Un jour après son bombardement dévastateur du Liban qui a fait plus de 550 morts, Israël a frappé la capitale Beyrouth, alors que l'assaut soutenu par l'impérialisme au Moyen-Orient continue de s'intensifier. La troisième frappe sur la capitale libanaise depuis vendredi, qui intervient alors que les Forces de défense israéliennes (FDI) se sont engagées à «accélérer» leurs attaques, a fait au moins six morts et 15 blessés.
Lors d'une séance d’information mardi matin, le chef des FDI, Herzi Halevi, a souligné que l'attaque sanglante de lundi n'était que le premier coup d'une guerre qui s'étend, déclarant : «Nous ne devons pas donner de répit au Hezbollah. Nous continuerons à opérer à pleine puissance. Nous allons accélérer les actions offensives aujourd'hui et renforcer toutes les unités. La situation actuelle exige la poursuite d'opérations intensives sur tous les fronts.»
Les heures suivantes ont été marquées par des «vagues» de frappes sur le sud du Liban et la vallée de la Beqaa, ainsi que par le bombardement de Beyrouth. Une frappe aérienne sur la banlieue sud a tué le commandant des roquettes du Hezbollah, Ibrahim Muhammad Kabisi.
Le nombre de morts au Liban depuis lundi s'élève à 569, et l'on dénombre plus de 1800 blessés. Le Hezbollah a réagi en tirant plus de 300 roquettes sur le nord d'Israël mardi et en lançant des drones ciblant des sites militaires.
Selon le Times of Israel, un officier supérieur de l'armée de l'air israélienne a déclaré que le bombardement du Liban depuis lundi était le plus important jamais réalisé dans l'histoire de l'armée de l'air. Plus de 1600 sites ont été frappés à l'aide de plus de 2000 bombes.
L'ampleur de l'assaut aveugle d'Israël, qui a également visé des véhicules transportant des habitants en fuite, ainsi que des équipes de secours et d'urgence, démontre qu'Israël bénéficie du soutien total des États-Unis. Les énormes cargaisons d'armes envoyées par l'administration Biden à Israël depuis le début du génocide à Gaza ont non seulement permis au gouvernement d'extrême droite du Premier ministre Benjamin Netanyahou de dévaster l'enclave, mais aussi d'amener l'ensemble du Moyen-Orient au bord d'une guerre régionale. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, s'est entretenu avec son homologue israélien Yoav Gallant à deux reprises en l'espace de 24 heures, entre samedi et dimanche, afin d'affirmer clairement le soutien de Washington à Israël pour qu'il «se défende».
Néanmoins, les puissances impérialistes cherchent, avec une hypocrisie répugnante, à se présenter comme une force stabilisatrice dans la région, œuvrant pour la «désescalade» et la «paix». Le président américain Joseph Biden a affirmé à l'Assemblée générale des Nations unies qu'il était «déterminé à empêcher une guerre plus large qui engloutirait toute la région», tandis que la ministre allemande des Affaires étrangères Analena Bearbock a déclaré : «Nous ne devons pas sombrer dans une nouvelle guerre, nous devons au contraire tout faire pour parvenir à une désescalade, en particulier en ce qui concerne la situation au Liban.»
Venant des deux puissances impérialistes qui ont fourni le plus d'armes à Israël, tout en réprimant impitoyablement toute forme d'opposition intérieure au génocide de Gaza, de telles déclarations sonnent creux. Leur objectif est de dissimuler le fait que l'impérialisme américain et ses alliés européens soutiennent le génocide, qui a officiellement coûté la vie à plus de 41.000 Palestiniens, afin de préparer une guerre contre l'Iran à l'échelle de la région. Suite aux événements de la semaine dernière, cette guerre est bien près de devenir réalité.
Le 17 septembre, Israël a lancé une attaque terroriste criminelle en faisant exploser des téléavertisseurs et d'autres appareils électroniques piégés dans tout le Liban, tuant 37 personnes et en blessant des milliers, dont de nombreux enfants. Puis, vendredi, il a utilisé une bombe de forte puissance pour frapper une banlieue du sud de Beyrouth, tuant plus de 50 personnes, dont un commandant de haut rang du Hezbollah, Ibrahim Aqil. Il s'en est suivi un assaut continu qui, en deux jours, a fait plus de la moitié des victimes de la guerre d'un mois menée par Israël contre le Liban en 2006. Quelque 27.000 personnes ont fui leur domicile, dont au moins 500 ont franchi la frontière orientale du Liban pour se réfugier dans la Syrie déchirée par la guerre.
On ne saurait trop insister sur le danger imminent d'un élargissement de la guerre à l'ensemble de la région, impliquant des puissances régionales telles que l'Iran et les puissances impérialistes, ainsi que leurs rivaux, la Russie et la Chine. En Syrie, la Russie maintient un important contingent de troupes, de capacités aériennes et de navires dans sa base navale de Tartous, sur la Méditerranée. Mardi en fin de journée, Reuters a rapporté que le système de défense aérienne de la Syrie avait été activé après que des missiles israéliens eurent visé des sites à Tartous, des témoins oculaires ayant fait état de fortes explosions.
Les États-Unis et la Turquie ont également une présence militaire en Syrie. En outre, des milliers de soldats américains se trouvent dans des bases en Irak et dans les territoires du Golfe régis par des cheikhs, et une vaste armada de navires de guerre américains se trouve déjà dans le Golfe ou se tient prête en Méditerranée orientale.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré lors d'un point de presse mardi, à propos de l'attaque israélienne contre le Liban : «Il s'agit d'un événement potentiellement extrêmement dangereux en ce qui concerne l'élargissement du conflit et la déstabilisation complète de la région. Bien entendu, cela nous préoccupe au plus haut point.»
La Chine, qui a nui aux intérêts américains dans la région en négociant début 2023 un accord visant à apaiser les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran, s'est clairement positionnée aux côtés du Liban face aux bombardements israéliens.
Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, à l'issue d'une réunion avec son homologue libanais en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, a déclaré : «Nous sommes très attentifs à l'évolution de la situation dans la région, en particulier aux récentes explosions d'équipements de communication au Liban, et nous nous opposons fermement aux attaques aveugles contre les civils.»
Les tensions étaient déjà vives au Moyen-Orient avant l'attaque de cette semaine. En avril, Israël a bombardé le consulat iranien en Syrie, tuant sept membres haut placés du Corps des gardiens de la révolution iranienne. L'Iran a réagi en tirant des centaines de missiles et de drones sur Israël, mais avait donné un préavis pour éviter une escalade majeure. Israël a intensifié ses provocations en juillet, en procédant à l'assassinat ciblé du chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, alors qu'il se trouvait à Téhéran pour assister à l'investiture du président iranien Mesoud Pezeshkian.
Israël est déterminé à intensifier la guerre au Liban, même au risque d'un bain de sang dans toute la région. Netanyahou pourrait bien lancer une invasion terrestre pour faire respecter l'exigence d'Israël que les forces du Hezbollah se retirent au nord du fleuve Litani.
S'exprimant lors d'un exercice militaire simulant une incursion terrestre au Liban, le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré que l'armée israélienne avait «déjà préparé des attaques supplémentaires» contre le Hezbollah. Se référant à l'expérience des troupes dans l'extermination des Palestiniens à Gaza, Gallant a ajouté : «Toute force du Hezbollah que vous croiserez sera détruite. Ils sont troublés par l'expérience que vous avez acquise au combat.»
Le chef de l'Unité nationale, Benny Gantz, qui faisait partie du cabinet de guerre de Netanyahou jusqu'à son retrait en juin, a déclaré son soutien à l'assaut contre le Liban mardi et a appelé à l'envoi de troupes si nécessaire. «Si le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n'arrête pas les tirs, nous devrons également pénétrer sur le territoire libanais pour permettre le retour de nos résidents.»
Le régime sioniste poursuit son génocide à Gaza alors que la guerre au Liban s'intensifie. Au moins 37 personnes ont été tuées dans des raids aériens à Gaza mardi, dont une famille de cinq personnes à Rafah. Le Guardian a rapporté lundi que Netanyahou, qui a retardé son départ pour New York où il devait s'adresser à l'Assemblée générale, étudie un plan proposé par des membres de son parti, le Likoud, visant à expulser de force les civils au nord de la rivière Gaza afin de créer une «zone militaire fermée» dans laquelle les forces de défense israéliennes pourraient tuer tous ceux qui resteraient sur place. Si ce plan est mis en œuvre, il entraînera l'expulsion de 300.000 à 500.000 personnes, dont la quasi-totalité a déjà été déplacée à plusieurs reprises.
La criminalité sans borne d'Israël se poursuit également en Cisjordanie. Dimanche, des soldats des FDI ont fait une descente dans les bureaux d'Al Jazeera à Ramallah, saisissant des documents et ordonnant à la chaîne financée par le Qatar de suspendre ses activités en Cisjordanie occupée pendant 45 jours. Les soldats ont arraché une bannière sur un balcon affichant une image de Shireen Abu Akleh, la journaliste américano-palestinienne abattue par des soldats israéliens en mai 2022.
(Article paru en anglais le 25 septembre 2024)