Les discussions NFP-Macron en vue de former un gouvernement révèlent la faillite de Mélenchon

Hier, les représentants du PS, du PCF et des Verts se sont réunis avec Emmanuel Macron à l’Elysée pour préparer des pourparlers gouvernementaux qui se poursuivent aujourd’hui. Les commentaires de leurs dirigeants indiquent que Macron a pris une décision tactique qu’il ne peut plus installer un gouvernement minoritaire, comme celui de Barnier qui vient de chuter, dépendant du soutien tacite du RN. Il prépare l’entrée au gouvernement du Nouveau Front Populaire (NFP), avec l’exception éventuelle de La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon.

Les dirigeants du NFP, en se vautrant dans des discussions d’alliance gouvernementale avec Macron, prétendu que le président des riches va infléchir sa politique. «Chacun doit faire un pas vers l’autre» a déclaré Marine Tondelier, la dirigeante des Verts, en arrivant à l’Elysée pour ses discussions avec Macron. Elle a dit que Macron devrait «proposer quelque chose qui ne soit pas juste la continuité de sa politique» afin d’incarner «l’alternance».

Tondelier s’est voulue rassurante après son entretien présidentiel. Pour Macron, «La solution ne pourrait plus reposer sur un accord avec le Rassemblement national», a-t-elle déclaré en sortant de l’Elysée. «Il a été très clair sur le fait que le Rassemblement national, pour lui, n'était pas dans le périmètre des partis qui souhaitaient discuter.»

Ce n’est qu’un enfumage cynique de l’écrasante majorité des Français qui rejettent la politique de Macron. L’inclusion de quelques partis du NFP dans un gouvernement dirigé par Macron ne changera pas les grandes lignes de son action. Celles-ci seront fixées par l’intersection de la crise mondiale du capitalisme, avec la montée des guerres en Ukraine et au Moyen-Orient ainsi que des crises économiques, et des intérêts capitalistes personifiés par Macron, le président-banquier.

Ces négociations réactionnaires du NFP avec Macron doivent servir d’avertissement aux travailleurs. La lutte contre l’austérité, la guerre, et la répression d’extrême-droite menée par Macron ne peuvent pas se dérouler sous le contrôle des partis du NFP et des appareils syndicaux liés au NFP. Ceci nécessite l’organisation et la mobilisation de l’opposition des travailleurs de la base, en France et à l’international, dans une lutte pour le socialisme contre les forces du NFP.

En passant d’une alliance tacite avec le RN à une proposition d’alliance avec le NFP, Macron ne change pas les intérêts de classe qu’il défend. Le NFP est une alliance du PS bourgeois, avec ses satellites Verts et staliniens, avec le parti populiste LFI de Mélenchon, qui est lui-même ex-ministre PS. La question qui est posée est plutôt la suivante: Pourquoi le NFP est-il compatible avec un président haï qui est lui-même compatible avec le néofascisme?

Mélenchon et les dirigeants de LFI soulignent souvent, les promesses sociales faites aux travailleurs par le programme du NFP. Les pourparlers du NFP avec Macron, au cours desquels il avoue qu’ils compte abandonner certaines de ces promesses, plutôt en lumière le reste de ce programme. Il n’est pas incompatible avec le projet de Macron de préparer la France à la «guerre à haute intensité» dans les guerres en Europe et au Moyen Orient, et de financer les guerres en pillant les travailleurs.

Le programme du NFP propose d’envoyer des troupes (maquillées en «casques bleus») en Ukraine et de renforcer la gendarmerie et le renseignement. Quant aux promesses sociales du NFP, elles ont un caractère tout à fait factice. L’inclusion dans le NFP de l’ex-président François Hollande, qui se targu d’avoir joué un rôle dirigeant pendant des décennies au PS dans la privatisation de l’économie française, en dit long sur sa réelle orientation de classe.

Le dirigeant du PCF, Fabien Roussel, avait déclaré la semaine dernière que le NFP «ne demanderait pas la mise en œuvre de tout programme». A présent, il prépare clairement le terrain pour l’abandon net des promesses du NFP de faire abroger la réforme des retraites imposée par Macron en 2023 au mépris de l’opposition d’une écrasante majorité des Français.

Plutôt que d’abroger la réforme, Roussel a proposé après sa réunion avec Macron hier une «conférence sociale pour remettre ce sujet aux partenaires sociaux», c’est-à-dire aux négociations des bureaucraties syndicales avec Macron et les instances patronales. Roussel a indiqué que de pareilles négociations permettraient une «sortie par le haut.»

Roussel a aussi laissé entendre qu’à la différence du PS, le PCF est peut dès maintenant envisager de participer à un gouvernement dirigé par une personnalité ouvertement de droite, comme François Bayrou. «On ne met pas un préalable sur les noms», a déclaré Roussel, qui a proposé dé réunir tous ceux qui «veulent avancer».

Ces déclarations soulignent les raisons pour lequelles un même président, Macron, peut s’allier d’abord avec le RN et ensuite avec le NFP. Plus de 30 ans après la dissolution de l’Union soviétique par la bureaucratie stalinienne, le PCF et ses relais dans les bureaucraties syndicales ont évolué très loin à droite. Partisans d’une militarisation de l’Europe financée par l’austérité, et de la construction de l’État policier ils sont prêts à tout pour imposer cette politique aux travailleurs.

La recherche ouverte par Macron d’une alliance avec des pans entiers du NFP révèle la faillite et la stupidité politiques de Mélenchon. Il a formé la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale avec le PS, le PCF et les Verts en 2022, alliance qu’il a ensuite renommée le NFP pour les élections de juillet 2024. En 2022, le PS et ses alliés étaient totalement discrédités par les politiques d’austérité et l’état d’urgence qu’ils avaient imposés sous la présidence de Hollande. C’est Mélenchon qui a joué le rôle central pour les ressusciter.

Suite à la formation du NFP, Mélenchon organisé des désistements de candidats LFI au profit du PS et de Macron, déclarant idiotement que cela barrerait la route à l’extrême-droite. Par sa politique réactionnaire d’alliance avec des partis de l’impérialisme français comme le PS, Mélenchon a renforcé le néofascisme.

Marine Le Pen peut se poser en seule alternative à la «gauche» complice de Macron, et Mélenchon ne fait que pousser des soupirs impuissants.

Ayant refusé l’invitation de Macron d’envoyer des dirigeants LFI à l’Elysée, il critique à présent les dirigeants du PS pour avoir rencontré Macron et laissé ouvert la possibilité d’un gouvernement de coalition avec la droite. «Nous avons été mis devant le fait accompli», a-t-il dit, dénonçant la «méthode extrêmement brutale» du PS, qui «a fait 1,67 pour cent à l’élection présidentielle» de 2022. Il a tweeté, «Le PS/PCF/EELV en coalition pour négocier avec les droites: retour vers le passé. Tristesse.»

En réalité, les différends entre LFI et les autres partis du NFP sont assez mineurs, ce qui est la raison pour laquelle Mélenchon et LFI ont formé le NFP. Pour l’heure, LFI a décidé de rejeter l’invitation de Macron à rejoindre les pourparlers à l’Elysée. «Aucune discussion autre que la nomination d'un gouvernement du Nouveau Front Populaire ne saurait avoir lieu avec le chef de l'État», a déclaré le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard.

Ainsi la question qui divise le NFP – si le premier ministre serait Bayrou ou un cacique du PS, ou si la droite participerait ou non au gouvernement – ne sont qu’une question de tactique pour la classe dirigeante. Aucune d’entre elle ne modifierait l’orientation de classe ou la politique mondiale que poursuivrait un gouvernement de coalition entre Macron et des fractions du NFP. Ce serait un représentant de l’impérialisme français, menant une politique d’austérité contre la classe ouvrière.

La lutte contre Macron et contre la montée politique de Le Pen nécessite à la fois d’alerter et de mobiliser la classe ouvrière contre le rôle d’un éventuel gouvernement NFP-Macron, et une lutte politique contre le populisme nationaliste de Mélenchon qui a sous-tendu la construction du NFP.

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