Les élections fédérales allemandes de 2025 ont été devancées du 28 septembre au 23 février. Après l'échec de la coalition des sociaux-démocrates (SPD), des Verts et des libéraux-démocrates (FDP), les trois partis, avec les chrétiens-démocrates de l'opposition (CDU/CSU) et le président fédéral Frank-Walter Steinmeier, se sont mis d'accord sur des élections anticipées.
La campagne électorale a déjà commencé. Mercredi, le chancelier Olaf Scholz (SPD) a présenté au Bundestag (parlement) une déclaration gouvernementale qui, comme le débat qui a suivi, a été marquée par la rhétorique de la campagne électorale. Toutefois, outre les échanges rituels habituels, les discours ont été dominés par des appels à l'unité et à la coopération.
S'il existe des divergences sur les moyens, les partis établis sont largement d'accord sur les objectifs de leur politique : intensification de la guerre en Ukraine et augmentation des dépenses d'armement ; fermeture des frontières et expulsion des migrants ; licenciements collectifs, baisse des salaires réels et réduction des prestations sociales afin de financer le réarmement et d'augmenter les profits.
Ils savent que ces objectifs sont profondément impopulaires et qu'ils rencontreront de la résistance. Et ils sont conscients qu'ils devront former une coalition après les élections pour les faire passer. Il ne faut jamais oublier, a averti Scholz, qu'après les élections on devra travailler ensemble au-delà des clivages politiques, ajoutant que le compromis était la seule voie viable pour aller de l'avant.
Scholz a pratiquement supplié le chef de la CDU, Friedrich Merz, qui, selon les sondages, a les meilleures chances de remporter l'élection, de soutenir son gouvernement minoritaire pour faire passer des législations importantes avant les élections.
Il a cité, par exemple, des mesures visant à stimuler l'économie, plus d'argent pour le réarmement et plus d'aide militaire à l'Ukraine. Il a souligné que la « nouvelle ère » de la politique étrangère agressive de l'Allemagne devait être poursuivie et que davantage de dépenses devaient être consacrées à la défense. En référence à la victoire électorale de Donald Trump aux États-Unis, il a appelé à ce que l'Ukraine ne soit pas laissée seule ; elle doit pouvoir compter sur « notre solidarité ».
Le candidat des Verts à la chancellerie, le ministre de l'Économie Robert Habeck, qui n'a pas pu assister au débat parlementaire en raison d'une panne d'avion, avait déjà fait une déclaration encore plus forte dans une interview accordée à la chaîne de télévision Deutschlandfunk.
Les projets d'infrastructure importants et les dépenses militaires ne devraient pas attendre les nouvelles élections, a-t-il déclaré. Le « fonds spécial » de 100 milliards d'euros pour la Bundeswehr (forces armées) sera épuisé d'ici 2027. Comme il est déjà clair que les fonds ne seront pas suffisants et que l'argent nécessaire manque dans le budget existant, Habeck a demandé la création d'un nouveau fonds spécial. Comme il est prévisible qu'après les élections fédérales, « nous ne pourrons plus adopter de résolutions nécessitant une majorité des deux tiers du centre démocratique », le nouveau fonds spécial doit être décidé avant la dissolution du Bundestag.
On ne saurait exprimer plus clairement le caractère antidémocratique de l'élection. Parce qu'il suppose qu'il n'y aura plus de majorité en faveur de la guerre et du réarmement après les élections, Habeck veut créer un fait accompli à l'avance.
Le chef de la CDU, Merz, n'a pas abordé directement l'offre de coopération de Scholz, mais s'est déclaré en principe prêt à le faire. Au début de son discours, il s’en est pris à Scholz. Il a déclaré qu'il divisait le pays et qu'il essayait « de manière presque grossière et inconsidérée » de « prolonger son mandat au-delà du temps imparti et de l'étendre une fois de plus ». Mais ensuite, il a soudainement fait l'éloge du chef de la faction parlementaire du SDP, Rolf Mützenich, et des Verts, qu'il a remerciés pour leur coopération dans la préparation des élections anticipées.
La dirigeante de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) d'extrême droite, Alice Weidel, qui sent une opportunité après la victoire électorale de Trump, a attaqué à la fois le SPD et la CDU, mais a en même temps appelé cette dernière à travailler ensemble. Elle a prôné des expulsions massives, l'opposition à la protection du climat et des coupes dans les prestations sociales de « revenu citoyen », que la CDU pourrait mettre en œuvre en collaboration avec l'AfD.
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock (Verts), qui a pris la parole à la place de Habeck, absent, a invoqué la « force » et la « cohésion nationale » de l'Allemagne. Dans les moments difficiles, « l'Allemagne est unie », a-t-elle proclamé, faisant campagne pour le « plus grand tour de force pour investir dans notre sécurité » au nom de la « paix », c'est-à-dire le réarmement.
Le chef du FDP (le Parti libéral-démocrate), Christian Lindner, dont le renvoi en tant que ministre des Finances avait scellé la fin de la coalition, était assis à côté du chef de la CDU, Merz, sous lequel il espère revenir à son ancien ministère. Lindner a vivement critiqué le revenu citoyen et les autres prestations sociales pour les demandeurs d'asile et a appelé à des réductions d'impôts pour les riches. Ce n'est pas la redistribution, mais la croissance, a-t-il déclaré, qui garantirait l'avenir de l'Allemagne.
L'ensemble des élections est une conspiration des partis de l'establishment contre la majorité de la population. Ils tentent par tous les moyens d'empêcher la large opposition à la guerre, aux coupes sociales et aux pertes d'emploi de s'exprimer dans les élections.
Les délais de participation aux élections pour les petits partis qui ne sont pas représentés par au moins cinq membres au Bundestag ou au parlement d'un Land sont encore plus contraignants qu'auparavant. Ils doivent non seulement remplir de nombreuses formalités qui prennent du temps, mais aussi recueillir des milliers de signatures dans les plus brefs délais, pendant l'hiver et les vacances de Noël, puis les faire confirmer officiellement. Plus de 27.000 signatures sont nécessaires pour présenter des candidats dans tous les États fédéraux.
Lors des dernières élections fédérales, 40 partis étaient en lice. Plus de 4 millions de voix ont été exprimées pour des partis non représentés au Bundestag, ce qui correspond à 8,6 % des voix. Si les obstacles ne sont pas abaissés, beaucoup de ces partis n'auront plus aucune chance de participer aux élections.
Lundi soir, le syndicat IG Metall a peut-être apporté la contribution la plus importante pour protéger es élections de la large opposition aux coupes sociales et à l'inégalité sociale. Bien que plus de 620.000 membres d'IG Metall aient déjà démontré leur volonté de se battre par des grèves d'avertissement, le syndicat a accepté une capitulation lamentable lors des négociations contractuelles couvrant les 3,9 millions d'employés des industries métallurgiques et électriques. Cet accord ne couvre même pas le niveau actuel de l'inflation, encore moins les pertes de salaire massives des dernières années, et, avec une durée de contrat de plus de deux ans, protège les arrières des entreprises, qui prévoient des licenciements collectifs.
IG Metall, qui travaille en étroite collaboration avec le gouvernement, la CDU et les associations patronales, veut à tout prix éviter une situation où des grèves généralisées de centaines de milliers de travailleurs auraient lieu en pleine campagne électorale, ce qui conduirait inévitablement à une radicalisation plus large et à une hausse de la confiance de la classe ouvrière.
Après cette capitulation, la dirigeante d'IG Metall, Christiane Benner, a cyniquement déclaré : « Le partenariat social est le facteur le plus important pour la stabilité des entreprises et des employés en période d'incertitude. Nous trouvons des solutions communes. » Elle a présenté cela comme un modèle pour les partis politiques. En réalité, le soi-disant « partenariat social » sert à lier les mains et les pieds de la classe ouvrière.
Le Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l'égalité socialiste, SGP) se présente aux élections fédérales anticipées pour armer la classe ouvrière d'une perspective socialiste dans la lutte contre les licenciements collectifs, les coupes et les guerres. « Ce n’est que si les masses interviennent de manière indépendante dans le processus politique, exproprient les grandes banques et les grands trusts et les placent sous contrôle démocratique que la guerre et la catastrophe sociale pourront être stoppées», explique-t-il dans un appel à voter pour le SGP.
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(Article paru en anglais le 14 novembre 2024)