À la veille du match de football entre la France et Israël à Saint-Denis, plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi soir à Paris contre le gala « Israël est éternel » qui devait mettre en vedette le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich. La colère monte à travers l'Europe face aux événements à Gaza, alors même que les mensonges officiels sur un « pogrom » à Amsterdam contre les hooligans du club Maccabi Tel-Aviv sont de plus en plus discrédités.
La tenue du gala a révélé le soutien hypocrite du gouvernement français et de ses alliés européens au génocide. Le ministère français des Affaires étrangères a « condamné » à plusieurs reprises les déclarations de Smotrich, y compris ses appels à affamer et à exterminer la population de Gaza, comme une « violation du droit international ». Mais le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a défendu le gala, affirmant qu'un événement auquel assistait un défenseur du génocide ne présentait pas une menace « importante » pour l'ordre public.
La manifestation a exprimé l'opposition de larges couches de travailleurs et de jeunes au génocide de Gaza et la complicité de l'ensemble de l'alliance de l'OTAN, alors même que Trump arrive au pouvoir aux États-Unis et menace d'intensifier l'effusion de sang au Moyen-Orient.
Des milliers de personnes ont défilé à Paris près du lieu présumé du gala, qui n'avait pas été annoncé initialement, dénonçant un « Gala de la honte ». Brandissant des pancartes disant « Non aux génocidaires de Paris » ou « Tous les yeux sont rivés sur le génocide de Gaza », ils ont scandé des slogans tels que : « Smotrich meurtrier, Macron complice », « Libérez la Palestine » et « Israël, sortez de là, la Palestine ne vous appartient pas ».
La police a réprimé les manifestants lorsqu'ils ont tenté de marcher vers le lieu du gala, une fois qu’il a été annoncé, chargeant les manifestants et tirant des gaz lacrymogènes sur eux.
Le gala a été organisé par Israël est éternel (Israel is Forever), une association sioniste fondée par l'idéologue d'extrême droite Jacques Kupfer, qui s'est opposé au droit de vote des Palestiniens et les a qualifiés d'« ennemis de l'État ». Sa fille, l'avocate Nili Kupfer-Naouri, a donné son appui au génocide de Gaza et aux attaques dirigées par Israël contre l'ensemble de la population civile de Gaza, déclarant : « Il n'y a pas de population civile innocente à Gaza » et « il faut une souveraineté juive sur toute la bande de Gaza ».
Smotrich a annulé sa participation en personne au gala et ne l'a rejoint que par appel vidéo après que la Ligue internationale des droits de l'homme (LIDH) a déposé une plainte contre lui auprès du bureau du procureur de Paris pour les crimes contre l'humanité. La LIDH accuse Smotrich de complicité de torture et de crimes de guerre dans le cadre de la politique israélienne à Gaza et en Cisjordanie. Elle demande à la justice française d'arrêter immédiatement Smotrich afin qu'il soit jugé.
La LIDH a publié un communiqué de presse appelant le gouvernement du président Emmanuel Macron à soutenir son action en justice contre Smotrich, écrivant : « Les autorités françaises doivent renforcer leur engagement en faveur des droits humains en soutenant ces procédures judiciaires. »
En réalité, ce que ces événements montrent, tout comme l'hystérie médiatique fabriquée de toutes pièces dénonçant les travailleurs d'Amsterdam pour un supposé « pogrom » de hooligans israéliens, c'est l'imperméabilité des autorités européennes aux appels à arrêter le génocide. Il y a eu des appels répétés à mobiliser les travailleurs pour faire grève et arrêter les livraisons d'armes à Israël. Mais les travailleurs ne peuvent se mobiliser pour arrêter le génocide de Gaza qu'en opposition aux gouvernements capitalistes comme ceux de Macron en France ou du néo-fasciste Geert Wilders en Hollande.
Les événements explosifs survenus jeudi autour du match de football entre Israël et la France à Saint-Denis, une banlieue ouvrière de Paris en grande partie musulmane, l'ont bien montré. Au moins 2500 policiers anti-émeutes lourdement armés ont bouclé une grande partie de Saint-Denis, fermé les magasins de la région et établi un périmètre de sécurité autour du Stade de France où se déroulait le match. En outre, 1500 policiers anti-émeutes ont été déployés pour des opérations de répression dans tout Paris.
D’autres unités de la police anti-émeute ont été placées en état d’alerte dans toute la région, et l’unité d’élite du commando RAID de la police nationale française a été déployée à l’intérieur du stade.
Les partisans de football ont largement boycotté le match, et moins de 15.000 billets sur les 80.000 sièges du stade ont été vendus. Les joueurs de football israéliens devaient rester enfermés à l’intérieur de leur hôtel jusqu’au match, sous la surveillance étroite de la police militaire française et de l’agence de renseignement israélienne Shin Bet.
Alors que les autorités israéliennes ont demandé aux partisans de football israéliens de ne pas défiler à Paris, Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a appelé les gens à « aller voir ce match », qu'il a qualifié d’« un symbole presque politique d'affirmation à l'antisémitisme, d'affirmation républicaine tout court ».
L'élite dirigeante française traite le match comme un geste politique de solidarité avec le génocide d'Israël à Gaza, justifié par des invocations frauduleuses d'une lutte contre l'antisémitisme.
Macron, le Premier ministre Michel Barnier et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau ont tous décidé d'assister au match en personne au Stade de France, même si les responsables ont souligné qu'il s'agissait d'un événement « à haut risque » après que des hooligans du football israélien aient provoqué des affrontements à Amsterdam. Retailleau a affirmé que les autorités françaises n'annuleraient pas le match parce qu'il refusait d'« abdiquer face aux menaces de violence et face à l'antisémitisme ».
Les événements récents ont une fois de plus montré comment des personnalités d'extrême droite comme le néofasciste Wilders ou le monarchiste Retailleau utilisent de fausses allégations d'« antisémitisme » pour justifier la répression des travailleurs et leur propre soutien au génocide à Gaza. Les gouvernements dénoncent « l'antisémitisme de gauche » ou allèguent l'antisémitisme populaire de masse. Il s'agit de manœuvres grossières visant à criminaliser l'opposition au génocide, basées sur la falsification pure et simple des événements par les gouvernements et les médias européens et israéliens.
L'effondrement des allégations d'un « pogrom » de Juifs la semaine dernière à Amsterdam démontre de manière frappante la manière dont ils organisent de telles provocations politiques. Des millions de personnes ont maintenant vu des vidéos de hooligans du football israélien arrachant des drapeaux palestiniens, agressant des habitants d'Amsterdam, frappant des taxis et scandant des slogans pro-génocide. Le rôle central joué par les hooligans du club Maccabi Tel-Aviv a été confirmé même par le chef de la police d'Amsterdam, Mark Holla.
Des reportages ont révélé que la police d'Amsterdam avait arrêté 281 manifestants lors d'une manifestation interdite contre le génocide de Gaza mercredi, les avait conduits dans des bus à l'ouest d'Amsterdam, les avait relâchés, puis les avait sauvagement agressés. La police d'Amsterdam n'a pas démenti ces informations, mais a simplement déclaré sur X/Twitter : « Les images de la police agissant avec force sont toujours dérangeantes à voir et seront pesées et jugées. »
La photographe néerlandaise Annet De Graaf, dont les vidéos ont été largement utilisées par les médias dans les premiers reportages sur les affrontements à Amsterdam, les a publiquement condamnés pour avoir falsifié ses vidéos. Alors que les médias officiels ont affirmé qu'ils montraient des habitants d'Amsterdam attaquant des Juifs, en réalité, ils montraient des hooligans du Maccabi Tel-Aviv agressant des résidents locaux.
Le fait que la couverture médiatique était un tissu de mensonges est maintenant admis à contrecœur même par les médias capitalistes. La chaîne publique allemande Deutsche Welle (DW) a publié un article intitulé « Vérification des faits : La vidéo ne montre pas une attaque contre des fans israéliens », qui admettait :
Les partisans du Maccabi avaient également provoqué des émeutes et provoqué des gens auparavant. Entre autres choses, ils ont brûlé un drapeau palestinien.
Pour illustrer cela, la vidéo de la photographe néerlandaise Annet De Graaf, qui montre les actes violents des partisans israéliens, a été utilisée à plusieurs reprises. Cependant, elle a été mal présentée par de nombreux grands médias dans leurs reportages.
Les messages contenant de fausses affirmations ont été partagés par de nombreux utilisateurs et se sont propagés. Des médias tels que Tagesschau, BILD, Wall Street Journal, Channel 4, FAZ et BBC ont diffusé des parties de la vidéo ou des captures d'écran de celle-ci.
Affirmation : « Des partisans israéliens ont été poursuivis et battus dans ce que les politiciens israéliens et néerlandais ont qualifié d'attaque antisémite », titre le Wall Street Journal.
Le journal Bild utilise également une capture d'écran de la vidéo avec la légende : « “La chasse aux Juifs éclate de nouveau” : une foule arabe violente poursuit des partisans de football à Amsterdam ».
Vérification des faits de DW : C’est faux.
Ces falsifications n'étaient pas un accident politique, mais étaient motivées par le programme d'un establishment capitaliste européen corrompu. Désespéré de réprimer l'opposition de la classe ouvrière à son programme de génocide et de guerre à l'étranger, ainsi qu'à l'austérité et aux attaques contre les emplois dans le pays, il a imputé la violence raciste à la population immigrée arabe des Pays-Bas. En réalité, les principaux pourvoyeurs de racisme politique sont le régime sioniste génocidaire et ses soutiens dans les gouvernements impérialistes de l'OTAN.