Perspective

Il faut s’opposer aux attaques de l'État policier contre les manifestations anti-guerre et anti-génocide sur les campus universitaires!

Les administrations universitaires, travaillant main dans la main avec l'administration Biden-Harris, les gouvernements républicains et démocrates des États, ainsi que la police locale, étatique et nationale, mènent une répression sans précédent des droits démocratiques des étudiants et de tous ceux qui cherchent à s'opposer au génocide israélien soutenu par les États-Unis à Gaza et à la guerre des États-Unis et de l'OTAN contre la Russie en Ukraine.

Des manifestants pro-palestiniens et la police s'affrontent sur le campus de l'UCLA, le 23 mai 2024, à Los Angeles. [AP Photo/Damian Dovarganes]

Sur les campus universitaires de tous les États-Unis, les étudiants sont confrontés à une série de nouvelles règles de conduite limitant les manifestations : interdiction pure et simple des campements contre le génocide de Gaza, au centre des manifestations étudiantes de masse plus tôt cette année, suspensions et bannissements d'étudiants pour les punir de leurs actions passées et les intimider à l'avenir.

Sur de nombreux campus, en particulier en Californie, les étudiants ont été doublement et triplement victimisés. Les assistants résidents, qui vivent dans des logements sur le campus, ont été interdits d'accès au campus et donc privés à la fois de logement et d'un emploi payant le loyer ou une allocation. D'autres n'ont pu prendre possession de leurs propres ordinateurs ni accéder au réseau de l'université ou aux salles de classe, ce qui les a empêchés de faire leurs travaux ou de satisfaire aux autres exigences des cours.

La semaine dernière, la Fondation ACLU de Californie du Nord, le Center for Protest Law & Litigation et l'avocat des droits civiques Thomas Seabaugh ont intenté une action en justice contre l'Université de Californie à Santa Cruz, arguant que sa décision d'interdire l'accès du campus à plus de 100 étudiants et professeurs après leur arrestation pour avoir protesté contre le génocide à Gaza au dernier semestre est inconstitutionnelle.

« Nos clients n'ont pas eu une conduite représentant une menace de blessure notable pour quiconque ou quoi que ce soit », a déclaré Seabaugh. «Leur interdiction sur-le-champ n'était pas seulement brutale, elle était inconstitutionnelle et constituait une violation des droits démocratiques fondamentaux et des libertés universitaires. Nous intentons une action en justice pour garantir qu'au cours de la prochaine année scolaire, les responsables de l'UCSC se conforment à la loi et respectent les limites constitutionnelles de leur pouvoir d'interdire l'accès du campus aux étudiants et enseignants ».

Les gouvernements des États dirigés par le Parti démocrate, comme ceux de Californie, du Michigan et de New York, ont été particulièrement virulents dans leur attaque des étudiants s’opposant au génocide de Gaza. Dans le Michigan, la procureure générale Dana Nessel porte des accusations criminelles contre 11 étudiants de l'Université du Michigan pour leurs actions du printemps dernier. Sept d'entre eux sont accusés d'intrusion et d'entrave à un policier, délit passible d'une peine maximale de deux ans. Deux sont accusés d'intrusion uniquement, et deux de délits comme le fait de troubler la paix.

L'une des actions antidémocratiques les plus flagrantes a été prise lundi 9 septembre lorsque la police locale d'Ann Arbor (Michigan) a empêché les partisans du Socialist Equality Party (SEP – Parti de l'égalité socialiste) et de l' IYSSE (International Youth and Students for Social Equality – Internationale des jeunes et étudiants pour l'égalité sociale) d'informer les étudiants et les travailleurs du campus de la tenue, le lendemain, d'une réunion sur le campus où Joseph Kishore, candidat à la présidence du SEP, prendrait la parole.

La police, à la suite des actions provocatrices d'un professeur sioniste, a interdit aux partisans du SEP de distribuer des tracts et de la documentation sur la campagne électorale.

Encore plus scandaleux était l’ordre écrit donné par la police interdisant aux quatre partisans du SEP de mettre les pieds sur le campus l’année prochaine, sous la menace d’être arrêtés et poursuivis pour intrusion.

Lundi, les partisans du SEP ont émis une objection formelle aux citations, qui déclare: « L'élection présidentielle est dans sept semaines, et nous souhaitons continuer à faire campagne pour notre candidat sur le campus. Chaque jour où ces interdictions restent en vigueur, le poids de la violation de nos droits constitutionnels s'accroît. Nous ne sommes pas dans une dictature bananière où la police est autorisée à harceler les partisans des candidats qui s'opposent au statu quo, et nous prévoyons de faire valoir pleinement nos droits ».

L'opposition à l'escalade de l'attaque des droits démocratiques nécessite la mobilisation des sections les plus larges de la classe ouvrière. Les travailleurs doivent reconnaître que ce qui est fait aujourd'hui aux étudiants opposés au génocide de Gaza est la préparation par l'État capitaliste à des attaques beaucoup plus larges contre les droits démocratiques de la classe ouvrière dans son ensemble.

Il est bien connu que le mouvement étudiant anti-guerre de masse des années 1960 est devenu la cible d'opérations répressives telles que le programme COINTELPRO du FBI, qui espionnait les étudiants actifs dans la campagne contre la guerre du Vietnam et cherchait à les victimiser. Mais il faut dire que ce qui s'est déjà passé, sous les auspices de l'administration Biden-Harris et des républicains fascisant du Congrès, va bien au-delà des méthodes antidémocratiques employées à l'époque.

La dernière année scolaire a été caractérisée par une chasse aux sorcières politique et médiatique d'un caractère sans précédent, les manifestations contre le génocide étant qualifiées d'«antisémites», tandis que des étudiants étaient aspergés de gaz lacrymogènes, de gaz poivré, de balles en caoutchouc, battus à coups de matraque et soumis à diverses formes de représailles judiciaires, universitaires et professionnelles.

Plusieurs présidents d'université ont été contraints de démissionner au motif qu'ils n'auraient pas assez réprimé les manifestations «antisémites». Et d'énormes pressions ont été exercées, tant de la part de riches donateurs que du gouvernement, pour s'assurer qu'il n'y ait pas de nouvelle recrudescence des protestations cet automne.

Le caractère préventif de cette répression est particulièrement remarquable. L'inquiétude de l'élite patronale et de son appareil militaire et de renseignement n'est pas juste qu'il y aura une répétition des manifestations anti-génocide de l'an dernier, bien que le régime israélien continue de commettre des crimes de guerre massifs contre le peuple palestinien.

L'élite dirigeante craint que les sentiments anti-guerre suscités par les événements de Gaza n'aient ouvert la voie à un mouvement d'opposition bien plus large, dirigé contre la guerre impérialiste des États-Unis et de l'OTAN contre la Russie en Ukraine, contre l'escalade des provocations militaires visant le Hezbollah, les Houthis et l'Iran au Moyen-Orient, et contre la campagne militaire en vue d’une guerre à grande échelle avec la Chine dans l’indo-pacifique, dont certains hauts responsables militaires américains prédisent qu'elle pourrait éclater dès l'an prochain.

Dans cette crise grandissante, la plus grande crainte de l'oligarchie financière est une union de l'opposition politique à la guerre impérialiste et des luttes de masse de la classe ouvrière pour la défense des emplois, du niveau de vie et des droits sociaux, comme les soins de santé, l'éducation et le logement décent. Elle craint en particulier l'influence croissante du mouvement trotskyste, du Parti de l'égalité socialiste et de l'IYSSE, qui luttent consciemment pour unir la classe ouvrière et la jeunesse dans une lutte commune pour le socialisme et contre la guerre impérialiste.

(Article paru en anglais le 17 septembre 2024)

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