Israël massacre encore 60 Palestiniens à Gaza et relance son offensive terrestre

Des Palestiniens déplacés, portant leurs affaires, se déplacent de Beit Hanoun à Jabaliya, un jour après la nouvelle offensive israélienne dans la bande de Gaza, mercredi 19 mars 2025. [AP Photo/Jehad Alshrafi]

Un jour après qu'Israël a massacré plus de 400 personnes dans une série de frappes aériennes à Gaza, l'armée israélienne a poursuivi sa campagne de bombardements et lancé une offensive terrestre sur le territoire palestinien.

Selon Al Jazeera, soixante personnes ont été tuées mardi, portant le nombre total de personnes tuées sur une période de deux jours à près de 500. Les massacres et les opérations terrestres sont en violation flagrante d'un «cessez-le-feu» qu'Israël avait nominalement accepté il y a deux mois

Le lancement d'une nouvelle offensive militaire majeure à Gaza s'est accompagné des plus importantes attaques américaines sur le Yémen à ce jour et de menaces croissantes de l'administration Trump de lancer une guerre contre l'Iran. L'objectif de cette escalade militaire régionale est le nettoyage ethnique et l'annexion de Gaza, dans le cadre de la création d'un « Nouveau Moyen-Orient » dominé par les États-Unis et Israël.

Le génocide à Gaza, qui dure depuis 18 mois, a officiellement fait 61 700 morts, selon le bureau des médias de Gaza, et a rasé toute la region.

Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a déclaré que les frappes aériennes de mardi et mercredi n'étaient « que la première étape », menaçant Gaza de « destruction complète ». Il a poursuivi ainsi: « Israël agira avec une force que vous n'avez encore jamais connue.»

Il a promis: « Israël agira avec une intensité que vous n'avez jamais vue. » Il a déclaré aux habitants de Gaza: « Ce qui suivra sera beaucoup plus dur, et vous paierez le prix fort. »

Un grand nombre de Palestiniens sont retournés dans leurs maisons et leurs quartiers détruits au cours des deux derniers mois et sont maintenant déplacés de force.

L'armée israélienne a donné des ordres d'évacuation à 150 000 personnes dans le nord et l'est de Gaza, laissant entrevoir la perspective d'une invasion terrestre imminente de ces régions.

Farida al-Ghoul, une enseignante d'anglais âgée de 28 ans, a déclaré au Financial Times qu'elle avait été forcée de fuir avec sa famille de la ville de Jabalia, au nord. «Nous n'avons pu emporter que quelques vêtements et des conserves, mais pas d'eau, car il n'y a même pas une charrette tirée par un âne pour nous transporter, et nous pourrions avoir besoin de porter les enfants… Nous ne sommes pas juste des chiffres, nous avons des familles et nous avons des rêves. »

En réponse au massacre de mardi, Catherine Russell, directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré dans un communiqué que mardi avait été la journée la plus meurtrière pour les enfants à Gaza au cours des 12 derniers mois. «Les informations et les images provenant de la bande de Gaza après les attaques d’aujourd’hui sont au-delà de l’horreur. Des centaines de personnes ont été tuées, dont plus de 130 enfants, ce qui représente le plus grand nombre de décès d’enfants en une seule journée au cours de la dernière année »

Les Nations Unies ont annoncé qu'un membre de leur personnel avait été tué et cinq autres blessés lors d'une attaque mercredi contre l'une de leurs maisons d'hôtes à Gaza. Jorge Moreira da Silva, chef du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets, a déclaré qu'« Israël savait qu'il s'agissait de locaux de l'ONU, où des personnes vivaient, séjournaient et travaillaient ». Ce massacre a porté à 280 le nombre de membres du personnel de l'ONU tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Le ministère des Affaires étrangères bulgare a confirmé que le membre du personnel de l'ONU était de nationalité bulgare.

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré dans un communiqué qu'il condamnait « fermement toutes les attaques contre le personnel de l'ONU et [demandait] une enquête complète. » Il a ajouté: « Les emplacements de tous les locaux de l'ONU sont connus des parties dans ce conflit, qui sont tenues par le droit international de les protéger et d'assurer leur inviolabilité absolue ».

Le Bureau des médias du gouvernement de Gaza a condamné le ciblage de l'installation de l'ONU par Israël. «Ce crime», a-t-il déclaré, « [fait] partie d'une politique délibérée visant les institutions de l'ONU et humanitaires pour les empêcher de remplir leur devoir d'assistance au peuple palestinien».

Parallèlement au bombardement, les forces israéliennes sont entrées à Gaza pour occuper le corridor de Netzarim, qu'elles ont utilisé pour diviser Gaza en deux parties, nord et sud, et empêcher les Palestiniens de se déplacer librement.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a annoncé que ses forces avaient «commencé une opération terrestre ciblée dans le centre de la bande de Gaza et dans le sud dans le but d'étendre la zone de sécurité et de créer une zone tampon partielle entre le nord et le sud de la bande de Gaza».

Les massacres et les opérations terrestres se déroulent dans le contexte d'un blocus total par Israël de la nourriture, de l'eau, de l'énergie et des fournitures médicales à Gaza, qui dure maintenant depuis plus de deux semaines.

Dans un communiqué, le ministère palestinien de la Santé a déclaré que le système de santé était confronté à un effondrement total. « Dans la bande de Gaza, les hôpitaux fonctionnent à double capacité, face à un afflux continu de patients blessés. Le système de santé souffre d'une grave pénurie de médicaments, de fournitures médicales et de carburant nécessaire au fonctionnement des équipements médicaux et des générateurs. »

Le communiqué poursuit ainsi: «Le ciblage direct des établissements de santé a mis plus de 80 % des hôpitaux et des centres médicaux hors service, tandis que les quelques établissements restants souffrent d'une surpopulation extrême, d'une grave pénurie de personnel médical et de l'impossibilité de réaliser des opérations urgentes en raison du manque d'anesthésie et de fournitures de base.»

Marwan al-Hams, directeur des hôpitaux de campagne au ministère de la Santé de Gaza, a déclaré à Al Jazeera qu'en raison du blocus israélien sur les fournitures médicales, «toute personne subissant une blessure grave dans la bande de Gaza est condamnée à mourir à cause du manque de ressources». Il a ajouté que la coupure par Israël de l'électricité alimentant la principale usine de dessalement d'eau de Gaza représente «un danger particulier pour les patients atteints de maladies rénales». Il a accusé Israël de mener «un acte de vengeance» en tentant de «stopper complètement les services médicaux».

Un rapport du Bureau central palestinien des statistiques a montré que l'approvisionnement en eau de Gaza a chuté de 65 %, laissant la personne moyenne avec environ un gallon d'eau (3,7 litres) par jour soit environ un quart de la norme humanitaire minimale de l'Organisation mondiale de la santé pour les situations d'urgence.

L'attaque contre Gaza s'est accompagnée de nouvelles opérations militaires israéliennes en Cisjordanie, où les forces israéliennes ont procédé à des arrestations et forcé plus de 80 familles à fuir du camp de réfugiés d'Ein Beit el-Ma.

Dans une déclaration, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a évoqué la possibilité d'étendre l'offensive d'Israël contre la Cisjordanie: «Alors que nous menons une guerre puissante contre le Hamas dans la bande de Gaza, nous sommes conscients de la possibilité qu'un front plus large et plus puissant s'ouvre ici en [Cisjordanie occupée]».

Le Wall Street Journal a salué la reprise des massacres à Gaza dans un éditorial publié mercredi, intitulé « Plus de cessez-le-feu gratuit à Gaza pour le Hamas ». Il a acclamé les plans de l'administration Trump visant à cibler l'Iran et déclaré que « pour la première fois dans cette guerre, l'Iran est sous pression américaine plutôt que sous protection ».

Mercredi, les États-Unis ont mené des attaques dans tout le Yémen, après des attaques au cours du week-end qui ont tué des dizaines de personnes.

Dans une déclaration, le président américain Donald Trump a menacé « d'anéantir » le mouvement houthiste au Yémen et a proféré des menaces contre l'Iran. « Regardez comment ça va empirer progressivement. Ce n'est même pas un combat équitable, et ça ne le sera jamais. Ils seront complètement anéantis! » a écrit Trump à propos des rebelles houthis soutenus par l'Iran. Il a ajouté: « L'Iran doit cesser IMMÉDIATEMENT l'envoi de ces fournitures. »

Séparément, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain a déclaré au Jerusalem Post que Trump avait envoyé une lettre au Guide suprême iranien Ali Khamenei, donnant à l'Iran un délai de deux mois pour fermer son programme nucléaire, ajoutant que si cela «n'était pas possible, il y aurait d'autres moyens de résoudre le différend», une menace d'attaquer directement l'Iran.

(Article paru en anglais le 20 mars 2025)