Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont fait irruption vendredi dans l'hôpital Kamal Adwan à Beit Lahia. Elles ont fait sortir de force les patients et le personnel, puis ont mis le feu à l'établissement. Cet hôpital était le dernier établissement médical du nord de la bande de Gaza à être resté ouvert depuis le début du génocide israélien contre les Palestiniens en octobre 2023.
Le New York Post a rapporté que plus de 240 personnes ont été arrêtées, dont le directeur de l'hôpital, le Dr Hussam Abu Safiya, qu'Israël a accusé d'être un agent du Hamas. L'armée sioniste a cherché à dissimuler l'impact de son assaut brutal en affirmant qu'elle avait évacué 350 patients et membres du personnel avant son raid.
Mais l'évacuation forcée a interrompu les soins médicaux aux patients, en particulier de ceux gravement malades ou dépendants de traitements vitaux. Le détails des hôpitaux ou refuges où les patients étaient transférés étaient difficilement disponibles, car la situation restait chaotique avec l'opération militaire en cours.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a condamné le raid, déclarant que le fait de rendre le dernier grand hôpital du nord de Gaza non opérationnel signifiait que la vie d'environ 75 000 habitants qui dépendaient de ses services était en danger.
L'OMS a en outre critiqué la destruction systématique de l'infrastructure de santé de Gaza, soulignant que les hôpitaux restants étaient mal équipés pour gérer l'afflux de patients en provenance de Kamal Adwan. Des groupes médicaux et humanitaires ont exprimé leur profonde inquiétude face au raid, soulignant le dévouement du Dr Safiya à la santé des enfants dans des conditions désastreuses.
Le Hamas a nié l’affirmation d'Israël que les militants utilisaient l'hôpital comme centre de commandement et a appelé à une intervention internationale pour protéger les installations médicales. L'incident a intensifié les débats sur la protection des établissements de santé dans les zones de conflit et sur l'impact humanitaire des opérations militaires sur les infrastructures civiles.
Un rapport publié samedi par l'OMS indique :
Les premiers rapports indiquent que certaines parties de l'hôpital ont été brûlées et gravement endommagées pendant le raid, notamment le laboratoire, l'unité chirurgicale, le département d'ingénierie et de maintenance, la salle d'opération et le magasin médical. Plus tôt dans la journée, douze patients et un membre du personnel soignant auraient été contraints d'évacuer vers l'hôpital indonésien détruit et hors d'état de fonctionner, où il n'est pas possible de prodiguer des soins, tandis que la plupart des membres du personnel, des patients stables et des accompagnants ont été déplacés vers un lieu situé à proximité.
En outre, certaines personnes ont été déshabillées et forcées de marcher vers le sud de Gaza. Au cours des deux derniers mois, la zone autour de l'hôpital est restée très instable et des attaques contre les hôpitaux et les agents de santé ont eu lieu presque quotidiennement. Cette semaine, des bombardements dans les environs ont tué 50 personnes, dont cinq travailleurs de la santé de l'hôpital Kamal Adwan.
Kamal Adwan est maintenant vide. ... Le déplacement et le traitement de ces patients gravement malades dans de telles conditions posent de graves risques pour leur survie. L'OMS est profondément inquiète pour leur bien-être, ainsi que pour le directeur de l'hôpital Kamal Adwan qui a été détenu pendant le raid. L'OMS a perdu le contact avec lui depuis le début du raid.
L'hôpital Kamal Adwan a été la cible d'attaques militaires et de sièges répétés de la part des forces israéliennes au cours des 14 derniers mois.
Le 25 octobre, les forces israéliennes ont assiégé l'hôpital et y ont piégé environ 600 patients, accompagnateurs et membres du personnel. L'OMS a signalé à l'époque que le personnel médical avait été blessé et arrêté lors de ce raid. Le directeur, le Dr Safiya, a déclaré que les chars israéliens avaient encerclé l'installation, coupé l'électricité et bombardé le bâtiment, ciblant les deuxième et troisième étages. À la suite du raid, l'hôpital a subi d'importants dommages, notamment la destruction de fournitures essentielles en raison des bombardements.
Début décembre 2024, l'armée israélienne a mené des frappes aériennes près de l'hôpital, faisant des victimes civiles. Le 11 décembre, la maternité de l'hôpital a été prise pour cible, entraînant la mort de deux mères et de leurs nouveau-nés. Le lendemain, les forces israéliennes ont fait irruption dans l'hôpital, arrêtant environ 70 membres du personnel médical et ordonnant à tous les hommes de plus de 16 ans de sortir pour être fouillés.
Des informations sont apparues faisant état de bulldozers israéliens ayant écrasé des personnes s'abritant à l'extérieur de l'hôpital et faisant de nombreuses victimes. Le ministre palestinien de la santé a demandé l'ouverture d'une enquête sur ces incidents, et les organisations internationales ont exprimé leur profonde inquiétude quant aux implications humanitaires des attaques contre l'hôpital.
L'intensification des attaques et la fermeture de l'hôpital Kamal Adwan font partie de la destruction systématique de l'infrastructure médicale de Gaza par Israël. Depuis le 7 octobre 2023, de nombreux hôpitaux ont été pris pour cible, et l'assaut soutenu contre les établissements de santé est un élément central de l'opération délibérée de meurtre et de nettoyage ethnique du régime de Benjamin Netanyahou.
Israël a mené des frappes aériennes contre l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa dans le centre de Gaza, l'hôpital Al-Wafa dans le centre de Gaza-ville, l'hôpital Al-Quds de Gaza-ville, l'hôpital de l'amitié turco-palestinienne dans le centre du territoire et le complexe médical Nasser de Khan Yunis. Des dizaines de personnes ont été tuées lors de ces frappes. D’innombrables autres ont succombé au manque d'accès aux soins dans le cadre d’un déchaînement israélien qui a détruit ou endommagé les deux tiers de toutes les structures de l'enclave palestinienne.
Bien que les informations complètes soient limitées, un nombre important de civils, y compris des enfants, ont été tués en conséquence directe d'attaques contre des infrastructures médicales, notamment des frappes de missiles de drones sur des ambulances qui tentaient d'atteindre les blessés ou de transporter les victimes vers les hôpitaux. Les frappes aériennes du 22 octobre 2023 près des hôpitaux Al Shifa et Al Quds, par exemple, ont contribué à ce qui a été décrit à l'époque comme la nuit «la plus sanglante» du génocide.
Depuis, les opérations militaires ont fait de nombreuses victimes parmi le personnel médical. Le ministère de la santé de Gaza a indiqué qu'environ 986 travailleurs de la santé avaient été tués depuis octobre 2023. Cela inclut 165 médecins, 260 soignants, 300 membres du personnel de gestion et de soutien, 184 professionnels de la santé, 76 pharmaciens et 12 autres travailleurs de la santé.
Le 3 novembre 2023, ce ministère signalait que 136 ambulanciers avaient été tués et que 25 ambulances avaient été détruites depuis le début du conflit. Le même jour, Israël a bombardé un convoi médical à l'extérieur de l'hôpital Al-Shifa.
Le docteur Hussam Abu Safiya, qui a été arrêté lors du dernier assaut contre l'hôpital Kamal Adwan, est né en 1973 dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza; il est pédiatre palestinien et défenseur des droits de l'homme. Le docteur Safiya a refusé d'évacuer l'hôpital, préférant rester auprès des patients, malgré les ordres des forces militaires israéliennes.
En octobre 2024, lors d'un raid israélien antérieur, le Dr Safiya a été brièvement détenu mais est revenu pour poursuivre son travail. Tragiquement, pendant sa détention, son fils Ibrahim, âgé de 15 ans, qui se réfugiait à l'hôpital avec sa famille, a été tué par une frappe de drone israélien.
Le 27 décembre 2024, les forces israéliennes ont de nouveau arrêté le Dr Abu Safiya lors d'un raid sur l'hôpital, l'accusant d'être un membre du Hamas. Cette action a été condamnée par les organisations médicales et humanitaires qui ont souligné son engagement pour la santé des enfants dans des circonstances difficiles.
Tout au long du génocide en cours, le World Socialist Web Site a rapporté et analysé les attaques du gouvernement israélien contre les installations médicales et le personnel de santé, qui se sont déroulées avec le soutien du gouvernement américain. Ces attaques délibérément meurtrières sont aujourd'hui à peine commentés par l'administration Biden alors qu'elle s’occupe de sa sortie de la Maison-Blanche pour faire place à la deuxième administration Trump.
Vendredi, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, a fait ces commentaires peu sincères aux journalistes: «Les hôpitaux ne devraient pas être des scènes actives de combats et de conflits. Les gens devraient pouvoir se sentir en sécurité en allant à l'hôpital, obtenir les soins médicaux dont ils ont désespérément besoin ».
Kirby a également réitéré les affirmations israéliennes selon lesquelles le Hamas utilisait les hôpitaux pour «stocker des caches d'armes, pour loger des combattants, pour planifier et coordonner», des allégations qui n'ont jamais été étayées par un seul élément de preuve. Kirby a ensuite refusé de répondre à des questions spécifiques sur la frappe lancée contre l'hôpital Kamal Adwan.
(Article paru en anglais le 30 décembre 2024)