Netanyahou fait le vœu de poursuivre le génocide à Gaza après l'assassinat du chef du Hamas, Yahya Sinwar

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a fait le vœu de poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique de la Palestine après l'assassinat par les forces israéliennes du chef du Hamas, Yahya Sinwar, lors de combats à Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou lors de son discours devant une session conjointe du Congrès, au Capitole de Washington, mercredi 24 juillet 2024. [AP Photo/Julia Nikhinson]

L’armée de terre israélienne a tué Sinwar jeudi 17 octobre lors d'un échange de tirs, sans connaître son identité, a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué. Son identité a été confirmée par la suite.

«Ce n'est pas la fin de la guerre à Gaza», a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, en appelant la population palestinienne à cesser de résister à l'occupation israélienne illégale de son territoire. Il a dit à ceux qui s'opposeraient à son régime: «Israël vous traquera».

Il s'est vanté du règne de la terreur et du meurtre instauré par Israël, déclarant: «L'axe de la terreur construit par l'Iran est en train de s'effondrer», énumérant les noms des dirigeants du Hamas et du Hezbollah tués par les bombes israéliennes.

L'assassinat de Sinwar a été accueilli de la part des dirigeants des puissances impérialistes par des déclarations débridées de soutien à la guerre génocidaire d'Israël.

Le président américain Joe Biden a appelé Netanyahou jeudi «pour le féliciter de la mission menée à Gaza qui a tué le chef du Hamas Yahya Sinwar», a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.

Sa déclaration réitérait que «le Hamas ne sera plus jamais en mesure de contrôler Gaza».

Dans un communiqué ultérieur, Biden a déclaré: « Avec l’aide de nos services de renseignement, l’armée israélienne a poursuivi sans relâche les dirigeants du Hamas, les faisant sortir de leurs cachettes et les forçant à fuir. ... Ce jour prouve une fois de plus qu'aucun terroriste, où que ce soit dans le monde, ne peut échapper à la justice, quel que soit le temps qu'il faut pour y parvenir».

Il poursuit ainsi: «Israël a parfaitement le droit d'éliminer la direction et la structure militaire du Hamas.»

La vice-présidente Kamala Harris a ajouté dans un communiqué: «Israël a le droit de se défendre et la menace que le Hamas fait peser sur Israël doit être éliminée. Aujourd'hui, des progrès évidents ont été accomplis dans ce sens. Le Hamas est décimé et ses dirigeants éliminés».

Ce dernier mois, Israël a lancé avec le soutien des États-Unis un effort systématique pour assassiner tous les dirigeants du Hamas et du Hezbollah, ainsi que de hauts responsables iraniens, alors que les États-Unis et Israël étendent leur assaut militaire à toute la région. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été tué par plus de 80 bombes de 2 000 livres au Liban le mois dernier, et le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, a été assassiné à Téhéran en juillet.

La semaine dernière, Biden a eu un entretien téléphonique avec Netanyahou pour discuter des plans communs concernant l'Iran. Lors de cet appel, Netanyahou a informé Biden qu'«il envisageait de cibler des infrastructures militaires en Iran», selon un responsable américain qui a décrit l'appel au Washington Post.

Suite à cet appel, le Pentagone a annoncé le déploiement de 100 soldats américains en Israël, marquant le premier déploiement officiel de «troupes américaines sur le terrain» depuis le début du génocide à Gaza. Ces troupes utiliseraient le système de défense antimissile américain THAAD pour soutenir Israël dans sa frappe prévue contre l'Iran.

Le jour même où Sinwar a été tué, l'armée américaine a utilisé des bombardiers furtifs B-2 pour mener une série d'attaques contre les rebelles houthis au Yémen, en soutien à l'escalade de la guerre contre l'Iran.

«Il s'agit d'une démonstration unique de la capacité des États-Unis à cibler des installations que nos adversaires cherchent à garder hors de portée, même si elles sont profondément enfouies sous terre, renforcées ou fortifiées», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, d'un ton menaçant, dans un message destiné à Téhéran.

Les médias américains étaient euphoriques à propos de l'assassinat de Sinwar. Le Wall Street Journal le présenta comme une justification de la guerre d'extermination menée par Israël : «M. Netanyahou a le droit d’affirmer qu’il a été confirmé» quant à sa décision d'envahir Rafah malgré les condamnations des Nations Unies et des experts en droits de l'homme, écrit le Journal. Et de poursuivre: «Israël a démontré, par sa fermeté depuis le 7 octobre, que la meilleure manière de dissuader un adversaire est d’exercer une rétribution féroce pour le meurtre de son peuple. Il mérite qu’on le soutienne alors qu'il continue de rétablir cette dissuasion.»

Sinwar était le fils de réfugiés qui avaient fui Israël lors du nettoyage ethnique de 1948 et avait grandi dans un camp de réfugiés à Khan Younis (Gaza). Il a passé deux décennies dans les prisons israéliennes.

La mort de Sinwar a lieu alors qu’Israël est en train d’appliquer un plan systématique visant à affamer la population de Gaza au moment où il réaffecte ses ressources militaires à la guerre menée contre le Liban et l'Iran.

La semaine dernière, l'Associated Press a rapporté que Netanyahou «envisageait» un «plan pour vider le nord de Gaza des civils et couper l'aide à ceux qui restent à l'intérieur».

L’agence de presse écrit que «le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou étudie un plan visant à bloquer l'aide humanitaire au nord de Gaza dans le but d'affamer les militants du Hamas, un plan qui, s'il était mis en œuvre, pourrait piéger sans nourriture ni eau des centaines de milliers de Palestiniens qui ne veulent ou ne peuvent pas quitter leurs foyers».

Mais il est clair que ce plan est déjà mis en œuvre. Jeudi, le jour même où Sinwar a été tué, Reuters rapportait qu'Israël avait mis fin à toutes les importations commerciales de denrées alimentaires à Gaza, coupant ainsi les moyens par lesquels la moitié de la nourriture de Gaza arrivait auparavant.

Reuters rapporte que Gaza n'a reçu que 29 camions de nourriture par jour ce mois-ci, contre 175 camions entre mai et septembre.

Dans une nouvelle mise en garde publiée jeudi, le Programme alimentaire mondial a constaté que 91 pour cent de la population devrait être confrontée à une insécurité alimentaire aiguë et que 345 000 personnes souffriront de la pire catégorie de la faim, dite «catastrophique».

«Aucune fourniture de nourriture humanitaire n'est entrée dans le nord de Gaza durant les deux premières semaines d'octobre, et seuls quelques camions ont atteint le sud et le centre, ce qui signifie que la situation est probablement bien pire que ce que l'évaluation a révélé lors de la collecte des données en septembre», a déclaré Arif Husain, économiste en chef du Programme alimentaire mondial.

En mai, les procureurs de la Cour pénale internationale ont annoncé qu'ils requéraient un mandat d'arrêt contre Netanyahou, alléguant qu'Israël utilise «la famine contre les civils comme méthode de guerre».

En plus de provoquer la famine, l'armée israélienne continue de massacrer des Palestiniens à Gaza, faisant 28 morts et 160 blessés lors d'une attaque contre une école de l'ONU abritant des personnes déplacées à Jabalia, dans le nord de l’enclave.

(Article paru en anglais le 18 octobre 2024)

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