Fondées en 1945, au milieu des décombres de la Seconde Guerre mondiale, les Nations Unies ont affirmé que, grâce à la résolution diplomatique des conflits internationaux, elles préserverait « les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances».
La fondation de l'ONU n'a en fait résolu aucune des contradictions essentielles qui avaient conduit aux guerres mondiales de la première moitié du XXe siècle. Le mouvement trotskyste a qualifié la nouvelle organisation de «nouveau repaire de brigands», en référence à la caractérisation par Lénine de l’organisation l'ayant précédé, la Société des Nations. C'est là une description appropriée de la réunion de l'ONU qui s'est ouverte le 22 septembre à New York.
Les États-Unis et leurs alliés impérialistes cherchent à faire l'Assemblée générale de l'ONU un sommet de guerre dans le but de provoquer et d'attiser des conflits militaires sanglants dans le monde entier.
Au Moyen-Orient, Israël et ses soutiens impérialistes sont en train d'étendre le génocide de Gaza, qui a déjà tué, officiellement, plus de 40 000 personnes, en une guerre régionale. Loin de chercher la «désescalade», les puissances impérialistes tentent délibérément de provoquer une guerre à grande échelle non seulement avec le Liban, mais aussi avec l'Iran.
Et en Europe de l'Est, les États-Unis et l'OTAN sont sur le point de lancer des armes de l'OTAN depuis l'Ukraine sur le territoire de la Russie. Cet acte est la plus forte escalade de la guerre à ce jour.
«Nous voyons des divisions géopolitiques hors de contrôle et des conflits qui s'emballent», a déclaré le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres avant le sommet. Il parlait à propos d’une déclaration publiée en amont de l'Assemblée générale, qui affirmait: «Nous sommes confrontés à des risques catastrophiques et existentiels croissants, dont la plupart sont dus aux choix que nous faisons. Des êtres humains endurent de terribles souffrances. Si nous ne changeons pas de cap, nous risquons de basculer dans un avenir de crises et d'effondrements persistants.»
L'idée que la réunion des Nations unies pourra montrer une voie pour sortir de ces «risques catastrophiques et existentiels » est toutefois une chimère.
L'assemblée générale entendra bien plutôt les discours d'un assemblage de criminels de guerre, comme le président américain Joe Biden, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le premier ministre britannique Keir Starmer, ainsi que des chiens d'attaque à leur solde, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Netanyahou s'adressera à l'Assemblée générale des Nations unies après avoir mené une attaque terroriste sanglante au Liban, transformant des milliers d'appareils de communication courants en bombes à faire exploser sur commande. Et alors qu'il supervice ce que la rapporteuse spéciale des Nations unies Francesca Albanese a qualifié de génocide à Gaza et ce que Michael Fakhri, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation, a appelé la famine délibérée du peuple palestinien.
Netanyahou défendra le génocide, la boucherie et la criminalité mondiale. Bien que personne ne puisse rivaliser avec Netanyahou pour ce qui est d’être assoiffé de sang, il aura la concurrence du président ukrainien Volodymyr Zelensky, un «président» qui décrète l'état d'urgence en dehors de son mandat constitutionnel, dans une dictature sur la population ukrainienne imposée par l'impérialisme américain et européen.
Zelensky appellera les États-Unis et les puissances de l'OTAN à autoriser l'Ukraine à frapper la Russie avec des armes de longue portée, et leur demandera d'abandonner toute limite à leur implication dans une guerre avec Moscou. Il réitérera sa condamnation de ce qu'il a appelé précédemment «tout le concept naïf et illusoire des soi-disant lignes rouges concernant la Russie» qui, selon lui, se sont «effondrées».
L'intervention de Zelensky à l'Assemblée générale de l'ONU est soigneusement chorégraphiée au moyen d’une offensive des médias alignés sur les États-Unis et appelant les puissances de l'OTAN à abandonner toutes les restrictions à une guerre avec la Russie.
Le plus véhément dans cette offensive a été l'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a déclaré dans The Spectator : «il est temps de laisser l'Ukraine rejoindre l'OTAN».
Johnson, qui a notoirement déclaré à propos de la pandémie de COVID-19 qui a tué 232112 personnes au Royaume-Uni, qu’il fallait «laisser les corps s'empiler», exige la même politique en temps de guerre.
Johnson écrit: «Qu’est-ce qui bloque les [missiles] Storm Shadow et l’autorisation de les utiliser contre les bases de Poutine en Russie? Pouvons-nous tous cesser, s'il vous plaît, de radoter ces vieilles idioties fatiguées sur “l'escalade” et la soi-disant peur de provoquer Poutine? Cet argument a été avancé à chaque étape ces trois dernières années, et à chaque étape, il a été réfuté par les événements ».
Il a ouvertement exigé que l'Ukraine rejoigne l'OTAN. « Nous pourrions inviter l'Ukraine à nous rejoindre avant même que la guerre ne soit terminée », a-t-il déclaré, affirmant une « garantie de sécurité de l'article 5 » et le « droit absolu des Ukrainiens à l'ensemble de leur nation de 1991 ».
L’exigence que l'Ukraine rejoigne l'OTAN alors qu'elle est activement en guerre avec la Russie est un appel à l'OTAN à déclarer la guerre à la Russie et à l'adoption formelle de la conquête de la Crimée comme objectif de guerre de l'OTAN. Il n'y a jamais eu de déclaration de guerre formelle entre deux États dotés de l'arme nucléaire. Tout au long de la guerre froide, un tel scénario a été considéré comme un «Armageddon», présageant la fin de la civilisation humaine dans une guerre thermonucléaire.
Mais l’article de Johnson n'était que le plus agressif parmi un torrent d'articles et d'éditoriaux utilisant pratiquement les mêmes points de discussion. «Que l'Ukraine frappe des cibles militaires en Russie avec des missiles américains», déclare The Economist dans un éditorial ; le Washington Post exige lui, que «Biden autorise la fourniture de missiles longue portée à l'Ukraine».
L'explosion de la violence impérialiste est la réponse des puissances impérialistes à ce qu'elles considèrent comme une crise de plus en plus profonde de l'ordre géopolitique auquel elles président.
Dans un article consacré à l'Assemblée générale des Nations unies, Bloomberg lance un avertissement: «Les inquiétudes des États-Unis s'aggravent alors que les adversaires s'unissent pour remettre en cause leur domination».
Il cite Martin Kimani, ex-ambassadeur du Kenya auprès des Nations unies et directeur du Centre de coopération internationale de l'Université de New York, qui a déclaré: «L'influence des États-Unis s'amenuise, et elle s'amenuise rapidement. Bloomberg ajoute: «La réunion est susceptible de souligner à quel point les États-Unis se retrouvent souvent en retrait alors que d'autres puissances gagnent en influence».
L'article ajoute: «Des responsables des BRICS, qui sont passés à neuf membres, y compris certains alliés des États-Unis, ainsi que l'Iran et les fondateurs Russie et Chine, se réuniront également à New York cette semaine. De plus en plus de pays postulent pour rejoindre un groupe qui appelle explicitement à la création d'un centre alternatif d'influence mondiale, y compris des rivaux à la domination du dollar américain ».
Le sommet se déroule dans un contexte d'aggravation de la crise du dollar américain, le prix de l'or – considéré comme un indice de l'incertitude vs-à-vis du dollar – ayant grimpé à 2 600 dollars pour la première fois vendredi. Le prix de l’or a augmenté de 27 pour cent en 2024, dépassant son précédent record de 2 000 dollars l'once en début d'année. Historiquement, lorsque la confiance dans le dollar s'affaiblit, la demande en or augmente, poussant son prix à la hausse en tant que garantie contre le déclin du dollar.
Et alors que le prix de l'or monte en flèche, la dette fédérale américaine, qui a considérablement augmenté alors que les États-Unis ont financé des guerres dans le monde entier, a atteint 35000 milliards de dollars. Les journaux américains publient des titres tels que «Une crise de la dette nationale américaine arrive» (Wall Street Journal) ou «Le jour où le dollar est mort arrive. Quel est le plan?» (Washington Post).
Le «plan» des puissances impérialistes est la guerre mondiale. L'aggravation de la crise économique entraîne une guerre mondiale de conquête pour assurer l'hégémonie des États-Unis et de leurs alliés impérialistes. Afin d'atteindre leurs objectifs de guerre prédateurs, ils normalisent toutes les formes de barbarie sociale, du génocide au terrorisme de masse contre les populations civiles, jusqu’à la menace même d'une guerre nucléaire.
Aucune des institutions du régime capitaliste, y compris les Nations Unies et les tribunaux internationaux, n'est capable d'arrêter cette descente dans la barbarie.
Mais la même crise qui produit l'éruption de la guerre impérialiste alimente aussi une vague de grèves et de luttes des travailleurs du monde entier. Empêcher une nouvelle chute dans la barbarie du XXe siècle, associée cette fois à l’usage d’armes nucléaires, ne peut être accompli que par la construction d'un puissant mouvement anti-guerre dans la classe ouvrière. Il faut unifier les revendications sociales qui poussent les travailleurs dans la lutte à la lutte contre la guerre, en formant un puissant mouvement anti-guerre basé sur une perspective socialiste.
(Article paru en anglais le 23 septembre 2024)