Le soutien du Parti travailliste britannique au génocide à Gaza: il faut construire un parti de masse pour le socialisme!

Un an après le début du génocide de Gaza, les atrocités commises par Israël contre le peuple palestinien s'intensifient. L'assaut barbare lancé contre l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa, où des réfugiés ont été brûlés vifs dans leurs tentes de fortune, marque une nouvelle étape du nettoyage ethnique et du massacre de masse perpétré dans le nord de Gaza, tandis que l'armée israélienne étend ses bombardements à la Cisjordanie.

L'assaut sur Gaza s'est déjà métastasé en guerre régionale, le Liban subissant des bombardements militaires systématiques qui ont fait des milliers de morts. Aujourd'hui, l'Iran est pris pour cible par le régime fasciste de Netanyahou avec le soutien total des États-Unis, qui ont déployé des troupes en Israël pour la première fois en prévision de frappes de missiles imminentes contre des cibles iraniennes.

Des Palestiniens tentent d'éteindre un brasier dévastateur après que l'armée israélienne a ciblé des tentes dans la cour de l'hôpital des martyrs d'Al Aqsa à Deir al Balah, dans la bande de Gaza, lundi 14 octobre 2024. [AP Photo/Abdel Kareem Hana]

La seule réponse de la coalition britannique Stop the War (STWC – Coalition halte à la guerre) à cette escalade massive a été de redoubler d'efforts dans ses appels banqueroutiers et impuissants pour que le gouvernement travailliste abandonne son soutien à Israël. Une attitude incarnée par Jeremy Corbyn, qui est de fait le chef de STWC.

Le 14 octobre, Corbyn et son groupe de quatre autres députés indépendants – élus sur la base de leur opposition au génocide de Gaza – ont lancé un timide appel au ministre travailliste des Affaires étrangères, David Lammy, pour qu’il cesse de soutenir le génocide d’Israël.

Même alors qu’elle accuse le gouvernement de complicité dans des crimes de guerre, la lettre de Corbyn appelle les criminels de guerre qui siègent au parlement dans le groupe travailliste à «changer de cap et à défendre notre humanité commune».

«Le gouvernement aurait pu s'opposer à Israël le jour où il a été élu. Il aurait pu s'opposer au génocide à Gaza. Il aurait pu mettre fin au soutien militaire, économique et diplomatique. Il aurait pu défendre l'application égale du droit international» a imploré Corbyn.

Comme Corbyn le sait très bien, rien ne convaincra le gouvernement travailliste de faire une telle chose.

Mais sa lettre persiste dans cette mascarade politique, posant une liste de cinq questions à Lammy, qui, en tant que secrétaire d'État aux Affaires étrangères du cabinet fantôme, avait décrit  les frappes de missiles israéliens sur les camps de réfugiés en novembre dernier comme potentiellement « justifiées légalement ».

Les questions posées par Corbyn comprenaient: «Quelles lignes rouges, le cas échéant, Israël doit-il franchir pour que le gouvernement mette fin à son soutien diplomatique et politique?», «Que fait le gouvernement pour faciliter une désescalade urgente et prévenir une guerre régionale totale?» et «Le gouvernement britannique s'oppose-t-il au génocide ?»

Toutes les lignes rouges ont été franchies il y a des mois, et le gouvernement travailliste intensifie son soutien militaire et logistique au nettoyage ethnique d'Israël, y compris par des vols de renseignement au-dessus de Gaza et le déploiement de forces armées dans le golfe Persique et en Méditerranée orientale pour soutenir les frappes aériennes sur le Yémen, le Liban, la Syrie, l'Irak et l'Iran.

Le gouvernement de Starmer a été façonné par une campagne de cinq ans visant à expulser Corbyn et ses partisans du Parti travailliste, dénonçant l'opposition au sionisme et la défense du peuple palestinien comme de l’«antisémitisme de gauche». Les blairistes ont déclaré que l'opposition de Corbyn à l'OTAN et aux armes nucléaires le rendait «inapte à être Premier ministre».

Au cours de cette chasse aux sorcières, des milliers de personnes ont été expulsées ou ont quitté le parti dégoûtées, Corbyn refusant de mener une lutte contre ses adversaires de la droite, insistant pour que le Parti travailliste soit maintenu en tant que « grande église ». Cela s'est terminé par son remplacement par Starmer et son expulsion du Parti travailliste.

Corbyn s'est vu confier la direction du Parti travailliste à deux reprises, avec un soutien populaire de masse. Son héritage politique est celui de la prostration et de l'effondrement de la « gauche » du parti et sa rélégation à une insignifiance totale.

Jeremy Corbyn s'exprime lors du rassemblement Stop the War on Gaza à Londres, le 9 décembre 2023.

Une motion Early Day parrainée par Richard Burgon le 8 octobre souligne cette déroute. Elle ne fait que soutenir une résolution inefficace de l'ONU appelant à la fin de l'occupation illégale de la Palestine par Israël et à l'interdiction de l'aide militaire britannique à Israël. Elle n'a obtenu le soutien que de 51 députés. Parmi eux, seuls 22 appartenaient au Parti travailliste. 11 autres députés indépendants ont voté en faveur, six d'entre eux ayant été expulsés du Parti travailliste (dans le cas de Corbyn) ou suspendus (Burgon, John McDonnell, Zarah Sultana, Apsana Begum et Ian Byrne) pour avoir voté contre diverses politiques de droite.

Preuve supplémentaire de la déroute de la «gauche», lorsque Burgon avait présenté une motion similaire l'année dernière alors que les conservateurs étaient au pouvoir, elle avait obtenu le soutien de plus de 90 députés.

La pantomime parlementaire des corbynistes n'a qu'une seule véritable motivation: monter une parodie de lutte alors qu'il n'y a pas de lutte du tout contre ce gouvernement travailliste et son soutien actif au génocide et à la guerre.

La mission primordiale de Corbyn a été d'empêcher une rupture politique avec le Parti travailliste, en s'opposant explicitement et à maintes reprises à tout appel à un parti socialiste de masse contre celui-ci. Aucun des députés expulsés ou suspendus par Starmer n'a osé démissionner et défier le gouvernement. Ce sont tous des créatures de ce parti pro-impérialiste, qui cherchent à maintenir sa domination sur la classe ouvrière.

Il est grand temps de mettre fin à la recherche de chimères politiques. Aucun accord ne peut être obtenu des travaillistes pour mettre fin au génocide. Pilier de l'OTAN depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Parti travailliste s'est développé tout au long du XXe siècle au rythme des exigences les plus profondes de l'impérialisme britannique. Sa politique réformiste, abandonnée depuis des décennies, a toujours été mise en œuvre dans le but primordial d'empêcher l'émergence, dans la classe ouvrière, d'une opposition révolutionnaire au capitalisme.

Des millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté pour mettre fin au génocide, et la grande majorité considère le Parti travailliste comme une force hostile et reconnaît qu'un nouveau parti est nécessaire. Mais cette reconnaissance doit se transformer en lutte consciente pour le socialisme. Corbyn refuse d'appeler à un nouveau parti de masse pour le socialisme – non pas parce que le moment n'est pas encore venu, mais parce que cela remporterait un énorme soutien populaire.

Le prix à payer pour tarder à se battre pour un tel parti est la destruction de Gaza, le massacre de masse des Palestiniens, une guerre régionale en expansion soutenue par les États-Unis et la Grande-Bretagne, visant l'Iran – des centaines de milliers étant déjà morts dans la guerre par procuration menée par l'OTAN contre la Russie en Ukraine – et le danger permanent d'une escalade vers la guerre nucléaire.

En Grande-Bretagne, la politique droitière des travaillistes, leurs battements de tambour nationalistes, l'austérité massive et la persécution des immigrés et des réfugiés alimentent la montée de l'extrême droite. Toutes les horreurs du 20e siècle sont de nouveau à l’ordre du jour.

D'où va venir ce nouveau parti? Pas des corbynistes ni des organisations de la pseudo-gauche qui se traînent lamentablement dans son sillage. Le SEP (Socialist Equality Party – Parti de l'égalité socialiste) affirme sans ambiguïté qu'un tel parti doit être construit maintenant, en unissant la classe ouvrière au plan international contre le génocide et la guerre mondiale, et en reliant cela à la lutte contre l'austérité et contre la casse des droits démocratiques. Nous appelons tous les travailleurs, les jeunes et les étudiants qui sont d'accord avec cette lutte à rejoindre le SEP et à aider à construire, dans la lutte pour le socialisme, le leadership nécessaire au sein de la classe ouvrière.

(Article paru en anglais le 16 octobre 2024)

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