s'est produit. Comme l'a écrit Trotsky:

Ce serait encore une profonde naïveté de croire qu'il y a un abîme entre la soi-disant bourgeoisie compradore, c'est-à-dire l'agence économique et politique du capital étranger en Chine, et la soi-disant bourgeoisie nationale. Non, ces deux sections sont incomparablement plus proches l'une de l'autre que la bourgeoisie et les masses ouvrières et paysannes...

C'est une grossière erreur de penser que l'impérialisme soude mécaniquement toutes les classes de la Chine de l'extérieur... La lutte révolutionnaire contre l'impérialisme n'affaiblit pas, mais renforce bien plutôt la différenciation politique des classes.

Les avertissements de Trotsky furent confirmés. En avril 1927, les forces militaires du Kuomintang, sous la direction de Tchang Kaï-chek, perpétrèrent un massacre de la classe ouvrière de Shanghai. Une grande partie de la direction du PCC fut assassinée. Après avril 1927, le Parti communiste chinois reçut l'ordre d'entrer dans le Kuomintang «de gauche» (KMT). Le KMT «de gauche» écrasa alors le mouvement ouvrier et paysan non moins brutalement que Tchang Kaï-chek.

La théorie des deux stades de la révolution et les alliances avec la bourgeoisie sous la bannière d'une «révolution démocratique nationale» ont longtemps servi à désarmer la classe ouvrière face à son ennemi de classe. Les doctrines anti-marxistes du stalinisme et de sa variante maoïste jouent un double rôle: fournir au CPM-K une rhétorique de gauche pour maintenir le contrôle sur les travailleurs, tout en légitimant sa longue histoire de collaboration de classe et de trahison.

La haine virulente du CPM-K envers Trotsky et le trotskysme

Le CPM-K réserve sa plus profonde hostilité au trotskysme, une réaction qui révèle son allégeance fondamentale aux trahisons nationalistes du stalinisme et de son jumeau, le maoïsme. Plus d'un siècle après la critique par Trotsky de la collaboration de classe stalinienne et la défense de la révolution socialiste mondiale, le CPM-K répète encore en perroquet les déformations ayant servi à justifier les purges menées par la bureaucratie soviétique, présentant Trotsky comme un ennemi du socialisme et glorifiant la désastreuse politique de Staline.

Léon Trotsky

Un document publié en 2022 décrivait Trotsky comme «le gars qui occupait un poste important dans le Parti bolchevique et est devenu un ennemi de l'État soviétique». Il poursuivait ainsi: «Après l'élimination de Trotsky, combien l'édification socialiste a été remarquablement promue en Union soviétique! Trotsky pensait que sans lui, tout ce que Staline ferait échouerait et que l'État soviétique irait à la ruine. Mais le peuple soviétique a construit son pays pour qu'il soit la première puissance socialiste du monde, ainsi qu'une puissance mondiale.»

Dans un autre document, le PCK déclare: «C'est Staline et sa direction qui ont mobilisé les communistes, la classe ouvrière et les forces antifascistes de la Russie, de l'Union soviétique, de l'Europe et du monde qui, après l'un des plus grands sacrifices jamais consentis par des êtres humains, ont réussi à vaincre Hitler et à libérer le monde du fascisme. … Staline a conduit la Russie à devenir une grande superpuissance scientifique, technologique, industrielle et militaire dans le monde. … On se souvient de Staline comme d'un leader révolutionnaire communiste et d'une légende.»

Quant à Mao, il avait «perfectionné la théorie de la guerre populaire et créé une grande armée communiste, un mouvement et... vaincu le féodalisme, le capitalisme, l'impérialisme japonais et américain, et [avait] instauré l'État socialiste en Chine en 1949 ». Sous sa direction, la Chine s'était transformée «d'une économie paysanne et féodale en la grande superpuissance scientifique, technologique, industrielle, militaire et économique qu'elle est aujourd'hui».

La dissolution de l'Union soviétique par les staliniens en 1991 et la réintroduction du capitalisme en Chine sont une confirmation de Trotsky et du mouvement trotskyste. Elle fut la dernière étape d'une contre-révolution qui avait commencé dans les années 1920 avec l'usurpation du pouvoir politique de la classe ouvrière par une bureaucratie privilégiée, basée sur l'appareil d'État et du parti et dirigée par Joseph Staline, qui avait surgi en raison de l'isolement et de l'arriération du premier État ouvrier.

La bureaucratie a répudié la perspective internationaliste de Lénine et Trotsky qui concevaient le destin de la révolution russe comme inséparablement lié à la révolution socialiste mondiale. Sous la bannière du «socialisme dans un seul pays», Staline cherchait à parvenir à une coexistence pacifique avec les puissances impérialistes, transformant les différents partis communistes en instruments de la politique étrangère contre-révolutionnaire de Moscou. Au cours des années 1930, la bureaucratie du Kremlin, agissant pour préserver ses privilèges en tant que caste nationaliste, a orchestré une série de trahisons dévastatrices qui ont écrasé les mouvements révolutionnaires et ouvert la voie à la Seconde Guerre mondiale.

Aujourd’hui, la haine du CPM-K envers Trotsky, tout comme la campagne incessante de mensonges et de meurtres de masse du régime stalinien dans les années 1930, est due au fait que l’opposition socialiste-internationaliste du trotskysme au régime bureaucratique-nationaliste de Staline et la défense de la perspective de la révolution socialiste mondiale continuent d’être la principale menace politique pour l’ordre capitaliste et ses défenseurs politiques.

La classe ouvrière kenyane ne peut compter sur les formations nationalistes staliniennes, maoïstes ou petites-bourgeoises pour mener la lutte pour le socialisme. Ces forces ont pour vocation de détourner l'énergie révolutionnaire vers des appels sans aucune issue à l'État bourgeois, empêchant ainsi les travailleurs de développer leur propre mouvement politique indépendant.

Ce qu'il faut, c'est construire un parti révolutionnaire, fort des leçons du siècle dernier. Un tel parti doit rejeter les illusions d'une réforme du système capitaliste, le mythe d'une fraction progressiste de la bourgeoisie et l'impasse de stades «nationaux démocratiques» qui repoussent indéfiniment la lutte pour le socialisme. Il doit s'appuyer sur la théorie trotskyste de la Révolution permanente, reconnaissant que les tâches démocratiques et socialistes au Kenya et dans toute l'Afrique ne peuvent être réalisées qu’à travers la mobilisation indépendante de la classe ouvrière contre le capitalisme et l'impérialisme, comme un sous-produit de la prise du pouvoir de la classe ouvrière dans une révolution socialiste.

Il s’agit avant tout d’adopter une perspective internationaliste qui relie les luttes des travailleurs kenyans à celles de leurs frères et sœurs de classe dans le monde entier, en particulier dans les centres impérialistes.

Les leçons de l'année écoulée sont claires: aucune faction de la classe dirigeante, qu'elle soit alignée sur l'impérialisme occidental ou sur la Chine capitaliste, ne peut résoudre les crises profondes auxquelles sont confrontés les travailleurs et la jeunesse. La seule voie menant de l’avant est la création d'une section kenyane du Comité international de la Quatrième Internationale.

Fin

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