Perspective

Biden prononce une diatribe belliciste aux Nations unies

Mardi, le président américain Joe Biden a prononcé une diatribe belliciste à l'Assemblée générale des Nations unies, exigeant une escalade de la guerre contre la Russie et l'Iran et menaçant la Chine.

Le président des États-Unis, Joe Biden, s'adresse à la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies, mardi 24 septembre 2024, au siège de l'ONU. [AP Photo/Julia Demaree Nikhinson]

Un jour seulement après qu'Israël eut tué plus de 500 personnes dans sa campagne de bombardement brutale contre le Liban, et alors que les bombes israéliennes continuaient de raser des habitations dans les villes et villages libanais, Biden a réaffirmé son soutien sans équivoque au génocide d'Israël à Gaza et à une guerre plus large dans tout le Moyen-Orient.

Parlant du groupe soutenu par l'Iran au Liban, Biden a déclaré: «Le Hezbollah, sans aucune provocation, s'est joint à l'attaque du 7 octobre en lançant des roquettes sur Israël. N’importe quel pays aurait le droit et la responsabilité de garantir qu'une telle attaque ne puisse plus jamais se reproduire».

Le président américain a exigé une «position plus ferme pour faire face à la menace permanente posée par l’Iran. Nous devons priver d’oxygène ses mandataires terroristes».

Dans le même temps, les troupes américaines et le porte-avions USS Abraham Lincoln sont en route pour être déployés au Moyen-Orient en soutien à l’offensive israélienne contre le Liban et, en fin de compte, l’Iran.

Biden s'est montré, si c’était encore possible, encore plus agressif en exigeant une escalade de la guerre avec la Russie. «Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine, nous aurions pu rester les bras croisés et simplement protester», a déclaré Biden. Au lieu de cela, «l'Amérique s'est engouffrée dans la brèche, en fournissant une assistance massive en matière de sécurité... d'aide ». En conséquence, l'OTAN était « plus grande, plus forte, plus unie que jamais». Il a ajouté: «Nous ne pouvons pas relâcher... nous ne relâcherons pas notre soutien à l'Ukraine ».

Complétant l’argument de Biden, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a conduit des centaines de milliers de jeunes Ukrainiens à la mort au nom des puissances impérialistes, a déclaré: «Cette guerre ne peut pas être apaisée par des pourparlers. Il faut des actes.»

«La Russie ne peut qu'être forcée à la paix», a-t-il déclaré.

L’Assemblée générale de l’ONU est l’occasion d’une escalade majeure de la guerre mondiale. Dans les prochains jours, Zelensky tiendra des réunions de haut niveau avec des responsables américains au sujet de l’annonce attendue que les États-Unis et le Royaume-Uni permettront à l’Ukraine d’utiliser des armes de l’OTAN pour attaquer des cibles en profondeur en Russie.

Les conséquences d’une telle décision, qui pourrait conduire à une guerre nucléaire, sont si importantes qu’elles provoqueraient des divisions au sein de l’État. Selon un article du Washington Post, publié mardi:

Il y a des divisions au sein du gouvernement: même après que le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, eut clairement exprimé sa ferme opposition à l’assouplissement des règles relatives aux frappes ATACMS, le secrétaire d’État, Antony Blinken, a indiqué ce mois-ci lors d’une visite à Kiev qu’il était ouvert aux arguments ukrainiens et qu’il les rapporterait finalement à Biden pour une discussion plus large à Washington. Cette discussion étaient en cours, ont déclaré des responsables, avec ceux qui, au Conseil de sécurité nationale, tentent de gérer les différences entre le ministère de la Défense et le département d’État.

Dans ses remarques devant une réunion ministérielle au Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Ukraine, Blinken a cherché à rattacher la Russie, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine, reprenant les déclarations de George W. Bush sur un «axe du mal» avant l’invasion de l’Irak en 2003.

«Alors que Téhéran fournit à Poutine des drones, des missiles balistiques et de la formation, la Russie partage de la technologie avec l'Iran sur les questions nucléaires, ainsi que des informations spatiales», a déclaré Blinken. «Ceci alors que l'Iran continue d'armer, d'entraîner et de financer des mandataires au Moyen-Orient pour mener des attaques terroristes dans la région et au-delà.»

C'est ce que dit le haut responsable d'un gouvernement qui «arme, entraîne et finance» Israël alors qu'il commet un génocide à Gaza et des attaques terroristes au Liban, comme l’attaque par explosions de bipeurs de la semaine dernière.

Blinken a ajouté: «La Chine, autre membre permanent de ce conseil, est le principal fournisseur de machines-outils, de microélectronique et d'autres articles que la Russie utilise pour reconstruire, réapprovisionner et renforcer sa machine de guerre».

Cela vient du haut responsable d'un gouvernement qui a systématiquement œuvré à provoquer l'invasion de l'Ukraine par la Russie en fournissant au régime d'extrême droite de Kiev, mis en place par un coup d'État en 2014, des milliards en armement ; et qui a systématiquement intensifié le conflit au cours des deux années et demie passées.

À deux mois de l'élection présidentielle américaine, toute discussion sérieuse sur ces guerres est exclue. La candidate démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump soutiennent sans équivoque le génocide de Gaza. Et si Trump remet en question l'implication des États-Unis en Ukraine, c'est uniquement parce qu'il estime que toutes les ressources américaines devraient être consacrées au conflit avec la Chine.

Biden a émaillé son discours bellisciste à l'ONU de déclarations fades et rosées sur la voie à suivre. Il était, a-t-il déclaré, «plus optimiste quant à l'avenir que je ne l'ai jamais été depuis que j'ai été élu pour la première fois au Sénat des États-Unis en 1972».

En fait, ce qui sous-tend l’extrême irresponsabilité des puissances impérialistes, en particulier des États-Unis, c’est la crise économique, sociale et politique qui va s'intensifiant.

Parmi les inquiétudes de l'oligarchie capitaliste il y a le sort du dollar américain. Dans un article publié par le groupe de réflexion pro-américain Chatham House, David Lubin, ancien responsable de l'économie des marchés émergents chez Citigroup, a déclaré que «la domination du dollar américain est à la fois une cause et une conséquence de la puissance américaine».

Lubin poursuit: «Alors que la domination du dollar est inconfortable pour de nombreux pays, la puissance militaire américaine... conservera son statut de première monnaie dans un avenir prévisible ».

C'est en ces mots que l'ancien banquier de Citigroup révèle l'Arcanium Imperii, ou secret de l'empire: que les millions de personnes qui sont mortes dans les guerres menées par les États-Unis dans le monde entier, de la Corée au Vietnam, en passant par l'Irak et l'Afghanistan, et maintenant la Russie, Gaza et la Libye, ont été sacrifiées pour assurer l'hégémonie de l'impérialisme américain.

En d’autres termes, la domination mondiale par la violence militaire est le dernier et meilleur espoir désespéré de l’oligarchie financière américaine pour préserver sa richesse et ses privilèges. Cette offensive militaire s’accompagnera d’une guerre intensifiée contre la classe ouvrière. L’effondrement catastrophique du niveau de vie de celle-ci sous Biden ne sera là qu’un prélude.

Dans son allocution d’ouverture à l’Assemblée générale, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a averti que «notre monde est dans un tourbillon… Les divisions géopolitiques ne cessent de s’approfondir. Les guerres font rage sans que l’on sache comment elles vont se terminer, et les postures nucléaires ainsi que les nouvelles armes projettent une ombre sinsitre. Nous nous dirigeons vers l’inimaginable, une poudrière qui risque d’engloutir le monde ».

Malgré la justesse de ces avertissements, Gutteres a parlé comme si les causes de cette catastrophe imminente étaient une catastrophe naturelle ou un acte de Dieu, et non les actes et les déclarations du président américain et d'autres dirigeants impérialistes qui ont pris la parole immédiatement après lui.

Il incombe à la classe ouvrière de proposer sa propre solution à l'aggravation de la crise. Partout dans le monde, les travailleurs entrent en lutte contre la stagnation de leur niveau de vie alors qu'une part toujours plus grande des ressources sociales est dirigée vers la guerre. Pour arrêter l'escalade du bain de sang, il faut fusionner les revendications économiques de la classe ouvrière avec la construction d'un mouvement anti-guerre, animé par la perspective du socialisme international.

(Article paru en anglais le 25 septembre 2024)

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