Un rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, Michael Fakhri, a accusé Israël d'utiliser la famine comme arme de guerre pour exterminer le peuple palestinien et s'emparer de ses terres. Le document fournit la preuve de l'intention génocidaire du régime sioniste et de la complicité des puissances impérialistes dans des crimes de guerre sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Distribué à l'Assemblée générale de l'ONU jeudi dernier, le rapport de Fakhri accuse Israël de créer une «famine délibérée» et de monter une «campagne de famine» qui englobe les 2,3 millions d'habitants de Gaza et les Palestiniens de Cisjordanie. Il a écrit :
Israël a rendu explicites ses intentions d'affamer tous les habitants de Gaza, a mis en œuvre ses plans et, comme on pouvait s'y attendre, créé une famine dans tout Gaza. Le suivi de la géographie de la tactique de la famine utilisée par Israël de même que des déclarations des responsables israéliens confirme son intention. Israël a instauré un siège total qui a affaibli tous les Palestiniens de Gaza. Ensuite, Israël a utilisé la famine contre les habitants du nord, pour induire des transferts forcés, des dommages et la mort, poussant les gens vers le sud, pour ensuite affamer, bombarder et tuer les gens dans des camps de réfugiés nouvellement créés dans le sud.
Fakhri a souligné dans un message sur les réseaux sociaux accompagnant son rapport: «À Gaza, la malnutrition, la famine et la maladie tuent plus de personnes que les bombes et les balles.» Cette affirmation est étayée par l'estimation publiée dans The Lancet en juillet selon laquelle 186000 Palestiniens sont morts dû à l’assaut d'Israël, bien plus que les quelque 41 000 indiqués dans les statistiques officielles palestiniennes.
Citant en partie la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du génocide, qui a été adoptée dans l'ombre de l'Holocauste des Juifs d'Europe par les nazis, le rapport note: «Le Rapporteur spécial souligne comment Israël a utilisé la famine dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, le peuple palestinien en “(b) Causant des dommages corporels ou mentaux graves au peuple palestinien; (c) Infligeant délibérément au peuple palestinien des conditions de vie propres à entraîner sa destruction physique, en tout ou en partie” ».
Il aborde également la complicité des puissances impérialistes, remarquant :
les auteurs de la famine sont généralement soutenus par des États et des entreprises étrangers, ce qui rend ces tiers complices de la famine. Par exemple, à Gaza, les pays et les entreprises tiers sont non seulement responsables de la fourniture illégale d'armes pour la campagne de famine et le génocide d'Israël, mais les entreprises sont complices depuis des années de la destruction illégale des systèmes alimentaires et d'eau palestiniens et des colonies illégales des territoires palestiniens.
Dans un passage accablant soulignant que les dirigeants politiques des États-Unis et de leurs alliés impérialistes européens devraient être sur le banc des accusés aux côtés de Netanyahou dans un futur procès pour crimes de guerre, Fakri écrit,
Avant le 7 octobre 2023, environ la moitié de la population de Gaza était en situation d'insécurité alimentaire et plus de 80 pour cent dépendaient de l'aide humanitaire. Le siège total a été un catalyseur immédiat de la famine. Associée à des déclarations déshumanisantes répétées et à des appels à l'anéantissement total de Gaza par les responsables israéliens, la campagne de famine d'Israël rempli l'actus reus [acte criminel] et la mens rea [intention criminelle] de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et a ainsi déclenché l'obligation de tous les États de prévenir le génocide.
Washington et ses alliés européens n'ont pas seulement manqué à leur obligation de prévenir le génocide, mais ont massivement intensifié leurs fournitures d'armes de grande puissance au régime sioniste. À l'intérieur de ces pays, tous les opposants du génocide qui cherchaient à attirer l'attention sur les crimes historiques mondiaux perpétrés à Gaza et sur la complicité des puissances impérialistes ont fait l'objet d'une virulente campagne de persécution et d'intimidation orchestrée par les États.
Les médias américains et européens ont largement enterré le rapport de Fakhri. Dans la mesure où la famine endémique, la propagation de maladies mortelles et l'absence de soins de santé et d'autres services de base reçoivent une certaine attention, c'est pour affirmer que les Palestiniens sont confrontés à une crise humanitaire qui est le sous-produit malheureux de la guerre d'«autodéfense» d'Israël contre le Hamas. Le rapport réfute cette absurdité lorsqu'il note,
Le monde produit suffisamment de nourriture pour nourrir 1,5 fois la population actuelle, et pourtant la prévalence de la faim, de la malnutrition et de la famine est en augmentation. La faim et la famine ne sont pas des problèmes de production, elles sont toujours causées par des actes et des omissions qui empêchent les gens d'accéder à la nourriture. Les famines sont le plus souvent déclenchées par des conflits, des chocs économiques et la sécheresse. Mais ces déclencheurs reflètent des relations sociales sous-jacentes basées sur la dépendance et l'extraction. En fin de compte, la concentration de pouvoir et l'absence de responsabilité dans les systèmes alimentaires augmentent le risque de famine.
Il faut donc toujours considérer les famines comme un problème politique; elles sont le fait de l'homme et sont toujours le résultat de la privation de nourriture d'un groupe par un autre.
Les «actes et omissions» d'Israël et de ses soutiens impérialistes qui ont créé la famine et la misère à Gaza sont comparables aux crimes inhumains du régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Le ‘Plan de la faim’ des nazis visait délibérément à s’emparer de la nourriture de la population soviétique pour les soldats allemands et la population allemande afin de faciliter l'extermination massive des citoyens soviétiques, établissant ainsi leur « Lebensraum» à l'Est. Il a joué un rôle majeur dans la mort estimée de plus de 27 millions de civils soviétiques pendant la guerre d'anéantissement nazie.
Huit décennies plus tard, les sionistes anéantissent la population palestinienne de Gaza dans le cadre de leur politique réactionnaire du Grand Israël. Les impérialistes soutiennent ce massacre parce qu'ils le considèrent comme un élément essentiel de leurs plans de guerre à l'échelle de la région, contre l'Iran. Cette guerre est l'un des fronts d'un nouveau partage du monde entrepris par Washington, Berlin, Paris et Londres pour garantir leurs intérêts économiques et géostratégiques, en vue duquel ils recourront à n'importe quel crime pour l'emporter sur leurs rivaux.
Comme l'a expliqué le comité de rédaction international du World Socialist Web Site dans sa déclaration du Nouvel An au début de 2024,
Toutes les «lignes rouges» qui distinguent la civilisation de la barbarie sont effacées. La devise des gouvernements capitalistes est: «Rien de ce qui est criminel ne nous est étranger». …
Dans son ensemble, la normalisation des différentes formes de barbarie sociale signifie que la classe capitaliste est dans une impasse. Une classe dont la politique consiste en différentes formes de sociocide a clairement épuisé sa légitimité historique, économique, sociale et politique.
Ce n'est pas là l'explication du génocide de Gaza que partagent les forces politiques ayant dominé les manifestations de masse contre l'extermination des Palestiniens par Israël et qui ont balayé le monde ces 11 derniers mois. Des forces telles que la Coalition ANSWER et les Socialistes Démocratiques d'Amérique aux États-Unis et la Coalition Stop the War en Grande-Bretagne ont cette stratégie que si on fait assez pression sur Israël et ses alliés, les puissances impérialistes reviendront à la raison, mettront fin au génocide et amélioreront le sort des Palestiniens.
Selon eux, on peut stopper la catastrophe humanitaire de Gaza en convainquant le régime dégoulinant de sang de Netanyahou d'autoriser l'entrée de l’aide dans l'enclave à travers la pression de son principal fournisseur d'armes et complice politique, l'impérialisme américain. Pour ces groupes, il n'y a aucun lien entre le génocide de Gaza et l'éruption mondiale de la guerre impérialiste, qu'ils soutiennent généralement sans réserve quand il s'agit de faire la guerre à la Russie.
En juillet, Netanyahou s'est adressé à une session conjointe du Congrès américain, recevant des ovations debout des démocrates et des républicains pour sa diatribe génocidaire et ses promesses d'entrer en guerre contre l'Iran. Le même jour à Washington, le Parti de l'égalité socialiste a organisé un rassemblement qui a présenté le programme politique de base sur lequel doit reposer une véritable lutte contre le génocide et la guerre :
- La cause essentielle de la guerre réside dans le système capitaliste des États-nations, dans les intérêts financiers mondiaux des trusts géants et dans la campagne implacable de la classe dirigeante américaine pour parvenir à l'hégémonie mondiale.
- La lutte contre la guerre exige la mobilisation de l’immense pouvoir de la classe ouvrière américaine et son indépendance politique vis-à-vis des démocrates et des républicains, les partis de la guerre impérialiste de la classe dirigeante.
- Le mouvement contre le génocide et la guerre doit être international et unir les travailleurs du monde entier sur la base de leurs intérêts de classe communs.
(Article paru en anglais le 10 septembre 2024)