Il faut stopper l'escalade de la guerre menée par Starmer contre la Russie! Construisons un mouvement socialiste anti-guerre!

Le gouvernement travailliste du Premier ministre Keir Starmer a poussé la Grande-Bretagne au bord d'une guerre totale avec la Russie ; les conséquences en sont dévastatrices.

En acceptant que l’Ukraine tire des missiles de croisière Storm Shadow sur le territoire russe, il a fait une déclaration de guerre de facto sans même un débat au Parlement. Son ministre de la Défense, John Healey, a eu l’effronterie de dire à la commission parlementaire de la Défense que «le seul à bénéficier d’un tel débat public, c’est le président Poutine».

Le missile britannique longue portée Storm Shadow. [Photo by Rept0n1x / CC BY-SA 3.0]

Le Parti travailliste peut refuser un débat public sur une guerre pour laquelle il n’existe aucun soutien populaire parce que le Parlement est un cloaque peuplé de députés qui fonctionnent comme un seul parti de la guerre, déterminé à satisfaire les intérêts prédateurs de l’impérialisme britannique, même au risque d’un conflit nucléaire.

Au lendemain de l'autorisation par le président Biden d'attaques où l’Ukraine utilise des missiles américains, qui a conduit à l'utilisation d'ATACMS mardi dernier, et d'un nombre non confirmé de missiles britanniques Storm Shadow tirés sur Koursk mercredi, le président Vladimir Poutine a clairement indiqué que la Russie considérait cela comme une participation directe des États-Unis et de la Grande-Bretagne à une guerre contre la Russie.

Dans un discours télévisé jeudi, il a averti en particulier d’attaques contre les installations militaires américaines et britanniques: «Nous avons le droit d’utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations», a-t-il déclaré. «Et en cas d’escalade des actions agressives, nous répondrons résolument de manière symétrique.»

Poutine a confirmé que la Russie avait tiré une «version hypersonique non nucléaire d'un missile balistique» qui a touché un complexe de missiles et d'armement ukrainien dans la ville de Dnipropetrovsk. Le nouveau missile a été choisi parce que sa charge utile est exclusivement associée à des missiles à capacité nucléaire et parce que, a affirmé Poutine, «il n'existe actuellement aucun moyen de contrer cette arme. Les missiles attaquent des cibles à une vitesse de Mach 10, soit 2,5 à 3 km par seconde».

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a nommé la base de missiles américaine de Redzikowo en Pologne comme une «cible prioritaire pour une destruction potentielle». Mais la menace de représailles de la Russie est bien plus vaste. Les responsables américains ont déclaré qu'un missile balistique de portée intermédiaire (IRBM) a une portée de 3 000 à 5 500 km (1 860 à 3 415 miles), ce qui fait de l'ensemble de l'Europe et de la Grande-Bretagne une cible potentielle.

À cela, le gouvernement britannique et les partis d’opposition se sont unis derrière une seule demande: intensifier la guerre!

Starmer a déclaré jeudi au Parlement: «Nous ne nous laisserons pas décourager ou distraire par des menaces inconsidérées […] nous soutiendrons l’Ukraine avec ce qui est nécessaire aussi longtemps que cela sera nécessaire ».

Keir Starmer s'exprimant au Parlement, avec le ministre des Affaires étrangères David Lammy (assis à gauche), le 21 novembre 2024 [Photo by UK Parliament/Flickr / CC BY-NC-ND 2.0]

Il a félicité la cheffe du Parti conservateur Kemi Badenoch pour son soutien, saluant «l’unité continue à travers la Chambre […] Si nous sommes divisés sur cette question, le seul gagnant sera Poutine et je ne suis pas prêt à laisser cela se produire ».

Les forces armées ont réagi de la même manière. Rob Magowan, chef adjoint de l' état-major de la défense britannique, a déclaré à la commission parlementaire de la Défense: «Si l'on demandait à l'armée britannique de se battre ce soir, elle se battrait ce soir. Je ne pense pas que quiconque dans cette salle doive se faire d’illusions: si les Russes envahissaient l'Europe de l'Est ce soir, nous les affronterions dans ce combat.»

L’ancien chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn, exclu du parti, a poliment demandé à Starmer: «Quelle voie envisage-t-il pour mettre fin » au conflit? Sur X/Twitter, il a exigé que Starmer fasse une déclaration confirmant si des missiles britanniques ont été tirés sur la Russie et «dise au public britannique si cela signifie que nous sommes désormais en guerre avec une puissance nucléaire, quel risque cela représente pour la population britannique et pourquoi cette action a été prise sans aucune approbation du Parlement.»

Mais il a manqué à formuler ces demandes au Parlement et personne d’autre ne l’a fait non plus.

Corbyn ne parle même pas au nom de l’ensemble du Groupe de campagne socialiste, qu’il a dirigé autrefois, pour s’opposer à la guerre contre la Russie. Son ancien ministre fantôme des Finances, John McDonnell, est à la tête de plusieurs membres du groupe réclamant depuis longtemps une augmentation des livraisons d’armes britanniques à l’Ukraine, et non la fin du conflit, et qui ont maintenant vu leurs vœux exaucés!

Le refus de Corbyn de chasser les blairistes du Parti travailliste est la cause principale pour laquelle l’ignoble belliciste Starmer est arrivé au pouvoir. De plus, Corbyn dirige la Stop the War Coalition (Coalition pour arrêter la guerre), qui a pratiquement ignoré la guerre en Ukraine et ses dangers pendant plus d’un an, isolant les millions de personnes qui ont protesté contre le génocide de Gaza d’une lutte plus large contre la guerre soutenue par l’impérialisme en Ukraine.

La coalition Stop the War a émis une protestation de pure forme contre Starmer et Biden « pour avoir retardé d’éventuelles solutions diplomatiques» et «nous avoir amenés au bord d’une guerre plus vaste entre grandes puissances nucléaires». Mais comme dans ses appels constants au gouvernement britannique pour qu’il soutienne un cessez-le-feu à Gaza, Stop the War termine par un appel lamentable à «Starmer et Biden pour qu’ils mettent fin immédiatement à ces provocations et se concentrent sur la garantie d’une fin négociée de la guerre».

L’escalade du conflit en Russie et en Ukraine intervient dans le contexte du danger croissant de génocide à Gaza et d’attaques contre le Liban et la Syrie, qui pourraient se transformer en guerre ouverte avec l’Iran, et des tensions croissantes avec la Corée du Nord – au moins nominalement ciblée à Koursk – et avec la Chine. La propagation mondiale de la guerre trouve ses racines dans la crise grandissante du capitalisme mondial, qui pousse les puissances impérialistes à une lutte pour l’hégémonie mondiale. Celle-ci a déjà coûté des centaines de milliers de vies en Ukraine et conduit à des massacres et au nettoyage ethnique des Palestiniens. Dans la lutte pour s’y opposer, c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu.

Stop the War et les tendances pseudo-gauches et staliniennes qui composent la coalition s’opposent à la mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière internationale qui seule peut mettre fin à la guerre. Les mêmes conditions qui donnent naissance à la guerre poussent la classe dirigeante à un conflit toujours plus direct et brutal avec les travailleurs, qui doivent en payer le prix. Mais tout dépend de la capacité des luttes qui éclateront contre le militarisme, l’austérité et la réaction de droite à s’armer d’une perspective et d’une direction socialistes et internationalistes.

Une année de manifestations de masse contre l’attaque meurtrière d’Israël contre les Palestiniens – avec le soutien actif de Londres, Washington, Berlin et Paris – qui ont limité les travailleurs et les jeunes à faire pression «dans la rue» pour un renversement de la politique gouvernementale a conduit à une impasse politique. Les conservateurs ont été remplacés par un gouvernement travailliste tout aussi déterminé à commettre un génocide et qui œuvre désormais à l’unisson pour une guerre contre la Russie, aux conséquences encore plus dévastatrices.

Le SEP (Socialist Equality Party – Parti de l’égalité socialiste) et nos camarades du Comité international de la Quatrième Internationale appellent à la construction d’un mouvement socialiste anti-guerre basé sur la classe ouvrière internationale, la grande force révolutionnaire de la société.

Il faut que ce mouvement soit mené en tant qu’offensive politique des travailleurs contre l’impérialisme britannique et son gouvernement travailliste, en s’opposant aux dirigeants syndicaux qui soutiennent l’OTAN, le génocide et la guerre tout autant que Starmer. Ils sabotent et trahissent systématiquement tout développement de la lutte des classes qui menace d’entraver la campagne pour subordonner la vie sociale et économique aux diktats de la guerre commerciale et militaire.

Une rébellion de la base des travailleurs est nécessaire, qui conjugue la lutte pour la défense du niveau de vie à une lutte politique contre l’impérialisme. Cela est indissociable de la défense résolue des droits sociaux et démocratiques, car la classe dirigeante ne peut pas faire la guerre à l’étranger, ni imposer les vastes attaques contre les emplois, les salaires et les services essentiels qu’elle exige, par des moyens démocratiques. C’est pourquoi l’opposition à la guerre est criminalisée partout, y compris en Ukraine, où le leader de la jeunesse trotskyste Bogdan Syrotiuk a été arrêté parce qu’il s’est battu pour unifier les travailleurs en Russie et en Ukraine contre le conflit.

Les travailleurs doivent comprendre que la lutte contre la guerre est une lutte contre le capitalisme et pour le socialisme, et qu’elle exige une lutte pour mettre fin à la dictature du capital financier et du système économique capitaliste. Le Socialist Equality Party exhorte tous les travailleurs et les jeunes qui reconnaissent cette vérité fondamentale à le rejoindre.

(Article paru en anglais le 23 novembre 2024)

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